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1 - Prologue
2 - Chapitre Un : Purgatoire & retrouvailles
3 - Chapitre Deux : Vieux couple & jeunes chats
4 - Il y a longtemps : Entre la Chute & Florence
5 - Chapitre Trois : Insomnie & sorcière
6 - Chapitre Quatre : Ciel & Dhampire
7 - Chapitre Cinq : Roadtrip & baignoire
8 - Il y a longtemps : Le Neuvième Jour
9 - Chapitre Six : Bal & jet privé
10 - Chapitre Sept : Humaines & départ
11 - Chapitre Huit : Mouches & désappointement
12 - Chapitre Neuf : Archidémon & archange
13 - Il y a longtemps : La Chute
14 - Chapitre Dix : Inquiétudes & plan
15 - Chapitre Onze : Haziel & Lucifer
16 - Chapitre Douze : Astre & Las Vegas
17 - Chapitre Treize : Cage & damnés
18 - Il y a longtemps : Quelque part après le Neuvième Jour
19 - Chapitre Quatorze : Confrontation & bazooka
20 - Chapitre Quinze : Pâquerettes & trous noirs
21 - Chapitre Seize : Jugement & couronne
22 - Chapitre Dix-Sept : Epée & larmes
23 - Il y a longtemps : Avant le Huitième Jour
24 - Chapitre Dix-Huit : Trompette & révélation
25 - Chapitre Dix-neuf : Au revoir & faveur
26 - Epilogue
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Chapitre Cinq : Roadtrip & baignoire

Haziel se réveilla dans un lit qui n’était pas le sien. Désorienté, il réalisa qu’il se trouvait dans la chambre de Lucifer lorsqu’il vit celui-ci le fixait avec un air moqueur.

— Bien dormi, mon épuisé archange ?

Un marmottement indistinct lui répondit. Haziel se redressa et fixa l’oreiller à côté de lui avec suspicion. Le Diable rit.

— Ne t’en fais pas, j’ai respecté ta volonté. Tu as été le seul à partager ce lit.

Lucifer se leva de la méridienne. Il s’étira pendant que Haziel repoussait les draps. Le déchu passa une main sur son visage, retenant un bâillement. Le réveil était difficile, surtout quand on était assailli de paroles.

— Sais-tu que tu fais un bruit adorable lorsque tu dors ? De quoi rêvais-tu donc ?

— Je rêvais que le Diable n’avait pas fait de moi la cible de ses railleries. Quelle heure est-il ?

— Le Soleil vient de se lever.

Haziel soupira de soulagement, avant de se lever aussi. Une grosse journée les attendait.

— Nous sommes encore dans les temps. Rejoins-moi dans une trentaine de minutes au vestibule.

Lorsqu’ils se retrouvèrent, l’archange déchu était bien plus frais et alerte. Ils ne pouvaient voyager en train ou en avion – la présence de Lucifer aurait sûrement fini par provoquer un accident – il ne leur restait qu’une seule solution. Enfin, deux, mais il n’avait pas envie d’ennuyer le chauffeur de son jet pour si peu.

— Comme tu ne pourras pas voler sans briser ta couverture, nous allons prendre une des inventions préférées de l’humanité : la voiture.

Haziel avait une Rolls-Royce Ghost d’un bleu nuit. Pourquoi une Rolls-Royce et pas une autre ? Parce que le Spirit of Ectasy qui ornait le capot lui rappelait un ange. L’intérieur était noir, le toit transparent, les vitres teintées. Le monarque de l’Enfer la trouva plus confortable que son trône.

— Installe-toi bien, nous en avons pour presque 11 h de route.

Le conducteur enfila des gants. Avant de démarrer, il présenta les différentes commandes à Lucifer. Celui-ci se demanda si une telle invention n’avait pas été soufflée aux humains par Belphégor, l’infernal innovateur. Tout ce confort ne pouvait que les corrompre.

— Tu peux activer les options massage et chauffante de ton siège ici. Et si tu le désires, il y a du champagne dans la chambre froide. Je te laisse choisir une musique qui n’agressera pas tes oreilles d’esthète.

