Lucifer passa la nuit à la fenêtre, à contempler le ciel. Les étoiles ne brillaient pas en Enfer, la Lune et le Soleil non plus. Pour la première fois depuis la Chute, il les revit, et c’était comme revoir de vieilles amies. Il se souvint du Quatrième Jour, lorsqu’il était parmi elles. Il se rappela de ses promenades dans le firmament, où il disparaissait à l’aube, dans la lumière et la chaleur du Soleil, pour reparaître au crépuscule, dans la lueur et la froideur de la Lune. Mais un jour, il s’était lassé de briller et de se promener. Il voulait autre chose. Il voulait que sa vie soit expériences et découvertes. Cette envie, désir, faim, fureur, ambition, avidité, langueur – que les autres appellent ça comme ils le souhaitaient – le consumait tant qu’il en étincelait plus fort que tous les autres astres du Ciel, allant même jusqu’à éclipser Soleil et Lune. Alors, Sa Déité l’avait remarqué. Alors, On avait fait de lui un ange, puis un archange. Alors, Lucifer avait rencontré Haziel. Alors, il avait eu la certitude qu’il était né pour l’aimer et être aimé par lui. Alors, ils avaient chuté. Alors, Haziel était parti.
Lucifer aurait pu frapper à la porte de l’archange déchu. Il aurait pu lui mentir, lui susurrer à travers la porte toutes les belles paroles que Haziel voulait entendre, jusqu’à ce qu’il la lui ouvre. Il était le Diable après tout, il était bon dans ce domaine. Il aurait pu l’avoir, au moins pour une nuit, et ramener avec lui le souvenir de cette victoire en Enfer. Mais sous la satisfaction, il y avait des victoires qui avaient des goûts de défaites. Il était donc resté là, sur cette méridienne, les yeux levés vers les étoiles, à les écouter bruire d’un chant que personne, même parmi les anges, n’entendait. Il ne comprenait plus leur mélodie depuis bien, bien longtemps, mais ça ne changeait rien. Elle restait un des plus bruits de la Création. Puis, lorsque la nuit s’éclaircit, lorsque le bleu devint orange, et que les astres disparurent pour laisser place à l’aria du Soleil, il s’en alla.
Dans les rues de Florence, Lucifer vit le Soleil se lever. Ses larmes coulèrent et des fêtards se crevèrent les yeux pour que cette image soit la dernière qu’ils voient. Il marchait et sur son passage, les gens blasphémèrent dans des langues inconnues jusqu’à s’asphyxier. Il se pencha par-dessus un pont pour voir l’Arno couler et sourit. Des enfants en sortie y poussèrent leur instituteur et lui jetèrent leurs sacs sur sa tête pour l’empêcher de remonter. Il longeait le fleuve et une mère déjeunant avec sa famille se défenestra, s’écrasant à ses pieds. Il ramassa le pain qu’elle tenait dans sa main encore chaude et s’assit sur un banc de la Piazza della Signoria. Il donna le pain aux pigeons et des touristes se jetèrent sur eux pour les dévorer crus. Il rit de sentir le vent sur son visage et bébés et mourants hurlèrent comme des bêtes pour ne plus entendre ce bruit.
Aujourd’hui, le Diable avait erré dans la ville choisie par le Prince déchu, et la Cité du Lys n’avait pu garder cachés tous les vices et les souillures qu’elle dissimulait sous sa beauté. Ce cyclone de péchés et de violence, qui avait Florence dans son tourbillon et pour œil Lucifer, fut visible jusqu’au Paradis.
***
Les pas de Lucifer finirent par le ramener à la demeure de Haziel, toujours absent. Après une douche, il se mit à fureter dans l’appartement, quelques chats le suivant en miaulant. Il était en train de contempler, circonspect, un monochrome bleu de Klein que jouxtait un monochrome noir de Soulages, lorsqu’il sentit une présence apparaître derrière lui.
— T’es qui, toi ?
