— Emilie.
— Oui, Mademoiselle ?
Penelope fit face à sa servante qui débarrassait sa table.
— Est-ce qu’il y a quelqu’un parmi les serviteurs qui est familier au quartier des guildes ?
— Eh bien, il y a ma compagne de chambre, hésita-t-elle. Elle a travaillé là-bas.
— Ah. Quel est son nom déjà ?
— Lena, Mademoiselle.
— Où est-elle maintenant ?
Emilie s’arrêta.
— Si vous avez une mission à donner, laissez-la moi, s’il vous plaît.
Penelope releva un sourcil à l’audace de sa servante.
— Lena est du genre à rapporter des ragots et à écouter les rumeurs de couloirs. Et elle est aussi un peu maladroite et…
— Très bien, je te laisse t’en charger. Ce sera ta chance de récupérer ma confiance.
Ses yeux bruns devinrent brillants.
— Oui, Mademoiselle. Je ferais n’importe quoi pour vous !
Penelope attrapa une pierre dans ses bijoux et y diffusa son énergie spirituelle.
— Je recherche quelqu’un capable de forger des objets particuliers selon mes plans et mes indications précises.
— Des objets particuliers ?
— Ils devront catalyser le type d’énergie contenue dans cette pierre.
Emilie la regarda étrangement avant de hocher la tête.
— Très bien, Mademoiselle. Je vais faire cela juste après mon travail.
— Je te remercie.
Quelques coups furent donnés à la porte.
— Mademoiselle, c’est Pennel.
Penelope attendit quelques secondes avant de l’autoriser à entrer.
— Un présent venu du palais impérial a été déposé.
Ne le voyant pas entre les bras du majordome, elle releva un sourcil.
— Où est-il ?
— Auprès du Duc, Mademoiselle.
— Je vois. Je te remercie, j’irai le chercher plus tard.
Penelope vaqua à ses occupations pendant encore une heure avant de descendre au bureau du Duc.
Elle frappa à la porte.
— Père, c’est Penelope.
— Entre.
Penelope pénétra dans le bureau du Duc avec calme.
— Pennel m’a informée qu’un colis était arrivé pour moi.
— Oui, confirma le Duc en se levant.
Il lui montra le paquet qui était sur la table de salon.
— Comme il venait du Prince en personne, j’ai jugé qu’il serait préférable que tu l’ouvres en ma présence. En cas de problèmes.
— Oh… je…
Penelope sourit.
— Bien sûr. Merci de vous soucier autant de ma sécurité, Père.
Elle se tourna vers le paquet.
— Puis-je ?
Le Duc hocha la tête. Ils s’installèrent devant le colis. Long et fin, il prenait presque toute la table. Elle défit le ruban qui maintenait la boîte de bonne facture fermée. Elle se figea, surprise. Un sourire naquit sur ses lèvres alors qu’elle caressait le bout vert des plumes, puis le bois de hêtre. Ses doigts glissèrent ensuite sur le bois d’aubépine poli. Elle referma sa main sur la poignée. L’arc épousait parfaitement sa paume.
Elle le relâcha pour prendre le mot qui l’accompagnait.
Lady Penelope, fille du Duc Eckhart,
Un gage de ma part suite à notre discussion, en espérant pouvoir prochainement être témoin de votre talent. Et peut-être montrer un peu vos crocs face à vos ennemis.
En espérant avoir bientôt de vos nouvelles,
Callisto Regulus
Elle se retint de pouffer tant le sous-entendu était clair par la présence de cet arc. Elle entendait presque le prince le lui affirmer alors qu’ils se faisait face dans le labyrinthe au milieu du jardin impérial.
— Ainsi, vous n’aurez plus à cacher votre talent à l’arc à votre famille. Si toutefois vous souhaitez le montrer.
Techniquement, elle l’avait déjà montré. A Reynold. Mais c’était surtout le reste, ses dons Quincy. Rien ne devait percer. Elle souhaitait garder cela pour elle. Pour sa sécurité. Et pour éviter d’être jugée.
Cependant, Penelope appréciait le geste. Le Prince Callisto l’avait écoutée et lui offrait sans la connaître une opportunité de s’épanouir et de montrer au monde qu’il ne fallait pas l’ennuyer au risque de se faire transpercer d’une flèche.
— Un arc ? demanda le Duc, surpris.
— Lors de notre dernière discussion, nous avons parlé un peu des pratiques au combat et des armes. J’ai évoqué le fait que je tire à l’arc à l’occasion.
— A l’arbalète plutôt, répliqua son père.
— A l’arc aussi, Père. Reynold ne vous l’a pas dit ?
Le Duc secoua la tête.
— Il n’a rien mentionné de tel.
— Peut-être qu’il ne souhaite pas révéler que je suis capable de toucher ma cible à cinquante mètres sans la moindre difficulté.
— Vraiment ?
— Venez m’observer à l’occasion, lui proposa-t-elle avec un sourire.
Il hocha la tête.
— J’y penserai.
Penelope fut autorisée de repartir avec son présent dans sa chambre. Elle l’installa sur une table et reprit le cours de ses pensées. Elle devait réfléchir à comment aborder Winter Verdandi quand il viendrait à elle.
Elle vit alors une notification.
Amélioration de votre relation avec la famille ducale !
Vos points de renommée ont été augmentés de cinq.
Total des points : 10
Elle sourit. C’était toujours ça de pris.