En effet, j'aperçois à ses côtés Vincent, Matthis et les autres. Il y a aussi deux filles que je ne connais pas. J'arrête mon analyse lorsque le sifflet retentit.
C'est parti !
Les filles et moi avançons en ligne, en faisant des passes très rapides et courtes. Arrivés devant la défense statique de nos adversaires, nous voyons bien qu'un simple tir ne passera pas. Leur demi-centre commence, en plus, à s'avancer pour espérer intercepter la balle. Je lance un regard entendu à Kessy, nous avons une stratégie de duo que nous utilisons souvent mais nous changeons régulièrement son fonctionnement pour éviter que l'adversaire ne puisse la parer. Ma meilleure amie rattrape la balle, je m'élance alors derrière elle. Elle commence à prendre de l'élan et saute pour tirer...
—Derrière ! crie-je.
Elle fait alors une passe en arrière en étant encore en l'air que j'attrape. La défense adversaire qui s'était regroupée pour empêcher Kee laisse alors un trou sur le côté. Je prends alors les trois pas d'élan réglementaires, saute, arme mon bras et envoie mon plus beau tir juste derrière la gardienne qui s'attendait à recevoir un tir de Kessy, et non de moi.
Deux coups de sifflet retentissent : 1-0 !
Les personnes des gradins applaudissent, la bande de Vincent émet même des sifflements. J'entends alors que mon équipe et moi nous plaçons en défense :
—Ouais Oly !!!
Mason semble rayonnant, peut-être n'est-il pas fâché finalement ? Après tout, si il l'était vraiment, il n'aurait pas de raison... C'est vrai, après l'épisode avec Royce, il m'a pris dans ses bras le soir-même. Je m'étais promis d'arrêter d'y penser, et me voilà à cogiter en plein milieu d'un match de handball ! Je me reconcentre sur le match. Nous devons le gagner, nous le savons. C'est comme un examen d'entrée dans une fac, sauf que là, la fac représente le championnat. Il est vrai que même si nous le perdons, nous aurons juste à gagner le prochain pour pouvoir participer aux qualifications du premier championnat de l'année mais bon. Les filles et moi avons un esprit de compétition hors-norme. Même Marion et une autre nouvelle qui font leurs premières fois en match aujourd'hui ont l'air assurées. Évidemment, notre jeu n'est pas parfait, mais les filles ont quand même bien appris de leur deux premiers entraînements, jeudi et vendredi midi, Mathilde leur a rajouté un court entraînement pour les nouvelles, pour préparer notre match d'aujourd'hui.
Bref, le jeu reprend, l'équipe adverse tire, notre gardienne arrête ce boulet de canon par miracle. Marion a alors la balle, elle s'élance, je la suis, les autres sont un peu derrière nous : nous sommes les deux plus rapides. Soudain, je vois devant nous le numéro 6 adverse venir vers nous. Elle est vraiment grande et très musclée, nous n'avons aucune chance de la battre en rapport de force. Je capte dans son regard qu'elle ne laissera pas Marion passer. Je sens arriver la collision entre les deux d'ici quelques secondes je crie alors :
—Marion, passes !
La géante détourne alors sa course vers moi, je passe ou je casse, littéralement. Elle accélère et s'apprête à foncer dedans sans aucune hésitation. Juste avant le face à face, tout en dribblant, je me tourne de façon à ce que mon dos soit face à elle, ce qui, comme je l'espérais, la fait ralentir. Elle tente alors de me prendre la balle par la gauche, je me détourne vers la droite et fonce. Ses acolytes sont placés en défense : elle a dû vouloir me prendre en street. Dommage, elle est maintenant loin derrière moi. Mon équipe m'a rattrapé, je ne suis pas à mon poste mais nous savons nous adapter : je lance la balle à Kee qui me la rend lorsqu'elle voit nos adversaires se décaler vers elle. Le côté droit est alors libre. Marion se positionne, je lui fais une passe en avançant vers elle, elle tire alors. La balle touche le poteau métallique des cages et revient vers nous. Une fille de l'autre équipe essaye de le reprendre, je m'élance alors en l'air et l'attrape, au-dessus de la zone. Je l'envoie alors à Kalie, une fille de notre équipe. Elle la réceptionne malgré les adversaires qui essayent de l'avoir aussi. Ni une, ni deux, elle la donne à Kessy, qui la lui redonne alors qu'elle prend l'élan. Elle saute alors aussi haut qu'elle le peut, et tire.
La gardienne effleure la balle, mais celle-ci rentre tout de même. L'arbitre siffle : 2-0.
Je vois dans le regard de la numéro 6 de la haine pure et dure, elle compte bien m'embêter je le sens. Nous nous replaçons en défense. Mathilde nous crie :
—Parfait les filles ! On essaye de garder ce rythme maintenant !
J'hoche la tête vers elle, elle fait de même. Dans les gradins, la bande s'est accoudée à la barrière et nous encourage. Je souris à leur attention et attends l'assaut de nos ennemis.
Elles s'élancent alors, Kessy me hurle :
—Street sur le 7 Oly !
Je cours alors vers cette joueuse, mais la numéro 6 m'a dans son viseur. Elle arrive alors à ma hauteur et...
BAM !
Je suis projeté vers le sol, mes mains devant moi, je me rattrape... ou pas. Ma main droite se tord et je finis par terre, allongée sur le côté.