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Violette_Armary
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Chapitre 2

Point de vue Héloïse 

Il part. Ce n'est qu'une semaine. Une simple semaine où je serai seule avec Samuel. Une toute petite semaine où il ne sera pas avec nous. Après un dernier sourire, il fait demi-tour mais je le retiens par la manche. Il tourne de nouveau la tête vers moi. Ses yeux vont de ma main à mon visage. Je ne sais pas comment lui dire ce que je ressens. Je ne sais pas comment lui faire comprendre que de le savoir loin de moi m'angoisse. Il est ma safe place. Mais je ne pourrai pas compter sur lui indéfiniment. Il faut que je me bouge. Que j'avance dans ma vie. Le souci, c'est que je ne sais pas par où commencer.

Pendant un instant, j'oublie Nathan. C'est son raclement de gorge qui me fait revenir à la réalité. Je cligne des yeux afin de récupérer une vision nette. Je sens mes joues prendre feu et je le lâche précipitamment. Un léger rire émane de son être. Mais je perçois que c’est loin d’être un rire moqueur. Je suppose que ma façon d’être doit l’amuser. 

— Il y a autre chose que tu voudrais me dire ?

L’intonation de sa voix fait vibrer mon corps, ses yeux d’un bleu perçant me scrutent, me jaugent. Je sais qu’il marche sur des œufs avec moi. Pourtant, je lui demande rien d’autre que de rester fidèle à lui-même. 

— Dors avec moi encore cette nuit… S’il te plait.

— Et toutes les autres nuits si tu le désir Joli Coeur.

Mon poul accélère, mon sang chauffe sous ma peau. Sa voix grave résonne en moi comme un écho. Je veux le prendre dans mes bras, mais n’en fais rien. Je le remercie d’un sourire et, il me dépose un baiser sur le haut de la tête avant de descendre les escaliers. Je reste dans l’encadrement de ma porte, ne sachant quoi faire. Si je cède à mes pulsions, je vais le briser. Il ne faut pas que je m’accroche à lui. Ce n’est pas ma bouée de sauvetage. C’est Nathan, et il va partir pour une semaine aux Etats-Unis. Après tout, on sera séparé par un océan. C’est quoi un océan de nos jours ? Rien du tout. Je mords l’ongle de mon pouce tandis que mes pensées divergent vers la nuit dernière. Les trois fois où on a dormi ensemble, il m’a laissé au pays des songes. Il ne m’a pas dérangé. Au contraire. Il me rassure. Il veille sur moi comme la Lune veille sur les étoiles. Et même si la lune disparaît une nuit par mois, lui, reste. Je sais que je peux compter sur lui à n’importe quel moment. Néanmoins, je persiste à dire que j’aurai dû m’en sortir seule.

Finalement, je décide de prendre un livre et de suivre les pas de Nathan. Cependant, une fois en haut des escaliers, je peux entendre Nathan et Samuel discuter dans le salon.

— Elle a réagit comment ? questionne Samuel.

— Bien ? Je dirai… elle m'a demandé si elle pouvait dormir avec un vêtement à moi.

Un silence s'étire tandis que j'hésite entre descendre ou retourner dans ma chambre. Avant que je ne me décide, la voix de Nathan s'élève à nouveau.

— Je sais que ce n'est pas ton truc Sam-Sam, mais si…

— T'inquiète Nath, je dormirai avec elle si jamais elle le demande. Mais uniquement si elle fait. Ne te prends pas la tête pour le moment avec ça.

Honteuse, je décide que j'en ai suffisamment entendu et retourne dans ma chambre. Je suis une gamine. Je suis une putain de gamine à leurs yeux.

Ils ne comprennent pas. Théo décidait de tout, j'aimais les choses qu'il aimait et détestais les choses qu'il détestait. C'était mieux de vivre ainsi que de subir ses coups. Mais il faut qu'il sorte de ma tête. Il faut que je le sorte de ma tête une bonne fois pour toute. Nathan et Samuel n'étaient pas Théo. Ils n'étaient pas… et si Samuel profitait de l'absence de Nath pour tenter quelque chose ? Et s'il donnait cette adresse à Théo ?

Théo… Théo… Théo…

Les larmes roulent sur mes joues tandis que je fais les cent pas, tenant mes cheveux. Mes longs cheveux… Cheveux que Théo tirait… Soudain, une idée. Je cours dans la salle de bain, prends un ciseau et regarde le miroir. Je tiens la moitié de mes longs cheveux bruns dans une main, le ciseau dans l'autre. Il détestait les cheveux courts. Il…

Clac.

