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Prologue
CHAPITRE 1 : Dernière épreuve
CHAPITRE 2 : On n’échappe pas à son destin.  
CHAPITRE 3 : Un secret venu du passé.
CHAPITRE 4 : Un aller sans retour.
CHAPITRE 5   Nouvel objectif : la briser, la détruire.
CHAPITRE 6 : La partie commence
CHAPITRE 7 : Ingérable.  
CHAPITRE 8 : Un ami d’enfance
CHAPITRE 9 : Face à face avec une inconnue.
CHAPITRE 10 : Submergée par les émotions.  
CHAPITRE 11 : Redoutable.
CHAPITRE 12: Qui ne tente rien n’a rien.
CHAPITRE 13 : Idiote.
CHAPITRE 14: Rencontre avec mon ennemi
CHAPITRE 15 : Un moment de faiblesse.
CHAPITRE 16 : Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis
CHAPITRE 17 : Chaud ou froid   
CHAPITRE 18 : Glacé  
Chapitre 19 : Un ami extraordinaire  
CHAPITRE 20: Lâcher prise
CHAPITRE 21 : Une dernière fois, et sûrement plein d’autres
CHAPITRE 22: Galère à perte de vue.
CHAPITRE 23 :  Face à la douleur
CHAPITRE 24 : Nouveaux mots d’ordre : Profiter de la vie au maximum.
CHAPITRE 25 :    Rencontre avec Hernando bis  
CHAPITRE 26 :  Plus de doute
CHAPITRE 27 :   Et si…  
CHAPITRE 28 : Espoir ou désillusion ?
CHAPITRE 29 :  Savoir renoncer  
CHAPITRE 30 : Ça va saigner !  
CHAPITRE 31: Libère-moi.
CHAPITRE 32 : J’en suis incapable.
CHAPITRE 33 : Nico 2.0  
CHAPITRE 34: Pas de princesse, seulement une reine.
CHAPITRE 35 : Rien n’est plus dangereux qu’une personne animée par la vengeance.  
CHAPITRE 36 : Quand la lumière laisse place à l’obscurité.  
Épilogue  
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CHAPITRE 16 : Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis

NICO

Après le dérapage d’hier soir, je me lève ce matin encore révolté contre mon manque de maîtrise. Ma porte d'entrée s'ouvre avant même d'avoir eu le temps de boire une gorgée de mon café. Pas possible, déjà !

—    Tu as réfléchi aux conséquences de tes actes ?

—    Bonjour, cher géniteur. Juste pour info, on toque avant de rentrer chez quelqu’un !

—    Ne joue pas avec moi, ce n’est vraiment pas le jour. Je pensais qu’on t’avait formé mieux que ça. Depuis quand tu ne sais plus te contrôler ?

Même moi, je ne comprends pas comment j’ai pu aller aussi loin.

—    Tu as sorti ton couteau devant des putains de juges, de procureurs et de commissaires. Le mettre dehors aurait suffi. Qu’est-ce qui t’a pris, Bon sang ?

Je me lève et me positionne en face de lui. Il recule immédiatement.

—    Je n’ai aucun compte à te rendre. Puis toutes ces personnes se doutent qu’on n’est pas des enfants de chœur.

—    Oui, c'est des suspicions, il faut que ça le reste. C’est important de protéger la famille. Tu es leur chef maintenant !

Il pense que je suis toujours le petit garçon qui espérait faire plaisir à son père, pour ne pas subir ses coups et ses punitions, il se trompe. Il me tarde qu'une seule chose : son enterrement.

—    Depuis que cette fille est chez toi, tu fais n’importe quoi. Tu l'as laissé tuer un de nos hommes !

—    Tu voulais qu’elle travaille avec nous ? Je n’ai pas eu le choix, il fallait qu’ils comprennent ma décision. Enfin la tienne, si je me rappelle bien !

—    Si je ne te connaissais pas aussi bien, je dirais que cette petite pute te fait perdre la tête. D’ailleurs, où est-elle ?

