Chapitre 21
Le soleil filtrait à travers les rideaux, peignant des traînées dorées sur le parquet. L'air était doux, teinté du parfum des premières fleurs estivales.
Aujourd'hui, c'était le grand jour : l'annonce aux enfants. Stéphane et moi avions mis au point notre "plan chasse au trésor", une suite d'énigmes simples qu'ils adoreraient résoudre.
Le petit pyjama jaune, précieux comme un trésor, était caché dans le panier à linge du couloir, sous une pile de serviettes douces.
Après le petit-déjeuner, l'effervescence montait.
— Maman, Stéphane, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? a lancé Elio, les yeux pétillants, toujours prêt pour une aventure.
Stéphane a souri, son regard croisant le mien.
— On a une mission pour vous, les agents secrets. Une mission très, très spéciale.
Nina a immédiatement attrapé la première enveloppe que je tendais.
— Une énigme ? J'adore !
La chasse au trésor s'est déroulée dans une joyeuse ambiance. Les enfants couraient d'une pièce à l'autre, déchiffrant les petits rébus et charades que nous avions préparés. Leurs rires résonnaient dans toute la maison, et à chaque bonne réponse, leur excitation grandissait. Finalement, la dernière énigme les a menés au panier à linge.
— C'est quoi ce truc ? a demandé Elio en tirant sur une serviette, découvrant le petit sac.
Nina l'a sorti délicatement, son visage empreint de curiosité. Elle a ouvert le sac, en a tiré le pyjama.
Ses yeux ont parcouru le tissu jaune, puis se sont arrêtés sur l'inscription : "50% PAPA 50% MAMAN". Elle a froncé les sourcils, puis ses yeux se sont écarquillés.
— Maman… Stéphane… C'est… c'est un pyjama de bébé ? Sa voix était un murmure à peine audible.
Elio, moins subtil, a pris le pyjama, le mesurant de ses petites mains.
— Mais il est tout petit ! C’est pour qui ?
Stéphane et moi nous sommes agenouillés face à eux, nos cœurs battant la chamade. J'ai posé ma main sur mon ventre, et Stéphane a enlacé mes épaules.
— C'est pour le bébé qui va arriver, a dit Stéphane d'une voix douce. Un petit frère ou une petite sœur.
Un silence a flotté dans l'air, suivi d'un cri de joie simultané.
— Un bébé ?!
Nina a jeté le pyjama et s'est jetée dans mes bras.
— Tu vas avoir un bébé, Maman ? C'est génial !
Elio, après un instant de stupeur, nous a rejoints, tirant sur le pyjama comme pour s'assurer qu'il était réel.
— On va avoir un petit frère ou une petite sœur ?!
Les questions ont fusé, un véritable déluge.
"C'est une fille ou un garçon ? On pourra choisir le prénom ? Quand est-ce qu'il arrive ? Il va dormir dans notre chambre ? On va pouvoir jouer avec lui ? Il va falloir que je partage mes jouets ?" Leurs visages rayonnaient, leurs yeux pétillants d'une joie pure et d'une curiosité insatiable.
Stéphane et moi répondions du mieux que nous pouvions, riant de leur enthousiasme.
— On ne sait pas encore si c'est une fille ou un garçon, on le saura plus tard, ai-je expliqué. Il arrivera fin janvier, quand il fera encore un peu froid.
— C'est long, fin janvier ! s'est plaint Elio, déjà impatient.
— Mais ça nous laissera le temps de tout préparer ! a ajouté Nina, les yeux brillants de projets.
Ce moment a été parfait, empli d'un bonheur authentique et partagé, balayant toutes mes appréhensions.
Notre famille s'agrandissait, et les enfants étaient déjà prêts à accueillir ce nouveau membre avec tout leur amour.
***
Quelques jours plus tard, la réalité de mon corps m'a violemment rattrapée. C'était une matinée comme les autres à la caserne, jusqu'à l'alerte.
Un feu d'appartement, déclaré dans un immeuble ancien du centre-ville.
L'intervention s'annonçait intense, l'immeuble était potentiellement insalubre et l'accès difficile.
Mon cœur a martelé ma poitrine, un mélange d'adrénaline et d'une nouvelle anxiété sourde. Nous nous sommes équipés à la hâte. Le poids de ma tenue, la bouteille d'air comprimé sur mon dos, tout me semblait plus lourd que d'habitude.
