Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
MemepAuteure
Share the book

Chapter 8 - Banquet au Palais Royal

Penelope était à sa coiffeuse. Elle venait de recevoir une livraison. Après l’incident avec Reynold, le Duc avait pensé à apaiser son malaise et son courroux par des bijoux. Comme si on pouvait l’acheter ainsi… 

Apparemment, c’était le cas de la petite fille dont elle avait pris la place. 

Mais elle en avait profité naturellement. Elle avait fait une commande spéciale parmi quelques bijoux qui lui avaient tapé dans l’oeil. Une parure de beaux diamants bleus et blancs avec des boucles d’oreille assorties. 

Mais ce n’était pas aussi important que ce qu’il y avait dans le petit coffret de bois qu’Emilie lui avait apporté. Elle l’ouvrit lentement. La croix des Quincy était posée sur le velours, l’argent mis en valeur par le noir chaleureux du tissu. 

Penelope passa une main dessus. Le froid du métal se diffusa sur sa paume et pourtant une chaleur la cueillit en son sein au contact du symbole de son ordre. Elle sourit. Elle était à nouveau entière. 

Elle souleva la croix et y diffusa de son énergie. L’instant suivant, elle avait un long arc effilé sans fioriture. Une arme mortelle qui ne lui avait jamais fait défaut. Elle banda une flèche spirituelle pour tester la force de ses bras. Elle ne sentit aucune résistance. C’était comme si elle avait fait cela toute sa vie. 

Pleine. Entière. Redoutable. 

Mortelle. 

Celui qui viendrait lui chercher des problèmes et attenter à sa vie, elle le recevrait comme il le faudrait. 

Elle le rangea bien vite en sentant l’énergie de sa servante revenir près de sa chambre. Elle ne comptait pas révéler cet atout à moins que cela soit absolument nécessaire. Une bonne carte est une carte dont tout le monde ignore l’existence. 

Quelques coups furent donnés contre le pan de bois. 

— Mademoiselle, c’est Emilie. 

— Entre, l’invita Penelope. 

La porte s’ouvrit. 

— Du courrier pour vous, Mademoiselle. Une invitation venant du palais impérial. 

Elle lui tendit une enveloppe rouge avec un sceau de cire doré. 

— Une invitation du palais impérial ? s’étonna Penelope. 

— Oui, Mademoiselle. Au banquet pour l’anniversaire du second prince, précisa Emilie. 

Penelope récupéra l’enveloppe et la décacheta. Alors qu’elle en survolait le contenu, sa servante continua. 

— Il aura lieu demain. Monsieur le Duc Héritier demande donc à ce que vous soyez prête au plus vite. 

Penelope lui jeta un regard surpris. 

— Vraiment ? Il a dit cela ? 

Emilie hocha la tête. Elle réfléchit à ce que cette invitation signifiait. Même si elle vivait dans cette cage dorée, elle n’avait eu d’interaction qu’avec deux Love-Interest. Derrick, aka 0%, et Reynold, aka 3%. Mais il y en avait encore trois autres à rencontrer. 

Comme le jeu fonctionnait par chapitre dans le mode normal, elle jugea que cela devait être également le cas dans le mode difficile et qu’elle venait donc de survivre au premier. Le banquet d’anniversaire du second prince était donc le second et l’occasion pour elle de rencontrer le troisième Love-Interest, à savoir Callisto Regulus, le prince héritier de l’empire d’Ioka. 

Elle inspira pour se donner du courage, consciente du nombre de mort de la main même du Prince quand elle ne faisait que jouer sur son téléphone. Elle posa son regard sur sa servante. 

— Dans ce cas, mettons-nous tout de suite à l’ouvrage, lui dit-elle simplement. Il va falloir me faire toute belle. 

Les heures qui suivirent, Penelope les passa à prendre un bain et à recevoir des soins de peau importants. Quant au lendemain, elle entendit les servantes s’activer autour d’elle pour la coiffer et lui proposer les plus belles robes et atours qu’elle possédait pour l’habiller. 

Comme si elle avait besoin de tant d’attention et d’aide… 

Quand elle en eut assez, elle se leva en soupirant, vêtue de son peignoir de bain et s’avança devant elles, ignorant leur choix pour prendre elle-même une robe dans sa garde-robe. Simple, la plus sobre des robes de soirées qu’elle possédait. D’un vert sombre rehaussé de dentelle noire qui recouvrait ses épaules et son cou, sa robe mettait ses formes en valeur et contrastait parfaitement avec sa peau pâle. En choix de bijoux, elle choisit ses dernières acquisitions. 