Ma mâchoire se sert en l’écoutant l’insulter ainsi.

—    Je ne suis pas sa nounou !

—    Tu te fous de moi !  Elle est chez toi pour que tu la gardes à l’œil.

—    Sûrement, dans sa chambre, en train de dormir.

Je mens, bien sûr, avec elle, on n’est jamais sûr de rien.

—    Écoute-moi bien, je ne veux plus aucun dérapage, tu entends ! Puis si tu es tendu, baise-la ou cogne-la, peu importe, mais ressaisis-toi vite.

J’aurais presque envie de rire. Il me jette ce regard dominateur en pensant que cela m’impressionne. J’ai eu ce que je désirais, je l’ai supporté assez longtemps.

—    Comme tu dis, maintenant, c'est moi le chef. Tu es à la retraite, alors reste à ta place.

—    Pour qui te prends-tu ?

Je n’ai plus de patience, je l’attrape par le col. Son regard confiant, il y a quelques secondes, disparait instantanément.

—    Je ne suis plus un enfant et je ne te crains plus. Je n’hésiterai pas un instant à te tuer ou te bannir  si tu oses encore me dire comment gérer la famille. À présent, rentre chez toi.

—    Tu me menaces, je peux encore récupérer ma place

Je ris à gorge déployée.

—    Ne sois pas stupide, la soirée d’hier, ce n’était que de la poudre aux yeux. Il y a longtemps que j’ai pris ta place, gagné le respect de tous les soldats et les membres importants du réseau. C’est depuis mon arrivée que les affaires vont aussi bien. Crois-moi, si tu essaies quoique ce soit, tu perdras beaucoup.

Je le relâche et replace sa cravate.

—    Je te raccompagne à la porte.

Je me sens enfin libre, cette idée me fait tout de suite penser à la marmotte à l’étage. Pour elle, ce n’est pas près d’arrivée. Dans son discours, ce vieux fou n’a pas tout à fait tort, cette fille me fait perdre la tête.

C’est étonnant, je ne l’ai pas vu avant de partir. Normalement, j’ai toujours droit à son regard exaspéré. Après ma séance de sport avec Hernando, on se rend ensemble au boulot. J'en profite pour lui parler de la sécurité de mon bureau afin qu'il m'assure qu'il est impossible de l’infiltrer sans attirer l'attention. À notre entrée, cette confirmation est inutile.

—    Qu’est-ce que tu fais là ? Sors tes mains de mon ordinateur ou je te tire une balle dans la tête.

Je vais devenir dingue, à cause d’elle.

—    Détends-toi ! Je voulais juste te prouver que j’avais raison.

—    Je t’ai dit que j’y réfléchirais !

—    Tu n’aurais jamais accepté. Tu penses être invincible et tu n’admets pas d’avoir tort.

—     Sors d’ici ! Tout de suite avant que je décide de te torturer ou de te tuer.

—    La vérité, c’est toujours difficile au début. Je vais te laisser du temps.

Je vais lui faire passer l’envie de sourire, elle m’exaspère avec ses remarques pleines de sarcasme. Je l’attrape par le bras et la jette hors de mon bureau, puis claque la porte.

Je l’entends rire derrière.

—    Appelle-moi quand tu auras ouvert les yeux.

Je lève les yeux au ciel puis fais face à Hernando qui a l’air de trouver cette conversation très instructive et drôle.

—    Je croyais que personne ne pouvait entrer ici ? lui demandé-je sur un ton accusateur.

—    Elle est remarquable, je dois le reconnaître. D’après votre conversation, elle t’avait prévenu qu’elle y parviendrait. Je comprends mieux ton inquiétude maintenant.

—    Règle ça, elle ne doit pas avoir accès à mon bureau. On ne peut pas lui faire confiance.

—     Honnêtement, à part elle, je ne vois pas qui oserait pénétrer ici.

—    Je m’en fous si elle le peut, c’est déjà trop.

