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Violette_Armary
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Chapitre 12

Point de vue Samuel

~Quelques heures plus tôt~

Je raccroche avec Nathan, lance mon téléphone sur le siège passager avant de poser mes mains sur le volant. La jointure de mes mains deviennent blanches tellement je sers le volant dans mes mains mais je m’en contrefout. Je me retiens de boire une nouvelle gorgée, au lieu de ça, j’ouvre ma fenêtre avant de m’allumer une cigarette. Je ne peux pas rester cinq heures devant la maison de Théo. Sinon, je vais clairement aller chez lui et le tuer pendant son sommeil. Je sens la rage monter en moi lorsque mon téléphone sonne. Nathan, je décroche sans attendre : 

— Est-ce que tu as un endroit où dormir ? me demande-t-il directement.

— Non… grommelé-je.

— Je vais te réserver un hôtel, je t’envoie l’adresse. Tu vas pouvoir gérer ?

— Oui oui…

Je soupire en attendant son message, je veux juste pouvoir me poser à un endroit et dormir. Je me sens vidé de toute émotion.

— Tu as reçu l’adresse ? me presse-t-il.

— Oui…

— Je te retrouve là-bas.

— OK, à tout à l’heure.

Il raccroche, je mets l’adresse sur mon GPS avant d’aller à l’hôtel indiqué. Je démarre en trombe en suivant les indications du GPS. Je sais que je roule probablement trop vite mais si je me tue, ce ne sera une perte pour personne. Je ne mérite rien d’autre que la mort. Pour tout ce que j’ai fait subir à Héloïse, pour ce que Nathan subit à cause de moi… Pourquoi je l’ai appelé putain ? Pourquoi il avait décroché sérieusement ? S’il lui arrivait quoique ce soit, tout serait de ma faute et je ne le supporterai pas.

Lorsque j’arrive devant l’hôtel, je crois halluciner. Ce n’est pas un hôtel mais un immeuble le bordel. Je me gare, descends de la voiture avec la bouteille que je range dans mon sac et m’avance vers l’entrée où un gars m’ouvre la porte. Ca existe des gens payés pour ouvrir les portes des hôtels ? Lorsque je rentre dans le bâtiment, tout sent l’argent. Je n’en reviens pas mes yeux. Le sol est en marbre tandis que les murs sont beiges avec des panneaux en bois. La lumière tamisée rend cet endroit un peu plus chaleureux qu’il n’y paraît. Je m’avance vers le comptoir en quartz où la nana me scrute de la tête aux pieds. Je vois le jugement dans son regard mais n’y fais pas attention. Je me racle la gorge en arrivant à sa hauteur : 

— Bonsoir ou bonjour… Monsieur Beaudillon a réservé une chambre.

— Bonsoir, désolée de vous décevoir, mais vous n’êtes pas Monsieur Beaudillon.

Je soupire et posa mon sac par terre, je la regarde dans les yeux en perdant patience : 

— Ecoutez, il a appelé tout à l’heure, il a certainement réservé pour deux personnes alors donnez moi la putain de clé de la chambre s’il vous plait.

Elle plisse ses yeux noisettes mais je n’en ai rien à foutre. Je veux juste qu’elle me donne cette saloperie de clé. Elle finit par soupirer et regarde son ordinateur. Je pianote sur le comptoir froid en attendant.

— Si jamais il a donné mon nom, c’est Samuel Leroy, m’impatienté-je.

— Oui c’est bon, je vous ai trouvé. Chambre cinq-cent-douze.

— Génial, la clé s’il vous plaît.

Un sourire hypocrite sur mon visage, je tends la main vers la rouquine. Elle roule des yeux, se lève de son siège, va chercher la clé avant de me la tendre : 

— S’il y a le moindre problème, je vous mets dehors, me menace-t-elle.

— Il n’y en aura pas.