Lucifer se retourna. À quelques mètres de lui, se tenait un garçon. La vingtaine, pas plus, de longs cheveux décolorés et abîmés, des ongles à la peinture noire écaillée, les yeux d’un gris si foncé que les pupilles en étaient indiscernables à cette distance, les habits sombres et pratiques de ceux voulant se mouvoir sans peine dans l’obscurité. Son T-shirt et la peau étaient déchirés au niveau du flanc gauche, pas profondément, mais suffisamment pour que le sang ait imbibé le tissu. Il ne paraissait pas s’en soucier pourtant, trop occupé à fixer l’inconnu qu’il était avec animosité.
— Juste un ami de passage. Plus intéressant, qui es-tu, toi ?
— Sacha. Où est Haziel ?
Lucifer avança vers lui. Sacha montra les dents. Littéralement. Ses canines pointues, moins que les grands crocs effilés des buveurs de sang, étaient plus imposantes que celles des humains. Surtout, elles n’auraient eu aucun mal à lui arracher la gorge, s’il avait été d’humeur à la lui soumettre. Le Diable souriait doucement, sans s’arrêter pour autant.
— Je vois, un enfant de Mammon. Ou plutôt un de ses bâtards ?
— T’approche pas.
Du fourreau accroché à sa cuisse droite, le dhampire dégaina une dague, qu’il pointa vers lui. La position de ses jambes et de son buste apprit à Lucifer que Sacha savait se battre, et les reflets de la lumière sur la lame qu’elle était faite en partie d’argent. Mais ce qui retint principalement son attention furent les ombres qui fluctuèrent tout autour d’eux. D’où le tiraillement qu’il avait ressenti à son apparition. Le garçon était relié à cet espace gris et vide qui se glissait et séparait les différentes dimensions entre elles.
— Oh, une connexion aux Limbes… Tu dois être un descendant de Lavr.
— Tu connais mon père ?
De surprise, Sacha baissa sa garde. Peu, mais suffisamment pour permettre à Lucifer de s’en approcher encore. Il la durcit aussitôt. Le Diable pouffa.
— Bien sûr. Une âme aussi noire est tant attendue par l’Enfer. — Il passa une langue sur ses lèvres. — La tienne est un maelström de colère et de violence, mais on y trouve encore tant de lumière. Elle doit être délicieuse.
Il était assez près pour que Sacha lui bondisse dessus. Lucifer attrapa le poignet armé et le serra tout en le claquant contre le mur. La dague tomba. Tout aussi facilement, il attrapa l’autre main lorsqu’elle essaya de le frapper au visage. Sans se décourager, Sacha planta ses crocs dans le bras qui le tenait. Le sang coula dans sa bouche, et aussitôt, le dhampire le recracha en toussotant. Ça avait l’aigre-doux de la corruption et ça lui montait à la tête comme de l’absinthe pure. Lucifer avait à peine sourcillé, continuant à sourire.
— Quels mignons petits crocs tu as là. Sont-ils reliés à une glande à venin, comme ceux des vampires ?
Sentant que Sacha avait mal là où sa peau avait été entaillée, il relâcha une de ses mains pour que la position tira moins sur sa plaie. Le garçon pressa sa paume sur la blessure. La rage qui l’animait était très claire, dans le regard qu’il lui lança à travers ses mèches blondes hirsutes.
— Tu es vraiment un ami de Haziel ?
Le Diable rit, et ce fut une mélodie cristalline et enchanteresse qui sonna un peu trop agréablement aux oreilles du jeune homme. Doucement, presque tendrement, il passa son pouce sur la lèvre inférieure de Sacha, pour en essuyer le sang.
— Bien sûr. Nous avons volé et chuté ensemble. Tu peux me faire confiance, Sacha. Je ne te mentirais pas. Je peux même être ton ami aussi.
Son timbre grave était envoûtant, ses yeux de braise. Sa présence prenait tout l’espace. Sous sa poigne, le corps de Sacha se relâcha, en même temps que ses envies de violence. Le Diable sourit encore en voyant l’hésitation le gagner, la tentation de croire aux merveilles contenues dans sa voix montait en même temps que le désir. Son pouce caressa un croc, glissant sur l’effilé, avant de passer derrière. C’était bien une petite glande à venin qu’il sentait.