Le premier roadtrip du Diable commença avec une coupe à la main et le dos agréablement frictionné. Ils passèrent les plaines vallonnées de la Toscane, ses vignobles et champs d’olivier, puis les rizières et les verges de la plaine de Pô. Ils franchirent une première frontière pour arriver parmi les collines verdoyantes de la Slovénie. Ils longèrent les rivières et coupèrent à travers les reliefs de la bordure des Alpes. Une deuxième frontière, et ils étaient maintenant en Autriche où ils roulèrent le long des montagnes jusqu’à Vienne, sillonnant prairies et forêts. De la voiture, ils virent au loin villes et villages et passèrent par plein d’autres. Bologne et Padoue, d’autres perles du Moyen Âge et de la Renaissance italienne. Ljubljana, la petite capitale slovène nichée au cœur des collines. Celje et Maribor, respectivement les cités des princes et des Alpes de ce pays d’Europe centrale. Graz, dont la Tour de l’Horloge trônait toujours aussi fièrement que le jour où Haziel avait assisté à son inauguration. Et bien sûr, Vienne, cette ville de culture qui n’avait rien à envier à sa belle Cité du Lys.

Au début, l’archange déchu racontait les souvenirs qu’il avait, de cette Toscane, qu’il connaissait avant qu’elle n’ait ce nom et cette apparence. De fil en aiguille, ils parlèrent. Lucifer lui narra l’élévation de l’Enfer, la construction des principautés, les bisbilles et manigances qu’il avait à gérer au quotidien. Il gloussait en décrivant les aventures et déconvenues de ses sept archidémons et d’autres anciens anges qui les avaient suivis dans la révolte. Haziel lui conta ses débuts sur Terre et ce qui avait suivi après, ses triomphes et ses échecs. Il lui confia sur le ton de la confidence les potins des déchus, et aussi ceux qu’il avait entendus sur le Paradis. Ils ricanèrent et s’indignèrent en faisant la liste de leurs amants respectifs parmi leurs connaissances. Ils rirent aux éclats en se remémorant leurs vies d’avant, quand la Création était encore jeune et eux aussi. Les anges aussi ont leurs bêtises de jeunesse. Lucifer avait « emprunté » l’épée enflammée de Michel pour faire rôtir des ananas et Haziel accidentellement lâché sur la Terre une planète en cours de fabrication. Ils chantèrent à tue-tête la jazzy Battle of Jericho et la pop 99 Luftballons, ils se resservirent encore et encore du champagne, tant et si bien que Haziel dût les ravitailler pendant sa pause à Lubljanja, dont la Doctoresse Faust lui avait vanté les burek. Lucifer n’eut pas le droit de sortir, ce qui ne l’empêcha pas de faire à travers la vitre des grimaces à un bébé. Bébé qui deviendrait un des plus grands influenceurs de son époque – en bien ou en mal, c’était à Sa Déité de juger – mais c’était une autre histoire. Il y eut également des silences et des engueulades. C’était long, onze heures enfermé avec la même personne, surtout pour des êtres immortels qui se connaissaient si bien. Pendant ces moments, Haziel fixait d’autant plus fixement la route, et Lucifer arrêtait de le dévorer des yeux pour contempler le paysage qui défilait par la fenêtre. Il voulait graver chaque seconde de ce voyage dans sa mémoire. Et puis l’un des deux lançait une boutade, et la conversation reprenait là où elle s’était arrêtée. Jamais ne fut abordé leur pacte ou le départ de Haziel de l’Enfer. Il n’avait pas le temps de le gâcher ainsi. C’était court, onze heures enfermé avec la même personne, surtout pour des êtres amoureux que les Limbes séparaient.

La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu’ils arrivèrent enfin à l’hôtel. Haziel avait fait réserver une suite avec balcon à L’Amauris, qui avait l’avantage d’être à deux pas de l’Opéra de Vienne. Il confia sa Royce à un voiturier. Lucifer descendit à regret. Il aurait souhaité que ce voyage dure aussi longtemps qu’une Cinquième Nuit. Devant la façade blanche et symétrique, il admit cependant.

— Je commence à croire que la vie sur Terre n’est pas aussi désagréable que je l’aurai pensé.

