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Petitefleur707
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CHAPITRE XX

ISABELA

Le sac me cogne la hanche à chaque pas, et j'ai déjà envie de faire demi-tour. Sérieusement, qui va acheter un tapis chauffant pour reptile un samedi matin ? Moi, apparemment. Moi, avec ma tête de déterrée, mes cernes qui pourraient faire de l'ombre à des valises Samsonite, et mes cheveux attachés à l'arrache avec un élastique que j'ai retrouvé au fond de mon sac à main, entre un vieux ticket de caisse et un chewing-gum périmé.

— Bonjour ! me lance une vendeuse trop motivée pour l'heure qu'il est.

Je lève la main en réponse sans vraiment regarder. Je suis encore un peu dans le coton. Mal dormi. Trop pensé. Trop rêvé.

Je lève vaguement la main. C'est un miracle que je sois là. Mon cerveau est encore en mode veille prolongée, et j'ai dû me faire un monologue intérieur entier pour me convaincre de ne pas juste commander ce foutu tapis en ligne. Mais bon, Red mérite mieux que ça. Ou alors c'est moi qui ai besoin de me sentir utile aujourd'hui. Je sais pas

Je déambule entre les rayons, les yeux rivés sur les étagères. Granulés, lampes UV, déco pour terrarium. Rien de glamour. Rien qui devrait me faire penser à Rhys Volkov.

Mais évidemment, tout me ramène à lui.

Il aurait probablement un avis très technique sur les systèmes de chauffage. Ou alors il me fixerait d'un air moqueur, bras croisés, en se demandant ce que je fous à parler toute seule à une vendeuse de reptiles passionnée.

Je soupire et attrape un petit paquet de souris congelées avec l'élégance d'un ninja en burnout.

— Encore dans tes pensées, Fox ?

Je sursaute presque. Non. Ce n'est pas sa voix. Juste mon cerveau qui invente des hallucinations auditives. Génial.

Je secoue la tête pour me recentrer, puis me dirige vers la caisse, les bras pleins. Mon panier déborde de trucs inutiles : un mini-hamac pour reptile, un spray à l'eucalyptus, et une peluche en forme de raton-laveur que Red va ignorer avec mépris.

Je pose le tout sur le comptoir.

— Un projet de rénovation pour princesse serpent ? plaisante la caissière, une fille à dreadlocks roses que je croise souvent ici.

Je souris un peu, hausse les épaules.

— Disons qu'elle mérite le luxe. Elle écoute mes drames sentimentaux sans jamais m'interrompre. C'est plus que ce que la plupart des humains savent faire.

Elle éclate de rire en bipant les articles.

Je récupère mes sacs en luttant pour ne pas sortir mon téléphone. Ne pas vérifier s'il a écrit. Ne pas relire le dernier message.

Spoiler : je le fais quand même avant même de franchir la porte.

Aucune notification.

Je range mon portable, le cœur un peu serré.

C'est peut-être ça, le pire avec lui : il ne fait rien de mal, et pourtant il me hante.

Je quitte l'animalerie, les bras chargés, le ciel encore un peu gris au-dessus de la ville. L'air est frais, pas désagréable. Mon pas est lent, sans but précis. Je veux juste marcher un peu, peut-être m'aérer la tête.

Les gens vont et viennent, un samedi banal. Une poussette passe, un joggeur me double, une vieille dame parle à son chien.

Et puis, je le sens.

Pas un bruit. Juste une intuition.

Ce truc animal qui grince dans les tripes.

Je tourne la tête, vite, presque trop vite. Mon cœur rate un battement.

Là, de l'autre côté de la rue, une silhouette. Grande. Manteau sombre. Immobile.

Et même si je n'arrive pas à distinguer son visage, quelque chose en moi se tend comme une corde prête à rompre.

Non.

Non non non. Ce n'est pas lui. Ce n'est pas possible. Il n'est pas ici. Il ne peut pas être ici.