Quand elle eut fini de s’habiller, elle se retourna et vit le regard à la fois médusé et déprimé des servantes. 

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle. 

— R… Rien, Mademoiselle, répondirent-elles en baissant la tête. 

— Dans ce cas, vous pouvez disposer. 

— Oui… 

Penelope ne s’y trompa pas. Elles étaient déçues. Mais elle n’était pas une poupée. Elle ne se laisserait pas faire. Et ce qu’elle pouvait faire, elle le ferait elle-même. 
Elle récupéra des gants de dentelle noire pour habiller un peu ses bras et se tourna vers Emilie. 

— Qu’y a-t-il ? répéta-t-elle. 

— Mademoiselle, c’est assez sombre. C’est une célébration au palais royal et… 

C’était donc cela. Sauf que tout était bien choisi. La sobriété de ses vêtements pour son bien-être personnel mais aussi pour ne pas que tous les regards se posent sur elle, la vilaine fille du Duc Eckhart. 

— Je ne tiens pas à attirer l’attention par de beaux atours. Je veux qu’on m’oublie Emilie. J’ai déjà causé bon nombre d’ennuis au Duché. N’ajoutons rien de plus sur mon ardoise. 

— C’est sage, Mademoiselle, sourit Emilie, les yeux brillants et fiers. Vous avez gagné en maturité. 

— Qui a dit qu’être enfermé dans sa chambre pendant des semaines sans possibilité de respirer le grand air était nocif pour la santé et le développement personnel ? ironisa Penelope en attrapant un châle. 

Elle le plaça sur ses épaules et offrit un sourire à sa servante. 

— Je te laisse le soin de tout ranger, dit-elle avant de sortir. 

Penelope parcourut les quelques couloirs qui la menèrent vers l’entrée de la résidence principale du Duché. Là, Derrick l’attendait juste devant un carrosse. 

— On dirait que l’isolement t’a rendu plus vivable, dit-il en guise de salutation après un brève regard pour sa tenue. 

Elle releva un sourcil. Après leur dernière altercation, il ne pouvait s’empêcher de lâcher une réplique cinglante sans même s’excuser pour l’avoir attaquée injustement. Elle leva les yeux et avisa les 6% d’affinité. 

Penelope inspira profondément pour garder son calme et surtout retenir la remarque acerbe qu’il méritait clairement. Elle ne pouvait pas se permettre de la lâcher dans l’immédiat. Le mieux encore était de l’ignorer et monter dans le carrosse. Ce qu’elle fit. 

Elle s’assit. 

— Voilà, fit-elle simplement en voyant qu’elle ne le suivait pas. 

Il était figé, la main suspendue dans le vide juste à côté de la portière. Aurait-elle dû la saisir pour qu’il l’aide à monter, peut-être ? Non, elle ne lui offrirait pas ce plaisir même si sa virilité galante s’en sentait attaquée. 

Belle. Intelligente. Calculatrice. Froide. Et indépendante. 

Il monta à sa suite et s’installa devant elle, bras et jambes croisés. Il avait fermé les yeux. Elle l’étudia quelques instants de la tête aux pieds. Il était d’une tenue irréprochable, comme se le devait le fils héritier du Duc. Toutefois, quelque chose gênait l’oeil précis de Penelope. La broche accrochée à sa cravate n’était pas tout à fait droite. 

Cela la gêna pendant les quelques premières minutes du trajet vers le palais. Si elle n’était pas si sur la corde raide avec les pourcentages d’affinité, elle l’aurait laissé ainsi à se débrouiller avec ses rencontres de la soirée mais peut-être qu’un simple geste, une petite aide insignifiante pourrait lui faire gagner un pourcent. 

Ce serait toujours un de plus de réserve dans le cas d’une urgence… 

— Mr le Duc Héritier, restez immobile. 

— Plait-il ? fit-il en rouvrant les yeux pour la regarder. 

— Ne bougez pas, ordonna-t-elle avec le regard sévère. Ou je risque de vous piquer par accident. Votre broche est de travers. 

Elle l’ajusta d’un geste adroit et précis. 

— Voilà, ainsi on ne vous regardera pas de travers, dit-elle en reprenant sa place dans le fiacre. 

Il la regarda quelques secondes, surpris. Il porta la main à sa broche. 

— Je te remercie. 

— Remettez-la de travers et je ne vous aiderai pas, rétorqua-t-elle alors avec un doigt levé. Je ne tiens pas à rester accrochée à vos basques et risquer de vous mettre dans l’embarras auprès des autres dignitaires. Je me chercherai un petit coin tranquille. 

Il la fixa quelques instants avant de détourner le regard pour regarder le paysage par la fenêtre. Le pourcentage clignota encore. 