L’archange déchu, lui, ne paraissait pas mécontent d’être arrivé. Plus de 800 kilomètres en voiture à conduire, même aussi confortable, c’était fatigant. Il alla récupérer la clé de sa chambre pendant que Lucifer l’attendait dans un coin du hall, avec pour consigne de ne pas se faire remarquer. Il y réussit presque, mais ne put s’empêcher de sourire à un couple de jeunes mariés. Leur amour avait encore la pureté incandescente des débuts. Et dans ce sourire, les tourtereaux virent sa ruine future. L’homme partit dans un rire frénétique, la femme se mit à hurler à la Lune. Haziel fondit à travers la salle pour emporter le Diable derrière lui. Il avisa les ascenseurs plein de gens et se décida pour les escaliers. Il ne souffla vraiment que lorsque la porte de la suite se referma derrière eux. Nullement perturbé par ce qui venait de se passer, Lucifer s’enquit.

— À quelle heure commence le bal ?

— Ça ne devrait plus tarder. Mais rien ne nous oblige à nous y rendre immédiatement. Je ne serai pas contre un bain et un bon repas d’abord.

— Il est vrai que je ne dirais pas non à une douche non plus. Ce corps humain se salit si vite.

Lucifer partit devant, pendant que Haziel contactait le room service pour qu’on lui monte de quoi se sustenter. L’autre était déjà sous la douche lorsqu’il le rejoignit. Il fit couler dans la baignoire, îlot immaculé au milieu de la salle, un bain moussant, odorant comme un jardin de roses et brûlant comme l’Enfer. Il s’y glissa avec un soupir de pur contentement. Malgré les options chauffante et massante de son siège, il avait le corps raidi par la route. Il ferma les yeux, sans aucun égard pour la fenêtre au-dessus de lui qui donnait sur les toits de Vienne, savourant l’instant. Il les rouvrit en entendant la voix de Lucifer. Celui-ci était penché au-dessus de lui, uniquement vêtu du moelleux peignoir de L’Amauris. Son talisman pendait au bout de son cou.

— Veux-tu que je te lave les cheveux ?

Le Prince déchu lui décocha un regard soupçonneux qui lui fit lever les yeux au plafond.

— Haziel, j’entrevois quels luxurieux échos tu as entendu à mon propos – et ils sont vrais pour la plupart – mais je sais me tenir. Même avec le joyau de la Création entre les mains.

— N’est-ce pas toi le joyau de la Création, Lucifer ? le taquina le déchu.

— Satan. — Mais il n’y avait pas la hargne habituelle dans sa correction. — Et je ne voudrais pas que tu me trouves prétentieux, mon glorieux archange, mais si c’est toi qui le dis…

Haziel pouffa. Lucifer prit ça pour un signe d’approbation. Il s’agenouilla derrière lui. Les bulles avaient éclaté, laissant apparaître le corps humanisé de l’archange. Même sous cette forme, la cicatrice que lui avait laissée le Huitième Jour ornait son flanc. Lucifer sentit sa gorge se serrer. Il fit couler de l’eau sur la chevelure noisette, si fade comparée à sa couleur réelle. Il passa ses doigts dedans, comme il avait rêvé de le faire depuis qu’il l’avait vu, au Purgatorio.

— Le temps n’a rien altéré de leur délicatesse.

Haziel, qui avait retenu son souffle, expira doucement. Il se rappelait le soin avec lequel son Étoile du matin les brossait, avant. Le soir ou le matin, en parlant de ce qui s’était passé ou de ce qui était à venir. Des fois, il fredonnait juste.

— Tu aurais vu l’état dans lequel ils étaient quand je suis arrivé sur Terre… L’humanité a tardé à inventer des shampoings dignes de ce nom.

Il n’y avait qu’une chose à répondre à ça. Lucifer retint les mots dans sa bouche, pendant qu’il frottait ses cheveux. Ils finirent tout de même par franchir ses lèvres, car ils n’avaient été que trop repoussés.

— Je t’aurai traité comme la sublimité que tu es, si tu étais resté à mes côtés. Je t’aurai donné tout l’amour que tu mérites, jusqu’à la Fin de Tout.

— Je le sais, Luci. Je le savais à l’époque, je le sais maintenant, et je le saurai encore quand Tout finira.

