Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Violette_Armary
Share the book

Chapitre 21

Point de vue Héloïse

J’ai l’impression d’être sur un nuage. Je passe une soirée magique sous les étoiles, un léger vent frais vient chatouiller ma nuque. L’odeur alléchante de mes moules au curry me fait gargouiller le ventre. Tandis que je rigole à une blague de Nathan, et je ne peux m’empêcher de penser à quel point je me sens détendue. Je ne suis pas sur mes gardes, aucune tension ne parcourt mon corps. Le coucher du soleil éclaire ses yeux bleus, son sourire illumine son visage. Je ne sais pas ce qu’il me trouve mais pour le moment, j’essaie juste de profiter de l’instant présent.

A la fin du repas, Nathan se lève, me tend la main. Je souris et la lui donne sans hésiter. Le contact de sa peau est doux, chaud, comme un murmure. Un frisson parcourt mon échine et, sans un mot, nous retournons à l’intérieur de l’hôtel. Nathan appelle l’ascenseur. Je pose ma tête contre son épaule, son odeur boisée me faisant légèrement tourner la tête - ou alors peut-être est-ce juste le champagne qui me monte à la tête ? Quoiqu’il en soit, lorsque nous entrons dans l’ascenseur bercés par la musique classique qui s’en dégage, je ne peux m’empêcher de rester collée à lui. J’ai ce besoin viscéral de le sentir près de moi. Je lève lentement les yeux vers lui, il me regarde. Je sens une douce chaleur familière monter dans mes pommettes. Je me mords la lèvre inférieure mais un soupir discret trahit mon trouble lorsque l’ascenseur s’arrête. Les portes s’ouvrent dans un tintement qui me fait revenir à la réalité.

Nous parcourons le court chemin entre l’ascenseur et notre chambre, Nathan ouvre la porte, me laisse passer la première, tel le gentleman qu’il est. J’entends la porte se refermer, je me retourne vers lui. Il est face à moi. Il est là, immobile devant la porte comme s’il attendait un signe de ma part. Nos regards se croisent et les battements de mon cœur résonnent dans tout mon corps. Je lui tends la main, il s’avance d’un pas sûr vers celle-ci. Nos doigts s’entremêlent, nos iris ne se quittent plus. Il pose son autre main sur ma hanche, légère, presque tremblante. Comme s’il n’était pas sûr d’en avoir le droit. Je passe mon autre main dans sa nuque et il initie une danse lente, silencieuse. C’est juste lui et moi. Le temps semble suspendu, comme figé autour de nous. Mes doigts se perdent dans les mèches qui tombent dans sa nuque.

— Nathan… soufflé-je doucement entre nous.

Ses lèvres s'étirent en un léger sourire, éclairant son visage. Il hoche doucement la tête comme pour me montrer qu’il m’écoute.

— Embrasse-moi, lui ordonné-je dans un chuchotement.

Je remarque que nous sommes désormais immobiles. Ses iris bleus me fixent, il s’humecte les lèvres d’un geste lent, retenu. Puis, il baisse la tête vers moi, dans un mouvement tout aussi contrôlé. Et, lorsque ses lèvres frôlent les miennes, mes yeux se ferment instantanément. C’est comme une douce poésie, ou une légère brise d’été. Doux et chaud à la fois. J’approfondis ce baiser en me collant un peu plus à lui. Je sens ses muscles se tendre sous sa chemise. Il lâche ma main afin de venir caresser doucement ma joue ce qui provoque un frisson le long de ma colonne vertébrale. 

Je fais glisser mes mains sur sa chemise, venant ainsi commencer à la déboutonner. Ses lèvres quittent les miennes dans un geste lent, je cligne plusieurs fois des paupières avant de le regarder. Il continue de caresser lentement ma joue de son pouce. Nos souffles saccadés viennent se mélanger entre nous.

— Tu es certaine de vouloir le refaire Joli Coeur ? me demande-t-il dans un murmure.

Je hoche la tête mais cela ne lui suffit pas : 

— J’ai besoin de te l’entendre dire… s’il te plait…

Je reste inerte, une seconde de trop peut-être. Mon corps commence à ressentir la fatigue de la journée. Je crois que j’ai juste envie de le sentir près de moi… et de m’endormir dans ses bras. Mais si je lui dis ça alors que j’ai entrepris de lui défaire sa chemise, il va… il va… Je sens les larmes monter, je vois à peine s’éloigner de moi. Je sens ses deux mains se poser sur mon visage, je ferme les yeux à ce contact.

— Hé… on a eu une longue journée et demain on a de la route à faire… on peut juste aller dormir Joli Coeur.

J’ouvre les yeux en clignant des yeux, interdite : 

— Mais… je… tu…

— Mais rien du tout Héloïse… tout va bien… souffle-t-il doucement.

