NICO
Merde, pourquoi j’ai fait ça ? Je n’en ai aucune idée ! Ça a été un véritable supplice de lui résister. Elle est tellement attirante, ses lèvres sublimes. Cette fille m’attire comme un aimant.
Pourquoi ne m’a-t-elle pas repoussé, putain ? Si je la possède, comme j’en meurs de désir... Peut-être que ça mettrait fin à cette folie ? Mon corps est ingérable. Je quitte la maison avant de lui faire tout ce qui me passe par la tête. J’ai besoin de prendre de la distance. Je rejoins Hernando à la salle de sport du réseau.
Après deux heures de combat, je lui propose d’aller boire un coup.
— Tu étais en forme ce soir, tu viens souvent ici depuis quelque temps !
Il me connaît trop bien, alors je décide d’éviter le sujet sensible : Maria.
— J’ai besoin de me défouler. Le mois prochain, le vieux con passe enfin la main.
— Moi qui pensais que c’était lié à cette sublime créature qui vit chez toi ? Me dit-il en me scrutant avec un air amusé.
Je lui jette un mauvais regard. Ce mec me soûle avec ses idées à la con.
— N’importe quoi! Ça n’a rien à voir. Elle n’est pas du tout mon genre.
Il sourit de toutes ses dents
— Oui, bien sûr! Pas ton genre. C’est ça ! Alors pourquoi est-elle toujours là ? Elle a rompu le contrat ?
— J’ai besoin d’elle pour les Black
Je vais lui faire sauter les dents, ça va lui faire passer l’envie de sourire.
— Bon, on va au club ? Monsieur pas intéressé.
— Ferme là ! Ou tu vas cracher tes jolies dents.
Il pouffe de rire avant de monter dans la voiture.
Ce matin, j’ai très mal au crâne, mais cette soirée m’a fait du bien. Je ne sais pas comment je suis rentré ni comment je suis arrivé jusqu’à ma chambre, mais je suis de nouveau moi-même. Je descends et la retrouve dans la cuisine. Elle est posée contre le plan de travail, une tasse à la main, un sourire étrange aux lèvres. Sans lui prêter plus d’attention, je me sers un café et m’installe à table, je la regarde un bon moment, sans bouger, quand un éclat de rire me fait relever la tête.
— Qu’est-ce qui te fait marrer ?
Elle rigole tellement qu’elle en a les larmes aux yeux. Elle a pété les plombs ! Ça y est ! Elle met un moment à reprendre sa respiration pour me répondre.
— Toi ! C’est toi qui me fais rire. Tu es rentré dans un état hier. Tu étais si soûl que tu as manqué de tomber plusieurs fois en montant les escaliers, tu râlais et baragouinais des mots incompréhensibles. J’ai bien cru que tu allais te tuer avant d’atteindre ta chambre.
— Pas trop déçu ?
— Oh, tu peux me remercier ou plutôt remercier… Comment tu m’as appelée déjà ? Ah oui ! La garce vraiment belle d’être toujours vivant.
J’essaie de me remémorer la soirée, mais c’est le trou noir. Il ne me reste qu’une solution : nier tout en bloc.
— Impossible, je n’aurais jamais dit une chose pareille. Attends, j’espère que tu n’es pas une de ces folles qui s’inventent une vie et tombent amoureuses pour une simple caresse du bout des lèvres ?
— J’en connais un qui n’assume pas. « FADE », c’est l’adjectif qui convient à ta caresse. Elle m’a laissée de marbre. J’espère que tu peux mieux faire sinon je plains ta future femme.
Je m’écouterai, je la prendrai sur cette table, l’embrasserai et la ferai jouir à lui en faire perdre la tête. Putain !
— Fade, tu dis ? Je suis sûr que tu as pensé à moi hier dans ton lit.
Elle me jette un regard exaspéré.
— « Prétentieux ». Il n’y a pas d’autre mot. Comme je t’ai aidé à regagner ta chambre sans encombre. Tu m’es redevable.
Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. C’est vrai que c’est surprenant que cette garce n'ait pas essayé de me pousser. C'est plus son genre.
— Redevable ! Moi qui croyais que tu avais décidé de devenir une femme aimante et gentille.