Je baisse les yeux, resserre mon sac contre moi. Mon souffle se fait court. Mon cœur cogne trop fort, pas pour les bonnes raisons cette fois.

Je marche plus vite. Plus fort. Mes pas claquent sur le trottoir.

Je ne me retourne pas. Pas encore. Pas tout de suite.

Ce n'est pas lui, Isa. Respire. C'est juste un inconnu. Ce n'est pas lui.

Mais la peur s'infiltre, douce et vicieuse. Cette peur ancienne, que j'avais presque oubliée. Celle qui glisse sous la peau, qui vous rappelle que tout peut recommencer.

Et tout à coup, même la ville me semble hostile. Même le jour me paraît fragile.

Je serre les dents, accélère encore.

Je ne cours pas. Pas encore.

Mais je suis à deux secondes de le faire.

RHYS

Je raccroche.

La réunion aurait pu être un mail. Une centaine de mails, pour être exact. Mais non. Visiblement, même les génies du numérique adorent entendre leur propre voix.

Je fais craquer ma nuque, claque le clapet de mon ordi portable, et me lève.

Mon bureau, baigné dans une lumière pâle, sent le café refroidi et la frustration contenue. Je regarde la ville à travers les vitres immenses, son tumulte feutré sous mes pieds. Tout semble calme. Trop calme.

Je passe une main dans mes cheveux, attrape ma veste posée sur le dossier du fauteuil. J'ai besoin de bouger.

Et Ben m'a rappelé trois fois.

"J'ai un truc à te montrer, Rhys, tu vas vouloir le voir."

Ça peut vouloir dire deux choses : soit il a encore trouvé une connerie technologique qui pourrait "révolutionner notre marché parallèle", soit il a découvert une vidéo de chat qui joue au piano. Avec Ben, les priorités sont floues.

Je sors. J'enfile mes lunettes de soleil, descend les étages par l'ascenseur privé. Mon esprit devrait être focalisé sur le boulot, sur les prochaines livraisons, sur les chiffres, sur cette merde avec le fournisseur hongrois.

Mais non.

Mon esprit retourne encore et encore à cette robe violette. À la façon dont elle me regardait hier soir, comme si j'étais un mystère qu'elle voulait vraiment résoudre.

Et à ce foutu presque-baiser.

Je soupire .

Je sors de l'ascenseur, ajustant ma montre, déjà concentré sur ce que je vais balancer à Ben s'il m'a fait me déplacer pour une connerie. Mais à peine ai-je tourné à l'angle du couloir que je me fige.

Isabela.

Elle marche vite. Trop vite. Ses bras tremblent, et son visage est d'une pâleur qui me tord l'estomac. Elle ne me voit même pas tout de suite elle est ailleurs. Son regard scanne les murs, les coins, comme si quelque chose pouvait surgir à chaque instant.

Je m'approche doucement, prudemment.

— Isabela?

Elle sursaute. Son sac manque de tomber. Ses mains serrent les anses comme une bouée de sauvetage.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu vas bien ?

Elle secoue la tête d'un geste presque imperceptible. Sa gorge se contracte comme si elle essayait de parler, mais les mots restent coincés.

Je m'approche encore, plus doucement. Je baisse la voix.

— Isabela, regarde-moi.

Elle relève enfin les yeux. Ils sont écarquillés, brillants d'angoisse.

— J'ai... J'ai cru le voir. Dans la rue. Il... Il était là. Je... Je crois que c'était lui.

Mon sang se glace même si je ne comprends pas encore tout.

— Qui ?

Elle inspire, une main contre sa poitrine.

— Mon ex. Il... il... Disons que ça c'est très très mal fini lui et moi. Et je pensais... Je pensais que j'avais fui assez loin. Assez discrètement. Mais j'ai... j'ai croisé un homme. Il lui ressemblait. Le même regard. Le même sourire dégueulasse. Et depuis, je—

Sa voix se brise. Je n'ai jamais vu quelqu'un essayer de rester aussi digne, alors que tout son corps dit l'inverse.

