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Silanti
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Chapitre Huit : Mouches & désappointement

— C’est très humiliant.

— Beaucoup de gens paieraient cher pour être à ta place.

— Ah ouais ? Tu as leur numéro ? J’échange quand ils veulent.

Sacha s’agrippait au cou de l’archange déchu comme si sa vie en dépendait, ce qui était le cas. Ils étaient en train de survoler la Mer Tyrrhénienne à deux ou trois km d’altitude. Leur duo était parti de Florence dans le jet de Haziel, jusqu’à Catalane. C’était la première fois que le dhampire montait dans un avion privé. Il savait que son père en avait un, mais il ne les avait jamais emmenés, lui et son frère, pendant ses voyages. Il apprécia le vol, tout comme il apprécia le trajet de Catane à Milazzo en berline avec chauffeur. Sacha ne courrait pas après le luxe, mais si on le lui proposait si gentiment, il n’allait pas le refuser.

Arrivé au bord de la plage, il avait déchanté en comprenant que Haziel ne comptait pas franchir la soixante-dizaine de kilomètres restant en bateau. Les deux paires d’ailes dans son dos étaient suffisamment puissantes pour les porter tous les deux jusque là-bas. C’était contre son gré qu’il s’était retrouvé soulevé et emporté comme une demoiselle. Et même s’il râlait, au fond de lui, il devait admettre qu’il aimait ça. L’air froid de la nuit était vivifiant, et il n’y avait pas de lumière pour l’empêcher de voir les étoiles briller. Et cette mer d’un noir d’encre parlait définitivement à son âme d’adolescent torturé. Il allait sans aucun doute écrire un poème dessus en rentrant. Quelque chose comme :

Tсс, посмотри.

Солнце потонул.

Сумерки уходят.

Hочь наступает.

Tсс, cмотрери.

Небо туманный.

Море тревожное.

Звезды убегают.

Тсс, почувствуй.

Страх питаться.

Ярость витает.

Oставление быть.

Теперь, кричи.

Свет ушел.

Цвета погружаются.

Надежда умерла.

Ce qui se prononçait :

Tss, posmotri.

Solntse potonul.

Sumerki ukhodyat.

Noch nastupayet.

Tss, smotret’.

Nebo tumannyy.

More trevozhnoye.

Zvezdy ubegayut.

Tss, pochuvstvuy.

Strakh pitat’sya.

Yarost’ vitayet.

Ostavleniye byt’.

Teper’, krichi.

Svet ushel.

Tsveta pogruzhayutsya.

Nadezhda umerla.

Ce qui signifiait :

Chut, écoute.

Le soleil se noie.

Le crépuscule s’en va.

La nuit tombe.

Chut, regarde

Le ciel est voilé.

La mer est troublée.

Les étoiles fuient.

Chut, sent

La peur se repaître.

La colère se répandre.

L’abandon naître.

Maintenant, crie

La lumière est partie.

Les couleurs ont sombré.

L’espoir est mort.

Le volcan fut la première chose qui apparut au loin, puis ce fut le reste de l’île. Haziel la survola en cercles de plus en plus rapprochés. Sacha fut le premier à apercevoir l’Église, sur la plage opposée au petit et seul village de Stromboli.

Lorsque Haziel lui avait expliqué ce qu’était l’Église noire des Mouches, et la raison pour laquelle il devait s’y rendre, le garçon avait pris le nom comme une métaphore, Belzébuth étant le Seigneur des mouches. Les pieds dans le sable, il se rendit compte que cette appellation était en fait très terre-à-terre. Sous la lumière de la lune, l’église, qui était plutôt de la forme et de la taille d’une grande chapelle, avait pour murs et toiture un agglomérat pullulant de diptères noirs. Avant, Sacha aurait dit qu’elles faisaient un bruit infernal, mais depuis qu’il avait entendu le cœur de l’Enfer, il savait que rien ne pouvait en égaler l’horreur. Mais s’il n’était pas écœuré par les insectes, leur vrombissement assourdissant lui donnait plutôt envie de se jeter dans le volcan que de franchir la grosse porte en bois, seul élément de la construction qui paraissait en dur.

