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1 - Prologue
2 - Chapter 1 - Penelope Eckhart
3 - Chapter 2 - Choix Impossibles
4 - Chapter 3 - Se Libérer du Script Prédéfini
5 - Chapter 4 - Monsieur le Duc Héritier
6 - Chapter 5 - Pennel, la Gouvernante et Emilie
7 - Chapter 6 - Reynold Eckhart
8 - Chapter 7 - La Consignée et le Pervers
9 - Chapter 8 - Banquet au Palais Royal
10 - Chapter 9 - Callisto Regulus
11 - Chapter 10 - Interlude : Derrick Eckhart
12 - Chapitre 11 - Remerciée de s’être fait coupée ?!
13 - Chapitre 12 - Un Aveu pour Derrick
14 - Chapitre 13 - Le Champ de Tir
15 - Chapitre 14 - La Première Nuit du Festival
16 - Chapitre 15 - Eckles
17 - Chapitre 16 - La Reconnaissance du Duc
18 - Chapitre 17 - Une Invitation du Prince Héritier
19 - Chapitre 18 - La Dernière Nuit du Festival
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Chapter 5 - Pennel, la Gouvernante et Emilie

Elle se réveilla en sursaut. Le rêve étrange qu’elle venait de faire, c’était un souvenir d’enfance de la pauvre Penelope. Le fameux jour où tout avait commencé, sa descente aux enfers, tout. Le Duc qui la gâte en restant distant et froid au point qu’elle ne l’appelle plus Père, Derrick qui la trouve abjecte et Reynold… Reynold… 

Eh bien, il faut bien un coupable dans l’histoire. Et qui de mieux que celui qui piège une petite fille pour la faire devenir peu à peu la vilaine de l’histoire ? Tout cela avec un simple collier. 

Quelques coups furent portés à sa porte et avant que Penelope ne puisse ouvrir la bouche, elle s’ouvrit sur le Majordome. Encore une fois, il prenait ses aises. Elle était dans son lit et aurait pu être en chemise de nuit ou nue si elle ne s’était pas endormie habillée ! 

— Mademoiselle, fit-il sans préambule. Il nous faut résoudre un problème de toute urgence. 

— Une urgence ? demanda-t-elle, confuse. 

Qu’est-ce qu’il se passait encore ? Elle n’avait rien fait si ce n’était dormir pour faire passer les maux de ventre du petit déjeuner. 

— Nous devons décider de qui sera votre servante personnelle. 

— Ma servante ? répéta-t-elle. 

Ah oui… Emilie avait été renvoyée. 

— Oui. Il faudrait vous attribuer une nouvelle servante avant le repas de ce soir, c’est pour cela que… 

Oh minute papillon ! Un problème à la fois ! Et toi, tu en es un ENORME ! 

— Attends, dit-elle en se relevant avec autant de prestance et dignité qu’elle pouvait avoir au réveil après une nuit horrible et le ventre maltraité. Majordmone, rappelle-moi ton prénom. 

Il se figea, surpris. 

— Pardon ? Pourquoi… 

— Réponds, l’interrompit-elle. 

— Je m’appelle Pennel, Mademoiselle. 

Elle eut un rictus. 

— Je vois, tu n’as pas de nom de famille. Et moi, quel est mon nom ? 

— Mademoiselle, pourquoi est-ce que… 

— Réponds à ma question. 

— Vous êtes Penelope Eckhart. 

Son sourire s’élargit un tout petit peu alors qu’elle hochait la tête. Elle s’approcha d’un pas, se grandissant un peu tout en se sachant plus petite que lui. 

— C’est ça, Penelope Eckhart. Une noble. 

Elle fit encore un pas. 

— Il me semble qu’il n’est écrit nulle part dans les règles de bienséance qu’un vulgaire homme du peuple puisse s’autoriser à entrer comme bon lui semble dans la chambre d’une noble. Mais peut-être que je me trompe… 

Il écarquilla les yeux de choc. 

— Qui plus est, un homme extérieur à la famille, qui entre sans permission dans la chambre d’une jeune fille… Que penseraient les gens, si ça venait à se savoir ? 

Le choc passa à l’effroi. Exactement ce qu’elle souhaitait. Deux fois qu’il lui avait fait le coup et cela ne devait pas être les seules. Maintenant il devait apprendre sa leçon. 