Haziel n’en avait jamais douté, tout comme Lucifer n’avait jamais douté de l’inverse non plus. C’était de cette foi absolue envers lui que le Diable tenait la force de ne pas succomber totalement aux abîmes de l’Enfer. Mais Lucifer avait besoin de le lui dire. Il n’avait pas su à l’époque, quand Haziel l’avait quitté. Leur tragédie était là. Par amour, ils étaient prêts à tout se donner. Sauf renoncer à leurs idéaux. Lucifer devait faire son deuil et l’accepter. Tout comme Haziel n’avait pas à l’attendre en vain. Il l’avait compris pendant cette journée à ses côtés. Il lui rinça les cheveux.

— Tu ne me reviendras jamais, n’est-ce pas ?

— Non. Tout comme tu ne me rejoindras jamais sur Terre.

Haziel avait posé sa main sur sa joue. Tête penchée en arrière, il le dévisageait avec toute la tendresse de la Création. Il arrivait même à lui sourire. Cette vision transperça Lucifer, plus que n’auraient su lui faire toutes les épées enflammées du Paradis. Il serra sa main par-dessus la sienne.

— Serait-ce trop mélodramatique si je te disais que devenir un ange et chuter était un bien faible prix pour pouvoir te rencontrer ?

— Je ne sais pas. Serait-ce trop mélodramatique si je te répondais que je laisserai mes ailes s’embraser chaque jour et chaque nuit, plutôt que de ne t’avoir jamais connu ?

Il réussit à faire sourire Lucifer, aussi. Quelle chance d’avoir été créés. Pour la première fois depuis trop, trop longtemps, il se sentit reconnaissant de ce qu’il avait. C’était une vague qui le traversait de part en part.

— Je ne peux t’empêcher de dire la vérité, mon archange.

Il prit les doigts de Haziel entre les siens et porta le dos de sa main à ses lèvres. Les gardant toujours, il tira sur ses cheveux, juste assez pour lui faire pencher la tête sur le côté, afin de dégager sa nuque ambrée. Pieusement, il l’embrassa. Moins pieusement, sa bouche dériva, jusqu’à la naissance de son cou, puis jusqu’à la rondeur de l’épaule, chaque baiser plus avide que le précédent. Les yeux du Prince déchu étaient à nouveau clos. Il exhalait de sa bouche des soupirs suaves. Sa peau frissonnante prenait par endroit des nuances grises, la queue du Diable pointait dans son dos. On toqua à la porte bruyamment. Haziel sursauta si fort que son épaule heurta le menton de Lucifer. Sa peau retrouva aussitôt une couleur plus humaine. Ce qui lui restait de facultés reprit le dessus.

— Ce doit être le room-service.

Le Diable se leva en se frottant la mâchoire douloureuse. La seule raison pour laquelle il ne réduisait pas l’hôtel en cendre et tous ceux qui s’y trouvaient était l’être en train de se baigner.

— Je vais le maudire si fort que ce sera entendu jusqu’au Paradis.

— Après avoir récupéré mon repas, je te prie.

Haziel s’enfonça sous l’eau, comme pour s’y noyer avec son moment de faiblesse. L’homme du service d’étage s’évanouit littéralement de terreur devant les flammes qui brûlaient dans les yeux du Diable. Il eut le réflexe de récupérer le plateau avant qu’il ne tombe. Il le posa sur la table, après avoir refermé la porte sur l’employé inerte. Haziel arriva, en peignoir aussi et les cheveux trempés. D’un regard échangé, il fut tacitement décidé que ce qui s’était passé dans la salle de bain resterait dans la salle de bain. Le temps que Haziel se nourrisse, Lucifer alla prendre l’air de la nuit sur le balcon. Il serra la balustrade si fort que les jointures de ses mains blanchirent. Il remarqua que la position des étoiles dans le ciel n’était pas la même qu’à Florence. Il se concentra là-dessus, plutôt que sur le souvenir délicieux de cet instant où les défenses étaient tombées. À présent qu’il avait la certitude qu’ils se retrouveraient au crépuscule des temps, l’Apocalypse, pour la dernière guerre, il savait que si Haziel lui redemandait de partir, il le ferait, sans regrets. Il espérait qu’il ne le fasse pas.