7 %.

C’était un pourcent de plus. A grappiller des pourcents ainsi à gauche et à droite, elle se ferait une petite marge de sécurité pour pouvoir se défendre. Mais c’était tout de même curieux. D’où venaient les six premiers pourcents ? Lors de leur dernière entrevue, en compagnie du Duc, elle était bien trop furieuse pour s’y attarder. Elle n’était focalisée que sur une chose : son intégrité. Le reste… importait peu. 

Quand le carrosse arriva en ville et qu’il finit par franchir les portes du palais impérial, Penelope retint un soupir. Là, à l’extérieur, elle savait qu’elle devrait jouer la fille parfaite de la famille Eckhart. Et ce malgré la terrible réputation qu’elle devait avoir. Cela voulait dire, montrer une potentielle affection de façade à Derrick. 

Mais ce ne serait que de façade. 

Ce fut pourquoi elle accepta avec un sourire factice la main qu’il lui tendit pour descendre du carrosse. Elle le laissa également lui donner galamment son bras pour l’accompagner à l’intérieur où une voix claire et tonnante annonça alors leur arrivée. 

— Le Duc Héritier de la famille Eckhart, Derrick Eckhart, et Demoiselle Penelope Eckhart sont arrivés !


Penelope sentit soudain la prise de Derrick se serrer sur son bras. 

— Comporte-toi bien, dit-il d’une voix basse mais ferme. N’oublie pas que je n’ai levé ta punition qu’hier. Si tu refais des tiennes, je ne me limiterais pas à une mise à l’isolement. 

La menace était claire. Quel affront ! Comment osait-il ? Etait-ce ainsi que l’on se comportait avec une jeune fille ? Insultant ! Cela méritait bien un appel aux services sociaux. Hélas, c’était bien un luxe que Penelope pouvait oublier dans ce monde virtuel qui ne souhaitait que la détruire. 

Elle lui offrit un sourire tout aussi factice que le précédent. 

— Oui, j’ai parfaitement compris. Comme je l’ai dit tout à l’heure, je vais me trouver un coin tranquille pour ne pas attirer l’attention. Vous, de votre côté, évitez de toucher à votre broche, dit-elle en l’ajustant une nouvelle fois. Si quelqu’un doit être un brin de travers, je pense que cela doit être moi. Cela ne surprendrait personne. 

Elle s’écarta de quelques pas. 

— Mais je ne vous ferai pas ce plaisir, Grand Frère. 

Penelope s’éloigna d’un pas tranquille à travers la foule de nobles rassemblés dans l’immense salle de réception. Elle ne prit même pas la peine de se retourner pour aviser de la réaction de Derrick, ni même son pourcentage d’affinité. 

Normalement, il ne devrait pas trop changer. D’autant plus qu’ici, tout n’était plus que simulacre d’entente et famille. Comme toujours dans les familles nobles en milieu potentiellement hostile… 

La politique. 

Des fois, être une personne du peuple avait du bon.

Penelope s’installa à l’écart contre une colonne et attendit. Personne ne vint lui parler. Toutefois elle nota des regards à son encontre, ainsi que quelques murmures. 

— C’est elle la folle ? 

— Elle est plus calme que d’habitude.

— Ne la provoque pas. Elle est dangereuse…

Elle retint un soupir et détourna les yeux, ennuyée. Oui, elle avait très mauvaise réputation, autant que le mode normal l’avait montrée, voire même plus. 

Cependant, ils avaient raison sur un point, pensa-t-elle en avisant la croix accrochée à son poignet. Elle était bien dangereuse. Mais ils ne savaient pas encore à quel point. S’ils venaient à la provoquer et la repousser dans ses derniers retranchements, ils le découvriraient bien assez vite. Et le regretteraient. 

Soudain, le moment attendu de la soirée fut annoncé par deux coups de canne dans le marbre et la voix du héraut impérial tonna à nouveau. 


— Sa Majesté l’Impératrice et le Second Prince sont arrivés !

Penelope avisa les deux têtes blondes et bien coiffées qui venaient de rentrer et lancer un silence respectueux dans la salle. Comme les autres, elle s’inclina, plus par respect des convenances que réelle envie. Quand elle se redressa, elle fronça toutefois les sourcils. 

C’était normalement Callisto Regulus l’héritier du trône et, dans le mode normal, cela avait toujours été lui qui y siégeait. Alors pourquoi là, en cet instant, ce gringalet bien habillé, qui était de toute évidence la star de la soirée, s’y installait comme s’il était le sien ? 