Elle lâche la clé dans ma paume que je referme. Je prends mon sac, prends mon sac avant de me diriger vers l’ascenseur. Je ne l’attends pas longtemps et lorsque j’entre, je soupire. Une musique classique se fait entendre. Mais pourquoi tu as pris cet hôtel Nathan putain ? J’aurai préféré un pauvre hôtel miteux. Au moins je ne ferais pas tâche. Je m’adosse contre le miroir de l’ascenseur en attendant. J’ai mal aux épaules à cause de toute la tension que j’accumule. Lorsque l’ascenseur s’arrête et que les portes s’ouvrent, je tombe dans un couloir aux lumières tamisées. Les murs se reflètent dans le sol brillant. Je roule des yeux avant de me diriger vers ma chambre. Et lorsque j’entre, rebelote. Je suis bluffé par la chambre mais je m’en bats vite la race. Je balance mon sac sur le lit, l’ouvre et sort le Saint Graal. Ma bouteille de whisky à peine entamée. Je la débouche, l’odeur caramélisée de l’alcool me monte au nez. J’en bois une gorgée en fermant les yeux. Je sens le liquide brûler tout le long de ma gorge. Je sens les larmes revenir. Je ne suis qu’une merde. Une pauvre merde. Nathan ne sera pas là avant au moins cinq heures. Mais putain pourquoi je l’ai appelé ? J’aurai mieux fait de fermer ma gueule. Comme toujours. J’ouvre les yeux, bois une nouvelle gorgée et donne un coup de pied dans une lampe qui s’explose en mille morceaux. Et dire que si j’avais déjà fait mes études j’aurai pu avoir tout ça. J’aurai pu avoir une belle vie. Mais non, j’étais le petit chien de Théo comme Fabien. Comme l’autre con de Fabien qui ne veut pas ouvrir les yeux sur la pourriture qu’est Théo. Je les déteste. Je me déteste. J’ai gâché la vie de Héloïse, j’ai gâché ma vie. Je balance la chaise par terre en ayant les larmes qui coulent le long de mon visage. Je ne supporte plus d’avoir tout ce poids sur mes épaules, je ne supporte plus mon propre reflet dans un miroir. Je veux juste que ces dernières années n’aient jamais existé. Je veux retourner au moment où je n’avais pas encore fait sa rencontre, ce moment où j’étais encore libre de mes moindres faits et gestes. Mais ce moment n’a jamais vraiment existé. Je connaissais Théo depuis la primaire. Tout le monde a toujours été sous son charme. Il m’a vite pris sous son aile et je me suis rendu compte trop tard de qui il était vraiment.

Je ne sais plus dans quoi je shoote, je ne sais plus ce que je fais, je bois, les larmes ruissellent sur mes joues et je suis à bout de souffle lorsque je vais dans la salle de bain. Je pose la bouteille aux trois quarts vide à côté avant de mettre mes mains de chaque côté du lavabo. Des spasmes me secouent dans tous les sens, je renifle un coup en essayant de calmer mes pleurs. Je relève la tête vers le miroir, je suis pathétique. Les yeux rouges et gonflés, décoiffés, des gouttes de sueur qui se mélangent aux larmes, je ne ressemble à rien. Je frappe sur le rebord du lavabo. Je ne mérite pas le fait que Nathan vienne, je ne mérite pas le pardon ou l’amitié de Héloïse. Je ne mérite pas de seconde chance. Je ne suis que l’ombre de moi-même. J’en ai ras le cul de cette vie de merde. Même si Nathan nous offre la chance d’avoir une nouvelle vie, je ne la mérite pas. Je referme la porte de la salle de bain avant de faire couler l’eau de la douche. Je m’allume une cigarette. La nicotine s’infiltre dans mes poumons, ça ne suffit pas à me calmer mais ça me fait du bien. Le mélange alcool et nicotine se fait vite ressentir. Je prends ma bouteille avant d’aller m’asseoir sous la douche. Je me laisse glisser contre le carrelage frais avant d’atterrir par terre où j’étale mes jambes devant moi. Je termine ma cigarette à moitié dans les vappes avant de terminer ma bouteille. Puis mes yeux se ferment tout seuls, ma tête se fait lourde et je me sens partir.

Lorsque je me réveille, ma tête me fait un mal de chien. J’ouvre les yeux et la première chose que je vois, c’est Nathan assoupi dans un fauteuil. Je ne suis plus dans la salle de bain mais dans le lit. Comment a-t-il pu me tirer dans le lit tout seul ? Je soupire en me redressant et je sens une odeur de café et de viennoiserie dans la pièce. Je cligne plusieurs fois des yeux, le temps de m’adapter à la luminosité de la pièce et passe les mains sur mon visage en lâchant un soupir. Bordel de merde. Je regarde de nouveau autour de moi. La chambre est niquel, rangée… Nathan a dû le faire lorsqu’il est arrivé. Je remarque alors que je suis en caleçon. Dans quel état m'a-t-il trouvé pour que je sois en caleçon ? Je soupire mais je n'ai que quelques bribes de souvenirs mais sans plus. Juste quelques flashs… Nathan ouvre lui aussi ses yeux, un léger sourire se dessine sur son visage :

— Comment tu te sens ? me demande-t-il sans détour.

Je hausse les épaules. Comme une merde. Il se redresse en se massant la nuque.