— N’exagère pas non plus.
— Dommage.
Son comportement est étrange, et ça me rend curieux. Qu’est-ce qu’elle va me demander ?
— Dis-moi, qu’attends-tu de moi ?
— Tu m’as bien dit hier que si tu me gardais, c’était parce que je pouvais être utile, non ? Et j’avoue que je me fais sacrément chier. Alors si tu me faisais enfin découvrir les bureaux et le topo sur les activités des Black, ça m’occuperait.
Je savais qu’elle allait me demander quelque chose, mais je ne m’attendais pas à ça. J’hésite. Pourquoi s’intéresse-t-elle au réseau tout à coup? Je ne lui fais pas du tout confiance, mais l’avantage, si j’accepte, c’est que je pourrai l’avoir à l’œil.
— C’est pour ça que tu es habillée convenablement aujourd’hui.
Elle ne répond rien, mais grimace
— On part dans une heure. Tiens-toi prête, sinon je pars sans toi !
— Ok, je te suis à moto.
— Comme tu veux.
Une heure plus tard, Maria a les deux mains sur mon capot, m’empêchant de partir, furieuse. Un plaisir pour mes rétines.
— Nico, sors de cette putain de bagnole !
Je sors et la rejoins quand mes yeux se posent sur sa moto. Je n’arrive plus à contenir le sourire qui naît sur mes lèvres.
— Ah oui ! J’avais oublié de t’en parler. Lui dis-je avec ironie. En rentrant hier soir, je ne l'ai pas vue et que je lui ai roulé dessus plusieurs fois.
— Tu te fous de moi ! S’écrie-t-elle.
— Tu connais le dicton : « la vengeance est un plat qui se mange froid. ». La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de toucher à mes voitures.
— Tu es sérieux ! Je ne l’ai pas démolie. Moi ! Tu es un fou furieux.
— Oui, ma jolie. C’est ça de jouer contre plus fort que soi.
— Tu es vraiment insupportable, un vrai gosse. Tu n’es pas prêt ! Tu as intérêt à faire bien attention.
— Ce sont des menaces ?
— Évidemment !
Tout le trajet en voiture se fait dans le silence, je n’arrive pas à enlever cet air victorieux de mon visage. Cette journée va être amusante, je le sens.
J’ai demandé à mon équipe de patienter dans la salle de réunion pour faire les présentations. Comme je m’y attendais, elle ne passe pas inaperçue. Tous mes gars la scrutent avec désir. J’aurais envie de tous les tuer à cet instant. Heureusement, cette fois, elle porte un jean noir avec un chemisier blanc opaque. Je dois l’avouer, elle est élégante et ne laisserait aucun homme indifférent.
Je me tourne de nouveau vers Maria. Elle leur jette un regard assassin. Je me demande si un mec a réussi un jour à l’approcher, sans finir six pieds sous terre….
Une voix me sort de mes pensées
— Alors patron, c’est la nouvelle pute ?
Je n’ai pas le temps de réagir, qu’elle est déjà en train de le menacer avec son couteau. J’avoue que j’ai pensé le tuer de mes mains pour ces mots. Pourquoi ai-je besoin de la protéger maintenant ? Ça ne tourne pas rond chez moi ces derniers temps.
— Est-ce que j’ai l’air d’une pute ? Connard ! Continue de me manquer de respect et je te coupe les couilles.
Je commence à me demander si elle n’a pas une véritable passion pour la castration. L’homme n’a qu’une envie ; l’exterminer pour son absence de respect, sans se douter qu’il n’a aucune chance. Elle est très douée, c’est une certitude.
— Ne le regarde pas comme ça, il ne pourra rien pour toi. Si tu bouges, je te tranche la langue.
— Ça suffit, Maria, range ce couteau, tu ne peux pas exécuter mes soldats. Je te le rappelle.
— Alors, apprends-leur à tenir leur langue.
— Cette fille va travailler avec nous maintenant. C’est la fille de Roberto.
J’observe mes hommes, ils sont surpris par cette nouvelle.
— Patron! Ce n’est pas la place d’une femme, fille de Roberto ou pas. Sa place est à la maison, à attendre gentiment que son mari vienne s’occuper d’elle.
