—Oly !!!

J'ouvre mes yeux qui s'étaient fermés sous le choc. Kessy est accroupie à mes côtés. Mathilde arrive en courant. Je ne tiens pas à fournir un spectacle tragique alors je me relève rapidement. Ma tête semble ne pas aimer ce mouvement trop rapide et se met à légèrement tourner. Je me tiens la tête et baisse les yeux pour essayer de retrouver mon équilibre. Deux mains me prennent alors par les épaules, je relève alors ma tête et mes yeux rencontrent ceux de Mason. Que fait-il sur le terrain ? Derrière lui, j'aperçois Ayden, lui aussi sur le terrain, qui semble contrarié. Ils ont dû escalader les barrières...

—Oly, ça va ? S'inquiète Mason cherchant dans mon regard le moindre signe de douleur.

J'ai l'impression qu'à peine quelques secondes se sont déroulés entre la collision et cet instant, mais visiblement, le temps me joue des tours.

—Oui, t'en fais pas, je suis encore vivante ! Dis-je sur un ton humoristique.

—Tu es sûre ?

Son regard est dur, il ne se laisse pas avoir par ma tentative d'humour.

—Oui, retourne dans les gradins avant de te faire expulser.

Je lui souris et après avoir hésité il me lâche et part en direction des gradins, Ayden le suit après m'avoir lancé un regard inquiet. Les filles affluent alors autour de moi, je les rassure rapidement avant de me tourner vers ma coach, qui est en compagnie d'un arbitre.

Mathilde me prend à part, avec l'arbitre:

—Que s'est-il passé ? Me demande l'arbitre.

—Je partais me mettre en street sur le numéro 7, lorsque la numéro 6 m'a foncé dessus. C'est tout ce que je peux vous dire.

—Le choc était volontaire, intervient Kessy.

—Comment ?

—La numéro 6 a volontairement bousculé Olympe, tout le monde l'a vu : elle n'a pas ralenti lorsqu'Oly est passé devant elle, elle a même accéléré.

—Ce sont des accusations très graves...

—Elle a raison, Célia a foncé sur votre camarade, dit une voix féminine.

Nous nous retournons, la coach de l'équipe adverse nous fait face. La fameuse Célia derrière elle semble furieuse.

—Je suis pour l'esprit de compétition, mais sûrement pas la triche. Je connais mes joueuses, je peux vous assurer, même si elle ne l'avoue pas, que Célia est entièrement fautive, explique la coach de la coupable.

—Et bien, il n'y a alors pas de doutes à avoir.

L'homme qui arbitre siffle alors l'exclusion de Célia pour le restant du match. Mathilde me dit d'aller m'asseoir sur le banc et d'envoyer une remplaçante. Je m'exécute.

Le banc étant tout près des gradins, je me retrouve alors à parler avec la bande, sauf Mason qui a encore eu un changement d'humeur. Ils me demandent si je vais bien et je réponds à l'affirmative: je suis plus solide que ça, même si je dois avouer que mon poignet me fait encore souffrir. Mathilde vient m'examiner quelques minutes plus tard.

Elle sort alors la trousse de soin pendant que j'observe le jeu, les filles s'en sortent bien mais elles commencent à fatiguer. Mathilde me met un spray froid sur mon poignet, me demandant si j'ai vraiment mal. Je sers un peu les dents quand elle le touche et lui répond que je peux rejouer. Elle ne semble pas totalement approuver mais retourne coacher les filles.

Le match se passe bien, nous sommes presque à la mi-temps lorsque Vincent m'appelle depuis les gradins. Malheureusement, je ne suis pas encore revenue sur le terrain depuis la collision.

—Oly ?

—Oui ? Dis-je en arrivant à la hauteur des barrières.

—Marion t'a parlé de ses quelques problèmes respiratoires ?

—Heu non, du tout. C'est grave ?

—Laisse tomber alors. Je voudrais juste qu'elle s'arrête quelques minutes, je la vois s'épuiser. Tu veux bien aller la remplacer si tu te sens mieux ? Prends ça comme une faveur, je te la rendrai !

—La mi-temps est bientôt là, je vais la remplacer jusque là, ne t'en fais pas, si sa santé est en jeu, même si c'est infime, je l'aiderai.

—Tu es géniale ! Bonne chance ! Et fais attention à toi !

J'hoche la tête, Mason qui était assis dans les gradins, n'a pas entendu la discussion mais semble inquiet de me voir repartir sur le terrain. Je ne m'attarde pas et fais signe à Kessy. Je lui montre avec les mains le numéro de Marion et lui fais comprendre que je la remplace. Ma meilleure amie hoche la tête. Je préviens rapidement Mathilde, qui me demande d'être prudente. En pleine contre-attaque, Kessy appelle Marion et lui dit de sortir. La sœur de Vincent ne semble pas heureuse mais obéit à sa capitaine sans broncher.

Elle sort et voit que je la remplace, immédiatement, je vois dans son regard de l'inquiétude. Je respire un coup tout en courant pour me mettre en défense à sa place.

L'équipe adverse a perdu un élément fort, et leur numéro 7 est sorti aussi : elle a dû s'épuiser au début du match. Je remarque alors que leurs passes ont une mécanique très précise et peu complexe: de gauche à droite la plupart du temps. Je n'attends pas plus, alors qu'une passe se fait devant moi, Je m'élance et saute pour l'intercepter. Mon poignet me fait mal mais la douleur est supportable. Je dribble en courant aussi vite que possible.

Mon équipe et celle adverse essayent de me suivre, mais l'effet de surprise m'a donné une avance qui va me permettre d'essayer de tirer sans défense pour m'arrêter. Deux joueuses adverses m'atteignent et essayent de m'empêcher d'avancer, je les esquive en zigzagant entre elles. Elles me suivent à la trace mais une fois arrivée un peu avant les cages, j'accélère, prends de l'élan, saute et tire. Sans voir le résultat de mon tir, je retombe sèchement sur mes genoux : j'ai peut-être pris un peu trop de vitesse pour me réceptionner correctement. Une fois debout, deux coups de sifflets retentissent, les gens applaudissent. La bande crie des encouragements et des félicitations. Je tourne vers eux, je suis essoufflée mais je perçois clairement les iris de Mason vers moi, avec un regard non pas joyeux comme ceux des autres, mais réprobateur et inquiet. Je lui souris, il semble se détendre et me rend un faible sourire avant de détourner les yeux. Il faut vraiment que nous parlions.

Nous finissons le match après la mi-temps Marion rentre et une autre joueuse sort, je reste pour ma part tout le reste du match. Kessy arrive à marquer deux buts, Marion en marque un, et les autres filles de l'équipe aussi. Notre défense n'étant pas parfaite nous prenons quelques buts aussi, notre gardienne en arrête tout de même la plupart.

Cela donne les scores finaux: 14 – 9

Nous gagnons donc avec une avance sur nos adversaires. Alors que nous nous tapons dans les mains avec les filles, profitant de notre victoire et de l'euphorie qui va avec, la bande nous rejoint. Mathilde les regarde venir vers l'équipe et sourit: elle doit avoir compris que ce sont des amis.

Je suis interrompu lorsque je parle avec Vincent et sa sœur par deux bras qui m'enlacent la taille et me soulèvent dans les airs.

—T'es trop forte ma Oly !!!