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1 - Prologue
2 - Chapitre Un : Purgatoire & retrouvailles
3 - Chapitre Deux : Vieux couple & jeunes chats
4 - Il y a longtemps : Entre la Chute & Florence
5 - Chapitre Trois : Insomnie & sorcière
6 - Chapitre Quatre : Ciel & Dhampire
7 - Chapitre Cinq : Roadtrip & baignoire
8 - Il y a longtemps : Le Neuvième Jour
9 - Chapitre Six : Bal & jet privé
10 - Chapitre Sept : Humaines & départ
11 - Chapitre Huit : Mouches & désappointement
12 - Chapitre Neuf : Archidémon & archange
13 - Il y a longtemps : La Chute
14 - Chapitre Dix : Inquiétudes & plan
15 - Chapitre Onze : Haziel & Lucifer
16 - Chapitre Douze : Astre & Las Vegas
17 - Chapitre Treize : Cage & damnés
18 - Il y a longtemps : Quelque part après le Neuvième Jour
19 - Chapitre Quatorze : Confrontation & bazooka
20 - Chapitre Quinze : Pâquerettes & trous noirs
21 - Chapitre Seize : Jugement & couronne
22 - Chapitre Dix-Sept : Epée & larmes
23 - Il y a longtemps : Avant le Huitième Jour
24 - Chapitre Dix-Huit : Trompette & révélation
25 - Chapitre Dix-neuf : Au revoir & faveur
26 - Epilogue
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Chapitre Dix : Inquiétudes & plan

En attendant le retour du propriétaire des lieux, Phistophélès et Satan discutaient autour du bar du Purgatorio, fermé en journée, lorsque Sacha avait surgi devant eux. Le temps de comprendre que Haziel était menacé par un ange à six ailes, et ils étaient dehors, se précipitant vers la place où le garçon avait dû l’abandonner. Ils tombèrent sur lui dans la rue, alors qu’il revenait tranquillement vers son club. Il avait jugé préférable de garder sa forme angélique, s’étant fait prendre par surprise deux fois en moins de douze heures, maintenant une illusion pour tromper les humains.

— Haziel !

Ils l’entourèrent. Phistophélès le plus visiblement paniqué des trois, avait poussé un puissant soupir de soulagement en le voyant en vie et en bon état. Lucifer s’était rappelé de l’effroi qui l’avait saisi quand, il y a des Jours de cela, il l’avait vu étendu sur le champ de bataille, son sang se répandant sous lui. Réaliser que rien de tel ne s’était reproduit calma aussitôt son bouillonnement intérieur. Il le saisit par ses avant-bras, avec une rudesse égale à la peur ressentie.

— Était-ce Michel ?

Haziel hocha la tête. Lucifer le lâcha, échangeant un regard avec Phistophélès, qui remettait en place d’une main fébrile les mèches s’étant échappées de son chignon pendant leur course. Celui-ci s’excusa presque de ne pas avoir pu être là pendant la confrontation :

— Sacha nous a prévenus, nous sommes venus aussi vite que nous avons pu.

Le dhampire était resté un peu à l’écart des trois autres. En entendant le nom de Michel, il avait compris pourquoi Haziel l’avait écarté. L’archange Michel, Prince de la Foi, Général des légions célestes, Soldat de Dieu, tueur de dragons à ses heures perdues. Il n’aurait vraiment rien pu faire s’il avait décidé de s’en prendre à Haziel. Il ne sentait pas de sang frais émaner de l’archange, ce qui le soulageait. Cependant, ça n’atténuait en rien sa honte d’avoir dû l’abandonner ainsi. Il demanda tout de même, tandis que l’attention de Haziel se portait sur lui.

— Tu vas bien ?

— Oui, Sacha. Je vais bien. Il voulait seulement discuter.

