ISABELA
On a tous des rêves, certains plus improbables que d'autres. Aller dans l'espace, trouver l'amour, être célèbre ect...
Personnellement, tout ce que je désire, c'est d'être heureuse et en sécurité avec mes proches.
Un peut banal, n'est-ce pas?
Malgré mon manque d'expérience en la matière, on m'a appris dès petite que la famille était la chose la plus importante.
Qu'elle est à la fois une bénédiction et une épreuve.
Quelque chose de profondément beau, mais parfois douloureux.
Un refuge dans les tempêtes, mais aussi, parfois, l'origine même de ces tempêtes.
On m'a appris que l'amour familial est censé être inconditionnel, et pourtant, il demande tant d'efforts pour être préservé.
Et même si je ne comprends pas encore tout, même si je tâtonne encore à travers les liens que j'essaie de créer ou de protéger,
je sais que ce que je veux vraiment,
c'est appartenir à un endroit où l'on m'aime sans conditions.
Et si cet endroit n'existe pas encore,
alors je le construirai moi-même, petit à petit, avec ceux que je choisis d'aimer
Mes ami(e)s sont ma seule famille. Et je n'ai besoin que d'eux dans ma vie.
Mais pour accomplir mon rêve il va falloir que je fasse certaines choses dont je ne serai pas fière.
Mais je n'ai pas le choix.
Si je veux garder cette harmonie et cette paix dans ce foyer que je me suis efforcé de garder, en sécurité, pour nous, je suis obligé.
Certains diront qu'on a toujours le choix, et c'est vrai. J'ai fait le mien. Et c'est celui de protéger les miens.
Quoi qu'il en coûte.
★★★
Je verse un léger filet d'eau pour Victoria, le téléphone calé contre mon oreille.
-Pour le moment tout va bien.
-Hm, tu es sûr de toi Isa? Si il a le moindre problème sache que je prend le premier avion pour Chicago et on—
-Tout va bien. L'interrompais-je.
Sam se fait toujours autant de soucis pour moi malgré les années. C'est drôle de voir à quel point notre relation a évolué, dire qu'à une époque c'est moi qui la surprotéger de tous...
Il faut croire que l'oiseau a définitivement quitté le nid.
-J'ai plus eu de nouvelle de Dan, je l'informe en posant l'arrosoir contre le plan de travail en marbre. C'est étrange quand même, je ne comprend pas pourquoi il sait montré pour m'intimider, puis du jour au lendemain ne plus laisser âme qui vive?
-Ce gars est chelou de toute façon se moque Sam d'un ton sarcastique. Je ne comprends même pas comment se pommer a réussi à tenir aussi longtemps.
-Arrête c'est pas drôle.
-Je sais, je ne rigole pas, figure toi. Dan est... PUTAIN TA GUEULE LUKAS... non, je... BORDEL JE SUIS PAS AMOUREUSE DE CARTER!!! Hurle-t-elle certainement contre Lukas pour des broutilles.
Un peu comme d'habitude...
-Non je... putain tu fait chier Lukas!
-Je peux savoir le sujet de la dispute je demande en levant les yeux au ciel d'un large sourire, même si elle ne me voit pas.
-C'est rien me dit-elle. Juste, Lukas, qui me fait chier car j'ai baiser avec Carter et que...
Pardon?
-Putain merde! La voix de Sam est interrompu par celle de Lukas et des bruit de pas, (sûrement Lukas qui a piqué le téléphone de Sam).
- Quand elle dit juste « baiser »,elle veut dire faire langoureusement l'amour toute la nuit! Se moque l'intéressé qui se fait sans doute poursuivre.
ATTENDS QUOI?!
-J'ai loupé combien d'épisodes au juste?
-T'inquièteeeeeeeeeee! Hey, méchante Vixen (=renarde)! On mord pas son frère gronde t'il faussement Sam d'une voix autoritaire.
Oh.
J'en connais un qui va s'en prendre une...
Sam DÉTESTE quand on l'appelle comme ça... elle n'aime pas trop mélanger vie personnelle et vie professionnelle, alors s'il commence à la faire chier avec...
-AHHHHHHHHHHHHHH!!!
Bon bah ravie de l'avoir connu. Qu'il repose en paix... enfin, je crois...
Sam reprend le téléphone, je suppose, car c'est elle qui le répond par la suite:
-Bon je te laisse, faut que je me débarrasse d'un cadavre. À plus sœurette!
-Je t'aime Sam.
La conversation se termine sur ma page de contact qui s'illumine devant moi.
Et je me retrouve de nouveau seul avec mon serpent et mes plantes.
