—Mon Dieu Oly regarde moi ça ! Mes cheveux sont impossibles à démêler avec toute la laque qu'on a mis ce matin ! geint ma meilleure amie désespérée.

Je rigole en la voyant se débattre avec ses boucles. Nous sommes dans cette chambre depuis une petite heure, la nuit commence déjà à tomber à cause des heures d'hiver. Je lance un coup d'œil à la fenêtre donnant sur la cour et commence à voir les invités rentrer à l'intérieur. J'en déduis que la mère de Kessy ne devrait pas tarder à débarquer pour voir sa fille avant le pseudo-bal qui clôture la journée.

—Va enfiler ta robe ! Je vais appeler la coiffeuse de ta mère.

La porte s'ouvre.

—On m'a appelé ? demande la mère de ma meilleure amie, rayonnante.

Elle s'est habillée avec une seconde robe moins encombrante que celle de la cérémonie mais tout aussi ravissante. Cette dernière est blanche, lui arrive à la cheville et est sertie de broderie sur le haut.

—Non pas toi ! Ta coiffeuse ! déclare Kessy au bord de la crise.

Sa mère rigole en voyant sa fille aussi stressée.

—Je vais l'appeler ma puce, va te changer.

Elle attrape sa robe et se change derrière le paravent. Sa mère part à la recherche de la coiffeuse et de la maquilleuse qui sont en réalité deux de ses amies. Elle ressort, vêtue de sa robe pour la soirée. Je l'observe quelques secondes: elle est absolument magnifique, si on enlève ses cheveux qui ressemblent à la crinière d'un lion. Sa mère revient avec ses deux amies, qui portent des sacs remplis de matériel. L'une d'elle s'exclame:

—Allez les filles ! On va faire de vous des bombes !

Nous rigolons et nous installons aux coiffeuses de la pièce. La maquilleuse s'occupe de retoucher mon maquillage, elle refait l'entièreté de mon fard à paupière pour en changer les couleurs. La coiffeuse s'attèle à la tâche et commence à lisser les cheveux de ma meilleure amie pour les mettre en une queue haute. Sa robe est violette et blanche. Courte et incrustée de dentelle sur le dessus, elle va particulièrement bien à son ton métissé.

—Va enfiler ta robe maintenant, me dit Karynn, une fois mon maquillage terminé. On fera ta coiffure après.

J'acquiesce et prends le cintre avec la robe protégée par une housse. Je reviens habillée de ma robe bleue. Je troque mes petits talons contre des escarpins beiges qui auront sûrement raison de mes orteils avant la fin de la soirée.

—Oly, tu es magnifique ! S'exclame ma meilleure amie.

La maquilleuse lui demande de ne plus bouger et entame son trait d'eye liner. Je lui souris et m'assieds sur un tabouret pour me faire coiffer. La coiffeuse me demande ce que je souhaite et la mère de ma meilleure amie répond pour moi:

—Laisser ses cheveux lâchés, je pense que ça serait mieux.

J'hoche la tête et la laisse me brosser les cheveux délicatement. Quelques minutes plus tard, je suis prête. Je me lève et rejoins ma meilleure amie devant la porte.

—On va faire le tour, on entrera par l'escalier central, m'explique-t-elle.

—Elle tient vraiment à son entrée de princesse ! rigole sa mère.

—C'est le clou du spectacle ! s'exclame Kessy.

Je rigole et prends son bras pour l'entraîner dans les couloirs. La nuit prend place à l'extérieur. Tous les invités, moins nombreux que ce matin, sont réunis dans la salle de réception du château. On entend déjà les bavardages du couloir.

Nous montons un escalier puis passons par différents salons et couloirs pour enfin atteindre celui donnant sur l'escalier principal de la salle. Une faible musique donne un bruit de fond. On entend des verres trinquer et des rires. Kessy prend une longue respiration et je fais de même. Avant de nous lancer, alors que nous sommes encore à l'abri des regards, je lui tends mon petit doigt.

—Pour toujours...

Elle sourit et me tend le sien.

—Et à jamais.

Lorsque nous étions petites, nous avions l'habitude de ce petit rituel: avant chaque épreuve que l'une ou l'autre pouvait traverser, nous nous promettions d'être toujours là pour nous soutenir mutuellement.

Nous lions nos auriculaires et nous nous enlaçons une seconde avant de nous avancer vers les marches. Je remets en ordre ma coiffure et prends le temps de poser chaque pas. Ma meilleure amie prend ma main et nous commençons notre descente.

Certaines voix se stoppent et je sens les regards se poser sur nous. Je relève les yeux jusque-là baissés sur les dalles marbrées. Je croise immédiatement le regard vert de Mason, qui s'approche des marches, accompagné d'Ayden et de nos amis. Mais sans m'y attendre, mes yeux trouvent quelque chose de plus captivant encore: mes deux parents, habillés de leurs plus beaux habits et les bras chargés de cadeaux, passent les portes d'entrées. Mon père me sourit et ma mère, bien que visiblement fatiguée, salue le jeune marié qui les accueille.