La fatigue, accumulée ces dernières semaines, était palpable. Nous avons pénétré dans le bâtiment, la fumée épaisse réduisant la visibilité à presque zéro. La chaleur montait, oppressante. J'ai suivi mes coéquipiers, la lampe de mon casque allumée, le pas moins assuré que d'habitude.
Chaque mouvement était un effort, chaque respiration un défi.
Au cœur de l'incendie, alors que nous tentions de maîtriser les flammes qui léchaient un mur, une vague de vertige m'a saisie. L'air, même filtré, semblait manquer. Mes jambes ont flanché. J'ai dû m'appuyer lourdement contre le mur, la tête tournant.
Un instant, l'image de l'échographie, ce petit point lumineux, a traversé mon esprit, et une peur panique m'a étreinte. Je ne pouvais pas me permettre d'être une faiblesse pour mon équipe, ni de mettre mon bébé en danger.
J'ai serré les dents, respiré profondément, et me suis forcée à me reprendre, à achever la tâche.
Nous sommes sortis de l'immeuble, la cagoule noircie par la suie, les poumons brûlants. L'air frais de l'extérieur n'a fait qu'accentuer la sensation de malaise. Les lampes s’agitaient, les opérations de déblaiement commençaient.
Je me suis sentie de plus en plus faible, les genoux tremblants. Alors que j'ôtais mon casque lourd, une vague de nausée m'a prise aux tripes.
Le sol a commencé à tourner.
Je me suis effondrée, incapable de contrôler mon corps. Le dernier son que j'ai entendu fut le cri d'un de mes collègues : "Sarah !"
Quand j'ai rouvert les yeux, j'étais allongée sur le brancard de l'ambulance, l'oxygène frais sur le visage. Stéphane était là, son visage pâle et tendu, penché au-dessus de moi, ses yeux emplis d'inquiétude.
Le chef de la caserne, le Commandant Le Gall, se tenait un peu en retrait, l'air grave.
— Sarah, ça va ? a demandé Stéphane, sa voix rauque.
J'ai hoché la tête, encore un peu étourdie.
— Oui… juste un peu de vertige…
Stéphane a regardé le Commandant, puis s'est tourné vers moi, le regard lourd de sens.
Mon Commandant, a-t-il commencé, sa voix résolue, Sarah est enceinte. Elle est à un peu plus de quatre mois de grossesse.
Le Commandant Le Gall a marqué un temps d'arrêt, son visage se transformant.
Il a d'abord semblé surpris, puis une expression de compréhension et de soulagement a pris le dessus. Il m'a regardée, son regard bienveillant.
— Enceinte, Sarah ? Pourquoi ne pas nous l'avoir dit plus tôt ?
J'ai bredouillé, la gorge serrée.
— Je… je venais d'arriver, mon Commandant. Je ne voulais pas… je ne voulais pas qu'on me juge, qu'on pense que je n'étais pas investie.
Il a soupiré doucement, puis a posé une main rassurante sur mon bras.
— Sarah, il n'y a aucun jugement à avoir. La sécurité de nos hommes et femmes est primordiale, surtout celle d'une future maman et de son enfant. Écoutez, à partir de maintenant, les interventions sont terminées pour vous. Mais hors de question que vous vous sentiez coupée de la caserne. Vous allez continuer à travailler ici, bien sûr. Nous avons besoin de votre expertise, et il y a beaucoup à faire au bureau. Gestion de dossiers, planification des exercices, relations avec la presse… Vous resterez un membre à part entière de l'équipe, juste avec des missions adaptées. Cela vous permettra de garder un pied dans ce monde, de rester connectée, jusqu'à la naissance. Et après, on verra quand vous serez prête à revenir sur le terrain.
Un poids immense s'est levé de mes épaules. Sa compréhension, son soutien, c'était tout ce dont j'avais besoin.
J'ai regardé Stéphane, ses yeux me renvoyant un soulagement palpable. Le Commandant Le Gall m'a adressé un sourire chaleureux.
— Félicitations, à vous deux. C'est une excellente nouvelle. Prenez soin de vous et de ce petit bout.
Ce malaise, bien que terrifiant sur le moment, avait levé le voile. Et contre toute attente, tout s'était passé pour le mieux. Je pouvais continuer à faire partie de cette grande famille de pompiers, tout en protégeant cette nouvelle vie qui grandissait en moi.
Un équilibre, enfin.
***
Les jours qui ont suivi l'intervention et la révélation forcée de ma grossesse ont marqué un tournant inattendu dans ma vie à la caserne.