— Laisse-le.
Lucifer se retourna, retirant son doigt de la bouche du dhampire. Il aimait cet air sévère sur le visage de Haziel. Il l’avait senti arriver plus qu’il ne l’avait entendu, et il se demandait quand celui-ci interviendrait. Sacha se réveilla et piqua le plus gros fard de sa vie. Il profita que l’autre ait relâché sa prise sur son poignet pour lui enfoncer son poing dans le ventre. Lucifer ne put l’éviter cette fois, et il se plia sous le choc en expirant bruyamment, pendant que Sacha filait rejoindre Haziel, se campant derrière lui.
— C’est vraiment un ami à toi ? grogna-t-il.
— J’en ai bien peur. Sacha, je te présente… — Il y eut un flottement dans l’air. — Lulu.
— Lulu ? s’étonna Sacha.
— Lulu ?! s’étrangla Lucifer, qui venait à peine de se remettre du coup reçu.
— Oui, Lulu. — s’entêta Haziel. — Il va rester quelques jours chez moi. Je compte sur ta discrétion.
Les yeux de Sacha allèrent de l’un à l’autre. Il dut choisir de garder pour lui les conclusions qu’il en tirait, car il se contenta de demander.
— Et c’est un démon ?
— Aussi exquis que perspicace, sourit le concerné.
Le dhampire le foudroya du regard. L’envie de lui en remettre une le démangeait visiblement, mais sans doute se dit-il que ce n’était pas la colline sur laquelle il voulait mourir ce soir, car il tourna les talons en maugréant.
— Je suis trop claqué pour ces conneries.
De dos, il fit un signe de la main à Haziel avant de disparaître derrière une des portes. Les chats, cachés jusqu’alors sous les meubles, surgirent de partout en miaulant. L’archange déchu grimaça en voyant les gouttes de sang qu’il laissait derrière lui. Les chats les reniflèrent, avant de s’en détourner et de suivre le jeune Russe. Lucifer s’était rapproché du déchu. Il avait de nouveau l’air amusé par toute la situation.
— Quelle adorable créature. Mais Lulu ? Vraiment Haziel ?
— J’ai... paniqué. Je n’aime pas mentir.
— Tu es encore si angélique, mon doux archange, s’attendrit le monarque de l’Enfer, avant de laisser libre cours à sa curiosité.
—Que fait ce garçon ici ?
— Il m’a été confié. Je t’interdis de le corrompre.
— Je ne faisais que jouer.
Haziel ne plaisantait pas, lui. Personne ne plaisantait avec le Diable sur ces sujets.
— C’est un enfant.
— Un enfant qui a déjà tué.
— Un enfant qui peut encore être sauvé. Et il est sous ma protection.
Lucifer leva les mains en signe de reddition.
— Bien, je ne toucherai pas à sa précieuse petite âme. Pour l’instant.
Haziel hocha la tête. Mais son hôte forcé n’était pas tiré d’affaire pour autant.
— Maintenant que ce point est réglé, peux-tu m’expliquer pourquoi ma ville est soudainement devenue l’antichambre de l’Enfer ?
— J’ignore de quoi tu parles.
Haziel s’y attendait. Il marcha jusqu’au grand salon et à son immense télé. Il prit la télécommande pour l’allumer, zappant entre les chaînes nationales. Toutes parlaient des scènes de violence qui avaient secoué Florence aujourd’hui.
— Oh, cela ?
— Oui, cela. Le Purgatorio a reçu toute la journée des appels de déchus inquiets pour savoir si nous devions nous préparer à recevoir une attaque infernale. Et si eux sont dans cet état, les anges doivent être sur le pied de guerre.
— Je suis seulement sorti.
Il était clair que Lucifer n’avait cure de ce qu’il venait de lui montrer. Haziel se pinça l’arrête du nez en inspirant profondément. À vivre parmi les humains, il avait pris certaines de leurs mimiques.