—    Je pourrais bosser avec elle pour perfectionner la sécurité, si tu veux.

Si jamais j’acceptais, ce serait comme lui avouer qu’elle avait raison. C’est au-dessus de mes forces.

—    Hors de question! Débrouille-toi!

—    D’accord, mais comment tester mon travail ? Être sûr qu'il soit efficace ?

—    Trouve autre chose.

—    C’est dingue, cette fille te fait tourner en bourrique. Je te connais, tu ne veux pas, car ce serait admettre que tu as tort, pas vrai ?

Ils m’agacent tous. J’aurais mieux fait de rester au lit aujourd’hui.

—    Mets ta fierté de côté. J’aurais besoin d’elle pour ce job. Puis ça sera bénéfique pour la sécurité du réseau.

—    Je commence à me demander si tu es vraiment inégalé dans ton domaine ?

—    Bien sûr que je le suis. Je te rappelle que c’est toi qui m’as envoyé étudier dans les meilleures écoles.

—    Bon, j’ai du boulot, laisse-moi y réfléchir. Et ne dis plus rien. Ou je te couds la bouche. Compris ?

Mon humeur reste à l’image de mon début de matinée, horrible. J’ai passé la journée à peser, le pour et le contre. Finalement, j’en ai conclu que c’était la meilleure façon de la garder à l’œil, et même si elle a des informations confidentielles, elle ne prendrait pas le risque de les utiliser. Soha est bien trop importante pour elle. Alors, je décide de convoquer Hernando et Maria chez moi. Quand je rentre, je les retrouve tous les deux en train de rire dans la cuisine.

—    Qu’est-ce que vous faites déjà là, tous les deux ?

Quand, je les vois ainsi, l’envie de changer d’avis me traverse l’esprit. Comment fait cet abruti pour être aussi proche d’elle? J’essaie de paraître le plus détaché possible, mais cette situation me déplaît.

—    Tu nous as convoqués, je te rappelle, m’informe fièrement mon bras droit.

Elle jette un regard complice à Hernando. Je vais le tuer. Je prends une bière puis m’installe avec eux.

—    Vous pourrez travailler ensemble pour améliorer la sécurité des bureaux. Par contre, je ne vous laisse que deux semaines, et Hernando, elle est sous ta responsabilité. Je t’interdis de la quitter des yeux.

—    Pas de soucis, chef!

—    Je n’ai pas besoin d’être surveillée, je fais ça pour te rendre service.

—    Pour me rendre service ! Je n’y crois pas une seconde, je ne te fais et ne te ferais jamais confiance.

—    Si tu veux que ça fonctionne, il va bien falloir qu’on se fasse confiance.

—    Tu rigoles ! Tu as essayé de me tuer.

—    Il y a quatre ans maintenant, puis tu es toujours vivant. Passe à autre chose.

Que je passe à autre chose…  Elle n’est pas sérieuse. Jamais de la vie !

—    Bon ! Les amoureux, je vous abandonne, je sens que c’est tendu entre vous.

—    Ta gueule ! Sort à l’unisson.

Hernando quitte la maison, sans oublier de sourire satisfait de sa remarque. Je décide de faire de même. Si j’entends encore une fois, le mot " confiance", je l’étrangle.

Les semaines s'écoulent, on ne se parle presque pas. Elle est venue seulement deux fois au club pour discuter avec les filles et vérifier que mes hommes les traitaient correctement. Ce soir, je rentre après avoir passé un moment avec Gaby, je suis détendu. Il fait chaud, on est déjà début juillet. Il faut que j’évite Maria, sinon elle détruira tous les bénéfices de ma baise en une seconde. Quand, je passe la porte de chez moi, " Three little birds" de Bob Marley[1], raisonne dans toute la maison. Je me tends instantanément en entendant des voix chanter à tue-tête "Singing, don't worry about a thing"[2].