Fini les bips stridents en pleine nuit, l'adrénaline des départs en urgence et la camaraderie brute des interventions.
Désormais, mes journées se déroulaient au rythme plus posé du bureau.
Mon nouveau "poste", comme l'avait si gentiment formulé le Commandant Le Gall, consistait principalement à aider au tri et à la numérisation des dossiers, à planifier les formations pour les équipes et même à gérer une partie de la communication interne. Au début, j'avoue avoir ressenti une certaine frustration. Mes mains, habituées à tenir une lance ou un outil de désincarcération, se retrouvaient à manier des stylos et des claviers.
Le silence du bureau, souvent rompu uniquement par le cliquetis de mon clavier ou le froissement des papiers, contrastait violemment avec le bruit constant des manœuvres.
— Pas trop dur, la reconversion, Sarah ? m'avait lancé un jour le sergent Martin, avec un sourire taquin en passant devant mon bureau.
— On s'adapte, avais-je répondu, essayant de paraître plus à l'aise que je ne l'étais.
Pourtant, au fil des jours, j'ai commencé à trouver un certain équilibre. Le Commandant Le Gall avait été fidèle à sa parole : je n'étais pas mise au placard. J'assistais toujours aux réunions d'équipe, mes avis étaient sollicités, et j'avais même l'impression d'apporter une aide précieuse en organisant des plannings plus efficaces ou en simplifiant des procédures administratives complexes.
J'apprenais les rouages "cachés" de la caserne, les coulisses de l'action, et cela m'intéressait plus que je ne l'aurais cru. Je voyais l'ensemble de la chaîne, du signalement à l'intervention, et je pouvais contribuer à l'améliorer. Ce n'était pas la même adrénaline, c'était une autre forme de satisfaction, celle de la contribution méthodique et réfléchie.
Stéphane venait me voir à l'heure du déjeuner quand nos emplois du temps le permettaient, et il était évident qu'il était rassuré de me savoir en sécurité, loin des flammes.
Il me racontait ses interventions, et je l'écoutais, le cœur un peu serré par l'envie, mais soulagée de ne plus prendre de risques.
Mon ventre, lui, commençait à s'arrondir doucement, une bosse à peine perceptible sous mes tenues mais bien présente pour moi.
Les nausées matinales s'étaient atténuées, remplacées par une faim vorace à des heures inattendues.
Les collègues, d'abord discrets, avaient commencé à me glisser des conseils, des anecdotes sur leurs propres grossesses ou celles de leurs proches. L'ambiance était bienveillante, dissipant peu à peu ma peur d'être jugée. Je sentais que j'étais acceptée, non pas malgré ma grossesse, mais avec elle.
Si la sérénité s'installait dans ma vie professionnelle et familiale, une autre partie de ma vie restait suspendue à un fil, celle liée à l'affaire Bernier.
Les semaines passaient, et chaque appel de Maître Girard était attendu avec un mélange d'espoir et d'appréhension.
— Sarah, m'a-t-il dit lors de notre dernier échange téléphonique, sa voix grave, les choses avancent, mais lentement. Le mandat d'arrêt a été émis. Les brigades de gendarmerie sont alertées et des recherches sont activement menées.
— Il y a des pistes ? Des informations concrètes ? ai-je demandé, mon cœur se serrant. L'espoir et la déception se livraient un combat incessant en moi.
— Pas encore de certitudes. Nous avons quelques indications, des signalements épars, mais rien de suffisamment solide pour le localiser. Il a coupé tous ses liens connus, même avec son fils aîné, Yann, qui était pourtant très proche de lui. Les gendarmes explorent toutes les pistes possibles, interrogent son entourage, ses anciennes relations professionnelles. Mais c'est une aiguille dans une botte de foin, Sarah.
Il a soupiré.
— Il est insaisissable pour l'instant. Ce genre de recherche prend du temps, surtout quand l'individu a les moyens et la détermination de se cacher. Il est probable qu'il essaie de noyer le poisson, de nous épuiser.
La nouvelle, bien que non surprenante, était décourageante.
Bernier s'était évaporé, tel un fantôme, me laissant avec le sentiment amer d'une justice retardée. Cette incertitude, ce vide, était une constante sourde dans ma vie.
Stéphane me rappelait sans cesse que l'essentiel était notre présent, notre avenir avec le bébé.