— Mademoiselle, comment pouvez-vous dire ça ?! s’écria-t-il. 

— Tu veux que j’en parle à tout le monde ? 

Il s’agenouilla. Penelope entendit presque ses genoux craquer en percutant le sol tant il s’était jeté à terre pour faire amende honorable. 

— Veu… Veuillez m’excuser, Mademoiselle ! 

Il tremblait et suait. 

— Je vous ai manqué de respect dans ma précipitation. Pardonnez-moi, s’il vous plaît ! 

Bien, il retrouvait sa place. Penelope, anciennement Nina (pas noble du tout bien que pure Quincy), le regarda avec dédain et agita la main. 

— Majordome, je ne veux plus te voir pour le moment. Si tu as quelque chose à me dire, envoie quelqu’un d’autre. D’accord ? 

— Mais Mademoiselle, il est de ma responsabilité de choisir les servante de la demeu…

— Oui, ou non. Ce sont les deux seuless réponses que je veux entendre. 

Il ferma les yeux en soupirant. 

— Oui. D’accord, Mademoiselle. 

Penelope jeta un regard par la fenêtre. La nuit tombait. Elle avait faim mais elle ne se sentait pas prête encore à manger quoi que ce soit. Elle tiendrait bien encore une nuit de plus sans manger. Au moins le pire serait largement passé. 

— Dans ce cas, pour le service de ce soir, je n’ai besoin de personne. Va-t’en. 

Il s’exécuta sans un mot. 

Penelope souffla en se rasseyant dans son lit. Comment Penelope n’avait-elle pas pensé à jouer de son statut pour se faire respecter par les serviteurs ? N’avait-elle rien appris en six ans ? Ou était-elle restée sur un système de cri de rage pour exprimer ses désaccords ? A moins que… 

— Reynold, murmura-t-elle. A tous les coups, tu as ta part de responsabilité là-dedans aussi. 

☆*☆*☆*☆*☆*☆

Elle se leva de bonne heure le lendemain matin. C’était notamment l’agitation de toutes ces énergies autour d’elle qui l’avait réveillée. Elle s’était déjà choisi une robe pour la journée. Bordeau avec des rehauts de dentelle blanche, elle avait les bras et le cou couverts. Un peu serrée, de toute évidence, comme probablement toutes ses robes. Elle devrait s’en faire faire de nouvelles tenues. Peut-être les dessiner ? Quelque chose qui la garderait libre de ses mouvements. Quelque chose de pratique. Elle soupira en la laissant sur son édredon. 

Qu’elle détestait déjà cette vie de “princesse”. Pour le côté vestimentaire bien sûr. 

A défaut d’avoir l’eau courante dans sa chambre ou un quelconque accès à une salle d’eau, Penelope se résigna à attendre qu’on lui apporte un bassin pour se débarbouiller et s’habiller. 

Elle fouilla dans ses tiroirs et trouva finalement un carnet presque vierge. Juste quelques gribouillis sur les premières pages, certaines avec des taches de larmes et des personnages bâtons qui étaient morts ou pendus. Sans le moindre doute, Penelope reconnut Derrick et Reynold. 

La petite Penelope les haïssait déjà tellement. Son coeur se serra pour elle. Seule dans une famille où tout ne devrait être qu’amour et respect… 

Elle allait l’en libérer. 

Elle était en train de faire un croquis d’une première tenue pratique mais féminine quand on toqua à la porte. 

— Mademoiselle. C’est la gouvernante en chef, fit une voix derrière la porte. 

— Entre. 

Une femme aux cheveux poivre et sel entra. Elle portait des lunettes rectangulaires et la tenue des serviteurs. Tout en nuance de noir, gris et blanc. 

— Avez-vous bien dormi ? 

— Que veux-tu ? s’enquit Penelope sans répondre à la question. 

Elle se doutait qu’elle n’en avait rien à faire. C’était déjà bien qu’elle ait attendu qu’elle lui ai donné l’autorisation pour entrer. 

— Je viens parler avec vous de l’attribution de votre servante personnelle. Dites-moi s’il y en a une qui trouverait grâce à vous yeux. Sinon, je m’occuperais de choisir quelqu’un…

— Comment s’appelait la précédente ? demanda Penelope. 