— Café, croissant et pain grillé sur le bureau si tu veux.

Je me racle la gorge en haussant la tête :

— Merci, lui réponds-je d'une voix rauque.

— C'est normal voyons.

Je me lève, légèrement chancelant, avant de me diriger vers le bureau où je sers deux tasses de café chaud. J'en donne une à Nathan avant de m’asseoir sur le bord du lit. Je n'ose pas le regarder. J'ai honte. Le café me fait un bien fou. Cela me réchauffe instantanément.

— Sam… pourquoi es-tu revenu ?

— Pour Héloïse…

— Non, il n'y a pas que ça, soupire-t-il.

Je secoue la tête avant de finir mon café cul sec. 

— Il faut que j'emploie les mêmes méthodes qu'avec Héloïse pour que tu me parles enfin ? rigole-t-il légèrement.

Cependant, je sens quand même l'urgence dans sa voix malgré son ton employé.

— Pas la peine de me draguer beau brun, je suis déjà fou de toi, lui répliqué-je.

Je relève la tête pour le regarder. Il me fixe, même s'il sourit, ses yeux sont remplis d'inquiétude. Je soupire en baissant la tête de nouveau vers mon café.

— Je suis revenu aussi pour moi. Pour me prouver que j'avais réellement tourné la page. Pour essayer de convaincre Fabien de venir avec moi, commencé-je. Cependant, il est buté et ça m'a fait revenir en arrière. Quand j'étais encore le larbin de Théo. Il refuse d'ouvrir les yeux et ça m'énerve. Pour lui je ne suis qu'un lâche et Héloïse une salope.

Mon ton est acerbe et je sens monter en moi toute la rage que j'ai ressentie hier. Nathan reste silencieux, je n'ose toujours pas relever la tête vers lui. Je ne peux pas affronter le jugement dans ses yeux. Je n'ai pas la force. Pas aujourd'hui. Je me sens lessivé. Je l'entends bouger et le matelas s'affaisse deux secondes après à côté de moi.

— Je comprends mieux ta rage d'hier soir. Quand je suis arrivé on aurait dit qu'un ouragan était passé par là, murmure-t-il. Tu n'aurais pas dû affronter ça tout seul, je suis désolé Sam…

Un rire jaune traverse ma gorge.

— Je saccage une chambre d'hôtel à neuf cents euros la nuit et c'est toi qui t'excuse ?

Je relève la tête vers lui et un sourire traverse son visage. Il hausse les épaules :

— Tu n'as pas besoin que je t'accable pour ça. Tu n'étais pas bien et tu n'as pas su canaliser ta rage. Ça arrive à tout le monde. Mais la prochaine fois que tu fais un truc débile comme ça, tu me le dis. On le fera à deux.

Je rigole légèrement en hochant la tête.

— Ça marche. Je vais aller prendre une bonne douche, et on y va ?

— C'est toi le chef, j'irais où tu iras.

— Mon pays sera toi ! commencé-je de chanter.

— Qu'importe la place, qu'importe l'endroit ! continue-t-il.

Nous nous jetons un regard complice et nous rigolons avant d'aller dans la salle de bain avec mon sac. Je fais couler l’eau avant d’enlever mon caleçon. Lorsque je me glisse sous l’eau chaude, mes muscles se décontractent. Je ferme un instant les yeux. Je ne remercierai jamais assez Nathan pour tout ce qu’il fait pour moi. Je sais que je peux compter sur lui peu importe ce qu’il se passe. J’ai su trouver en lui un véritable ami sur qui compter. Cependant je continue de penser que c’est de ma faute si Héloïse a dû subir Théo. Et je ne peux le tolérer.

Lorsque je sors de la salle de bain, douché, habillé et les dents brossées, je sens de l’air frais s’engouffrer dans la pièce. Nathan est sur le balcon, je décide de le rejoindre, une clope en main.

— Je dois partir de chez toi Nathan. Croiser Héloïse tous les jours, la regarder se reconstruire alors que c’est de ma faute tout ça.

Il soupire tandis que je m’appuie contre la balustrade.

— Samuel arrête, c’est chez toi maintenant. Et en aucun cas ce n’est de ta faute ce que Héloïse a subi. C’est de la faute d'une seule personne, Théo. Enlève toi ça du crâne sérieux. Il faut que tu arrêtes de te torturer avec tout ça afin de te tourner vers l’avenir. Regarde toi, tu t’es ré-inscrit en médecine, tu as su te faire un cercle social. Certes minime pour le moment mais avec les études, je suis persuadé que tu te feras de nouveaux potes et que tu réussiras.