Je les retrouve tous les deux en maillot sur la terrasse, trempe de leur petite baignade. Je regrette tellement d’avoir accepté. Je ne leur ai pas encore donné le feu vert, donc je peux toujours me rétracter et, franchement, ça me démange.

—      Putains ! Ce n’est pas possible, je vais finir par vous interdire de vous voir tant que je ne suis pas présent.

J’arrête la musique. Tous les deux râlent.

—     Tu es vraiment un rabat-joie, me dit Hernando.

—    Dégage !

Ils se lèvent tous les deux et commencent à partir.

—    Non, pas toi !

Je stoppe Maria en la rattrapant par le bras. Sa démarche n’est pas assurée, ses gestes sont lents. Je comprends rapidement qu’elle est dans un état second.

—    Qu'est-ce qu'elle a pris, bordel! Demandé-je d’un ton menaçant.

—    On a fumé quelques joints.

Je le fixe avec insistance. Je connais son penchant pour les drogues, alors avec lui, je m’attends à tout.

—    Rien d’autre. Promis, me confirme-t-il.

Quand j’aperçois Maria dans cet état, mon sang ne fait qu’un tour. Je l’attrape par le col et le plaque violemment contre le mur.

—    Tu es sérieux ? Tu as vu dans quel état elle est !

Maria se positionne à côté de nous, raid défoncée. Sa voix est molle.

—    Il a l’air vraiment en colère. Tu es dans la merde, dit-elle en riant.

—    C’est elle qui a voulu, se défend-il.

—    Tu es prêt à tout pour t'en sortir. Espèce de traitre, s’offusque-t-elle.

—    Ne l’écoute pas, mon amour, c’est lui qui a proposé.

Plus je la regarde, plus son teint devient pâle, tous ses gestes sont ralentis et le son de sa voix se fait de plus en plus bas. Elle est prise d’un haut-le-cœur.

—    Je ne me sens pas très bien. Je crois que je vais vomir.

Elle se précipite dans le jardin et gerbe ses tripes. Je me retourne vers Hernando, fou de rage.

—    Combien lui en as-tu fait fumer ? Hurlé-je.

—    3 ou 4. C’est parce que c’est la première fois, ça va lui passer.

—    Je te jure ! Si elle fait un Bad trip, je te tue.

—    T'inquiètes-tu pour elle, maintenant ?

—    Rien à voir! Je n’ai juste pas envie de devoir le transporter à l’hôpital ou pire de devoir la surveiller.

La voix trainante de Maria me parvient du jardin.

—    Oh ! Ce n’est pas très gentil ça ! dit-elle d’un ton boudeur.

J’écoute ses pas, puis j’entends un plouf. Je lâche l’autre con et on se précipite dehors. Nous la retrouvons dans la piscine. Je refoule un rictus.

—    Tout va bien ! Je ne suis pas tombé, je vous jure! J’ai juste voulu me rafraichir.

Je n’y crois pas un mot.

—    Sors de là !

Retenir mon rire devient de plus en plus difficile. Elle se hisse sur le bord puis rechute mollement dans l’eau. Elle est tellement défoncée qu’elle ne parvient pas à ressortir.

—    Je n’y arrive pas ! Souffle-t-elle.

—    Va l’aider, abruti ! Ordonné-je à Hernando.

Je ne peux pas m’empêcher de sourire en les observant.

—    Pose tes mains ailleurs ! Râle Maria.

—    Je fais comme je peux ! Crache Hernando.

—    Je t’interdis d'en profiter. Espèce de porc !

Mon sourire s’évanouit, c’en est trop pour moi. Imaginer ce petit con poser ses mains sur son corps à moitié nu me rend dingue. Je m’approche de la piscine, et pousse mon bras droit dans l’eau, puis attrape Maria par la taille pour la remonter. Sa peau est gelée.

—    Tu es fou! Qu’est-ce qu’il t’a pris ? braille-t-il.

—    Sérieux! Vous avez quel âge tous les deux ?