Il passe un bras sous mes jambes et me porte telle une princesse. Je pose ma tête contre son torse, et, bercée par les battements de son cœur. Son odeur boisée m’enveloppe une dernière fois avant que je ne sombre doucement.

Une douce odeur délicieuse de café chaud me fait émerger lentement. Le temps que mes paupières s’ouvrent complètement, je distingue au loin de l’eau couler - certainement Nathan prenant une douche. Je m’étire dans un bâillement avant de cligner plusieurs fois des yeux afin de m’habituer à la luminosité de la pièce. Les rideaux tirés filtrent les premiers rayons du soleil baignant la chambre d’hôtel d’une douce luminosité orange. Je prends mon téléphone et vois qu’il est huit heures. Je soupire en le reposant, je tourne la tête vers la salle de bain où j’entends la porte s’ouvrir. Nathan en sort dans un nuage de buée avec seulement un jean. Sa serviette est autour de son cou et des gouttes d’eau tombent de ses cheveux venant s’écraser sur son torse nu. Il me sourit, un sourire allant jusqu’à ses yeux. Non, il ne m’en veut définitivement pas pour ce qu’il s’est passé hier…

— J’allais justement te réveiller, petite marmotte, me salue-t-il de sa voix grave. Il y a du café chaud au fait.

Je hoche la tête, incapable de répondre. Ses yeux transpercent mon cœur qui accélère lentement sous son regard. Mes yeux s’attardent sur sa bouche avant de descendre sur son tatouage en éclair. Cependant, il faut que je me ressaisisse.

— Merci… réussis-je à articuler après un raclement de gorge.

Son rire me parvint jusqu’à moi. Doux et grave à la fois me provoquant un frisson dans tout le corps.

— Prends ton temps pour te préparer, on partira dès que tu seras prête, m’informe-t-il.

Je me lève d’un pas chancelant afin de quitter la chambre. Je prends une tasse de café avec du lait avant de rejoindre la deuxième chambre où je m’enferme le cœur battant à tout rompre. Je prends quelques instants appuyées sur la porte, tenant mon café fermement entre mes mains tremblantes. Je prends une profonde inspiration avant de boire une gorgée de mon doux nectar. Merci Nathan de toujours penser à la pointe de lait.

Je bois alors mon café en remarquant que Nathan a remis la robe qu’il m’a offerte sur le lit, il a aussi rangé les bijoux… Je remarque seulement maintenant que je suis vêtue d’un simple tee-shirt à lui qui m’arrive à la moitié des cuisses. Je souris malgré moi avant de secouer la tête et d’aller dans la salle de bain où je termine mon café avant de sauter sous l’eau chaude.

Lorsque je ressors de la douche, les muscles complètement détendus, je m’habille d’une combinaison fluide bleue marine avec des fleurs roses pâles. Comme elle est à bretelle, j’enfile un léger gilet avant de me maquiller discrètement. Puis, je mets une pince à cheveux afin de les maintenir en arrière. Je laisse cependant, quelques mèches encadrer mon visage.

Je sors alors de la salle de bain afin de ranger toutes mes affaires dans ma valise. Une fois que je me suis assurée de n’avoir rien oublié, je sors enfin de la chambre avec la valise dans une main et ma tasse vide dans l’autre. Mes yeux voient directement Nathan, assis dans le canapé sur son téléphone. Il relève la tête vers moi et nos yeux se trouvent sans difficulté. Je sens le rouge me monter aux joues. Il se lève sans me quitter des yeux, je sens ma main devenir fébrile autour de ma tasse. Il se rapproche de moi, les battements de mon cœur font écho dans mes tempes tandis qu’une sueur froide roule le long de ma colonne vertébrale. Nathan s'arrête à quelques centimètres de moi. Nos souffles viennent se mélanger entre nous, mes joues chauffent autant que si j’avais pris un coup de soleil. Il me prend la tasse des mains, nos doigts se frôlent, un sourire timide naît sur la commissure de ses lèvres : 

— Tu es prête ? souffle-t-il.

Je hoche la tête d’un mouvement imperceptible puis il me fait un bisou sur la joue avant de rompre notre contact visuel. Il va poser la tasse sur le plateau puis il ouvre la porte de la suite. Je passe devant lui et vais appeler directement l’ascenseur en l’attendant. Nous entrons dans l’habitacle où des clients sont déjà présents.

Arrivés à l’accueil, Nathan règle la suite puis nous sortons où le soleil m'éblouit. Je cligne plusieurs fois des yeux afin de les habituer à la lumière tout en suivant Nathan vers la voiture. Il range les valises dans le coffre tandis que je monte côté passager. Il me rejoint quelques secondes plus tard puis nous partons, laissant ce havre de paix derrière nous.

