[PDV Mason]

Ma blonde commence son récit et je l'écoute attentivement.

—Dès la rentrée, Marion s'est fait embêter par des pestes de seconde. Dont l'une était la sœur de Royce, c'est pour ça qu'il m'a interpellé et qu'on s'est disputés: il voulait me faire payer le fait d'avoir réprimander sa garce de sœur. Par la suite, Marion a encaissé des insultes et des menaces. Kessy et moi avons donc décidé de l'aider. Kessy avait trop à faire donc je me suis chargée de monter un dossier avec des captures d'écrans d'insultes qu'elle recevait sur les réseaux, j'y ai aussi mis les papiers qu'elle recevait en classe. Je lui avais dit de tout garder comme preuve. Bref, cet après-midi j'ai déposé le dossier à l'administration pour qu'il soit donné à la CPE. Marion était heureuse que cette histoire prenne fin, c'est pour ça qu'elle m'a fait un câlin en sortant du lycée. Voilà, tu connais tout l'histoire.

Plusieurs émotions me traversent: d'abord la honte de n'avoir rien remarqué, puis la colère et la tristesse de n'avoir rien fait. Je serre le volant de toutes mes forces.

—Et tu as fait ça toute seule ?

—C'était un travail d'équipe, Marion a récupéré les preuves et j'ai fait en sorte de les classer en les regroupant dans un dossier pour que la situation soit prise au sérieux.

—Olympe tu-...

—On est arrivé. Bouges pas, je reviens, mon sac est déjà prêt.

Mince, ça ne m'arrange pas ça. Bon, je vais l'attendre dans ce cas. Je n'ai pas le choix et je crois que j'ai besoin de temps pour assimiler tout ce qu'elle m'a raconté plus tôt.

Elle sort de la voiture et s'élance vers chez elle. Ses cheveux blonds virevoltent derrière. Elle est vraiment belle. Enfin, heu. Bon elle est dans les hauts standards on va dire. Très hauts les standards...

Au bout de quelques minutes, je commence à m'inquiéter et sors à mon tour de la voiture. J'avance vers sa maison. Je pousse la porte d'entrée, restée entre-ouverte et m'introduit dans la maison ou j'entends un cri suivi d'un bruit aigu. Je vais vers ce qui semble être le salon et tombe sur ma blonde qui a les yeux écarquillés. Un homme et une femme qui doivent être ses parents. La femme se fait tenir en arrière par l'homme qui lui dit de se calmer. La femme semble vouloir s'en prendre à Olympe. Ma blonde recouvre ses esprits et s'élance vers la sortie, les yeux vides. Elle attrape son sac et se tourne vers son père. Sa mère s'est calmée et pleure désormais dans les bras de son mari.

—Je ne dors pas ici ce soir. Bonne nuit.

—D'accord, passe une bonne soirée. Et pense à soigner ta joue.

Comment ça "pense à soigner ta joue" ? Je n'ai pas le temps de répondre à cette question que ma blonde m'attrape par la main et sort en me tirant derrière elle. Son père me lance un bref regard avant de reporter son attention sur la mère d'Oly, toujours en larmes.

Elle ne me lâche pas jusqu'à la voiture, sa prise se ressert même avant qu'elle ne me lâche. Elle s'installe dans la voiture en jetant son sac derrière. Elle refoule toutes ses émotions, je le vois. Je m'installe au volant et la regarde boucler sa ceinture. Elle ne relève pas la tête et son regard reste rivé sur ses mains qui se triturent machinalement. Le mien remonte jusqu'à son visage ou je remarque sa joue rougie avec une marque distincte de coup. Ma main vient effleurer ses traits. Ses yeux reprennent vie à mon contact. Elle ne bouge pas tandis que mes doigts caressent sa blessure.

—C'est ta mère ?

—Je ne veux pas en parler, réplique-t-elle sèchement.

—Joshua m'a parlé de ce qu'il a vu la dernière fois, avant d'aller au centre-commercial avec toi. Tu n'es pas obligée de garder tout ça pour toi.

—Je t'ai dis que je ne voulais pas en parler.

Je coupe le contact et m'assois dans mon siège, le regard devant moi.

—Très bien, alors je ne démarre pas alors.

—Pardon ?!

—Tant que tu ne m'auras pas parlé un minimum, je ne démarrerai pas. Tu ne veux pas retourner chez toi et la maison de Kessy est trop loin pour faire le trajet à pied, alors que le soleil commence à se coucher.

Elle murmure des injures, je l'ai foutu en rogne.

—Qu'est-ce-que ça peut faire ? Tout le monde a ses problèmes, je ne veux pas parler des miens, c'est tout.

—Olympe, parle-moi...

Je la regarde dans les yeux. Je veux qu'elle me parle, au moins cette fois. Elle soupire.

—Ma mère a des petits soucis avec l'alcool.

—Depuis l'accident de ton frère ?

Elle se frotte les yeux, visiblement agacée que je me souvienne des paroles de son ex.

—C'est assez, on y va. Tu m'en parleras quand tu le voudras, mais ne garde pas tout pour toi.

Elle ne répond pas et tape quelque chose sur ton téléphone.

—Ne t'énerves pas contre Joshua, il s'inquiète juste pour toi.

—Mes histoires ne vous regardent pas.

—Si, car tu es notre amie. Et je m'inquiète pour toi.

—Tu ne devrais pas.

Ma main se pose sur sa cuisse et je lui dis avec une voix aussi douce que possible:

—Si, car tu comptes pour moi.

Nous arrivons chez moi. Je descends de la voiture, rompant le contact de nos peaux. Même si elle avait un collant, j'ai bien senti nos frissons se mêlés lors du trajet.

Je suis content qu'elle m'ait délivré quelques uns de ses secrets, et j'espère qu'elle se sent mieux et que ses épaules lui pèse moins. Cette fille a tellement de problèmes et de secrets... Elle reste un mystère même après des semaines passées avec elle. Elle est mystérieuse et pourtant si attirante... J'ai envie de connaître tout sur elle, mais elle me laisse à peine voir la couverture de son histoire...

Nous entrons dans ma maison, ma blonde retire ses chaussures poliment et me suis dans ma chambre. Ma tante et ma mère ne sont pas encore rentrées, elles m'ont prévenues qu'elles avaient toutes deux des rendez-vous ce soir, donc je suis sûre que nous serrons tranquilles pour faire notre exposé et pour parler. Car je compte bien avoir une conversation sérieuse avec ma blonde, sur un sujet particulier... Et je sens que ça va être compliqué de l'aborder.