Je m'approche, sans la toucher pas sans qu'elle le veuille. Mais elle chancelle légèrement, et je tends instinctivement la main. Elle ne recule pas. Alors je pose doucement ma main sur son bras.

— Isabela, écoute-moi.

Elle relève les yeux vers moi, comme s'ils cherchaient un point fixe dans une mer en vrac.

— Cet immeuble est sécurisé. Ultra sécurisé. Personne ne rentre ici sans être autorisé. Et encore moins avec des intentions tordues. Tu es en sécurité ici. Et si jamais tu vois quelque chose, si tu sens quelque chose d'étrange, tu m'appelles. Moi, ou le personnel. Il y a toujours du monde. Tu n'as pas à gérer ça seule, tu m'entends ?

Elle cligne des yeux. Un battement. Puis un autre. Et sa lèvre tremble à peine quand elle murmure :

— J'avais tellement peur qu'il me retrouve.

Je serre un peu plus son bras, cette fois volontairement.

— Il ne te touchera pas. Pas ici. Pas tant que je suis là.

Car je le butterai avant qu'il n'ose quoi que ce soit.

Et à ce moment-là, Chris, le réceptionniste, s'approche, alerté sans doute par l'air agité d'Isabela ou les caméras.

— Tout va bien, Monsieur Volkov ? Mademoiselle Fox ?

Je me tourne vers lui.

— Ça ira, Chris. Mademoiselle Fox a juste eu une frayeur. Mais elle est en sécurité ici, pas vrai ? Je dis volontairement pour qu'il confirme mes dires et qu'elle comprenne que rien ne va lui arriver ici.

Chris hoche la tête aussitôt.

— Absolument, monsieur.

Je sens Isabela se détendre d'un centième de degré. C'est peu, mais c'est un début.

Je me tourne vers elle.

— Viens. On va rentrer.

Elle hoche doucement la tête, sans un mot.

Et je me fais une promesse silencieuse.

S'il ose vraiment s'approcher d'elle, ce type...

Je le trouverai avant qu'il ne pose un doigt sur elle.

★★★

Je la suis en silence jusqu'à son appartement, mes pas calqués sur les siens. Elle sort sa carte d'une main tremblante, lutte un instant avec le boîtier avant de réussir à ouvrir. Un « merci » murmuré franchit ses lèvres, presque inaudible.

Je n'ai encore jamais mis les pieds ici.

Mais dès que je franchis le seuil, je comprends pourquoi elle tient autant à cet endroit.

Une chaleur douce m'enveloppe immédiatement. Rien à voir avec mon appartement impersonnel, aux lignes nettes et aux angles tranchants. Ici, tout est arrondi, feutré. Des livres par dizaines, peut-être des centaines, couvrent les murs dans une sorte d'ordre désordonné. Une ordinateur portable orné d'autocollants trône sur un bureau près de la fenêtre. Une lumière tamisée s'échappe de guirlandes suspendues comme des constellations.

C'est une bulle. Une cachette. Un refuge.

Et elle, elle avance au milieu de tout ça, toujours tremblante. Elle s'affale sur le canapé sans même enlever ses chaussures. Ses mains se crispent sur ses genoux. Je m'approche lentement, sans bruit, comme si je risquais de la faire éclater en mille morceaux.

— Tu veux un verre d'eau ? Que je te laisse ou je reste là si tu préfères. C'est toi qui décides.

Elle secoue la tête, pas pour refuser, juste pour me dire qu'elle entend. Ses épaules sont raides. Je m'agenouille devant elle, à hauteur de ses yeux.

— Respire doucement, Isabela. Tu es chez toi. Ici, il ne peut pas t'atteindre.

Elle inspire, un peu plus profondément. J'allais dire autre chose, quand elle se redresse soudainement.

— Attends... J'ai laissé... je sais plus si j'ai fermé le terrarium de Red.

Je ne la retiens pas. Elle se lève et disparaît dans le couloir.