Mason me tend la main pour mes dernières marches. Je l'attrape doucement. J'aimerai me concentrer sur lui et calmer mes battements de cœur qui s'affolent à son touché mais mon esprit n'à qu'une chose en tête: mes parents.

—Olympe, tu es vraiment... époustouflante.

—Merci beaucoup, dis-je avec un sourire, les yeux ailleurs.

—Quelque chose ne va pas ? s'inquiète le brun.

—Non, j'ai juste vu mes parents, excuse-moi une minute s'il-te-plaît.

Je n'attends pas une seconde et commence à partir en direction des portes. Je joue légèrement des coudes et prends soin de ne pas marcher sur ma robe jusqu'à atteindre mes parents, en pleine conversation avec ceux de Kessy.

—Maman ? Papa ?

Ils se retournent et me sourient avant de dire aux jeunes mariés:

—Nous vous l'empruntons cinq minutes, excusez-nous.

—Aucun souci, pensez à passer au buffet en suite ! Nous sommes ravis de vous voir, dit Karynn.

Ma mère hoche la tête avant de me tirer à l'extérieur. Mon père dépose les paquets et nous suit. Nous marchons quelques minutes dans les jardins, et tombons sur une fontaine, où ma mère s'assoit.

—Qu'est-ce-que vous faîtes ici ? dis-je.

—Je devais te parler, répond ma mère, les yeux dans le vague.

—Et puis Karynn a eu la gentillesse de nous envoyer un message ce matin pour nous rappeler que nous étions les bienvenus, renchérit mon père.

Je m'assieds à côté de ma mère et pose une main sur sa jambe. Sa robe rose poudré est à hauteur de genoux et date du mariage d'une cousine je crois. Elle soupire avant de prendre la parole, d'une voix faible:

—Je suis désolée d'avoir déraillé comme ça. Tu n'as pas à gérer ça toute seule ma puce. J'ai été une mauvaise mère pendant des mois et j'en suis désolée.

Sa gorge se noue et sa voix s'éteint encore plus à mesure qu'elle parle.

—Je suis désolée ma chérie...

L'émotion traverse tout mon corps. Elle sanglote. Je la prends dans mes bras, les larmes aux yeux et mon père nous étreint toutes les deux.

—Aller, c'est fini maintenant, nous rassure-t-il. Allons profiter de la fête.

J'hoche la tête et essuie les larmes de ma mère et la regarde en souriant:

—Je t'aime maman.

Elle rit nerveusement et me reprend dans ses bras. Je retiens mes larmes pour ne pas risquer d'entacher le long travail de la maquilleuse et me remets sur pieds avec mes parents. Nous commençons à partir vers le château quand mon père s'arrête et me dit:

—Tu devrais rester ici, chérie. Quelqu'un veut te parler je crois.

Son regard derrière moi m'indique de me retourner, ce que je fais. Je tombe nez-à-nez avec Mason, près de la fontaine, une rose à la main.

Je souris et fais signe à mes parents qui partent. Mon père passe son bras sur la hanche de ma mère et l'emmène rejoindre les invités.

Je m'approche de la fontaine. Mason me taquine:

—J'ai bien failli ne pas te voir avec ta robe.

—Désolée de t'avoir laissé en plan, dis-je en pouffant.

—Tu apparais et disparais comme Cendrillon ! dit-il en s'approchant de moi.

Il passe sa main dans mon dos pour me serrer contre lui et me tend la rose. Je rigole:

—J'espère retrouver mon carrosse dans ce cas !

—Tu as déjà trouvé ton prince, dit-il, plus bas.

Je passe mes mains derrière sa nuque et approche mes lèvres des siennes avant de chuchoter:

—Depuis longtemps.

Son regard me dit tout et nos lèvres se lient. Sa seconde main vient caresser ma joue tandis que les miennes jouent avec ses cheveux. Mon cœur s'affole et je ne réponds plus de rien alors que le baiser se fait doux mais plein de désir. Nous nous séparons et je plante mes iris dans les siennes, verdoyantes.

—Oly... murmure-t-il. Tu es...

Je le coupe:

—Ne complique pas les choses Mason.

Il rigole avant de rétorquer:

—J'allais dire que tu étais la plus belle chose sur Terre et que tu me plaisais vraiment beaucoup.

Je souris en même temps que je sens mes joues chauffées. Je détourne le regard avant d'avouer dans un chuchotement:

—Tu me plais aussi...

Il relève mes yeux vers les siens et m'embrasse de nouveau. Je me laisse aller à mes envies et satisfait mon cœur qui crie de bonheur. Je me love dans ses bras en rompant le contact de nos bouches et m'affirme mentalement que rien, rien au monde...

Rien ne pourra jamais être plus doux et sincère que nos baisers.