Il lui souriait gentiment. Il ne lui en voulait pas de lui avoir obéi, au contraire, il avait eu la seule réaction à avoir si Michel s’était effectivement montré plus hostile qu’il ne l’avait été. À part Lucifer, il doutait qu’il y ait d’autres êtres capables de lui tenir tête en combat singulier, même parmi les autres Princes célestes. Le Diable saisit entre ses longs doigts une des plumes de son aile brisée, la soulevant. Haziel grimaça de douleur et écarta sa main d’une tape sèche. Lucifer essayait de ne pas fulminer trop ostensiblement, mais le flamboiement rougeâtre dans ses iris le trahissait.

— Ce n’est pas précisément ce que j’appelle aller bien. Qui t’a fait cela ?

— Allons chez moi. Nous avons beaucoup à parler.

***

Dans le salon et une fois les chats enfermés dans leur salle de jeu, Sacha était parti préparer des boissons pour tout le monde. Haziel s’était laissé tomber dans son canapé, à demi allongé contre l’accoudoir. Lucifer s’était assis dans le fauteuil à côté, avec la même prestance que s’il avait posé son postérieur sur son trône. Phistophélès s’était installé dans celui en face. L’archange déchu racontait leurs aventures sur l’île de Stromboli.

— L’Église était bien là. Mais les fidèles nous y attendaient. Herr Jaeger a dû les avertir.

— Ce petit tas de fientes. Les géhennes de l’Enfer seront encore trop douces pour lui, gronda le Diable.

Sacha arriva à ce moment-là, un plateau entre les mains qu’il posa sur la table. Thé noir chinois aux pétales de rose pour Haziel, café moulu éthiopien pour Phistophélès, whisky vieilli en fût japonais pour Lucifer et poche de sang O+ italien pour lui.

— Ton trésor n’y était pas. Tronche-de-mouche a dû les déplacer. Il…

Lucifer le coupa aussitôt, prenant le verre que lui tendait le jeune.

— Belzébuth était présent ?

Phistophéliès se tourna vers Haziel après avoir accepté sa tasse avec un signe de tête en remerciement.

— Est-ce lui qui t’a blessé ?

Pour une fois, Haziel eut un sourire sauvage, qui n’aurait pas dépareillé en Enfer. Il se redressa pour prendre son mug.

— Merci Sacha. Oui. Mais comme disent les humains, il ne l’a pas emporté au Paradis.

Sacha ricana en s’asseyant à l’autre bout du canapé. Lui aussi était très énervé contre l’archidémon, mais pour une autre raison. Il planta sa paille dans la poche.

— Il a dit que ma tutrice s’était trompée. Mais ma tutrice ne se trompe jamais.

— Je le sais. Sa réputation n’est plus à faire. Si ce n’est pas elle qui s’est trompée, c’est que quelqu’un les a déplacés. Mais je ne pense pas que Belzébuth les ait encore.

— Comment cela ?

— Il m’a dit ne pas les avoir. Je le crois.

— Tu fais confiance à un archidémon ?

Phistophélès le dévisageait bizarrement, à croire qu’il doutait soudainement de son équilibre psychique. Haziel en conçut une légère vexation.

— Je suis peut-être un piètre menteur, mais je sens encore lorsque quelqu’un ne me dit pas la vérité. Il ne mentait pas. Il n’a pas dit ne les avoir jamais eues en sa possession toutefois.

— Cela voudrait dire qu’il n’agit pas seul, comme je commençais à le soupçonner.

Lorsque Sacha était venu les trouver au Purgatorio, Lucifer était arrivé depuis même pas une heure. Il était resté en Enfer le temps de rassurer ses sujets et de s’assurer qu’aucune menace directe ne le menaçait. Belzébuth s’y comportait comme à son habitude. Haziel reposa son mug, soucieux.

— Il s’est passé quelque chose pendant que tu étais en Enfer ?

— Quelqu’un a propagé parmi mes armées la rumeur que nous nous apprêtions à repartir en guerre ouverte contre le Paradis.

Les deux déchus blêmirent. Haziel se rappela les dernières paroles de l’archange de la Foi avant de repartir. Il murmura :

— Si Michel l’apprend...

— Ça craint tant que ça ?