— Merci à tous d’avoir pris de votre temps pour assister à mon banquet d’anniversaire, commença le Prince. Je n’ai pas préparé grand-chose, mais j’espère que vous passerez tous un bon moment. Que le banquet commen… 

Il fut interrompu par le vacarme des portes qui venaient de s’ouvrir avec fracas. Penelope ferma les yeux en retenant un soupir. Décidément, bon nombre de personnages avaient la manie de martyriser les portes pour orchestrer leur entrée… 

Elle avisa le nouveau venu. Elle se figea. Il était… beau. Ses cheveux étaient comme des filaments d’or qui flottaient dans les airs au rythme de son pas. Quant à son port fier et noble, il ne manquait pas de cette arrogance qui la séduisait toujours un peu chez un homme. Venait de pénétrer dans la salle de réception nul autre que le Prince Héritier en personne, Callisto Regulus. 

Puis, une fois la première vision de rêve admirée, Penelope se raccrocha à la réalité – autant que cela était possible dans un jeu vidéo – et observa le Prince Héritier s’avancer vers le trône. 

Il trainait derrière lui un homme blessé, ou peut-être même déjà un cadavre. Difficile à dire à cette distance et avec la facilité déconcertante qu’il avait d’avancer malgré le poids mort qu’il tirait à bout de bras. Il ne faisait pas non plus grand cas du sang sur sa tenue. Un homme d’action à n’en pas douter. Un homme qui savait se salir les mains si nécessaire. 

Un homme sanguinaire, se rappela-t-elle également pour toutes les morts de Penelope de sa main à auxquelles elle avait assistées. 

— Joyeux anniversaire, Petit Frère ! 

Sa voix était aussi claire qu’un rayon de soleil et aussi dur et ferme que de la pierre. Elle avait pourtant cette petite touche coupante, comme si on restait à jouer sur le fil de son épée. 

Un homme dangereux. Comme elle. 

— Ca… Callisto ! Prince Héritier, que faites-vous ?!

L’impératrice tremblait. Elle craignait la présence de Callisto. Etonnant. N’étaient-ils pas de la même famille. Penelope réfléchit un instant. Non, elle se souvenait alors qu’il s’agissait de sa belle-mère. Mais à part cela, elle devait avouer ne pas savoir grand-chose de ce Love-Interest. 

— Y a-t-il un problème, Mère ? s’enquit ce dernier sur un ton presque railleur. Je suis venu souhaiter un joyeux anniversaire à mon petit frère. 

— Comment oses-tu… Comment oses-tu te comporter de la sorte alors que tu n’es même pas invité ?!

Penelope releva un sourcil. Sérieusement ? Même dans le palais impérial, le principe de famille était inconnu. Quelle tristesse…

Callisto écarta les bras et se permit de rire quelques secondes avant de répondre. 

— Oh mais si, vous m’aviez invité. C’est pour cela que j’ai chamboulé mon emploi du temps et que j’ai accouru ici. Mais votre messager était… très inexpérimenté. Il a tenté de faire autre chose que de me donner l’invitation. Je me suis occupé de lui. Tu aurais du choisir un meilleur émissaire, Petit Frère. 

Même si Callisto était pointilleux dans le choix de ses propos pour ne pas causer de scandale, Penelope n’eut pratiquement aucun mal à lire entre les lignes, ou même sur le visage de l’Impératrice. Quelque chose de louche se passait entre eux. Et par louche, elle soupçonnait bien évidemment, une tentative d’assassinat. Les auras meurtrières, même soufflées par la terreur pour ce qui était de cette femme, ne trompait pas. 

Callisto frappa le corps du dit messager, qui émit une plainte, avec son épée encore dans son fourreau. 

— Si tu veux d’autres cadeaux de ce genre, continue à m’envoyer des assassins, termina Callisto avec un sourire supérieur avant de finalement sortir d’un pas tout aussi vif et princier qu’à son entrée. 

Bon, finalement il était direct. Et ce n’était pas non plus pour déplaire à Penelope. Mais cela le rendait aussi encore plus dangereux et imprévisible. Si comme avec Derrick et Reynold, le pourcentage commençait à la limite de la mort, elle devrait faire très attention. 

Mais il faudrait bien qu’elle commence un jour… 

Une lueur qui clignote attira son regard. Le système du jeu… Elle ouvrit le panneau. 

Un nouvel épisode a commencé

“Callisto Regulus, le Prince de Sang et de Fer”

Souhaitez-vous être envoyée dans les jardins labyrinthe ?

Oui ou Non

Penelope inspira profondément. 

— Quand il faut y aller, il faut y aller…, soupira-t-elle en acceptant la quête. 

Comment this paragraph

Comment

No comment yet