Sur le lit se trouvaient trois housses de rangement, que Haziel avait fait livrer avant leur arrivée. Deux d’entre elles contenaient des costumes queue-de-pie. Ce n’était pas la plus élégante des tenues inventées par l’humanité aux yeux de l’archange déchu, mais c’était celle obligatoire pour les hommes désirant se rendre au bal. Il n’avait malheureusement pas eu le temps d’en faire tailler des sur-mesures, mais ils s’en contenteraient pour ce soir. Il y avait également un nœud de papillon blanc et si Haziel, habitué à des siècles de mondanité, arriva à le nouer sans mal, ce ne fut pas le cas de Lucifer.

— Quelle idiotie ! Pourquoi étrangler son cou dans un morceau de tissu, quand la Création a tant de trésors ?

— Laisse-moi faire.

— Non. Cette tenue est ridicule.

Les lèvres pincées tant il se retenait de rire, le Prince déchu le regarda jeter le nœud. Lucifer ouvrit la troisième house. Il eut un bruit appréciateur devant la robe qu’il en sortit. Les femmes avaient bien plus de choix en matière de code vestimentaire et si Haziel ne trouvait pas ce genre de vêtements pratiques pour se battre, il en avait tout de même pris une pour lui, connaissant son amour pour la beauté. Pour le Diable, il avait choisi une longue robe de bal en tulle de soie aux manches courtes, d’un rouge cramoisi. Celui-ci l’enfila sans tarder. Les jeux de lumière sur le tissu donnait l’affriolante et fausse impression qu’à chaque mouvement, son corps se dessinerait en dessous.

— Ce vêtement est déjà plus digne de ma grandeur, se rengorgea Lucifer.

— Et je suppose que tu trouveras aussi cette parure plus à ton goût.

Par prévoyance, Haziel avait fait livré des bijoux au cas où son choix se porterait sur la robe plutôt que le costume. Il accrocha au cou dégagé par le col Bardot un rang de perles tahitiennes, dont le vert rappelait la mer infernale et deux autres à ses oreilles. Lucifer effleura songeusement l’une d’entre elle du bout des doigts.

— Jamais je n’ai pu m’ôter de l’esprit l’or de tes yeux, mais j’avais oublié jusqu’au lustre des perles.

— N’est-ce pas gênant si ton talisman est apparent ?

Haziel se rendait compte qu’il avait oublié ce détail. Il prit la cloche dans sa main. Pour une pierre, elle était anormalement chaude.

— Il n’est guère visible des mortels, lui expliqua le monarque.

Rassuré, Haziel recula d’un pas pour l’admirer. À chaque époque, ses armures de combat. Et si l’ancienne Étoile du matin allait définitivement éclipser toutes les humaines présentes, de l’avis de l’archange déchu, cela ne valait guère le peignoir de tout à l’heure. Les mains de Lucifer frottant ses cheveux, ses lèvres parcourant sa peau, les rires et la douleur partagés, et même ces longues heures sur la route, tout ça lui semblait déjà si loin. Il aurait aimé avoir le temps de pouvoir réfléchir à tout ce que la présence de Lucifer sur Terre remuait en lui. Mais le temps qu’il avait eu pendant des millénaires lui manquait à présent. Il ne pouvait que courir d’un point à l’autre, derrière ses fichues larmes qu’il ne pouvait même plus verser. Chaque foulée le rapprochait un peu plus du départ de celui qu’il aimait. Départ qu’il réclamait de lui-même, pour ne pas risquer de voir à nouveau terre et ciel brûler à cause d’eux. Et pourtant, il se sentait terriblement hypocrite, avec ses principes et ses devoirs chevillés au corps. Au fond de son être, ça lui paraissait un peu moins, toujours un peu moins important, si ça lui permettait de grappiller un peu plus, toujours un peu plus, de temps à ses côtés. Il eut une petite moue.

— Je te préférais nu et drapé de lumière, mais ça fera l’affaire. Allons-y.

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2 Comments

28 days ago
Oupsi, un petit restant de code ici :D
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27 days ago
Merci de me l'avoir signalé :D
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