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Petitefleur707
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CHAPITRE XII

RHYS

Je déteste les appels imprévus. Surtout quand le nom de Ben s'affiche. Ça veut toujours dire ennuis. Ou moqueries. Ou les deux.

Rhyyyyysouuu, chante-t-il dès que je décroche.

— Raccroche.

— Pas sans t'avoir fait rougir, mon grand. T'es invité à l'exposition caritative, pas vrai ?

Je me frotte les yeux. J'ai à peine eu le temps d'atterrir.

— Qui t'a vendu l'info ?

— James. Ton garde du corps est un traître. Je lui enverrai un panier de muffins. Bon. Il paraît que tu dois venir accompagné ?

Je grogne. Mauvais réflexe. Il s'en nourrit.

— Oh non, c'est parfait. Par-fait. Rhys Volkov, notre Grinch national, obligé de jouer les gentlemen. Dis-moi que tu vas inviter une mannequin brésilienne, que je rigole.

— Je n'ai pas le temps pour ces conneries.

— Alors invite ta voisine, abruti.

Silence.

— Isabela ?

— Oh, il connaît son prénom. Je note un progrès affectif.

— Elle n'a rien à voir là-dedans.

— Ben voyons. Elle te fait sourire au café, tu rêves de ses cappuccinos, tu l'espionnes par ton judas et tu veux me faire croire qu'elle compte pas ?

Je lève les yeux au ciel.

— T'es ridicule.

C'est ...

— Et toi, t'es chiant. Invite-la. Ce n'est pas un mariage. C'est un bal. Avec des petits fours. Elle dira peut-être non. Ou elle dira oui. Et tu passeras une bonne soirée pour une fois.

Je ne réponds pas.
Ben soupire, mais son ton se radoucit.

— Rhys... arrête de te planquer derrière ton taf et ton sarcasme. T'es plus un môme. Si t'aimes bien cette fille, même juste un peu, laisse-la te connaître. Fais-toi une faveur pour une fois.

Je reste silencieux. Puis je raccroche sans prévenir.

Mais je garde le téléphone dans la main. Longtemps.

Et je finis par murmurer, presque pour moi-même :

— Peut-être que ça ne serait pas une si mauvaise idée.

★★★

Je suis là. Planté comme un idiot dans ce couloir aux murs bien trop blancs, maudissant la Rolex à mon poignet qui bat presque aussi vite que mon cœur.
Pathétique. Je suis Rhys Volkov. PDG, milliardaire, créateur d'armes de pointe qui valent plus cher que cet immeuble. Et pourtant, je suis là, à attendre qu'une fille m'ouvre sa porte comme si j'allais lui demander de faire un exposé oral.

Elle apparaît enfin. Toujours cette dégaine tranquille, trop douce pour ce monde, mais avec ce regard  ce putain de regard qui fouille et voit plus qu'elle ne devrait.
Elle croise les bras, penche la tête légèrement.

— Tu fais les cent pas dans le couloir, Volkov ? Je dois appeler la sécurité ou c'est juste ta façon très spéciale de stalker tes voisins ?

Je me racle la gorge, inspire.
— J'ai... un truc à te proposer.

Ses sourcils se haussent. Curiosité. Méfiance. Elle joue bien, celle-là. Elle a toujours cet air de ne pas être concernée alors qu'elle analyse tout.

— Oh, vraiment ? C'est sérieux ce ton solennel. Je dois m'asseoir ou ça peut attendre ?

Je fixe un point imaginaire derrière elle.
— Il y a un bal caritatif ce week-end. Art, robes longues, vieilles fortunes qui font semblant de se soucier des autres.
Un soupir.
— Il faut venir accompagné. Et tu es... la seule personne que je connaisse assez pour ne pas passer la soirée à vouloir m'arracher les tympans.

Un silence. Puis ce sourire en coin, celui qui me donne l'impression d'être à poil dans une salle pleine d'analystes du FBI.

— Tu veux dire... que tu me proposes d'être ta cavalière ? Rhys Volkov en date ? Mon Dieu, j'ai besoin de m'asseoir.
Elle claque sa langue contre son palais, dramatique.
— T'es sûr que tu vas survivre à une soirée complète à côté de moi ? Y'a pas un protocole d'urgence en place ?

Je roule des yeux.

— Je gère des trafics internationaux et des actionnaires mégalos, je pense pouvoir survivre à une robe et quelques verres de champagne.

— Charmant.
Elle rit franchement. C'est agaçant comme ce son me donne envie de sourire. Je ne le fais pas, évidemment.

— Et ne t'inquiète pas, j'ai ce qu'il faut à mettre. Tu n'auras pas à me faire livrer une robe par drone, si c'est ce qui t'inquiétait.

Je l'observe un peu trop longtemps.
— T'as une tenue de gala dans ton placard ?

Elle hausse les épaules, faussement blasée.

— Tu serais surpris de ce que je garde dans mon placard, Rhys.