Elle l’avait déjà oublié. Elle n’était pas dans ce monde depuis assez longtemps pour tout retenir. Elle avait surtout retenu l’essentiel. 

La gouvernante leva la tête et la regarda, un peu surprise. 

— Pardon ? Vous parlez d’Emilie ? 

— Ah oui. Emilie. Elle a déjà été renvoyée de la demeure ? 

— Non, elle n’a pas été renvoyée, mais… 

Penelope fixa la gouvernante avec attention. 

— Alors qu’est-ce qu’elle fait ? 

— A cause de l’incident d’hier, elle est de corvée de lessive pendant trois mois, et son salaire sera réduit pendant cette durée. Mais pourquoi me parlez-vous d’elle ? 

Elle attrapa sa brosse sur sa coiffeuse et commença à démêler les noeuds de ses cheveux. Satanées boucles ! Elle pleurait ses cheveux lisses ! 

— Dis-lui de revenir travailler pour moi, dit-elle simplement. 

— Pardon ? 

Penelope se figea et regarda la gouvernante dans le reflet du miroir. 

— J’ai besoin de quelqu’un au plus vite. Si tu m’envoies une nouvelle servante, elle devra tout apprendre. Autant reprendre celle qui était là avant. 

Elle soupira et se tourna vers elle. 

— Envoie-la moi. Je compte sur toi. 

Elle la vit pincer les lèvres. 

— Mademoiselle, cette sanction a été infligée par votre deuxième frère, alors… 

— C’est impossible ? s’enquit Penelope. Je veux la reprendre, fit-elle ensuite d’une voix plus ferme. Envoie-la moi. 

La gouvernante s’inclina. 

— Dans ce cas, je dois d’abord demander son accord au duc. 

Décidément, personne ne l’écoutait ici. C’était comme si elle n’avait pas de statut. Pas étonnant que la Penelope pique des crises. Une enfant qu’on n’écoute pas ne peut pas faire autrement que crier. Mais au bout d’un temps, même les cris on ne les entend plus. 

Elle, elle allait leur faire entendre les choses d’une autre façon, à la fois plus directe et plus subtile. Tout en restant droite dans ses bottes. 

D’autant plus que Penelope sentait qu’il y avait là encore la suite du problème, comme si Emilie n’était qu’une petite racine et qu’elle l’avait petit à petit remonter pour rejoindre les grosses. Elle n’était plus très loin de voir le tronc. 

Elle allait elle-même parler au Duc s’il le fallait. Lui donner sa version des faits. Avec calme. Avec Reynold qui avait été témoin et qui avait déjà viré une servante, il y aurait une inspection ordonnée par le duc. Que se passerait-il s’il venait à apprendre que la Gouvernante en chef avait fermé les yeux sur les comportements des servantes envers la fille du Duc ? Elle aurait de gros problèmes. 

— Ce ne sera pas nécessaire, fit-elle en nouant ses cheveux en une épaisse queue de cheval. 

Elle attrapa son peignoir et se tourna vers la gouvernante. 

— Je vais aller voir mon père moi-même. 

— Pardon ? 

— J’en profiterai pour lui expliquer en détail ce qu’il s’est passé hier. Puis je luis demanderai qu’il pardonne à Emilie. Comme ça, tout devrait rentrer dans l’ordre. 

Elle étendit ses sens pour chercher l’énergie de son père. Elle ne le sentit pas dans le Duché. 

— Où est mon père ? demanda-t-elle. 

— Mademoiselle, le Duc s’est rendu au palais impérial tôt ce matin… 

— Ah bon ? Dans ce cas, dès qu’il rentre… 

La gouvernante se pencha.

— Je vous amène Emilie tout de suite. Je suis désolée… Ca doit être l’âge. Je n’avais pas réalisé ce que vous vouliez dire. 

Bien sûr… Tu veux surtout te protéger. Sorcière ! 

— J’espère ne plus jamais avoir à me répéter, rétorqua Penelope. Tu peux disposer. 

La Gouvernante sortit. Presque en tremblant. Elle avait peur. Comme Pennel. Jusqu’à présent personne n’avait eu peur d’elle ici. Il leur suffisait de la pousser à bout de nerf et de tout lui mettre sur le dos. Sauf que ce ne serait plus aussi facile désormais. 

