Si toutes les femmes sont libres, ce n’est pas le cas lorsqu’on appartient au Black Fever. Nous sommes formatées dès notre naissance : les femmes comme de bonnes épouses et les hommes comme des soldats prêts à mourir pour protéger cette famille.
« Famille », c’est un bien grand mot. C’est tout simplement une organisation mafieuse, patriarcale, qui réunit plusieurs clans ayant une forte influence dans le milieu. Leurs domaines de prédilection sont le trafic de drogue et d’armes. Ils possèdent, bien évidemment, des clubs de strip-tease, des discothèques et des casinos pour blanchir tout cet argent sale.
Leurs pouvoirs s’étendent sur tous les continents, faisant d’eux une entreprise redoutée dotée d’un système hiérarchique complexe. Notre place dans cette hiérarchie scelle notre destin. Plus les hommes sont forts, intelligents et cruels, plus leurs postes sont importants. Ainsi, ils peuvent épouser des filles issues de familles influentes et s’élever socialement. Enfin, pour cela, faudrait-il déjà qu'ils atteignent l’âge de 18 ans ! Ce qui n’est pas une mince affaire. La plupart décèdent dans des règlements de comptes, sont emprisonnés ou finissent exécutés pour trahison.
En ce qui concerne les femmes, elles ne sont que des monnaies d’échange, éduquées pour devenir des mères au foyer, soumises aux ordres de leur mari, sans aucun autre choix de vie. Certaines sont battues, violées, prostituées, mariées de force ; très peu de ces mariages sont heureux.
Aujourd’hui, je sais que je suis chanceuse de ne pas avoir eu le même destin. Mais quand je n'étais encore qu’une enfant cela a été un choc pour moi de découvrir qu’aucune fille de mon âge n’avait appris à se battre à mains nues ni à manier les couteaux. Elles étaient invitées aux réceptions, on leur enseignait à tenir une maison et à être de bonnes épouses. Je m’étais sentie mise à l’écart, je ne comprenais pas pourquoi j’étais éduquée et traitée différemment. Des milliards de questions m’étaient passés par la tête : Pourquoi tout était-il différent pour moi ? Avait-il honte ? Pourquoi me l’avoir caché ?
Alors, j'avais demandé à mon père. Quelle erreur de ma part ! Il était devenu fou de rage, il m’avait attrapée par les cheveux et m’avait tirée jusqu’à son bureau. La douleur était si intense que je n’arrivais pas à retenir les larmes qui perlaient sur mes joues. Je me rappelle chacun de ses mots. C’est d’ailleurs la seule fois où il m’a parlé d’elle.
« Tu veux savoir pourquoi tu n’es pas éduquée comme elles ? Tout simplement, parce que ta mère m’a fait promettre de faire de toi une femme libre. Et crois-moi, ses filles ne le seront jamais. Tu souffres ? Tu es fatiguée ? Tu en as marre de tous ces efforts ? Je n’en ai rien à foutre. Tu sais comment elle est morte ? En te protégeant, elle a pris ces putains de balles à ta place. Elle s’est sacrifiée pour toi, alors ne sois pas ingrate, souffre en silence et honore sa mémoire en exauçant son souhait. »
Seulement, lorsqu’on naît au sein de cette « grande famille », comme l’appelle notre chef Francisco MANCINI, la seule solution pour en sortir, c’est la mort. Heureusement ou malheureusement pour moi, cet homme a un péché mignon : « les contrats », surtout ceux qui servent à étendre le pouvoir, la puissance et la supériorité du réseau.
Ma solution ? Un pacte avec le diable en personne. Mais quand on signe avec les enfers, il faut toujours s’attendre à en payer le prix, et cette liberté allait me coûter très cher. Aujourd’hui, je suis une femme libre, mais demain reste un mystère.
Bienvenue dans mon univers : Où une promesse dirige ma vie et devient un fardeau.