Le premier coup de ciseau retentit. Je continue de les couper jusqu'à ce qu'ils m'arrivent aux épaules. Les larmes dévalent mes joues, je regarde plusieurs vidéos afin d'essayer d'égaliser mes cheveux. A la fin, mes cheveux sont à la même longueur, et m'arrivent un peu au-dessus des épaules. Je penche la tête sur le côté avant de prendre une grande inspiration et de me faire une frange en suivant les indications de la vidéo. Une fois la frange faite, je me regarde de nouveau dans le miroir. La pâleur de ma peau contraste avec le noir de mes cheveux, cependant, cela fait ressortir mes yeux.

— P’tite tête ?

La voix de Samuel me fait sursauter. 

— T’es là ?

Je me tourne vers la porte de la salle de bain qui s’ouvre sur lui. Ses yeux vont de ma tête à ma tonne de cheveux par terre. 

— Tu… Euh… 

Il déglutit en plantant son regard dans le mien. Il avance d’un pas vers moi. Mon cœur accélère légèrement et je remarque qu’il a une tâche dorée dans son œil gauche. Je ne l’avais jamais remarqué. En même temps, elle est si petite… Je vais pour prendre mon bras gauche dans ma main droite mais il arrête mon élan en prenant ma main dans la sienne. J’ai un léger sursaut en ayant un hoquet de surprise.

— Tu es… hum… ça te va bien, tu… hum… tu es… 

Il laisse sa phrase en suspens tandis que je baisse les yeux, ne pouvant soutenir son regard davantage.

— Je t’interdis de baisser le regard Hélo.

Sa voix basse vibre en moi à me chatouiller le ventre. Je n’avais jamais ressentis ça hormis avec Nathan et cela me donne une étrange sensation. Je relève la tête vers lui, en me mordant la langue. De son autre main, il l’approche doucement de ma joue. Il la caresse de son pouce dans un geste lent. J’ai l’impression que mon cœur va se décrocher de ma poitrine.

— Retiens-moi de t’embrasser, me murmure-t-il.

Je déglutis, ne sachant quoi faire ou quoi répondre. Ses boucles descendent sur son front, j’ai envie d’y glisser ma main, mais je me retiens. J’ai l’impression d’être là sans être là.

— Je… Sam… Il… il faut que je nettoie mes… cheveux.

Soudain, comme s’il se rendait compte de notre proximité, il se racle la gorge avant de hocher la tête. Il me dépose un baiser sur le haut de la tête avant de se reculer. Il laisse un doux contact chaud là où il m’a touché. Il fait demi-tour, mais, avant de disparaître dans le couloir, il se tourne vers moi avant de murmurer : 

— Tu es magnifique, ne laisse personne te dire le contraire.

Puis il part en refermant la porte. Il me laisse la, abasourdie par ce qu’il vient de se passer. Sa tâche d’or dans son œil me hante encore. Je peux toujours sentir la chaleur de son contact sur ma peau. 

Quelques minutes après qu’il soit partit, je me ressaisis puis j’entame le nettoyage de la salle de bain. Une fois cette étape faite, je sors enfin de cette pièce, non sans penser à ce qu’il s’était passé entre Samuel et moi.

Dans le couloir, je sens une douce odeur de saumon venir jusqu’à moi. Mon ventre gargouille et je suis l’odeur jusque dans la cuisine où je vois Nathan de dos.

Il doit m'entendre arriver car il se retourne. Ses iris bleus s'arriment aux miens et mon cœur rate un battement. Il reste un instant silencieux. On peut juste entendre le crépitement du poisson qui cuit juste derrière lui. Puis, un sourire se dessine sur ses lèvres.

— Fallait dire si tu voulais aller chez le coiffeur.

— Je préférais le faire moi-même.

— Ça te va très bien, tu es magnifique.

Je sens mes lèvres se fendre en un léger sourire tandis que mes joues chauffent. Je baisse la tête en jouant avec le bas de mon tee-shirt.

— Tu ne devrais pas priver le monde de tes yeux Joli Coeur.