Mais l'ombre de Bernier planait toujours, une affaire inachevée, une blessure qui refusait de cicatriser tant qu'il ne répondait pas de ses actes.
Je savais que je devais me concentrer sur le positif, sur cette vie nouvelle qui grandissait en moi. Mais une partie de moi restait en alerte, refusant de lâcher prise, déterminée à ce que cet homme soit un jour face à ses responsabilités.
La justice, même lente, devait finir par le rattraper. Pour moi, pour les victimes, et pour l'enfant qui allait bientôt porter notre nom.
***
Si la routine s'était installée à la caserne, ma vie personnelle, elle, continuait de s'épanouir au rythme de cette nouvelle aventure.
Le plus beau des bonheurs est celui que l'on partage, et je savais que Cécile, mon autre meilleure amie, serait folle de joie en apprenant la nouvelle.
Elle venait de rentrer d'un stage humanitaire de cinq mois en Afrique avec Mathis, et j'attendais avec impatience de pouvoir la joindre.
Le moment est venu un soir. Après un court échange pour prendre des nouvelles de leur retour et de leurs aventures, j'ai pris une grande inspiration.
— Cécile, j'ai une grande nouvelle à t'annoncer.
Un silence attentif s'est fait au bout du fil.
— Dis-moi, Sarah, ça a l'air sérieux ! Tout va bien ?
— Mieux que bien. Je suis enceinte.
Un cri aigu de joie a traversé le téléphone, suivi de rires et de la voix lointaine de Mathis qui s'enquérait.
— Non ! C'est vrai ?! Oh mon Dieu, Sarah ! Je suis tellement, tellement heureuse pour vous ! Quand ? Comment ? Raconte-moi tout !
Je lui ai tout raconté, depuis le test jusqu'à l'échographie, en passant par l'annonce aux enfants et mon nouveau poste à la caserne.
Cécile, toujours si entière, a partagé mon émotion, promettant de passer nous voir très vite. Son enthousiasme a ajouté une couche de bonheur à ma joie déjà débordante.
Les semaines suivantes ont été rythmées par l'approche de la deuxième échographie, celle qui allait nous révéler si Nina et Elio auraient un petit frère ou une petite sœur.
L'excitation montait crescendo à la maison.
— Maman, si c'est un garçon, on l'appellera comment ? demandait Elio, déjà en plein débat avec sa sœur.
— Moi, je veux une fille ! insistait Nina. On pourrait l'appeler Rose ou Violette !
Stéphane et moi sourions en les écoutant. Nous avions déjà une petite idée en tête, des prénoms qui nous avaient toujours plu, des prénoms doux et lumineux. Nous avions attendu le bon moment pour les proposer.
Le jour de l'échographie est arrivé. Encore une fois, nous étions tous les deux, main dans la main, devant l'écran qui allait dévoiler un peu plus notre futur. L'échographiste, en passant la sonde, a souri.
— Eh bien, regardez cette petite chipie...
Sur l'écran, l'image était bien plus nette que la première fois. On distinguait clairement un petit visage, de minuscules mains, et... l'échographiste a pointé l'écran.
— C'est bien une petite fille.
Un souffle coupé. Une petite fille ! Stéphane a pressé ma main, ses yeux brillants de tendresse. C'était donc une fille, une nouvelle énergie douce qui allait compléter notre famille.
Le soir même, autour du dîner, la nouvelle a été annoncée à Nina et Elio.
— C'est une fille !"a lancé Stéphane.
Nina a poussé un cri de victoire.
— Oui ! Je savais ! Un petit frère ou une petite sœur, mais c'est encore mieux une fille !
— Et on a réfléchi au prénom, ai-je continué, mon regard sur Stéphane. On a pensé à un prénom qu'on aime beaucoup, et on voulait votre avis.
Stéphane a enchaîné :
— On a pensé à... Alba.
Les enfants ont répété le prénom, le goûtant sur leurs langues.
— Alba... j'aime bien ! C'est joli, a dit Nina, les yeux rêveurs.
Elio, après un instant de réflexion, a hoché la tête avec un air grave.
— Oui, c'est bien Alba. J'aime bien.
Le choix était fait, en famille.
Avec la confirmation d'une petite fille et le prénom choisi, les préparatifs se sont accélérés, emplis d'une joie nouvelle et tangible. Nous avons commencé à vider le petit bureau à côté de notre chambre, le transformant peu à peu en une future chambre de bébé.