Et soudain, j'entends le bruit. Léger. Le froissement d'un papier.

— Non... non non non non non non...

Je bondis. Je la retrouve figée devant sa commode. Elle tient un petit mot chiffonné entre ses doigts, ses lèvres tremblent.

Je m'approche.

— Qu'est-ce que...

Elle me tend le papier avec une lenteur saccadée, comme si le geste lui coûtait physiquement. Le message est court. Manuscrit.

Tu m'as manqué.

— Mon étoile.

Pas de signature. Mais l'écriture penchée, nerveuse, et ce surnom...

Elle recule d'un pas. Puis d'un autre.

— Il est venu ici. Rhys... il est monté ici. Il sait où je vis. Il... il était là. Il était dans mon appartement. Je l'ai laissé entrer sans le savoir ou il...

Elle s'étouffe à moitié sur un sanglot et s'écroule sur le sol, à genoux, les bras autour de son ventre comme pour se maintenir entière. Sa respiration devient saccadée, incontrôlable. Une crise d'angoisse. Pure. Violente.

Je suis à genoux devant elle en une seconde. Je pose mes mains sur ses bras, doucement.

— Fox. Regarde-moi. Respire avec moi, ok ? Inspire. Un. Deux. Trois. Expire. Encore.

Elle secoue la tête, mais j'insiste. Ma voix reste grave, calme, même si moi-même, j'ai envie de fracasser des murs.

— Je suis là. Tu n'es pas seule. Il ne te touchera pas. Je vais faire vérifier chaque caméra, chaque verrou, chaque enregistrement. Il ne reviendra pas. Tu m'entends ? Pas tant que je respire.

Elle lutte. Elle tremble comme une feuille dans la tempête. Mais elle accroche enfin mon regard.

Je prends l'une de ses mains dans la mienne, avec une lenteur infinie. Elle est glacée. Je la serre doucement, comme une ancre.

— On va le retrouver. Mais ce soir, c'est moi qui veille. D'accord ?

Elle hoche la tête, le souffle toujours court, mais les larmes se mettent enfin à couler. Et je préfère ça. Parce que pleurer, c'est encore être vivante. C'est encore se battre.

Et je jure qu'il ne s'approchera plus jamais d'elle.

Je ne la quitte pas des yeux. Elle tremble encore, ses doigts s'accrochent au tissu de son pantalon comme si elle pouvait s'y ancrer.

— Je peux rester, tu sais, si tu veux ne pas être seule.

Elle relève les yeux. Son regard s'égare , comme si le monde autour d'elle ne tenait plus en place. Elle n'ose pas répondre tout de suite, mais je vois dans sa gorge ce « oui » qui lutte pour sortir.

— Je veux pas être seule, souffle-t-elle finalement, presque honteuse.

— Alors je reste. Autant de temps que tu ne le voudras.

Elle ferme les yeux, une larme coule encore. Et puis elle dit qu'elle va aller prendre une douche, que ça l'aidera peut-être à se calmer. Elle bafouille un peu, demande si ça ne me dérange pas qu'elle aille se changer. Je secoue la tête.

— Vas-y. Je suis là. Je ne bouge pas d'ici.

Elle disparaît dans la salle de bain, traînant les pieds. J'entends l'eau couler, longtemps. Trop longtemps. Et pendant ce temps, je reste dans ce salon chaleureux, sur ce canapé qui garde la trace de son corps, le regard fixé sur la porte fermée.

Quand elle revient, elle a enfilé un teeshirt trop large, doux, aux couleurs pastel. Ses cheveux encore mouillés tombent en mèches folles autour de son visage. Elle s'assoit sur le canapé, les jambes repliées sous elle. Elle est belle, d'une fragilité qui me tord l'estomac.

Ses mains toujours tremblantes, et souffle un « merci ». Puis elle reste silencieuse un moment, avant de parler, d'une voix étranglée.