Sacha les regardait sans comprendre les raisons de leur émoi. Il lui avait paru, en écoutant les discussions au Purgatorio, que la guerre entre les anges et les démons ne s’était jamais vraiment arrêtée. Phistophélès lui expliqua obligeamment.

— Ça peut être ni plus ni moins que le début de l’Apocalypse.

Le dhampire se renfonça dans le canapé, terminant de boire son sang en silence. Face à de tels enjeux, il se sentait un peu nul, avec ses daddies issues. Il n’aimait pas trop ça. Le bartender reprit la parole.

— Que te voulait Michel d’ailleurs ? Te parler de ce qui s’est passé à Florence ?

— Je crois qu’il me soupçonne de pactiser avec Lucif…

— Satan.

Le Diable l’avait coupé, mais avec cette lassitude que l’on pouvait développer face aux causes perdues. Phistos l’ignora dans un gloussement sardonique.

— Je me demande bien où il est allé imaginer ça.

Ça lui valut un regard noir de Lucifer. Le démon déchu jugea plus prudent de faire comme Sacha et de finir de boire son café sans plus parler, pendant que Lucifer expliquait à Haziel :

— La petite Lilith a renforcé le talisman. Et je crois que cela fonctionne, aucun humain n’a hurlé sur ma route tout à l’heure.

— C’est déjà ça. Mais pourquoi penses-tu que Belzébuth n’est pas derrière la rumeur ?

— Tout le monde sait que Belzébuth veut ma place, il s’en cache encore moins ces derniers siècles. Personne ne le croirait si lui ou un des siens lançaient ce genre d’informations. Ce qui veut dire...

— Qu’il y a un autre traître dans ton cercle proche. Ou plusieurs.

La conclusion de Haziel fut accueillie dans un lourd silence. Le Diable actuel avait ses défauts, certes, mais il n’était pas inutilement cruel et veillait à maintenir un semblant de paix en Enfer et avec le Paradis. Personne sur Terre n’avait d’intérêt à le voir être remplacé. Encore moins les déchus avec qui il avait conclu un pacte de non-agression. Lucifer posa son verre vide sur le plateau.

— J’ai ordonné à Bélial d’enquêter sur cette rumeur. Nous avons trop d’intérêts en commun pour qu’il ne me trahisse. J’ai aussi demandé aux Lilith, Asmodée et Samaël de rester vigilants. La Luxure n’aurait rien à gagner dans une guerre et Samaël et Lilith sont à mon service depuis le début. Ce sont bien les seuls en qui j’ai confiance.

— Tu comptes tout de même rester sur Terre ?

Haziel était bien le plus alarmé par cette nouvelle. Il savait que certains archidémons ne lui avaient jamais pardonné sa défection et d’avoir inspiré d’autres à le suivre. Il n’était pas sûr de survivre, si les rênes de l’Enfer changeaient de main. Plus grave encore, il n’était pas sûr que les siens soient épargnés. Et pire que tout, Lucifer n’abandonnerait jamais son trône sans se battre. Il avait confiance en sa puissance, mais il était immortel, pas invincible. Ils avaient tous les deux survécu à la Chute, ce n’était pas pour le perdre aussi stupidement. Le Diable eut un rictus glacé.

— Je commence à soupçonner aussi que ce vol n’était qu’un prétexte pour me faire venir ici. Donnons à ces petites souris ce qu’elles veulent. Laissons-les s’agiter jusqu’à ce qu’elles sortent de leur trou. Et alors, je les attraperai.

Et son sourire ne laissait aucun doute sur le sort qu’il leur réservait. Un ange flotta, avant que Haziel ne se leva.

— Si c’est ce que tu veux…

Tous se levèrent aussi. Phistophélès entreprit de débarrasser. Sacha s’étira tant et si bien que l’on aurait pu croire qu’il cherchait à toucher le haut plafond avec ses paumes.

— C’est cool toutes ces histoires de politique, j’ai l’impression de mater une série Netflix en direct et tout, mais c’est quoi la prochaine étape ?

— Il faudrait retourner voir Herr Jaeger. Ne serait-ce que pour lui apprendre que personne ne se joue pas les déchus, suggéra Phistophélès.