Maria, à côté de moi, ne comprend rien à ce qui se passe autour d’elle.

—    J’ai 25 ans ! Tu ne t’en souviens pas ? Mon anniversaire, c’est fin mars. Tu savais qu’avant, je ne savais même pas que ça se fêtait ? C’est Tanaka qui me l’a expliqué.

En tout cas, être défoncé la rend bavarde.

—    D’ailleurs, toi. C’est juste après Noël !

Je suis surpris qu’elle se rappelle de ma date de naissance.

—    Eh, Hernando! braille-t-elle à côté de mon oreille. Il faudra fêter ça. Qu’est-ce que tu en penses ?

Il la regarde en souriant. En temps normal, j’aurais mis une tannée à Hernando, mais Maria est vraiment dans un sale état. Elle est complètement gelée et ses lèvres commencent à devenir bleues. Je dois m’occuper d’elle avant qu’elle finisse congelée. Alors, j’ordonne à Hernando de quitter les lieux, sinon il ne va pas me lâcher. Il attrape ses affaires et lui fait un bisou sur la joue avant de me saluer, laissant des traces d’eau dans toute la maison. Quel connard ! Quand on se retrouve seuls, je l’aide à entrer puis l’assois sur le canapé afin d’aller chercher une serviette. Je lui tends et elle s’enroule dedans en grelottant.

—    Merci !

On se fixe. Ses pupilles sont dilatées, ses yeux rouges.

—    Tu sais, si on s’était revu dans d’autres circonstances, j’aurais été heureuse de te revoir.

—    Tu es bien la seule.

Elle détourne le regard avec un air déçu.

—    Tu es le diable.

Je la relève et l’aide à monter dans sa chambre. Comme je n’ai pas envie de chercher dans ses affaires, je lui ramène un de mes tee-shirts.

—    Enlève ton maillot ! Ordonné-je.

Elle me fixe sans bouger.

—    Tu n'es pas sérieuse ? Tu te rappelles qu’il a à peine quelques jours ma langue jouait avec tes tétons?

—    Ça n’a rien à voir ! Je n’arrive pas à défaire le nœud. Plus jamais je ne toucherai à cette merde. J’ai l’impression que mon corps est ralenti et qu’il n’écoute plus rien.

Elle tourne pour que je lui détache son haut de maillot, puis enfile mon tee-shirt, sans se retourner.

—    Tu devrais changer ton bas aussi ! Si tu as encore besoin de moi, n’hésite pas, je serai heureux de te rendre ce service.

—    Non ça ira, je dors nu de toute façon.

Putains, mon cœur rate un battement. Son regard et sa réponse à cet instant me font vibrer l'entre-jambe. Épuisée par sa soirée, elle ne se rend même pas compte de l'état dans lequel elle me met. Quand elle se couche, je retourne dans ma chambre et aperçois un dossier sur mon lit, que je n’avais pas remarqué tout à l’heure. Je m’installe et commence à en prendre connaissance, mais il m’est impossible de me concentrer. Mes pensées dérivent constamment vers ma voisine de chambre. Alors, je vérifie qu’elle soit endormie puis m'installe sur le sofa afin de m’assurer que la nuit se passe bien. Pourquoi je fais ça? Je n’en ai vraiment aucune idée.

En feuilletant les documents, je trouve le contrat que mon oncle avait envoyé à Ombra, ainsi que toutes les recherches qu’elle a effectuées sur lui, les raisons et les personnes impliquées. Les autres documents concernent Alejandro, avec des photos de lui, des renseignements sur ses activités et les individus avec qui il travaille.  Tant qu’il n’interférait pas dans mes affaires, ce connard ne m’intéressait pas, mais tout a changé depuis sa présence à la soirée. Un des clichés a été pris le jour où j’ai trouvé Maria dans mon bureau. Sur l’une des photos, un visage que je reconnais rapidement est entouré. Je suis sûr que ces dossiers appartiennent à Maria. Je suis surpris par son geste et doute qu’il soit désintéressé.