Les discussions se sont multipliées : quelle couleur pour les murs ? Quel berceau ? Stéphane passait ses soirées à regarder des tutoriels pour monter les meubles, et je me perdais avec délice dans les catalogues de layette.
Chaque petit achat, chaque décision, nous rapprochait un peu plus de l'arrivée de notre petite Alba.
Le nid se construisait, doux et chaleureux, pour l'accueillir.
***
Le calendrier avait tourné, et j'approchais du septième mois de grossesse. Mon ventre était désormais bien rond, impossible à cacher sous mes vêtements de sapeur-pompier, même les plus amples.
Les mouvements d'Alba, doux et constants, remplissaient mes journées d'une joie indicible.
À la caserne, mon rôle administratif était devenu une seconde nature, et j'appréciais la contribution différente que j'apportais à l'équipe. Cependant, une légère mélancolie me saisissait parfois : mes amis proches me manquaient, si éloignés de ma Bretagne nouvellement adoptée.
Ce samedi-là, Stéphane m'avait dit que nous allions dîner chez de nouveaux collègues à lui, une petite soirée tranquille. Je n'avais pas soupçonné un instant ce qui m'attendait.
Nous sommes arrivés devant une grande salle des fêtes, une lumière chaude filtrant par les fenêtres.
— Tiens, ils ont vu grand pour un simple dîner, non ? ai-je remarqué, un sourcil levé, en me tournant vers Stéphane.
Il a juste souri, un sourire un peu trop large pour être innocent.
Dès que Stéphane a ouvert la porte, une explosion de cris joyeux a éclaté :
« SURPRISE ! »
La salle était magnifiquement décorée de ballons roses et blancs, de guirlandes scintillantes, et d'une table croulant sous les douceurs.
Des dizaines de visages familiers m'attendaient, mes collègues de la caserne, nos voisins, et… là, au premier rang, avec des sourires immenses, se tenaient Cécile et Mathis, et juste à côté, Olga et Éric !
— Non ! ai-je lâché, mes mains sur ma bouche, les larmes montant instantanément.
C'était trop, trop de bonheur d'un coup. J'ai balayé la pièce du regard, submergée.
Cécile a été la première à me prendre dans ses bras, me serrant fort, mais avec la délicatesse nécessaire pour mon ventre rond.
— On ne pouvait pas rater ça, Sarah ! Stephane a tout organisé !
Mathis, son visage radieux, a ajouté :
— Et Olga et Éric ont sauté sur l'occasion pour venir aussi !
Olga s'est avancée, ses yeux pétillants, me prenant dans une étreinte émue.
— Ma meilleure amie va avoir une fille ! C'était une évidence d'être là. Et Stephane a été formidable pour l'organisation.
Éric, un peu plus réservé, m'a serré chaleureusement, son sourire montrant son contentement.
La soirée s'est transformée en une véritable célébration de l'amitié et de l'amour. Nina et Elio, complices de la surprise, gambadaient partout, fiers de faire partie du complot.
Ils tiraient leurs tantes et oncles d'un jour pour leur montrer les cadeaux d'Alba, installés sur une table dédiée.
Les discussions s'enchaînaient. Cécile racontait avec humour quelques péripéties de son voyage en Afrique, tandis qu'Olga et Éric partageaient leurs avancées sur la recherche de leur futur appartement.
— On a visité un deux-pièces la semaine dernière, a dit Olga à Cécile.
— Pas très grand, mais en plein centre. On se rapproche du but !
Les rires ont résonné quand nous avons commencé à déballer les cadeaux.
Des tenues adorables, des petits chaussons, un mobile musical, et même une énorme peluche girafe qui a fait la joie de Nina et Elio.
Chaque présent était accompagné d'un mot, d'un vœu pour notre petite Alba.
Stéphane, mon complice adoré, me regardait avec une tendresse infinie. Il m'a prise à part un instant, loin du brouhaha.
— Tu vois, mon amour ? Tu n'es pas seule. On est là, tous ensemble. Il a posé sa main sur mon ventre. Et Alba sera déjà entourée d'amour avant même d'arriver.
J'ai enfoui ma tête contre son épaule, le cœur débordant de gratitude.
La peur de l'isolement, le manque de mes amis, tout s'était envolé comme par magie.
Cette baby shower surprise, orchestrée avec tant d'amour, était le plus beau des cadeaux. Elle me confirmait que ma nouvelle vie en Bretagne était bien enracinée, entourée d'une famille et d'amis qui traversaient les distances pour être là.