Je tousse légèrement. Note mentale : ne plus jamais demander ce qu'il y a dans ce foutu placard.

— Bon, je file. J'ai plus de souris congelées. Mon serpent devient grincheux quand elle jeûne trop.

Je cligne des yeux.

— Tu... as un serpent ?

Elle acquiesce avec fierté.

— Elle est trop mignonne. Tu verrais comme elle s'enroule autour de ma main quand je regarde des films. Je suis un peu gaga d'elle.

Elle s'approche d'un pas, pose une main sur mon épaule, légère, mais suffisante pour me faire bugger une demi-seconde.

— Merci pour l'invitation, Rhys. J'accepte. Et t'inquiète, je ne te ferai pas honte.
Un clin d'œil. Bordel.

Elle pivote sans attendre de réponse, se glisse dans l'ascenseur.

— Je t'enverrai mon numéro. Comme ça tu pourras m'envoyer l'heure, le lieu, et la playlist de tes soupirs de frustration en avance.

Les portes se referment. Et je reste là.
Dans le couloir, maudit couloir, seul avec mon ego cabossé et ce sourire de connard qui refuse de disparaître.

Peut-être que ce bal de merde ne sera pas une perte de temps. Peut-être même... que ce sera intéressant.

Ou infernal.

Ou les deux.

Parfait.

ISABELA

17h47-Dimanche -chambre

Lumière dorée du soleil couchant. Mon appartement sent la vanille et la laque à cheveux. Et moi ? Moi, je suis debout devant ma penderie, en serviette, à fixer trois robes qui me fixent en retour comme si elles allaient m'engueuler.

— C'est la guerre, Chaol. Je te jure. Rien ne me va. Je vais lui dire que j'ai attrapé une gastro.

L'écran de mon téléphone posé contre le miroir s'allume avec un petit bruit. FaceTime – Chaol.

Il apparaît, lunettes oversized, kimono en soie vert émeraude, un smoothie rose fluo dans une main.

— Dis pas de bêtises, baby, t'as un corps de déesse et tu vas ruiner cette soirée. Dans le bon sens.

— Je te rappelle que j'ai l'élégance naturelle d'un panda roux sous caféine.

Chaol lève les yeux au ciel et claque des doigts.

— Tourne la caméra vers les robes. Je vais juger.

Je m'exécute. Il observe en silence, lèvres pincées, puis lève un sourcil.

— La noire, trop attendue. La rouge, sexy mais "je vais te tuer au premier rendez-vous". Garde-la pour un plan vengeance. La vert émeraude, par contre...

— Celle qui me donne un dos de déesse grecque mais un ventre de croissant fourré ?

— Oui. Et on s'en fout. Tu es sublime, même avec un ventre de croissant. C'est Rhys qui va s'étouffer avec son champagne.

Je ris, un peu nerveuse. Je le connais à peine, mais chaque fois qu'il me regarde, j'ai l'impression qu'il me scanne comme un logiciel de reconnaissance faciale de la CIA.

— Tu crois qu'il va vraiment être content que je vienne ?

Chaol hausse les épaules avec un sourire en coin.

— Il t'a invitée, non ? Un homme comme lui, il ne fait rien par hasard. Il a l'air d'avoir un balai dans le... tailleur, mais s'il a demandé toi, c'est qu'il y voit plus qu'une simple voisine.

Je souffle, pince un peu mes joues devant le miroir pour voir si j'ai l'air "glowy".

— Tu crois que je dois me maquiller beaucoup ?

— Non. Garde ton glow de "je me suis réveillée comme ça", mais avec des yeux de biche prêts à lui faire perdre sa langue russe. Et surtout, pas de talons trop hauts. Il est déjà assez grand pour que tu le regardes comme un documentaire animalier.

Je glousse.

— T'es infernal.

— Et toi t'es canon. Mets la robe, je veux voir. Ensuite, tu fais une coiffure genre "je m'en fiche mais je suis magnifique". Et tu prends une photo pour moi. S'il ne tombe pas amoureux ce soir, je viens personnellement le gifler avec ma sandale Dior.

Je ris encore, moins tendue.

— Merci, Chaol. Je sais pas ce que je ferais sans toi.

Il boit une gorgée de son smoothie rose avec un clin d'œil.

— Tu serais mal habillée et pleine de doutes. C'est pour ça que je suis là.

Je m'approche de l'écran en resserrant la ceinture de ma robe de chambre, un sourire en coin.

— Bon, assez parlé de moi, monsieur le styliste... T'es prêt pour TON rencard, toi ?

Chaol fait mine de tomber de sa chaise.

— Maël n'a pas dit que c'était un rencard. Et moi non plus, on a juste dit : "Viens, on boit un verre." Ce qui, en langage hétéro paumé, veut dire "Je suis nerveux mais j'ai envie de te voir."

Je ris, hilare.