J’ai quitté la maison tôt ce matin. Quand je rentre, je m’installe sur la terrasse avec un whisky et la retrouve dans la piscine.

—    Alors ! Tu te sens mieux?

Elle sort de l’eau et me rejoint.

—    Oui ! Merci pour hier.

Ses joues s’empourprent.

—    C’est Hernando que tu devrais remercier.

Elle me regarde avec étonnement.

—    D’accord! Alors, je lui rendrai son tee-shirt à ce moment-là.

—    Non ! Donne, je m’en occupe. Je préfère éviter que vous trainiez ensemble pour l’instant.

Il est hors de question qu’elle découvre que c’est moi qui ai veillé sur elle, sinon elle va se faire des films. Elle rentre en me laissant seul. J'en profite pour réfléchir. Est-ce que je dois baisser ma garde avec elle? Cela me permettrait peut-être de réussir à l’amadouer pour mieux la contrôler. Je reste un moment à fixer l’arbre au fond du jardin. La nuit commence à tomber.

—    Tu en veux un autre ?

C’est seulement quand j’entends cette voix douce que je sors de mes pensées. Je comprends rapidement, en apercevant la bouteille sur la table, qu’elle aussi s’est servi un verre et s’est installée avec moi. C'est fou comme son caractère de feu contraste avec sa discrétion.

—    Promis, il n’y a pas de poison.

On dirait qu’elle lit en moi. Elle se resserre, puis le boit d’une traite. Elle secoue la tête et grimace, tant l’alcool lui a brulé le palais. Puis, sans un mot, elle nous sert tous les deux.

—    Je ne pense pas que ce soit une bonne idée ! Ça ne t'a pas suffi hier soir ?

—    Oh ! Crois-moi, je ne toucherai plus à cette merde.

On reste un moment silencieux. Avoir son corps si peu vêtu à côté de moi me donne des idées, son maillot deux-pièces ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination. Ses tétons pointent à travers le tissu, j’ai envie de les prendre entre mes dents. Le souvenir de son corps chaud contre le mien, de ses gémissements, de ma main sur son intimité me revient. Stop ! Je dois reprendre le contrôle. Ma tête et mon anatomie sont des traîtres.

—    Pourquoi m’avoir fourni ce dossier ? Et pourquoi surveilles-tu Alejandro ?

—    Je pense qu’il est temps qu’on fasse tous les deux des efforts pour améliorer notre cohabitation. Quant à ton cousin, j’ai bien vu à la soirée qu’il prépare quelque chose. Je protège tes arrières, c’est tout.

Je suis sûr qu’elle cache quelque chose, mais comme on dit : « soit proche de tes amis, et encore plus de tes ennemies ».

—    T’inquiètes-tu pour moi ?

Son geste me rend curieux.

—    Désolé de te décevoir, mais pas du tout. Je sais que si tu meurs, je n’ai plus aucune chance de retrouver ma liberté.

—    Qu’est-ce qui te dit que je changerai d’avis un jour ?

—    Je n’en ai aucune idée. Par contre, je suis certaine que tu me traiteras bien mieux que si c’est ton père qui reprend les rênes.

Elle est loin d’être bête. Je confirme, elle a de la chance de tomber sur moi

—    Je le fais déjà surveiller. Je n’ai pas besoin que tu t’en mêles.

—    Je sais, tes hommes ne sont pas aussi discrets que moi.

Je me tourne vers elle. Elle prend un air supérieur.

—    Et tu oses dire que je suis imbu de moi-même !

—    Ça n’a rien à voir! Je connais mes forces et mes faiblesses, et je les accepte, moi.

Cette fille est une putain d’énigme. Elle a disparu pendant dix ans et ça ne m’aide pas à lui faire confiance.

—    Je ne sais presque rien sur toi et la seule chose que je sais n’est pas à ton avantage. Pour travailler avec toi, il faudrait que j’en sache plus.