— Je comprends que Lulu n’ait pas voulu que tu y ailles seul.

— Tu sais que tu peux l’appeler Lucifer ou Satan maintenant ?

— Je pourrais, ouais.

Les deux s’approchèrent de la porte. Haziel sortit un couteau de sa poche. Il se coupa le poignet, pas profondément, juste assez pour que le sang coule. Il le frotta contre le bois, qui l’absorba immédiatement.

— Du sang pour les mouches. Mon âme pour Belzébuth.

Après avoir essuyé la lame avec un mouchoir, il la passa à Sacha, qui secoua la tête. Celui-ci se mordit le poignet, l’entaillant de ses crocs.

— Du sang pour le Dieu du Sang, du crâne pour le Trône des Crânes.

Haziel ne devait pas avoir la référence, car il ne rit pas.

— Sacha. Un peu de sérieux ou je te laisse ici.

— OK, OK. Tu es plus drôle avec les chats.

Il frotta aussi son poignet contre la porte, avant de lécher soigneusement la plaie. Le saignement ne tarda pas à s’arrêter. Il ne savait pas s’il avait une glande à venin comme les serpents, mais sa salive avait un effet coagulant. Très pratique pour ne pas saigner à blanc ses victimes.

— Du sang pour les mouches. Mon âme pour Belzébuth.

***

Le dehors était plus grand que le dedans. De l’intérieur, la chapelle donnait l’impression d’être faite de charbon. Elle était en forme de croix inversée, l’autel au bout de l’allée, et deux grandes statues à la gloire de Belzébuth dans ses bras. Une d’entre elles le représentait assis sur le trône de l’Enfer, l’autre en train de terrasser Satan. Sacha s’arrêta devant celle-ci, impressionné par la forme des cornes de Lulu. Il faisait chaud. C’était ce que devait ressentir un frelon prisonnier dans une balle d’abeilles songea Haziel. Le bourdonnement des mouches était atténué au point de n’être plus qu’un bruit blanc en arrière-fond, couvert par le chant des fidèles. Ils étaient plus d’une vingtaine, répartis entre les rangées de bancs. Ils chantaient un requiem qui ressemblait au Lacrimosa de Mozart. Mais une version si pervertie que ses plumes se gonflèrent. Il posa ses mains sur les oreilles de Sacha, afin qu’il ne soit pas souillé par ce chant infernal. Le dhampire leva les yeux vers lui, trop surpris pour s’énerver. La mélopée se termina. La prêtresse, qui officiait devant l’autel, darda alors son regard sur Haziel, à travers l’allée.

— Mes frères, mes sœurs, nos invités sont arrivés.

Un rictus carnassier se dessina sur son visage. Tous se retournèrent d’un seul mouvement vers eux. Contrairement aux clichés, ils n’étaient pas recouverts d’une cape noire jusqu’aux yeux. La quête devait être élevée à la fin, car ils étaient tous habillés en haute couture. Et armés jusqu’aux dents. Haziel jura entre ses dents. Ils étaient attendus.

— Clouez l’archange au sol. Tuez l’autre.

Sacha rit, alors que tout autour de lui, les ombres s’étendaient.

— Je vous prends tous !

Ce n’était pas la réaction normale à avoir lorsqu’on était en sous-nombre et menacé de mort. Haziel secoua la tête, désapprobateur.

— Sacha.

— Mais de façon non-sexuelle ?

— Je les occupe. Fouille l’autel.

L’ancien Prince du Paradis posa sa main sur son cœur. Dans un éclat de lumière, il fit sortir une pertuisane d’or de son torse. Il s’agrippa à deux mains et s’envola, autant pour éviter les humains qui fonçaient sur eux que ceux qui leur tiraient dessus. Sacha, lui, s’était fondu dans les ombres, surgissant ici et là pour assommer les fidèles de Belzébuth de coups secs dans la nuque de la main, puis d’un pistolet qu’il ramassa sur un corps. Il ne les tuait pas, contrairement à Haziel, qui, s’il ne tenait pas absolument à les faire mourir, n’essayait pas non plus de les épargner. Il fondait sur les hommes, les déchirant de la pointe de la pertuisane, avant de s’envoler et de recommencer. Si c’était l’impression que ça donnait, lorsqu’on écoutait les démons parler de la Chute, l’archange de la Paix n’avait pas fait que pleurer pendant la guerre du Huitième jour. Et de faibles humains étaient de bien pâles adversaires, comparés à ses adelphes des légions célestes.