— J'ai fait beaucoup de conneries, avant. Des choix de merde. Souffle t'elle.

Elle ne me regarde pas. Fixant un pont invisible au lion.

— Il était charmant au début. Tu sais, drôle, protecteur, un peu paumé, mais... j'aimais bien. Et puis il est devenu... autre chose. Il contrôlait tout. Il me faisait croire que j'étais la seule fautive. Que je méritais chaque cri, chaque baffe. Que j'étais folle.

Je sens une brûlure monter en moi. Je la ravale. Elle doit parler. Pas moi.

— La première fois qu'il m'a frappée, j'ai mis ça sur le dos de la fatigue. La deuxième, j'ai dit que je l'avais poussé à bout. La troisième... j'ai compris. Mais j'étais déjà piégée.

Elle inspire, un souffle haché.

Elle ne me regarde pas, et je ne parle pas. Mon poing se serre sur ma cuisse.

— J'ai essayé de partir. Une fois. Il m'a enfermée trois jours. Je crois que si sa sœur n'était pas passée ce jour-là... je ne serais pas là.

Je ferme les yeux une seconde. Mon corps est calme, mais en moi, il y a un grondement. Sourd. Ancien. Le genre qui me rappelle que parfois, la justice, il faut aller la chercher soi-même.

Elle continue.

— Je suis partie un jour où il dormait. J'ai rien pris. Juste mon sac. J'ai eu de la chance... J'ai une amie, une fille super douée en informatique. Essaie t'elle d'expliquer dans un rire qui sonne  faux. Elle a effacé tout ce qu'on pouvait trouver sur moi. Changé mes infos, mon numéro, mes réseaux, jusqu'à ma ville. Elle m'a même aidée à déménager à l'autre bout du pays. Ici, personne ne me connaît. J'ai changé d'état, j'ai tout recommencé de zéro.

Isabela...

— J'ai tout recommencé. Seule. J'ai trouvé ce boulot au café. J'ai mis de l'argent de côté. Et je me suis dit... que j'étais enfin tranquille.

Un silence s'installe. Je l'observe, les traits tirés, le regard plus vieux que son âge. Et tout fait sens, d'un coup. Son silence. Son appartement sans adresse sur les boîtes aux lettres. L'absence d'empreintes numériques.

Son regard se perd à nouveau dans le vide.

— J'ai tout laissé. Parce que je savais que si je restais... il finirait par me tuer.

Silence. Lourd. Révérencieux presque.

— Et récemment... cette amie m'a appelée. Elle m'a dit qu'il était venu chez elle. Qu'il me cherchait... qu'il posait des questions.

Elle relève enfin les yeux vers moi, et dans ce regard, il n'y a que de la peur.

— J'ai cru que c'était fini. Qu'il ne pourrait jamais me retrouver. C'est en partie pour ça que j'ai choisi cette immeuble, on me l'a vendu comme sécurisé et... mais aujourd'hui, j'ai vu son visage. Je suis presque sûre. Et ce mot...

Sa voix se brise.

Je serre les mâchoires.

Elle se recroqueville un peu, serre ses bras autour d'elle.

Je reste un moment sans rien dire. Parce que je sais que si j'ouvre la bouche maintenant, ce ne sera pas des mots calmes. Ce seront des promesses de destruction. Et ce n'est pas ce dont elle a besoin. Pas encore.

Alors je hoche lentement la tête.

— Tu as eu raison de partir.

— S'il t'a poussée à tout effacer... à changer de vie, à fuir... c'est qu'il t'a vraiment brisée, soufflé-je, plus pour moi que pour elle.

Et ça me suffit à vouloir lui briser chaque os.

Mais je me retiens. Je reste calme. Pour elle.

Je pose ma main sur la sienne.

— Ici, t'es chez toi. Et tant que je suis là, il  ne t'arrivera rien. Rien du tout. Tu n'es plus seule, Isabela.

Et dans ses yeux, malgré tout, il y a une étincelle. Fragile, vacillante. Mais là.

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