— Et il pourrait savoir où les larmes ont été déplacées, approuva Haziel, songeur.

— Ou nous pourrions le forcer à nous aider, renchérit Lucifer, vengeur.

Ce n’était pas réellement un plan, mais au moins, ils avaient à nouveau une marche à suivre. Ils verraient ce qui en découlerait. Haziel était décidé.

— Phistophélès, contacte les déchus de Las Vegas, j’ai besoin de savoir si Herr Jaeger s’y trouve toujours. Sacha, tu devrais aller te reposer, nous partons dès que nous l’avons retrouvé.

— Je peux venir ?

— Oui. Tu es mêlé à tout ça maintenant, il serait rude de t’en éloigner.

— Круто !*

Sacha leva le poing en l’air en signe de victoire, avant de partir dans sa chambre. Après un hochement de tête, Phistophélès, lui, prit la direction de la cuisine. Les deux amants se retrouvèrent seuls. Haziel referma ses ailes sur lui.

— Je ne peux pas t’aider plus, sous peine de rompre la promesse que j’ai faite au Paradis de ne pas me mêler des affaires de l’Enfer. Mais j’ai peur de ce qui pourrait t’arriver.

Le sourire de Lucifer n’était plus féroce et sanguinaire. Il était doux, de cette douceur qu’il ne réservait qu’à lui.

— Mon doux archange, ne le prends pas mal, mais je n’ai pas besoin de ton aide. Je suis le Diable. Le Diable se bat et vainc seul.

— Jusqu’au jour où une lame lui traverse le flanc, et qu’il n’y ait personne pour le pleurer pendant qu’il se vide de son sang, dans toute sa Vaine Gloire.

— N’est-ce pas le lot de toute la Création, de vivre chaque jour avec une épée au-dessus de sa tête et de mourir seul ?

Lucifer prit les mains de Haziel dans les siennes. Il caressa ses doigts.

— Je ne te demanderai pas de prendre les armes pour moi, Haziel. C’était déjà cruel de le demander à la Paix la première fois. J’ai pris mes décisions, si c’est à cela qu’elles doivent mener, qu’il en soit ainsi. Tant qu’On s’en mord les doigts de nous avoir refusé la liberté, je l’accepte.

Haziel secoua la tête, avant de la redresser, le menton et le regard fier. Et fier, il ne pouvait que l’être, d’avoir un être tel que lui à ses côtés.

— Je n’ai pas pris les armes parce que tu me l’as demandé, j’ai pris les armes parce que c’était ce qu’il fallait faire. Je les reprendrai autant de fois qu’il le faudra.

Il retira ses mains pour poser sa dextre là où se serait trouvé son cœur s’il avait été humain, et où se nichait la source de sa lumière.

— Je sais que tu n’as pas besoin de moi pour te battre. Une étoile n’a jamais eu besoin de personne pour briller. Mais te perdre, Luci, me ferait un trou ici.

Lucifer rit. Qu’ils viennent donc tous lui prendre son trône, s’ils le souhaitaient. Il avait à ses côtés l’être le plus merveilleux et le plus terrible de toute la Création. Peu importe combien de fois il chutait, comment pourrait-il se sentir perdant ? Il prit sa senestre pour la porter à ses lèvres, s’inclinant pour la lui embrasser.

— Dans ce cas, il semble encore une fois que la défaite ne soit pas une option envisageable pour moi, mon archange.

— Il est vrai que tu as vaincu avec panache, la dernière fois.

Il avait réussi à faire pouffer Haziel. Il aurait bien gardé sa main plus longtemps dans la sienne, mais il la lâcha. The show must go on.

— Je vais prévenir Samaël et la Petite Lilith de renforcer la surveillance autour de Belzébuth. Il ne nous prendra plus par surprise.

— C’est une bonne idée. Quant à moi, je vais essayer de m’occuper de ça.

Il montra son ailette qui pendait tristement sur sa tête.

*Se prononce krouta et est l’équivalent de notre cool ! ou super ! en russe.

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