— Je ne t’ai laissé seul que quelques heures.
— Pendant lesquelles j’ai pu parcourir la Création. Il y a beaucoup de chiens et de pigeons maintenant.
— Il y en aura moins si Michel et ses armées rasent la ville.
— Je ne laisserai jamais cela arriver.
Lucifer posa une main sur son bras. Il était devenu le Diable, et parce qu’il était devenu le Diable, ils avaient tous les deux pris des chemins différents. Il jugeait toujours que Haziel méritait bien, tellement, mieux, que de se débattre sur Terre pour les rejetés et fuyards dont anges et démons se foutaient. Mais c’était la vie qu’il s’était choisie. Le monarque de l’Enfer n’avait pas été perverti au point d’ignorer que sa conduite envers l’être qu’il aimait avait été exécrable. Et s’il avait chuté, il ne voulait plus tomber encore plus bas.
— Je sais que tu ne veux pas de moi sur Terre. Que tu ne m’acceptes que parce que je t’y ai forcé, que je me suis comporté comme si j’avais tous les droits sur toi, que je ne t’ai donné aucune raison de me faire confiance. Mais je ne laisserai rien ou personne détruire ce que tu as bâti, aussi petit que ce soit.
Haziel soupira, avant de frôler sa main de la sienne. L’ombre d’un sourire se dessina sur ses lèvres.
— Excuses acceptées.
Lucifer retira sa main, irrité.
— Je ne me suis nullement excusé.
— Je sais. Tu es le Diable. Je les accepte tout de même.
Haziel pouffa devant sa tête, et sous ses mimiques outrées de Prince de la Vaine Gloire, Lucifer fut bouleversé de la facilité avec laquelle il l’avait accepté pour ce qu’il était devenu. Et la pensée, celle qui avait traversé un jour la tête de tous les humains devant la grâce de la personne aimée, traversa la tête du Diable : il ne le méritait pas. L’archange déchu s’étira.
— Je vais me préparer à manger. Veux-tu quelque chose ?
— Non.
— Peux-tu alors nettoyer le sang laissé par Sacha, s’il te plaît ? Ce garçon va finir par te retrouver bien plus tôt qu’il ne l’aurait voulu, s’il continue ainsi.
— Me demandes-tu à moi, Monarque de l’Enfer, de faire ton ménage ?
— Oui. Tu trouveras tout ce qu’il te faut par là.
Il aurait fallu inventer un nouveau mot pour décrire le niveau d’indignation de Lucifer - indignation qui ne cachait rien cette fois, si ce n’était la certitude que de telles trivialités n’étaient pas pour un être tel que lui - lorsque Haziel, désormais tordu du rire, lui indiqua la buanderie. Il en rajouta une couche.
— Certaines humaines trouvent ça très désirable, quand leur partenaire passe la serpillière.
— Leurs hommes doivent être incroyablement médiocres. Et je suis déjà l’être le plus désirable de toute la Création.
— Même devant ton Prince de la Luxure ?
— Surtout devant mon Prince de la Luxure.
Se drapant dans sa dignité, Lucifer prit tout de même la direction de la buanderie.
— Tu sais, ce n’est pas tant que je ne veux pas de toi ici, que c’est incroyablement étrange et douloureux, après tout ce temps.
Il s’arrêta une seconde, pour signifier à Haziel qu’il avait entendu et compris. C’était un bon résumé de leur situation. Mais ce n’était pas non plus la douleur la plus désagréable qui soit.
Pour eux deux, Haziel avait fait cuire une quatre-fromages surgelée et éclater un bol de pop-corn sucré. Pour Sacha, il avait préparé des sandwichs accompagnés d’une pomme, qu’il avait déposés devant sa porte. L’archange déchu ne se mêlait pas de ses affaires, peu importe le nombre de jours pendant lesquels le dhampire s’était absenté ou l’état dans lequel il revenait. Mais ça ne l’empêchait pas de veiller à ce que chez lui, le garçon trouvait toujours de quoi se nourrir et se soigner, pour reprendre des forces jusqu’à la prochaine fois. Ce qui avait commencé comme un devoir était devenu un plaisir. Lui qui évitait de s’attacher aux mortels aux vies si courtes, il s’était entiché de ce garçon. Il avait cette rage de vivre qui lui rappelait Lucifer.