Repenser à sa trahison me reste encore en travers.

—    Tu en connais déjà plus que beaucoup de monde, crois-moi. Puis je suis sûre que tu as mené ton enquête, je me trompe ?

—    J’avoue, mais je n’ai rien trouvé entre ton départ de la famille et ta réapparition en tant qu’Ombra. Tu veux que je te fasse confiance ? Que je travaille avec toi ? Alors, qu’as-tu fait ces dix dernières années ?

Je couvre mes réelles intentions derrière de fausse excuse en vérité, j’ai juste envie tant savoir plus sur la femme qu’elle est devenue.

—     J’ai réappris à vivre et je me suis entraînée sans relâche pour me faire une place dans ce milieu. Ma formation s’est terminée à mes 18 ans, puis je me suis transformée en Ombra. À partir de ce jour-là, j’ai voyagé entre le temple et les lieux de mes différents contrats. 

Une question me démange, je dois lui poser.

—    Pourquoi as-tu accepté le contrat sur ma tête ?

Cette question est simple, pourtant je sens qu’elle se ferme. Elle reste quelques secondes silencieuses, le regard dans le vide, ses traits sont tirés comme si elle menait un combat intérieur.

—    Je… Enfin, j’étais dans une mauvaise passe.

—    Et ? Ta réponse est loin d’être suffisante.

Elle prend une profonde inspiration avant de continuer.

—    J'avais perdu quelqu’un d’important pour moi. Pendant un an, j’ai complètement perdu pied, je m’étais éloigné de tout et de tout le monde. Je ne voulais qu’une chose : que la douleur s’arrête. Alors, quand j’ai trouvé ce contrat, j’y ai vu ma solution.

Elle s’arrête et me fixe intensément

—    Tu étais ma chance pour ne plus souffrir. Quand Tanaka a découvert ce contrat, elle est intervenue et m’a aidé à remonter la pente.

Je ne sais pas comment réagir face à son aveu.

—    Si j’ai bien compris. Tu espérais que ce soit moi qui te tue ?

Elle reste muette, puis hoche la tête. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle réponde aussi franchement, sans discuter et en étant aussi honnête. Quand je regarde cette femme, avec qui je vis depuis plusieurs mois, je n’aurais jamais imaginé une telle confession. Cette conversation me donne envie d'en savoir plus, mais surtout, je souhaite découvrir qui a pu se faire une place aussi importante dans son cœur, au point qu’à son départ, elle ait voulu en finir.

—    Bon, je pense que tu en sais assez pour le moment. Tu acceptes de travailler avec moi ?

Cette conversation l'a retournée, je vois bien qu’elle est encore chamboulée de s’être replongée dans ce souvenir. Alors, je décide d’en rester là pour ce soir.

—    Tu ne me poses aucune question ?

—    Pas besoin. Je sais ce que j’ai besoin de savoir.

—    Ah, tu es une admiratrice secrète, j’en étais sûr, je t’obsède.

Elle me lance un regard incendiaire.

—     Nous, les mercenaires, nous sommes de véritables commères, on a des informations sur toutes les personnes importantes dans notre milieu.

—    En plus d’être folle de moi, tu m’avoues que je suis une personne importante.

Je n’ai pas le temps de l’arrêter qu’elle me donne un coup de poing dans l’épaule.

—    Tu es vraiment insupportable, je suis bien contente de ne pas avoir eu à te supporter pendant toute ton adolescence.

Ça, c’était son choix.

—    Sinon, il n’aurait pas eu besoin de contrat pour que j’essaie de t’éliminer.

—    Ou tu aurais été folle de moi !

—    Arrête de rêver.

J’aime quand elle sourit, elle est encore plus belle. J’ai de nouveau envie de me jeter sur elle. Qu’elle galère. Je décide de ne pas insister, je suis déjà surpris qu’elle se soit autant ouverte à moi. Il est temps de travailler ensemble.


[1] Chanteur de reggae.

[2] Parole de la chanson

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