Après la sortie scolaire, la vie a repris son cours: Mason ne m'a plus parlé, de nouveau, j'ai essayé de passer du temps avec Joshua pour l'oublier et je n'ai pas réussi. Celui-ci a d'ailleurs un comportement très étrange. J'espère pouvoir lui en parler ce soir, lorsqu'il me déposera chez moi. En attendant, je file vers mon cours de littérature pour lequel je suis d'ailleurs en retard. J'entre dans la classe au moment où la porte se ferme et vais m'asseoir à ma place après avoir saluer la professeure. Mason occupe la place de mon voisin et me lance un regard. Thomas, mon voisin de table, est assis au fond de la salle, à côté de son ami. Je me résigne à m'asseoir à côté du brun.

Je sors mes cahiers et avant même que notre professeure ait fini de faire l'appel, je reçois une boulette de papier sur ma table. Je soupire.

-Ça va ta main ?

J'écris et lui redonne le papier.

-Oui.

-J'ai fait quelque chose de mal ?

-Non, pas depuis l'exposé.

Exposé que nous devons présenter cet après-midi. Je note dans ma tête de relire mes fiches à ce sujet, pour nous éviter une potentielle catastrophe.

-Tu considères que t'embrasser était mal ?

-Fouiner et poser des questions gênantes, oui.

Il sourit avant de me rendre le papier.

-Tu n'as pas dit non pour t'embrasser ;)

Je pouffe.

-La gifle n'était pas assez parlante ?

Il sourit et notre échange s'arrête là. Malgré les attentions de Joshua, mon esprit est trop souvent occupé par Mason. Le métisse et moi ne nous sommes pas embrassés depuis la nuit à la falaise, c'est tout juste si nous nous sommes tenus la main. Nous savons tous les deux que nous fuyons quelque chose avec cette relation. Moi Mason, et lui... Je ne sais pas. Pas encore du moins. Cette liaison va vite prendre fin, sans regret, nous voyons bien que nous sommes plus à l'aise en tant qu'amis. Je dois lui parler de ça aussi, ce soir. Je ne me souviens même plus lorsque Joshua a commencé à être un choix dans ma tête... Sûrement lorsque j'ai commencé à fuir Mason.

Le cours se déroule lentement, je prends des notes et tâche de rester concentrée malgré Mason qui à côté de moi, préfère jouer avec ses stylos. La cloche sonne, nous indiquant l'heure du déjeuner. Je sors et indique à mes amis que je dois me rendre aux casiers avant de les rejoindre au réfectoire.

Je m'élance donc dans le couloir désert: tous les élèves se sont précipités au self. J'ouvre mon casier et y dépose mes affaires de ce matin. J'attrape celle de cet après-midi et les range dans mon sac.

La porte de mon casier claque soudainement: Royce, visiblement furieux, me fait face.

—Oui Royce ?

Je mets le cadenas et le verrouille comme si l'individu à ma droite n'existait pas. Ce qui l'énerve d'autant plus.

—T'as fait virer ma sœur !

Je plante mon regard dans le sien. Toujours aussi calme.

—Pardon ?

—Toi et ta pote, avec votre histoire de harcèlement ! Vous avez fait virer ma sœur pour deux semaines !

Ah oui. Après avoir déposé le dossier, Marion a dû déposer plusieurs déclarations. On nous a appelé comme témoin avec Kessy pour confirmer ses propos. L'enquête a été menée et la plupart des gens de la classe de Marion, ont dû dénoncer la sœur de Royce comme principale coupable.

—Ecoute, je ne suis pas responsable des actes de ta sœur. C'est-

Il me plaque aux casiers, une main sur mon épaule gauche.

—Non c'est toi qui va m'écouter ! Vous allez démentir ok ? Si son dossier scolaire est tâché par votre merde vous me le payerez !

—Pourquoi ? Parce que le tien est déjà irrécupérable ? dis-je en m'extirpant de sa poigne.

Il attrape ma main, encore bandée à cause de la plaie que je me suis faite lors de la sortie scolaire. Foutus rochers.

—Sale garce...

Il appuie dessus, ce qui déclenche une douleur insupportable. J'émets un gémissement de douleur et déclare assez fort pour que quelqu'un du couloir m'entende:

—Lâche-moi !

—Et vous là-bas ! nous interpelle un surveillant.

Je soupire, soulagée. Royce me lâche et me menace:

—Il y aura des conséquences.

Sur ce, il part. Le surveillant me demande si tout va bien, je lui réponds que oui puis me dirige vers le self. Je rejoins mes amis avec un plateau. Nous mangeons tous ensemble, dans la bonne humeur, j'en oublie presque mon altercation. Mais Vincent me la rappelle aussitôt en me disant:

—Oly, ta plaie s'est réouverte, viens, on va à l'infirmerie.

En effet, mon bandage devient rouge. Je m'éclipse avant que tout le monde ne remarque ce détail et pars vers l'infirmerie avec Vincent. Sur le chemin, il m'interroge:

—Tu as été longue, il s'est passé quelque chose ?

Il n'est pas débile, et sait pertinemment qu'il s'est produit quelque chose. Je ne cherche pas à mentir et avoue:

—Royce a voulu s'en prendre à moi à cause de l'exclusion de sa sœur.

Vincent lâche un soupir.

—C'est un crétin. C'est lui qui t'a réouvert ta plaie ?

—Si on veut.

Je ne m'attarde pas sur le sujet et accélère le pas.

—Tu sais... commence-t-il, peu sûr de lui. Je t'en dois une belle pour ça. Je ne me doutais pas que Marion avait des ennuis. Depuis que c'est réglé, elle rayonne.

—Ne t'en fais pas, c'est normal.

Il m'arrête devant la porte de l'infirmerie et me prend dans ses bras.

—Non, vraiment Oly. Merci beaucoup.

Je lui rends son étreinte.

—De rien.

Il me lâche et je rentre dans l'infirmerie. Je lui dis de rejoindre les autres au self et de me garder un dessert. Vincent et moi n'avons pas beaucoup d'occasions de nous parler, la plupart du temps nous nous voyions avec le groupe, et donc nous n'avons pas ce genre de conversation. Je me félicite mentalement que cette affaire soit réglée et pars demander un nouveau bandage à l'infirmière.