Puis il se retourne afin de s'occuper du saumon. Quant à moi, dans un soupir je mets la table. Je ne peux m’empêcher de repasser en boucle les paroles de Samuel ou de Nathan. Je ne les comprends pas. Je ne peux pas les croire. Je ne peux m’empêcher de rester sur mes gardes. Ils vont forcément me descendre à un moment ou à un autre. Je ne mérite personne, je ne mérite pas de trouver quelqu’un m’aime vraiment. Je ne mérite personne. Et ils doivent forcément se moquer de moi quand j’ai le dos tourné. Samuel ne m’embrasserait jamais, je suis répugnante. Quant à Nathan, je suis persuadé qu’il en a marre de ma présence mais qu’il fait…

Soudain, je sursaute en sentant une main se poser sur la mienne. Je relève la tête et vois Samuel.

— Arrête de te gratter le bras. Enlève toi ces pensées noires de ta petite tête. Il n’est pas là. Il est loin.

Je me mords les lèvres, honteuse, puis je relève la manche de mon tee-shirt. Il est quasiment à sang. Je n’ai même pas remarqué que je me grattais, ni que des larmes s’échappaient de mes yeux. Je marmomme que je n’ai pas faim et me dirige vers l’escalier. Cependant, Nathan me hèle, je me retourne et il plante son regard perçant dans le mien.

— Mange quelque chose, à part un café ce matin tu n’as rien avalé…

Je refuse d’un mouvement négatif de la tête. Il soupire, je baisse de nouveau la tête, ne pouvant supporter la déception dans son regard. Je me dépêche de monter dans ma chambre afin de m’enfermer, loin d’eux, de leur satané regard de pitié. Et là, sur mon lit, je m’effondre. Je ne me supporte plus. Je ne supporte pas la personne que je suis devenue à cause de lui. Il hante mes pensées malgré moi et ça m’énerve. Et le seul moyen que j’ai pour extérioriser cette rage, ce sont les pleurs. Je ne sais pas faire autrement. Je ne sais pas comment ressentir autre chose que de la colère ou de la tristesse. Je ne suis pas nostalgique des moments passés avec lui. Loin de là. Mais je pensais qu’en étant partie, je ressentirais de la légèreté, de la joie. Hors, c’est tout le contraire. Je ne ressens rien de tout ça à part du dégoût pour moi-même. Que ce soit physique ou mental.

Je reste cloîtrée dans ma chambre toute l'après-midi, enfin jusqu'à ce que quelqu'un frappe à ma porte. Je me lève, prête à envoyer balader la personne se trouvant derrière. Je déverrouille puis ouvre la porte avant de stopper tout mouvement en voyant Samuel et Nathan. Un plateau chacun de nourriture. L’un avec de la nourriture asiatique et l’autre avec du sucré.

— On s'est dit que si tu ne venais pas manger, le repas viendrait à toi, me sourit Nathan.

Derrière lui se trouve Samuel, le visage fermé. En repensant à tout à l'heure je baisse la tête, me sentant rougir.

— C…c'était pas la peine…

— Ne dis pas de conneries, soupire Sam. Tu vas tomber dans les pommes.

Je me décale et les laisse entrer. Ils déposent les plateaux sur mon bureau avant de s’installer sur mon lit, contre le mur.

— Vous allez rester là ?

Ils se regardent et hochent la tête.

— Evidemment, disent-ils en chœur.

Je roule des yeux mais un fin sourire se dessine sur le coin de mes lèvres. Je vais m’asseoir sur ma chaise de bureau et ils se mettent à discuter. Je les écoute plus que je ne participe. Je mange un peu en leur passant de temps à autre un nem. 

Nous passons la soirée dans ma chambre à parler et bien vite le sujet des États-Unis tombe en plein milieu de la conversation. Ce n'est qu'une semaine . Après c’est quoi une semaine ? Si je commence comme ça, je vais finir en dépendance affective totale et je ne veux pas de ça. Alors que j’ai la tête baissée, je reçois une peluche. Je sursaute avant de relever la tête. Samuel est parti de la chambre. Je n’ai même pas remarqué qu’il n’était plus là. Je suis désormais seule avec Nathan.

— A quoi penses-tu Joli Coeur ?

— A toi, lui réponds-je spontanément.

Je le vois déglutir en se redressant.

— Hélo… Si tu ne veux pas que…

—  Non ! le coupé-je. Pars, ce n’est qu’une semaine, et je serais avec… Samuel…

Ses yeux bleus me transpercent tandis que mon dernier mot se perd dans un silence. 

— Qu’est-ce que tu ne me dis pas ?