Des éclats de rire emplissent la salle. Je la sens se tendre à mes côtés.
— Toi, approche ! Tu remets en cause ma décision ?
Mon ton est tranchant. Tous les rires se stoppent instantanément, laissant place à un silence de plombs.
— Tu vas l’affronter dans un combat aux couteaux.
— M.MANCINI, je ne peux pas me battre contre une femme. Elle n’a aucune chance.
Il met ma patience à l’épreuve.
— Tu n’as pas le choix, tu vas l’affronter ou c’est moi qui te tue. On va faire ça ici. Poussez les tables contre le mur !
Très vite, tout le monde fait une ronde autour d’eux. Je jette un œil à Maria, elle est très calme.
— Les règles du combat sont simples, il n’y en a aucune. Il prendra fin quand l’un de vous deux sera mort.
Quand je la vois se battre, je ne doute pas une seconde qu’elle a mérité sa réputation, ses mouvements sont fluides et rapides. Elle évite les coups avec facilité, les siens sont intelligents et puissants. Cette femme est spéciale, elle a été formée par les meilleurs, c'est indéniable. Elle fait durer le plaisir, pour montrer son savoir-faire. Elle sait que ce duel lui permettra de prouver sa valeur. Elle sort deux couteaux à lames incurvées de derrière son dos, je comprends que l’affrontement touche à sa fin. Elle les manie avec beaucoup d’habileté, comme à l’époque. En quelques minutes, le combat est terminé. Mes hommes restent muets, ils ne s’attendaient pas à voir une femme avec autant de talent.
— Celui qui a encore des doutes sur ma décision peut prendre sa place.
Ils ont été impressionnés. Mais cela ne lui suffira pas pour être acceptée.
— Personne ? Parfait.
Elle nettoie ses lames sur le cadavre toujours au sol et les remet dans leur étui. Je quitte la salle, en lui faisant signe de me suivre.
— C’était un beau combat.
Ses yeux s’écarquillent de surprise, mon compliment l’étonne. Je ne peux pas le nier, elle est plus forte que beaucoup de mes combattants.
— Tu me dois un chemisier.
— Et toi, un soldat.
— Je le choisirai moins con.
Avant de commencer mon cours accéléré, je lui montre les toilettes.
— Va te changer, je t’attends dans mon bureau, il est au fond du couloir.
Quand elle me rejoint, elle ne porte plus qu'un petit top noir laissant entrevoir son ventre nu.
— Ne me regarde pas comme ça ! S’agace-t-elle. Je te ferai remarquer que tout est de ton fait.
Cette fille va me rendre fou, je n’ai pas le temps de répondre qu’on toque à ma porte, sûrement, Gaby, ma secrétaire.
— Rentre!
— Bonjour! M. Mancini, vous n’avez rien sur votre agenda ce matin.
— Je sais, Gaby. Je te présente Maria, elle travaillera pour nous à partir d’aujourd’hui.
Elle lui fait un signe de tête et quitte la pièce. Maria et moi nous installons à la table de réunion. Je lui fais un résumé de nos principales activités: club de strip-tease, casino clandestin, trafic d’armes et de drogue. Je lui explique également que tous les hommes qui bossent ici sont repartis dans différents secteurs et qu’ils ont tous une fonction différente selon leurs échelons. Dans tous les cas, que ce soit un simple revendeur de quartier où le gérant de toute une zone, leurs rôles sont de surveiller, protéger les marchandises ainsi que les biens de l’organisation.
— Comme tu le sais, nous appartenons tous à des clans différents, mais nous sommes unis en un seul groupe : les Black Fever. Avec les années, nous avons créé de nouvelles alliances et donc signé de nombreux contrats.
Je l’informe des plus importants : ceux qui délimitent les territoires, les arrangements pour passer nos cargaisons d’une zone à une autre, mais surtout qui sont nos alliés et qui sont nos ennemis. Il est 13 heures, quand nous avons fini d'aborder les grandes lignes. On reste silencieux, seul le bruit de nos estomacs résonne dans la pièce.
— Allons manger.
Je dois profiter de ce repas pour lui parler de la soirée. Mon père insiste pour qu'elle soit ma cavalière. Le sort s’acharne.