Tandis que je regarde la route défiler sous mes yeux, au bout d’une heure et demie j’entends Nathan se racler la gorge. Je tourne la tête vers lui et je le vois se passer une main dans sa nuque.

— Qu’est-ce qu’il y a Nathan ? froncé-je les sourcils.

Il a un léger sursaut avant de reposer sa main sur le pommeau de vitesse. Il se racle la gorge avant de secouer la tête avec un sourire nerveux : 

— Rien…

— Tu me mens… Tu es nerveux. Cela peut se sentir à dix milles kilomètres à la ronde.

Il soupire mais je ne le lâche pas du regard.

— Ok… commence-t-il. On ne rentre pas tout de suite à la maison, m’annonce-t-il la voix grave. Je… je veux t’emmener quelque part avant ?

Je penche la tête sur le côté : 

— Où ça ? m’inquiété-je.

Puis je regarde autour de moi afin d’apercevoir une indication et là je reconnais une intersection, un panneau… une route… mon ventre se noue, ma gorge s’assèche, mon coeur accélère : 

— Nathan… ne me dis pas que…

Cependant je ne termine pas ma phrase. Je tourne de nouveau la tête vers lui au moment où il se gare.

— Cela fait bien trop longtemps que tu n’y as pas été…

C’est tout ce qu’il dit tandis que je tourne la tête vers le cimetière. Je reste là, interdite. Je ne peux même plus parler que je sens déjà des larmes se former dans le coin de mes yeux. Je sens la main douce, chaude, rassurante de Nathan se poser sur la mienne. Et je sais ce que ce geste représente sans même qu’il n’ait besoin de le formuler : je suis là si besoin. 

— Il y a une boutique de fleurs à côté… Est-ce que tu veux qu’on aille chercher un bouquet ? 

Sa voix me parvint comme un écho lointain, cependant je hoche la tête. Mon corps est en pilote automatique lorsque je sors de la voiture. Un léger vent frais vient s’engouffrer dans mes cheveux tandis que Nathan reprend ma main. J’ai attendu ce moment si longtemps… je voulais revenir depuis de longues années… sans jamais avoir pu pour X ou Y raisons… On rentre dans la boutique où les différents parfums fleuris me montent au nez. Nathan parle avec la vendeuse. Je suis comme étrangère à tout ce qu’il se passe autour de moi. J’ai l’impression de flotter. Je ne réponds que par des hochements de tête par-ci par-là… redoutant le moment… Ce moment où je serais face à lui… enfin face à sa pierre tombale. Nous finissons par sortir de la boutique, Nathan me ramène devant les portes en fer forgées du cimetière. Il me tend le bouquet, que je prends fébrilement.

— Je reste là Joli Coeur… je t’attends…

Je tourne la tête un instant vers lui, un sourire rassurant se dessine sur ses lèvres mais au froncement de ses sourcils, si léger soit-il, je peux aisément deviner qu’il est inquiet. Je finis par lâcher sa main et, sous son regard, je rentre dans ce lieu où le silence est roi.

Le bouquet entre mes doigts tremblants, je me revois à onze ans, parcourir la même allée, marcher sur ces mêmes graviers qui craquent sous les chaussures… Mon cœur est serré, mon souffle court, ma peau moite… chaque centimètres parcourus me rapprochent un peu plus de lui. Je tourne dans une allée, et, au loin, je la vois. La pierre. Sa pierre. J’avance, d’un pas lent, mal assuré jusqu’à ce que j’arrive devant. Je me racle la gorge avant de m'agenouiller afin de déposer le bouquet de fleurs.

— Salut papa… me raclé-je la gorge.

Je ferme les yeux afin de prendre une grande inspiration. Je me suis toujours imaginée comment cela se passerait quand je reviendrai le voir… Mais c’est loin d’être comme je l’avais imaginé. Cette pierre… ce n’est pas lui… c’est peut-être son nom qui est écrit dessus mais cela ne lui ressemble pas. Cela ne te ressemble pas, papa. Je déglutis difficilement en relevant les yeux vers la stèle. Vers son nom, David Martin, Père bien aimé. Je caresse la gravure du bout des doigts, le froid de la pierre contraste avec ma peau chaude. Mon cœur bat pour deux depuis le jour où tu as rendu ton dernier soupir. Quelques larmes roulent le long de mes joues tandis que je me mords la lèvre inférieure afin de ne pas craquer. Je ferme de nouveau les yeux. Je l’imagine à mes côtés, sa main posée sur mon épaule et son sourire rassurant. Je le revois avant qu’il ne tombe malade, avant sa chambre d’hôpital et tout le reste. Non, juste quand on était tous les deux, heureux et en bonne santé.