Il se tourne vers moi, tandis que j’essuie une larme. Mes mains tremblent légèrement.

— Quant à Héloïse, continue-t-il, elle se reconstruit petit à petit aussi. Certes, c’est compliqué, mais elle y arrive. Elle prend petit à petit confiance en elle. Elle a même réussi à se faire une amie. Donc elle prend confiance aux autres. Tout va finir par s’arranger Sam tu vas voir, d’accord ?

Je hoche la tête avant de le prendre dans mes bras. Il me donne une tape dans le dos tandis que je le remercie. Je ne sais pas où j’en serais sans lui. Où Héloïse en serait sans lui. Il est réellement notre pilier. On se sépare et il pose sa main sur mon épaule : 

— C’est la dernière fois que je te ramasse dans un état comme ça, d’accord ?

— Promis Nath, merci encore.

— C’est normal, les amis c’est fait pour ça.

Je hoche la tête avec un sourire, termine ma cigarette puis nous rentrons à l’intérieur. Nous grignotons un peu le plateau repas avant de partir sous les coups des quinze heures. Lorsque nous entrons dans l’ascenseur, Nathan a un léger sourire niais.

— Tu penses à Hélo ? le taquiné-je.

Il hoche la tête avant de la baisser.

— Quand je suis revenue la voir… On était dans l’ascenseur et je me retenais de l’embrasser. Si j’avais pu appuyer sur ce bouton stop… je l’aurai fait. Mais je savais qu’elle était en couple…

Je rigole légèrement : 

— J’imagine bien la scène. Mais tu devrais lui dire ce que tu ressens, vraiment.

— Je lui ai dit que je l’aimais tout à l’heure, quand je l’ai eu au téléphone.

— Et ? le pressé-je en lui donnant un coup de coude.

— J’ai raccroché juste après… Elle m’a renvoyé un message en me disant de faire attention à moi avec un cœur.

— Hélo mettre des coeurs ? Et depuis quand ?

— Depuis tout à l’heure, sourit-il. Mais je sais que c’est encore trop tôt. Surtout après tout ce qu’elle a subi… Elle m’a parlé des abus sexuels… se racle-t-il la gorge, et j’ai peur de mal m’y prendre avec elle. Je ne veux pas qu’elle se sente forcée à quoique ce soit. Je ne veux pas qu’elle se sente enfermée dans une nouvelle relation. Je n’ai jamais connu de relation où la fille avait vécu cela… alors… je ne sais pas… hausse-t-il les épaules.

Je hoche la tête, comprenant là où il veut en venir. Quand j’ai vu la peur dans ses yeux lorsqu’on a failli le faire, les larmes lui venir… Je me suis retrouvé impuissant face à tout ça.

— Faut que tu lui en parles Nath, que tu saches ce qu’elle veut ou pas. Ce qu’elle souhaite faire ou pas. Tu ne peux pas faire et les questions et les réponses.

— Tu as raison, soupire-t-il. On en a quasiment parlé l’autre jour au spa… J’étais prêt à voir ça avec elle…

— Mais je suis arrivé, comme un con.

— Ne dis pas ça Sam, sourit Nathan, tu es arrivé effectivement. Ce n’était pas le bon moment c’est tout.

Je lui souris et lui donne une tape sur l’épaule avant de sortir de l’ascenseur. J’espère de tout coeur que Théo va payer pour ce qu’il nous a fait subir, que Héloïse arrivera à passer outre ses traumatismes. Et je pense sincèrement que Nathan est la bonne personne pour elle. Il est patient, attentionné, à l’écoute, tout ce dont elle a besoin pour aller de l’avant.

On s’approche du comptoir où c’est un jeune homme qui nous accueille.

— Tout s’est bien passé messieurs ?

— Oui parfait, on a juste eu un léger souci, mais rien de grave. 

— Quel genre de souci ? fronce-t-il les sourcils.

— Rien d’important, on va vous payer un surplus pour la gêne occasionnée.

— Je peux savoir ce qu’il s’est passé ? questionne-t-il.

On se jette un regard entendu avec Nathan puis il secoue la tête.

— Non, ce n’est pas la peine, sourit-il. Donc je vous donne juste un surplus et n’hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de plus.

L’agent d’accueil hoche la tête et Nathan lui donne un sacré montant. Je sens la chaleur monter au visage. Une fois la chambre payée, je me tourne vers lui.

— Merci Nathan, vraiment…

— Ce n’est rien Sam, arrête de me remercier, c’est normal.

Je hoche la tête avec un sourire, reconnaissant.

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