— Pourquoi on n’a jamais fait ça avant ?

— Parce que je suis un propriétaire de club !

Le dhampire s’amusait comme un fou. Des balles l’avaient frôlé, un coup de poing américain lui avait défoncé l’épaule, mais bordel, qu’est-ce qu’il se sentait vivant. Il avait réussi à atteindre l’autel, et avait jeté la prêtresse en bas des marches, après lui avoir arraché sa mitraillette des mains. Il s’agenouilla derrière le bloc de marbre, taillé de fresques horribles à la gloire du Seigneur des Mouches. Il n’y avait rien. Soudainement, une fumée brunâtre et nauséabonde descendit du haut plafond du chœur.

— Sacha, recule !

L’empressement dans la voix de Haziel le fit obéir sans discuter. Il réapparut devant l’archange déchu, qui volait à quelques centimètres du sol au milieu de la chapelle. Un être de trois mètres, six ailes aux membranes veineuses et transparentes, et surtout, à la tête de mouche disproportionnée, venait d’apparaître.

— Quelle animation.

— Seigneur, nous…

Les fidèles encore en vie avaient lâché leurs armes, se prosternant à s’écraser le visage contre le sol, excepté sa prêtresse qui le contemplait d’une adoration tout ce qu’il y a de plus pure. Sa tête explosa en une gerbe de sang, arrosant les pieds de son idole.

— Ne m’interrompez pas lorsque je parle.

Belzébuth piétina la cervelle répandue à terre, écrasant l’œil ayant survécu. Il se dirigeait lentement vers Haziel, ses ailes déployées lui donnant une prestance menaçante. Le duo se reflétait quatre mille fois dans les quatre mille facettes de ces yeux globuleux.

— Donne-moi une raison, Haziel, une seule, de ne pas t’arracher les ailes.

Haziel pointa sa pertuisane vers lui. S’il n’avait aucune rancœur particulière envers Belzébuth, mais le transperçait de son arme ne lui causerait aucun problème de conscience. Il avait dérobé une partie de lui au seul être qui la méritait. Et l’ancien Prince du Paradis n’était plus aussi angélique que croyait le Diable.

— Viens donc les chercher.

— Si tu le touches, je…

Sacha montrait les crocs. Il n’aurait pas donné cher de ses chances de survie face à un être qui respirait autant la puissance, encore plus que son père. Toutefois, un seul mot de Haziel et il se jetait sur lui. Le déchu tendit son bras pour le retenir, lui adressant à peine un regard.

— C’est entre lui et moi. Continue de chercher.

Sacha grogna, mais les combats personnels, il comprenait. Il disparut dans les ombres. Belzébuth souffla une nuée de diptères de son proboscis, avant de se saisir des deux marteaux d’arme accrochés à sa taille. Il bondit, le nuage assaillant Haziel. Ceux qui avaient combattu ensemble autrefois s’envolèrent dans la chapelle, rendant coup pour coup.

— Satan n’est pas là pour te protéger cette fois. Je me demande quelle serait sa réaction si je lui amenais ta tête piquée sur ta propre lance.

— Nous savons tous les deux que tu es trop lâche pour ça. Tu aurais essayé depuis longtemps sinon.

La charge suivante manqua d’éborgner Haziel. Le marteau frappa une des deux petites ailettes qui ornaient sa tête. L’os fragile se brisa sous le choc. L’archange déchu recula en grimaçant de douleur, l’ailette pendant piteusement.

— Tu entres chez moi, tu tues mes fidèles, tu m’insultes… Être le mignon du Diable ne te donne pas tous les droits. Il est temps que quelqu’un te le rappelle.