Les larmes coulent en abondance sur mes joues mais j’en ai besoin. Je n’ai jamais vraiment pu faire son deuil. Son manque m’accompagne au quotidien… je le revois en rêve parfois, je me remémore certaines de nos conversations.

— Je vais revenir… je te le promets… réussis-je à articuler entre deux sanglots.

J’ouvre de nouveau les yeux, mais ma vision est trouble. Je me lève, chancelante. Cependant, je suis incapable de partir et pourtant, je ne sais pas quoi dire non plus. Cela fait tellement bizarre de me retrouver là, devant cette pierre qui n’est pas lui. Non, ce n’est pas représentatif de la personne qu’il était. Sentant la brise légère venant emmêler mes cheveux, je ressens un frisson. Je croise les bras contre ma poitrine, me pince les lèvres avant de faire demi-tour. 

Tête baissée, baignée dans les larmes, je refais finalement le chemin inverse. Mais c’est tout aussi difficile que de venir. Je ne sais plus ce que je ressens, plus ce que je pense. J’ai l’impression d’être seule. Pourtant, lorsque je relève la tête, la silhouette de Nathan se dessine devant moi. Non, je ne suis plus seule désormais. Ses yeux s’arriment directement aux miens, je m’arrête à quelques pas de lui avant d’ouvrir mes bras. Et, sans un mot, il vient directement me serrer dans les siens. Son odeur boisée, rassurante, m’enferme dans ma bulle de protection. Je me laisse aller contre son torse. Il resserre doucement son emprise autour de mon corps en me déposant un doux et long baiser sur le sommet de ma tête.

Nous restons là pendant un temps qui me semble à la fois infini et terriblement court. Je finis par m’écarter lentement de lui en séchant les quelques larmes restantes. Je lui souris doucement en guise de remerciement. Sourire qu’il me rend, puis il prend ma main dans la sienne avant de nous ramener à la voiture. Il m’ouvre la portière tel un gentleman avant qu’il ne vienne s’installer à mes côtés. Il démarre, reprend la route. Je lui prends sa  main de libre et la pose sur ma cuisse. J’ai besoin de sentir son contact. Nous n’avons pas besoin de mots pour exprimer ce que nous ressentons. Et à cet instant, j’ai juste besoin de sa présence, rassurante, protectrice. Je ferme les yeux, fatiguée, épuisée par toutes ces émotions, puis je m’endors, bercée par la voiture.

— Hélo…? Me parvint une voix lointaine.

Je grogne en me redressant. J’ouvre lentement les yeux dans un bâillement. Je mets un certain temps avant de me rappeler où je me trouve. En voiture avec Nathan. Je tourne la tête vers lui.

— Cela fait au moins vingt minutes que j’essaie de te réveiller… sourit-il gêné.

— On est arrivé ? demandé-je en regardant la route.

— Pas vraiment… m’annonce-t-il les joues rouges.

Je fronce les sourcils lorsqu’il s’engage dans une allée que je ne connais pas. Je tourne de nouveau la tête vers lui.

— On est où ? le pressé-je.

Il se gratte la nuque en se pinçant la lèvre inférieure.

— Nathan ? insisté-je?

— Chez mes parents… m’annonce-t-il dans une grimace gênée.

J’écarquille les yeux en penchant la tête sur le côté.

— Qu… quoi ?

— Je… hum… C’était sur la route du retour… je me suis dis qu’après ce que tu as traversé… on pourrait partir demain…

Je ne sais pas quoi dire. Et si ses parents ne m’apprécient pas ? Et s’ils me prennent pour une croqueuse de diamant comme son ex ? Et on se présente comment ? Comme amis ou étant en couple ? Car notre relation est floue, beaucoup trop floue même… Mais je n’ai pas le temps de lui poser toutes ces questions que la porte s’ouvre sur une femme aux mêmes yeux bleus que Nathan. Elle sourit en faisant apparaître quelques rides.

— Je suis désolé… murmure-t-il.

Je secoue doucement la tête. J’espère juste que je suis présentable. Que je ne lui ferai pas honte devant sa famille… Je commence à me gratter le bras rongée par toutes ces pensées envahissantes mais la main de Nathan stoppe tous mes gestes.

— Ils vont t’adorer Hélo… fais moi confiance, d’accord ?

Je hoche doucement la tête, pas convaincue, puis nous descendons de la voiture. Mon cœur battant à tout rompre, mains moites et sueur froide coulant dans le dos. Le parfait packaging pour rencontrer les parents de l’homme que j’aime. Quoi ? Non, pour rencontrer les parents de Nathan. Oui… c’est mieux comme ça…

Comment this paragraph

Comment

No comment yet