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Chapter 9 - Callisto Regulus

Penelope marcha dans le jardin. La nuit était douce et l’air bien plus respirable loin de tous ces regards qui la jugeaient ou attendaient qu’elle fasse un esclandre. 

Elle était… libre. C’était la première fois qu’elle avait réellement cette sensation depuis son entrée dans le jeu. Si elle le souhaitait, elle pourrait s’enfuir là, maintenant, tout de suite. Elle pourrait être libre des dangers des Love-Interest pour ne plus être que livrée à elle-même. Et ça, elle pourrait y faire. Le seul ennui de cette idée pourtant brillante, c’était l’impossibilité de rentrer chez elle dans son monde. 

Elle devait absolument jouer le jeu, aussi déplaisant soit-il. Plus le temps passait, plus elle avait l’impression qu’elle était victime d’un pouvoir ou d’une simulation, elle n’en était pas certaine mais cela pouvait expliquer qu’elle était bloquée ici, dans cette identité à jouer à un jeu qui l’avait juste quelque peu intriguée au départ. 

Penelope souffla, resserra son châle autour de ses épaules et s’avança dans les allées du labyrinthe à la recherche de l’énergie du Prince Héritier. Elle devait gagner quelques points d’affinité. Etre seul à seule était un bon point pour commencer. Et comme ils étaient inconnus, cela ne pouvait pas mal commencer, si ? 

Se doutant de la cruauté du jeu, elle se tint malgré tout sur ses gardes. 

Elle serra les dents alors que ses pieds commençaient à la faire souffrir. Elle n’avait pas l’habitude de porter des talons. Si cela durait encore longtemps à chercher ce prince qui se faisait désirer, elle les enlèverait quitte à se salir les pieds. En attendant, elle tenta de progresser en s’appuyant un maximum sur les pointes pour soulager ses voûtes plantaires. 

Autre chose qui commençait quelque peu à l’énerver, elle n’arrivait pas à localiser le prince. C’était comme s’il avait totalement disparu. Pouvait-il se dissimuler ? Avait-il des pouvoirs ? Avec l’aura qu’il dégageait dans la salle de réception, Penelope réfléchit quelques instants à cette possibilité. 

Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas l’épée arriver. Elle sent la morsure du fer contre son cou. Elle se figea. 

— Je me demandais qui me suivait depuis tout à l’heure, commença sa voix aussi tranchante que sa lame. Mais ne serait-ce pas la folle de la famille Eckhart ? 

Il était venu par derrière le fourbe ! Il se déplaça lentement pour se mettre face à elle. Penelope fut à nouveau subjuguée par la beauté de ses cheveux d’or éclairés par les lumières provenant du palais. Quant à ses yeux, désormais, elle était dans la possibilité de les voir clairement, de beaux rubis, aussi rouge que sa soif de sang. 

— Tu es venue à ma rencontre ? s’enquit-il. Après ce qu’il s’est passé au banquet. Tu es décidée à mourir, à ce que je vois. 

Il connaissait sa mauvaise réputation, un point en moins pour elle. Mais avec sa déclaration, il venait malgré tout de mettre les scores à égalité. Deux villains petits canards dans leur famille si parfaite… 

— Dis-moi pourquoi m’as-tu suivi ? demanda-t-il. 

Non, c’était même un ordre. Penelope réfléchit à comment aborder la discussion qui ne démarrait pas du tout comme elle y avait songé. Toutefois, la menace du fer froid qui la blessait en cet instant la déconcentrait. 

Elle leva un doigt où elle concentra son Blut. Elle devina du coin de l’oeil les traits bleus de son bouclier de sang, sous ses chairs. Elle pouvait presque les dessiner de mémoire. Alors qu’elle gardait les yeux rivés dans ces deux rubis menaçants, elle apposa son doigt sur le tranchant de la lame pour l’écarter de quelques centimètres. 

Elle déglutit presque de soulagement. Elle inspira à nouveau. 

— Quelles sont tes dernières volontés ? demanda-t-il sans percevoir l’absence de peur dans ses yeux de jade. Je les transmettrai moi-même au Duc. 

— Et si, au lieu de me menacer sans me laisser le temps de respirer après cette attaque surprise, vous me laissiez me remettre de mes émotions ? demanda-t-elle d’une voix un peu dure. Quant à votre question, la réponse est simple. 

Un sourcil doré se souleva alors qu’un rictus amusé apparaissait sur ce visage féroce. 

— Ah oui ? Vraiment ? Je t’écoute. J’espère que tu réussiras à me convaincre, Demoiselle. Car j’ai horreur que l’on m’interrompe en plein milieu de quelque chose. 

Voyez-vous cela ? Eh bien, on est deux. 

— Je suis à la recherche de quelque chose de normal, répondit-elle. 

Sa réponse eut pour effet, escompté, de surprendre le Prince. 

— Quelque chose de normal ? répéta-t-il sans comprendre. Explique-toi. 

— Vous êtes un étranger. Certes le Prince Héritier mais un étranger pour moi. De l’autre côté, ma famille que je connais depuis mes douze ans m’est tout aussi étrangère. Ce n’est pas normal. Alors je recherche quelque chose de normal, un nouveau départ, une nouvelle relation. Ce n’est pas gagné vu ma réputation mais j’aurais espéré avoir une simple conversation. 

— Et qu’est-ce qui te fait croire que je souhaite avoir une conversation ?