En réponse, Haziel manqua de peu de l’embrocher. La pointe perça une des ailes, provocant un bourdonnement furieux. Ils se battaient sans faire attention à ce qui se passait autour d’eux, heurtant les murs, les déchirant de coups dans le vide. Chaque insecte tué par Haziel était remplacé par un autre. Les murs s’effritaient, le sol se recouvrait d’une pluie de mouches mortes. Toute la structure menaçait de s’effondrer à un moment ou un autre. Les quelques fidèles encore en état s’étaient enfuis, abandonnant les blessés et leur idole sans demander leur reste, leurs cris couverts par les bourdonnements agonisants. Quant au dhampire, il fouillait vaillamment les monceaux de cadavres de diptères, et ce qui restait des murs grouillants.

— Sacha …

— Je ne les trouve pas ! Блин* !

Tout s’écroula. Le dhampire eut tout juste le temps de disparaître, pendant que les deux ailés s’envolèrent par un des nombreux trous qu’ils avaient causés dans la structure. Ils se posèrent sur la plage devenue un noir cimetière de mouches, se toisant. Sacha réapparut derrière Haziel. La respiration de l’archange déchu était sifflante lorsqu’il demanda :

— Où sont mes larmes, Belzébuth ?

— Tes larmes ?

— Ne fais pas l’innocent, ça sied mal à un archidémon. Il en restait un flacon, abandonné au cœur de l’Enfer. Tu t’en es emparé.

— Tu veux dire que tu avais caché tes dernières larmes sous le nez de Satan ?

Belzébuth partit dans un fou rire si puissant qu’il lâcha ses marteaux. C’était un spectacle assez dérangeant de voir cette grosse tête de diptère rire, la trompe dressée découvrant en dessous une bouche sombre aux grandes dents tranchantes.

— Oooh, j’aurai tellement voulu voir sa tête lorsqu’il l’a appris. Et tout ce spectacle… Juste pour les récupérer ?

Le duo du Purgatorio échangea un regard perplexe. Méfiant, Haziel abaissa sa lance. L’humeur de Belzébuth avait changé de tout au tout. S’il était toujours hostile, son agressivité s’était muée en plaisir de se foutre d’eux. L’archidémon réussit à se calmer suffisamment pour pouvoir aligner plus d’une phrase.

— Je ne les ai pas. Je ne sais pas quelles rumeurs tu as entendues à ton club de pacotille, ou ce que les Lilith t’ont raconté, ou ce que t’a susurré Asmodée pendant qu’il te tringlait, mais c’est la vérité.

— Je doute que tu saches encore ce que ce mot veut dire. J’ai la preuve qu’elles sont sur Terre, dans ton Église.

— Ratisse la zone avec le bâtard de Mammon jusqu’à ce que vos ongles s’émiettent si cela te fait plaisir, je ne t’en empêcherai pas.

Devant tant de confiance en lui, le doute s’insinua en Haziel. Aurait-il supporté la condescendance et les moqueries d’un humain, défié un prince de l’Enfer, mis en danger la vie de Sacha, risqué d’attirer sur lui l’attention des anges ? Pour rien ? Allait-il devoir se présenter les mains vides devant Lucifer ? Voyant l’assurance du propriétaire du Purgatorio se fissurait, le dhampire fit un pas en avant.

— Ma tutrice ne s’est jamais trompée !

Belzébuth tourna vers lui sa tête de mouche, s’intéressant pour la première fois au compagnon de Haziel. Le dhampire eut envie de reculer devant tant de laideur, mais il supporta vaillamment son attention. Après de longues secondes, le Prince de la Gourmandise se montra étonné.

— Tu es aussi un descendant de la Petite Lilith. Intéressant mélange. Mais tu sais, petit, la sorcellerie n’est pas une science exacte. Elle a dû mal interpréter les signes. — Il rit encore, remettant son attention sur l’archange déchu. — Est-ce là ta preuve, Haziel ? Les dires d’une sorcière ? Est-ce pour cela que tu viens saccager mon Église en pleine messe à ma gloire ?