— Donc tu vas au bar avec l'homme le plus sexy du café en mode « je suis juste chill », alors que t'as sorti ton kimono et ton parfum de la séduction fatale ?

Il secoue la tête, dramatique.

— Je suis chill. Ultra chill. Je suis une tisane au CBD avec une playlist lo-fi. Et j'ai juste accidentellement mis mon t-shirt le plus moulant et fait un petit contouring.

— Petit ? Je lève un sourcil.

— Ok, j'ai sculpté mes pommettes comme si j'allais défiler pour Dior. Mais ce n'est pas ma faute si Maël a des bras qui crient "protège-moi mais insulte-moi un peu aussi."

Je manque de m'étouffer de rire.

— Tu m'envoies un message dès qu'il te touche la main ou qu'il t'appelle "bro", compris ?

Il hoche la tête comme un pacte solennel.

— Et toi, dès qu'il te regarde comme s'il voulait hacker ton cœur en 4D.

Je grimace, mais je souris. Ce genre de moment avec Chaol, c'est mon calmant, mon café sucré de l'âme.

— Tu crois que je vais pas faire de bêtise ?

— La seule bêtise, ce serait de ne pas y aller. Tu veux écrire des histoires, Isa ? Ben vis-les aussi.

Je reste un instant silencieuse. Puis je hoche la tête.

— Ok. Alors c'est parti. On y va. Tu te maquilles les cils, moi je mets la robe. Let's kill it.

Chaol m'envoie un bisou par écran interposé.

— Brûle la piste, baby. Et fais-le tomber amoureux sans le vouloir. Tu fais ça très bien.

Je coupe l'appel, le cœur plus léger, les joues un peu rouges. Puis je me tourne vers la robe verte.

Ce soir, peut-être... je ne serai plus seulement
"
la voisine".

RHYS

19h58 – Hall de l'immeuble

Je suis là. En costume noir sur mesure, cravate défaitement parfaite, les mains dans les poches de mon manteau. L'air froid de la clim me glisse dans la nuque, mais j'ai chaud. Trop chaud. Ce qui est ridicule.

Je ne suis jamais en retard. Jamais en avance non plus. Juste... à l'heure. Comme un bon Suisse ou un logiciel parfaitement codé. Mais là, je suis arrivé dix minutes plus tôt.

Et je l'attends.

Je fixe l'ascenseur comme si c'était une menace potentielle. Puis je regarde ma montre. Deux minutes. Calme-toi, Volkov. Ce n'est qu'une voisine. Une fille. Une humaine. Elle t'a offert un café avec un pingouin en mousse, pas un cœur sur un plateau.

Mais quand les portes s'ouvrent...

Je bug.

Je bug dans le sens informatique du terme : écran bleu dans le cerveau. Plus aucune commande ne répond. Plus rien ne tourne rond. Mon regard se fixe sur elle et je sens littéralement le reste du monde s'effacer. Elle avance doucement, dans une robe verte qui épouse ses formes avec une élégance silencieuse et insupportablement hypnotique. Ses cheveux légèrement relevés laissent glisser quelques mèches sur sa nuque. Son maquillage est subtil, mais... Dieu. C'est trop.

Je reste figé. Inutile. Pathétique.

Elle s'approche de moi avec un sourire léger, presque moqueur.

— Tu bugues, Rhys ?

Je cligne des yeux, comme si elle venait de me redémarrer.

— Je ne buggue jamais, dis-je, le ton plus sec que je ne le voudrais, mais ma voix est rauque.

Elle rit doucement, et je suis foutu.

Je me ressaisis. Un pas en avant, je tends le bras comme le gentleman que je suis supposé être — ou que ma mère aurait voulu que je sois. Ma main frôle la sienne alors qu'elle attrape mon bras.

— Mademoiselle Fox, je murmure, mon accent russe ressort malgré moi. Vous êtes absolument...

Je cherche le mot. Il refuse de venir. J'en ai codé des milliers, écrit des algorithmes plus complexes que la NASA. Et là, rien.

Elle incline la tête, ses yeux brillants.

— "Absolument"... ?

— ... ponctuelle. Je finis par lâcher, pince-sans-rire.

Elle éclate de rire.

— Charmant.

Je l'accompagne jusqu'à la limousine qui nous attend devant l'immeuble. Les portes s'ouvrent automatiquement, mais je me place quand même pour la laisser passer en premier, ma main glissant dans son dos avec la légèreté d'un battement de cœur.

— Tu comptes être aussi gentleman toute la soirée, ou tu vas redevenir le grinch que je connais ? demande-t-elle en montant.

Je souris, un coin de lèvres seulement.

— Tout dépend de toi, Isabela. Et du zoo. J'espère qu'ils ne sont plus en grève ce soir.

Elle s'installe, toujours souriante, mais je vois bien le rouge léger sur ses joues. Et pour la première fois depuis des mois, je me dis que cette soirée... pourrait être la meilleure erreur que j'ai faite depuis longtemps.

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