RHYS
Les paysages défilent à travers la vitre du véhicule, Les buildings apparaissent un à un sur mon trajet., cela va bientôt faire trois jours que j'ai ordonné l'exécution de Dan, pour le traitement ignoble qu'il a osé faire subir à Isabela. Je sais que je n'avais pas mon mot à dire sur cette histoire. Qu'un homme bien ne devrait pas faire ce genre de choses. Mais la voir pleurer à mon bras et raconter tout ce qu'elle a dû subir à cause de cette ordure m'a filer la nausée.
Je sais que c'est mal.
Mais si je devais être honnête je n'ai aucun remord.
-Arrêtez vous ici, je demande au chauffeur.
-Bien monsieur.
La voiture s'arrête devant un bâtiment, puis, mon chauffeur m'ouvre et je sors d'un pas nonchalant. J'observe le bâtiment et l'atmosphère qu'il en dégage me frappe. Une petite enseigne avec le nom " Books" trône au-dessus de la porte noire qui se démarque par le ton des briques bordeau créant un contraste chaleureux. Une vitrine à sa droite présente les nouveaux ouvrages en vogue en ce moment.
Je rentre dans la petite librairie. Je pousse la porte. Une clochette dorée tinte doucement à mon entrée, je fais un pas de plus dans la boutique. C'est accueillant. Je continue de déambuler parmi les rayons de l'enseigne et laisse mon regard se promener sur les dizaines d'ouvrages à ma portée.
Cela va bientôt faire quelque mois que j'ai rencontré ma nouvelle voisine.
Nous rentrons bientôt en automne. Les feuilles jaunissent et le temps commence peu à peu à se faire plus imposant.
Qu'est-ce que je fais là?
Je ne lis pas.
Enfin... pas ce genre de livres.
Ceux qu'elle aime. Ceux dont elle parle avec passion, les yeux brillants, comme si chaque page pouvait recoller une fissure invisible en elle.
Moi, je gère des contrats, des dossiers confidentiels, des milliards, des armes.
Pas des histoires de princesses en fuite ou de détectives blessés qui trouvent l'amour à la page 237.
Et pourtant.
Me voilà, à effleurer du bout des doigts une couverture pastel sur laquelle s'étale une citation romantique. Un truc idiot du style : « Même les monstres tombent amoureux. »
Je serre la mâchoire.
Elle adorerait cette phrase.
Putain.
Je suis venu ici pour elle. Pas pour lui acheter un livre. Pas vraiment.
Juste... pour essayer de comprendre. Comprendre ce qui l'apaise, ce qui lui fait du bien. Ce qui, dans ce foutu univers fragile, lui redonne un semblant de sécurité.
C'est peut-être ça, le problème.
Je veux lui offrir la paix, alors que je suis fait de guerre.
Une voix douce me tire de mes pensées.
— Puis-je vous aider ?
Je me retourne. Une femme, probablement la libraire, me regarde avec un sourire poli. Elle doit se demander ce que je fous là, en costard trois pièces, l'air fermé, planté devant un rayon romance comme un type largué qui cherche des excuses.
Je m'apprête à dire non, à balayer sa question d'un geste bref. Mais un mot traverse mon esprit. Un titre.
"Le langage secret des lucioles."
Je fronce légèrement les sourcils.
Je me souviens d'Isabela, un matin, au café.
On s'était installés à la table du fond, celle qu'elle préfère, celle près de la baie vitrée. Il faisait encore un peu frais dehors, et elle tenait sa tasse comme un trésor, les doigts frôlant la porcelaine. Elle m'avait parlé de ce livre , en racontant une scène qui l'avait marquée..
-« Ce personnage... il est brisé, mais il continue d'aimer, malgré tout. Pas parce qu'il est idiot. Parce qu'il choisit de ne pas se laisser dévorer par ce qui lui est arrivé. »
Elle m'avait dit ça les yeux dans le vide, comme si elle se parlait à elle-même.
Je ne savais pas quoi répondre. Je m'étais contenté de l'écouter. Et ce jour-là, j'avais enregistré le titre.
Peut-être parce qu'il lui avait donné l'air vivant. Peut-être parce que j'avais senti qu'il y avait là quelque chose que je ne comprenais pas encore.
Aujourd'hui, j'ai envie de comprendre.
— En fait... je cherche un livre, dis-je à la libraire. Le langage secret des lucioles. Vous l'avez ?
Elle acquiesce, l'air surpris que je sache exactement ce que je veux. Elle m'invite à la suivre dans un coin plus reculé de la boutique.
— C'est un excellent choix, murmure-t-elle en sortant un exemplaire à la couverture bleu nuit, constellée de petites lumières.
Je prends le livre dans mes mains. Le papier est doux, le titre gravé en lettres argentées.
Je ne sais pas encore si je vais le lire entièrement.
Je ne sais pas si j'en suis capable.
Mais j'ai envie d'essayer.
Peut-être que partager ça avec elle...