Ce fut suffisant pour Haziel. Il avait fréquenté assez de démons pour savoir quand un d’entre eux lui mentait. Et, pour ça, toutefois, Belzébuth disait vrai. Il n’avait pas les larmes en sa possession. Ou du moins, il ne les avait plus. Car sa confiance en la Sorcière Sans-Nom était intacte. Quelqu’un l’avait prévenu, tout comme quelqu’un avait prévenu les fidèles de leur visite. Et il avait sa petite idée sur qui. Toujours est-il qu’ils avaient fait chou blanc pour cette fois, comme disaient les humains. Ses épaules s’affaissèrent.

— Tu ne les as vraiment pas.

Belzébuth arrêta de rire, savourant le visage défait de Haziel. Une dernière fois, il enfonça le couteau dans la plaie, le tournant avec un délice non dissimulé. Il n’était pas la Gourmandise incarnée pour rien.

— Non. Mais dis-moi, tes pleurs te manquent tant que ça ? Il est vrai que sans, tu n’es qu’une âme de plus perdue sur la Terre. Quoique non, même pas, comme On ne nous a pas accordé d’âme. Je ne sais pas ce que le Diable et la Luxure te trouvent. Il n’y a plus rien à dévorer chez toi.

Sur ses mots, il s’évapora dans la même fumée qu’à son arrivée. Sacha leva vers Haziel des yeux désolés. Il ne pensait pas se dire ça un jour, mais il regrettait que le Diable n’ait pas été là. Il aurait adoré le voir planter son poing dans sa grosse tête d’insecte, à défaut de pouvoir le faire lui-même. Car pour lui, Haziel n’était pas rien. Il était la personne qui lui offrait un foyer quand il revenait meurtri. Il était l’être qui se battrait contre l’Enfer et le Paradis pour les siens. Il y avait difficilement plus admirable. Il lui donna une bourrade amicale dans le dos.

— L’écoute pas, tu es l’ange le plus hot de l’univers. Il est juste jaloux parce que personne ne veut le baiser, lui, avec sa sale gueule de mouche.

L’archange déchu baissa une tête interloquée vers le dhampire, avant de rire. Sacha avait peut-être la violence dans le sang, mais sa lumière brillait encore fort dans son âme. Et dans cette nuit sombre, elle le réchauffait. Il fut content de l’avoir amené. Il ébouriffa affectueusement ses cheveux.

— C’est gentil, Sacha. Mais tu n’as pas besoin de me consoler. Rentrons.

Sacha chassa sa main en râlant, avant de remettre ses beaux cheveux bien en place. Il eut une moue écœurée en retirant un cadavre de mouche. La première chose qu’il faisait en rentrant, était un shampoing.

— Tu vas pouvoir voler ? demanda-t-il, l’inquiétude perceptible dans sa voix.

Il faut dire que si lui ne s’en tirait pas si mal, ce n’était pas le cas de Haziel. Il était couvert de sang, même s’il sentait à l’odeur que peu provenait de l’archange. Son sang avait une délicate teinte argentée, qui tranchait avec le mordoré de ses plumes, et sentait le parfum des fleurs fanées. Mais outre une de ses ailettes cassée, il se tenait comme quelqu’un qui avait une côte brisée, et il avait bien deux ou trois plaies d’ouvertes, en plus de nombreuses contusions. La pertuisane revint de là où elle venait. Un jour, il faudrait que Sacha lui demande d’apprendre ce tour, c’était très pratique.

— J’ai mal, mais oui. Et j’avais prévu ce cas de figure. Un bateau nous attend au village que nous avons survolé tout à l’heure.

— Серьёзно ?!** Ça veut dire que tu n’avais pas besoin de me porter tout à l’heure ? Je retire ce que j’ai dit, tu es le pire !

*Se prononce blin et peut se traduire soit par crêpe, d’où les blinis, soit par Merde ! dans le sens Mince ! Et dans cette situation, Sacha n’a pas envie de crêpes.

**Se prononce Sériozna et est ici utilisé pour marqué son étonnement et son indignation.

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