— Aucune idée, Votre Altesse, répondit honnêtement Penelope. Ce que je sais en revanche, c’est que vous sonnez vrai. Et que vous êtes autant sur la corde raide que moi. Chacun avec ses propres problèmes et ses dangers, certainement forts différents, mais j’avais pensé que cela faisait déjà un point commun pour entamer une discussion. Même si au final cela n’aboutit un rien, vous ne pouvez pas me reprocher le fait d’avoir essayé une action aussi anodine et mondaine qu’engager une conversation. 


Elle lut alors de l’amusement sur ses traits. Un grand contraste par rapport à la menace qu’il représentait toujours. Toutefois, après avoir vu le pourcentage d’affinité clignoter et afficher “2 %”, Penelope se dit être sur la bonne voix. 


— Pourriez-vous, je vous prie, baissez votre épée. 

— Oh et si je n’en ai pas envie ? 

— Je vous forcerai à le faire, répliqua-t-elle avec un rictus amusé. 


Elle poussa un peu plus son doigt pour écarter encore la lame de quelques centimètres. Son Blut toujours actif la protégeait de la moindre coupure désormais. 


— J’aimerai bien voir comment. 

— Vous risqueriez de le regretter. Je vous le demande une dernière fois, Votre Altesse. Baissez votre épée, s’il vous plait. 

Il obtempéra à son ton un peu plus froid. 

Il ne devait probablement pas la craindre ou la prendre ne serait-ce qu’au sérieux quant à sa menace. Cela ne lui plut pas. Et comme il était le seul homme parmi les Love-Interest à partir sur une base correcte, à défaut de bonne – être menacée de se faire décapité ne peut pas être bon –, elle allait lui montrer à quel point, elle aussi, elle pouvait être dangereuse. 

Et elle avait trouvé une cible idéale pour cela. Elle fit quelque pas sur le côté et avisa le rosier qui poussait assez haut sur une arche de bois pour embellir ce labyrinthe. 

Elle fit sortir sa croix de sa manche. 


— Je vous demanderai de ne pas vous mettre dans ma ligne de mire, dit-elle lentement en y insufflant de son énergie. Il serait regrettable que je blesse le Prince Héritier qui ne prend pas les paroles d’une dame au sérieux. 

Son arc apparut, blanc et clair. Elle banda une flèche spirituelle et visa la tige d’une rose rouge magnifique. Elle tira. La rose tomba, tranchée avec une précision cinq centimètre en-dessous du bourgeon de la fleur. 

— Que… ?

Elle retint un rire léger à la surprise du Prince Héritier. Elle alla récupérer la rose et la sentit, se sachant débordante de féminité, presque vulnérable en cet instant. Toute trace de son arme avait disparu. 

— Comment as-tu fait cela ? demanda-t-il. 

Elle tourna vers lui son regard de jade. Il était surpris, un peu choqué malgré tout mais pas de façon désagréable comme elle avait pu le ressentir plein de fois par le passé quand elle assistait à un phénomène dangereux qu’elle ne comprenait pas. Au contraire, il semblait même apprécié son côté dangereux. 

Penelope le trouva encore plus attirant. Elle n’en montra rien. 

— Je suis pleine de surprises et de secrets, répondit-elle, énigmatique. 

— Tu m’en diras tant. 

Un appel à se revoir sans doute. Le lien avec cet homme dangereux était établi et elle était pour lui une énigme. Parfait. 

Elle sourit alors qu’elle s’approchait de lui sans la moindre crainte cette fois. Juste, assez sur ses gardes pour activer son Blut à temps car, soyons clair, 2% ce n’est pas suffisant pour assurer sa survie. 

— Pas ce soir, je le crains, répliqua-t-elle à regret. Si je disparais trop longtemps, mon frère me fera la morale. 


Elle montra une moue ennuyée avant d’afficher un brin d’espièglerie adressée directement au Prince. 

— Par ailleurs, puisque vous m’avez blessée ce soir, je vous dois bien le coup de la fille apeurée qui prend la poudre d’escampette devant le terrifiant chevalier armée de sa si coupante épée ! 

Elle s’inclina avec respect. 

— Merci pour ce moment réel et vrai, Votre Altesse. 

Sur ces mots, elle s’en alla sans même regarder à nouveau le pourcentage d’affinité. Elle le sentait. Il ne se cachait pas. Et de lui ne se dégageait plus aucune aura meurtrière. Il n’était que curiosité et amusement. 

C’était tout ce qu’il lui fallait. 

Alors qu’elle retournait vers l’entrée du palais pour rejoindre les autres convives, Penelope se sentit quelque peu défaillir. Des bras solides la ratrappèrent. 

— Tout va bien, Mademoiselle ? 

Elle était comme dans un brouillard. Toutefois elle crut reconnaître les traits du Marquis Verdandi, l’un des Love-Interest. 

— Je… 

— Mademoiselle ? 

Elle ne se sentait vraiment pas dans son assiette. Peut-être était-ce cette entaille à son cou ? Du poison ? Bien que peu probable au vu de la personnalité du Prince Héritier, elle ne pouvait pas non plus en être certaine. 

Ce dont elle l’était en revanche, c’était qu’elle devait être vue par un médecin au plus vite et ramenée auprès de son frère. 

— Derrick… Eckhart, réussit-elle à articuler.


Penelope se laissa aller. Pourquoi lutter si le jeu souhaitait la faire défaillir en cet instant, en particulier entre les bras du Love-Interest le plus altruiste du jeu ? Elle avait au moins la certitude d’être en sécurité entre ses bras. 

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