Après le dîner, nous avons fait la connaissance des adultes venus. J'ai pu rencontré la tante de Mason, qui n'a pas manqué de nous charier d'ailleurs. Elle a accepté que Mason reste dormir ici, mes parents ont cédé lorsque je leur ai assuré qu'il ne se passerait rien. Nous n'avons pas encore abordé ce sujet tous les deux et je pense que ça sera l'occasion de lui en parler. Plus tard certains ont dû rentrer chez eux, nous avons regardé des films de Noël et une fois la nuit tombée et les invités partis, je suis monté dans ma chambre avec Mason.
Je me lavais le visage dans la salle d'eau lorsque ma mère est entrée, les larmes aux yeux.
-Maman ? Ça va ?
-Ma puce...C'est Jeremy...
Mon coeur fait un bond.
-Les médecins ont constaté une nette amélioration depuis le début de son nouveau traitement ! Il va revenir !
Je me mets à pleurer instantanément, de joie et de soulagement. Ma mère me prend dans ses bras. Je la repousse après quelques instants.
-Tu as prévenu Papa ?
-J'y vais !
Sur ce, elle sort en courant et je retourne dans ma chambre où Mason m'attend, un de mes joggings beaucoup trop grands sur lui. Je sèche mes larmes à l'aide de mon pull. Mes reniflements l'interpellent tandis que j'attrape mon téléphone pour appeler Kessy.
-Lyly ? Qu'est-ce-qu'il y a ?
Je compose le numéro et m'assieds sur mon lit. Mason vient se mettre à côté de moi. Il pose une main sur ma jambe, inquiet.
-Allo ?
-Kessy... Jeremy va mieux... dis-je dans un souffle.
-C'est vrai ?
J'hoche la tête comme si elle était avec moi.
-Son nouveau traitement fait effet, il va revenir !
En disant cela, ma gorge se noue et je laisse retomber des larmes. Mason me prend contre lui et me prend le téléphone des mains.
-Kessy, Oly te rappellera plus tard.
-...
-Oui, toi aussi, dors bien.
Il raccroche, pose mon cellulaire et m'enlace. Je calme mes secousses et relève la tête vers lui.
-C'est génial Lyly.
Il prend mon visage en coupe et sèche mes dernières larmes.
Je souris. Mon coeur devient plus léger. Tout va mieux. Et plus j'y pense et plus je me dis que c'est grâce à lui.
-Je t'aime Mason.
Son sourire s'agrandit à cette déclaration. Il m'embrasse, avec amour et tendresse. Nous nous laissons tomber sur mon lit. Je me mets sur le dos. Mason fait de même et entrelace ses doigts aux miens. Nous nous retrouvons tous les deux, sur mon lit à contempler mon plafond décoré d'étoiles fluorescentes. Je soupire.
-Tu te souviens de la première fois que l'on s'est vu ?
Il tourne sa tête vers moi.
-Oui, c'est Vincent qui m'a imposé de te ramener. Je m'en souviens très bien.
Je relève les yeux vers mon plafond.
-Je suis contente d'être montée dans ta voiture ce jour-là.
-Je suis content que tu sois montée, même si je pensais que tu étais une de ces pestes de cheerleaders.
-Ce ne sont pas toutes des pestes, ris-je.
Un silence s'installe. Le pouce de Mason caresse mes doigts.
-Tout s'arrange finalement... soupire-t-il.
-Oui. Ma famille va mieux, mon frère guérit, l'équipe de handball est première au classement départemental... Tout va bien.
Je ferme les yeux un instant.
Tout va bien...
Je profite de ce moment de calme, comme une pause dans le temps, un apaisement soudain mais nécessaire. Je soupire. J'avais l'impression de combattre les vagues d'une tempête mais à présent l'eau est calme, apaisante. Mason me sort de mes pensées :
-Et j'ai réussi à te charmer... après tout mes faux-pas.
-Ne dis pas ça.
J'ouvre mes paupières et me tourne vers lui. Son sourire s'est éteint.
-J'avais besoin de quelqu'un comme toi pour me mettre la vérité en face, même si ça ne m'a pas plu.
-J'aurais pu m'y prendre autrement.
-C'est vrai, mais peu importe le chemin parcouru, l'important c'est la destination, non ?
Il sourit de nouveau et tourne sa tête vers moi.
-C'est vrai. Je suis heureux de t'avoir dans ma vie, Lyly.
Je rougis et murmure:
-Je suis heureuse que tu sois dans la mienne...
Je l'embrasse et me détache rapidement :
-Ou devrais-je plutôt dire... Mama ?