Lorsqu’il revint au salon, avec leur plateau, le sol était propre et le Diable assis dans le canapé, devant une chaîne musicale qui diffusait de la pop insipide. Mais quelle musique ne le serait pas, après avoir connu le chant des étoiles et les chœurs célestes ? Il posa le plateau sur la table basse.
— Tu aimes ?
— J’ai connu des pleurs de damnés plus mélodieux.
Il s’assit à ses côtés tandis que Lucifer s’intéressait à la nourriture ramenée.
— Qu’est-ce donc ?
— Ça, de la pizza, et ça du pop-corn. Les humains aiment bien en manger devant la télé.
Le Diable prit d’abord quelques grains de maïs soufflés entre ses doigts. Il croqua dedans, avant d’en laisser un fondre sous sa langue. Puis ce fut autour de la pizza, se laissant surprendre par le long fil de fromage qui se forma.
— C’est... acceptable.
Tellement qu’il se resservit. Haziel repassa sur une chaîne d’infos en continu. Le bandeau parlait encore de Florence. Prenant aussi une part de la quatre-fromage, il informa Lucifer.
— Mes larmes seraient à l’Église Noire des Mouches.
— Belzébuth, donc.
L’archange déchu aurait juré avoir aperçu les feux de l’Enfer dans ses iris gris.
— Grâce à mes relations, j’ai réussi à me faire inviter à l’Opernball de Vienne, où nous devrions rencontrer un homme pouvant nous indiquer sa localisation. Il a lieu demain soir, et tu m’accompagnes.
Il était inenvisageable de le laisser seul après la catastrophe qu’il avait causée aujourd’hui. L’accompagner coulait aussi de source pour Lucifer, mais parce qu’il ne comptait plus lâcher Haziel jusqu’à la fin, maintenant qu’il avait vu ce qu’il voulait voir.
— Évidemment.
Pas de questions inutiles. Lucifer n’avait pas besoin de savoir quel levier Haziel avait dû soulever et il ne le demanda pas. Chacun ses propres affaires. Il s’intéressa plus à la raison pour laquelle l’archange déchu coupa soudainement la télévision.
— Que fais-tu ?
— Je te fais découvrir le Septième Art de l’Humanité.
Hazirl lança Everything Everywhere All at Once. Le choix n’était sans doute pas innocent, mais Lucifer était trop concentré sur l’être à côté de lui pour saisir le message. Haziel qui mangeait, souriant à certains passages dont l’humour lui échappait. Haziel qui faisait attention à ce que leurs mains ne se touchent pas lorsqu’il se servait du pop-corn. Haziel qui lui lançait des coups d’œil en détournant vivement les yeux lorsqu’il était pris sur le fait. Haziel qui baillait de plus en plus au fur et à mesure que le film défilait. Haziel qui finit par s’assoupir contre l’accoudoir de son canapé. Lucifer se leva et souleva délicatement l’archange déchu, comme la chose la plus précieuse qu’il était pour lui. Sa tête se posa contre son épaule. Endormi, il avait l’air bien plus apaisé qu’il ne l’avait été depuis l’arrivée du Diable sur Terre. Lucifer se gorgea de cette vue jusqu’à plus soif. Il le porta ensuite jusqu’à la porte aux cygnes noirs, puis jusqu’à son lit. Il le déposa au milieu et le contempla. Fut un temps, Lucifer avait cru que les jours à se réveiller et s’endormir à ses côtés seraient éternels. Cela ne serait peut-être plus jamais le cas. Il se pencha et dégagea le visage de Haziel de la mèche qui le barrait. Puis Lucifer alla s’asseoir sur la méridienne, à la fenêtre. Les étoiles étaient revenues.