Peut-être que lui dire : « Je l'ai lu. Je comprends un peu mieux. »
...ce sera un début.
Un début pour reconstruire quelque chose d'humain, entre elle et moi.
Après tout ce que cette ordure lui a fait.
Et parce que, merde... j'ai envie qu'elle ait quelqu'un avec qui parler de ce qui la fait vibrer.
Même si ce quelqu'un, c'est moi, et que je ne sais pas encore très bien comment faire.
★★★
J'ai décidé de rentrer à pied. J'avais besoin de me vider la tête. Le ciel s'est assombri, ce genre de gris lourd qui vous tombe sur les épaules sans prévenir. Il va sûrement pleuvoir.
J'avance lentement, un pas après l'autre, comme si chaque foulée pesait une tonne.
Qu'est-ce que je fous, au juste ? Depuis que je l'ai rencontré, j'ai l'impression de partir en vrille. Je fais n'importe quoi, je pense n'importe comment. C'est comme si je...
Je souffle, agacée, et je passe une main nerveuse sur mon crâne.
L'autre tient un petit sac en papier. Dedans, mon livre. Oui, j'ai fini par le prendre. Comme une idiote sentimentale.
Je m'apprête à sortir mon téléphone de ma poche, distraite, quand un bruit me fait tourner la tête.
Qu'est ce que c'est ?
Je m'approche, doucement, comme si le silence pouvait casser quelque chose.
Mais alors que je croyais avoir tout imaginé depuis le début, le bruit ressurgit encore une fois.
Mon regard se pose sur une petite boîte en carton abîmée par la pluie.
Et au milieu de ce paysage, il est là.
Là, dans une boîte en carton détrempée, posée contre un mur, il est là.
Recroquevillé sur lui-même. Son pelage noir est luisant sous la pluie. Ses oreilles dressées vers le ciel lui donnent une allure de guerrier brisé. Mais son museau, posé contre ses pattes, trahit une fatigue bien plus ancienne que cette nuit.
Un doberman. Je crois. Je m'attendais à tout sauf à ça.
Il continue à me fixer sans bouger, immobile.
-Toi aussi tu n'as plus de famille? Je demande comme s'il pouvait me répondre.
L'animal penche sa tête sur le côté comme s'il m'écoutait, avant de souffler par sa petite truffe.
Toi aussi tu n'as plus de famille...
Mes lèvres se retroussent à se souvenir d'été.
A l'époque, je désirais tellement un petit chien que je n'arrêtais pas d'enquiquiner mes parents sur ce sujet. A tel point qu'ils avaient fini par céder: " à ton anniversaire on fera un tour à l'animalerie" m'avaient-t-il promis.
Mais ce jour n'est jamais arrivé.
Je fais un pas en direction de l'animal, et m'accroupi à sa hauteur. Il ne bouge pas, il n'a pas l'air effrayé de ma présence.
-Pas de collier...
Je tends ma main et il ne se dérobe pas devant ma caresse.
-Toi aussi t'es perdu, hein?
Je n'attend pas de réponse de sa part, pourtant, il me répond par un petit couinement.
Je me redresse et regarde de l'autre côté de la ruelle. Il n'y a personne.
je ne sais même pas si il a des propriétaires.
Peut-être qu'il sait juste sauver?
Il faudrait peut-être que j'appelle un refuge ou que je l'amène chez un vétérinaire.
Quelque chose m'interpelle sur le chien. Je penche la tête fronçant les sourcils et je remarque le problème.
Merde.
Je dégage soigneusement les débris l'entourant et remarque la patte de l'animal, il est blessé.
Fait chier.
Je souffle d'agacement, devant l'état du chien. Qu'est-ce que ses propriétaires font au juste?
Je prend mon téléphone et le sort de ma poche, compose le numéros:
-Oui, monsieur?
-Je voudrais que vous veniez me récupérer. Changement de programme.
-Il n'a pas de puce.
Je regarde l'homme à qui j'ai emmené le chien, après l'avoir trouvé.
-Il n'y aucune trace de recherche sur un éventuel poste de disparition de dobermann sur le net, et vu l'état et les condition dont vous nous l'avez amené il doit surement être sans domicile depuis un certain temps pour ne pas dire des semaines...
-Vous voulez dire qu'il a été abandonné?
-Probablement. C'est assez fréquent.
Merde. Je lance un regard en direction de l'animal. Comment peut-on abandonner un animal? C'est un être vivant, bordel.
-Qu'est-ce que vous allez faire? Je demande à l'homme devant moi.
-On va lancer un avis de recherche au cas ou sur internet, mais si personne ne se propose d'ici quelques jours il sera mis au refuge le temps qu'il trouve un endroit où vivre...
-Et si personne ne l'adopte je demande avec précaution.
-Je crois que vous connaissez déjà la réponse.
En clair il sera tazé.