Il rit.
-Je t'interdis de m'appeler comme ça !
-Sinon quoi ?
Je le provoque frontalement. Il s'approche de moi et m'embrasse de nouveau. Ce baiser s'éternise. Il se tourne complètement vers moi et passe une main sur ma joue. Nos mains qui étaient enlacés se séparent. Mason bascule sur moi et continue de m'embrasser encore. Sa main passe dans mes cheveux tandis que l'autre se balade sur mes côtes. Nos langues se retrouvent. La chaleur monte et mes mains ne sont pas en reste : elles parcourent son torse et viennent tirer ses cheveux. Lorsque Mason vient coller son bassin au mien, je soupire d'aise. Il embrasse ma mâchoire, mon cou, et va jusqu'à la limite de mon col. Je passe mes mains sur ses joues pour le ramener à mes lèvres. Je l'embrasse plus délicatement. Je reprends mes esprits et romps notre contact. Mason se dresse au-dessus de moi, les deux bras de part et d'autre de ma tête.
-Il faut qu'on ait une discussion.
C'est la seule phrase que j'arrive à sortir après ce moment plus que sensuel.
Il hoche la tête et se lève pour aller s'asseoir sur le haut de mon lit le dos contre mes coussins. Je le rejoins et m'installe en tailleur devant lui afin d'éviter tout autre égarement.
-Je ne sais pas par quoi commencer... dis-je.
-Laisse-moi faire alors.
Il prend ma main dans la sienne pour me rassurer.
-Tout va bien Lyly, c'est normal. Et il faut que tu saches qu'on a le temps, et que jamais je ne te presserai pour entamer cet aspect là de notre relation.
J'hoche la tête et me concentre sur nos mains liées.
-Pour parler pratique... Il se racle la gorge. Ma tante et ma mère m'ont assez sensibiliser là-dessus pour que je sache comment nous protéger.
Je sais de quoi il parle, mais je ne peux m'empêcher d'être mal-à-l'aise d'en discuter. Pourtant, avec Paul ça avait été plus... détendu. Je n'étais plus vierge certes, mais je ne me donnais pas à tout le monde, et ça Mason l'avait compris. Je me contente d'hocher la tête une nouvelle fois.
-Et pour finir, je t'aime et on le fera si et seulement si tu en as envie et que nous sommes dans un bon contexte, d'accord ?
J'hoche encore une fois la tête. Il vient la relever avec sa main libre.
-Eh... Lyly, ça va, d'accord ? Tu as le droit de parler, de poser des questions, de ne pas avoir envie, mais il faut que tu me le dises. Parles moi s'il-te-plait.
J'avale ma salive et prends mon courage à deux mains.
-J'en ai envie... Mais on pourrait commencer par les choses simples. Tu sais qu'avec Paul on a passé le cap, mais c'est pas pour autant que ça ne signifie rien pour moi.
Son regard s'adoucit.
-Je sais, et c'est pareil pour moi. On a le temps et on le fera quand on le voudra d'accord ?
J'acquiesce.
-Viens là.
Il m'ouvre ses bras et je viens me blottir contre lui.
-Je t'aime vraiment Lyly, murmure Mason. Et je veux que ça fonctionne longtemps. On aura des obstacles, des coups durs mais je veux que tu saches que même si un jour je dis le contraire ou te fais penser autre chose, tu as une partie de mon cœur. Je t'aime maintenant et pour tout le temps où tu voudras bien de moi.
Je n'ose pas lever le regard et répond à voix basse:
-Moi aussi je t'aime Mason. Beaucoup trop même, ça devient contraignant à certains moments.
Il pouffe et cale sa tête sur la mienne.
-Et... Je suis sûre que l'on pourra faire face à beaucoup de choses. Tu as été le premier à briser ma carapace et à te faufiler à l'intérieur. Et j'avais peur que tu brises tout, mais je me suis trompée. Je t'aime Mason Lukas.
Je sens une larme tomber sur ma joue. Mais elle vient de Mason, qui s'essuie les yeux de la main. Sa voix s'étrangle sous l'émotion.
-Ah Lyly... Je t'aime Olympe Mcfarner.
Je me redresse, essuie ses larmes et l'embrasse avec tout l'amour que je lui porte à ce jour. Je suis certaine qu'il grandira encore.
Il me fallait essayer de m'ouvrir aux autres, de me confier, de laisser mes sentiments germer dans mon cœur et dans ma tête, pour que toute ma vie qui partait en morceau, tout se remette en place. Tout cela grâce à mes amis, et à lui. J'avais besoin de lui.
Fin