Je me mords les lèvres en baissant la tête vers mes mains qui jouent avec la peluche. C’est une petite loutre toute douce. J’entends les draps se froisser. Je suppose que Nathan est en mouvement. Cependant, je n’ose pas relever la tête vers lui. Lui dire que j’ai des peurs irrationnelles envers Samuel le ferait plus paniquer qu’autre chose et je ne veux pas. Je veux qu'il parte sereinement. Sans se soucier de moi. Soudain, il apparaît dans mon champ de vision. Il s’est agenouillé vers moi.

— Si tu baisses le regard, je m’agenouillerai pour être à la hauteur de celui-ci. Dis-moi tout…

Je sens mes joues rougir puis secoue la tête.

— J… je suis juste fatiguée… Je vais aller dormir..

Il fronce les sourcils un instant avant de capituler par un hochement de tête.

— Tu veux que je dorme avec toi ? me chuchote-t-il.

— S… s’il te plait…

Il sourit et se redresse avant de me déposer un baiser sur le haut de ma tête. Je me lève aussi avant d’aller m’enfermer dans la salle de bain afin de faire ma toilette du soir. Au moment de retourner dans ma chambre, je croise Samuel qui me souhaite un rapide “bonne nuit” avant d’aller s’enfermer dans sa chambre. Je reste un moment à fixer sa porte. Il m’évite, clairement. Et je suis persuadée que c’est dû à ce qu’il s’est produit entre nous plus tôt dans la journée.

Je mords l'intérieur de ma joue avant d’aller dans ma chambre, où Nathan m’attend déjà. Il est contre le mur, son bras étendu à côté de lui. Mes joues chauffent tandis que je laisse la porte entrouverte. Je vais le rejoindre, les jambes flageolantes. Nous laissons ma lampe lune émettre une douce lumière tamisée dans la chambre. Je me remets dans la même position que la veille, la tête près de son cœur. Le mien se met à battre au même rythme que le sien. Il plonge sa tête dans mes cheveux et je ferme les yeux, sereine.

Toute la semaine se passe ainsi. Samuel passe son temps à m’éviter quant à Nathan, il n’est pas plus présent à la maison mais il prépare son voyage. Plus son départ est proche, plus je me renferme. Je me fais petite. Il n’y a que la nuit où je l’ai pour moi. J’ai passé une super semaine de sommeil. Et c’est grâce à Nathan. Je sais qu’il me rassure et je redoute le moment de lui dire au revoir. 

Lorsqu’arrive le vendredi soir, je suis dans ma chambre. Nous venons de terminer de manger, Samuel est parti boire un verre avec des copains tandis que Nathan est quelque part dans la maison. Allongée sur mon lit, une douce musique de violoncelle remplit la pièce tandis que je lis une douce romance.

Plongée dans mon univers, je sursaute lorsqu’on toque à ma porte. Je termine ma page et vais déverrouiller la porte où je découvre Nathan, les mains dans son dos. Il se balance d’un pied à l’autre.

— Désolé de te déranger…

— Tu ne me déranges pas.

Je fronce légèrement les sourcils en l’observant. Il a l’air… nerveux ?

— Tu sais que je pars demain matin ?

Je hoche la tête. Comment l’oublier ? Il s’humecte les lèvres en évitant mon regard avant de me tendre un paquet.

— C’est pour toi.

Je prends la petite boîte, tremblante, qu’il me tend. Je l’ouvre doucement, le cœur battant à tout rompre. Le souffle irrégulier de Nathan me donne la chair de poule. Et lorsque je découvre l’objet à l’intérieur de la boite, je ne peux m’empêcher de retenir un cri. Des larmes me montent directement aux yeux alors que je prends la montre de mon père entre mes mains. Elle est comme neuve et je la reconnais entre mille. Je relève la tête vers Nathan.

— Ça te plait ? se passe-t-il la main dans sa nuque.

Je hoche la tête, incapable de prononcer un mot, puis, sans crie égard, je le prends doucement dans mes bras, lâchant les larmes que je ne retiens plus. Je le sens se tendre un instant, certainement surpris, puis met une main dans mon dos.

— M… merci…

— Avec plaisir Joli Coeur, me chuchote-t-il dans un souffle.

Il me dépose un doux baiser dans mes cheveux alors que je ne bouge pas. Je peux entendre son coeur battre anormalement vite. Je n’en reviens pas qu’il ait fait ça. Il a fait réparer la montre de mon père alors que je la pensais irréparable. Je ne savais même pas qu’il l’avait récupéré… Le soir où Théo l’a détruite, une partie de mon cœur a été détruite aussi. Mais Nathan… Nathan répare…

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