Penelope n’était plus une petite fille. Elle était dorénavant habitée par l’esprit d’une adulte qui avait bien l’intention de lui offrir la fin heureuse dont elle avait droit. 

Elle n’eut pas à attendre longtemps avant de sentir l’énergie d’Emilie arriver. Et elle était là avec un plateau repas qui sentait déjà délicieusement bon. Une upgrade qui n’était pas pour déplaire à Penelope. Un steak, de la salade avec quelques radis, un citron et quelques pommes de terre. Délicieux, bien que peut-être un peu lourd pour le petit matin. Mais elle n’allait pas dire non à une si bonne nourriture après la calamité de la veille au matin. 

Elle commença à couper sa viande. 

— Emilie, va me préparer de quoi me laver pendant que je mange, demanda-t-elle. 

— Ou… Oui, Mademoiselle ! 

Elle tremblait comme une feuille. Reynold et la Gouvernante, peut-être même Pennel aussi avaient dû lui faire une certaine impression. 

Elle mangeait quelques morceaux tout en observant sa servante faire. Elle découvrit alors la cache où étaient tous les essuis et nécessaires de bain qu’elle n’avait pas trouvé la veille. Puis, Emilie sortit quelques instants et revint une vingtaine de minutes plus tard avec de l’eau chaude pour sa bassine. 

Il faudrait vraiment qu’elle puisse prendre un bain prochainement. Ou une douche. N’importe. Tant que tout son corps soit sous l’eau. 

Quand sa servante s’en attendit le moins, Penelope se leva de sa chaise et tenta un pas de hirenkyaku, qu’à sa grande surprise, elle réussit sans effort. Elle se retrouva à moins d’un mètre d’Emilie. 

— Emilie, dit-elle. 

Sa servante cria de peur et se retourna d’un bond, la main sur le coeur. Elle était terrorisée. Parfait. 

— Oui, oui Mademoiselle ! 

— Donne-moi l’aiguille. 

— Pardon ? Quelle aiguille ? 

Penelope sourit et fit un pas. Sa servante recula. 

— L’aiguille avec laquelle tu me piquais tous les matins, répondit-elle lentement. Donne-la moi. 

— Oh ! 

Elle voulait s’incliner pour s’excuser. 

— Mademoiselle ! Excusez-moi ! Pardonnez-moi, s’il vous plait  ! 

C’était presque des cris, des suppliques. C’était à fendre le coeur. Presque. Mais elle était coupable. Mais à quel point ? Une subalterne ? Un cerveau du complot ? Penelope en avait de sérieux doutes. Elle risquait sa place, elle en bas de l’échelle. Pourtant elle l’avait fait, se pensant à l’abri. 

Elle allait lui manger dans la main avant la fin de la matinée. 

— Ta cheffe ne t’a rien dit ? demanda Penelope en continua d’avancer. Ne m’oblige pas à me répéter. 

— Ma… Mademoiselle… 

— Dépêche-toi. 

Emilie leva les mains à ses cheveux. Elle récupéra l’aiguille dans son chouchou. Décidément bien dissimulée. Si on l’avait fouillée, jamais on ne l’aurait trouvée. Et elle traitée de menteuse si elle venait à s’en plaindre. Si cela n’avait pas déjà été fait… 

— Vo… voilà… dit-elle d’une voix aussi tremblante que ses mains. 

Penelope la récupéra. Elle fixa l’aiguille quelques instants. Que faire désormais ? La garder certainement. Une aiguille, c’est toujours utile ! Mais devait-elle se piquer à des endroits plus voyants pour la piéger ? Non, ce serait cruel. Digne d’une vilaine. Mais en même temps, n’était-elle pas la vilaine du jeu ? 

Non. Ce ne serait pas une bonne solution. D’autant plus qu’elle était loin d’être masochiste ! Elle n’était plus obligée de suivre les réponses prédéfinies du jeu. Elle pouvait s’en créer de nouvelles. 

Elle fixa la brunette qui gardait les yeux baissés. De sa main libre, elle lui souleva le menton afin que leurs regards se croisent. 

— Ecoute-moi bien, Emilie. Il est parvenu à mes oreilles que tu as été la seule à te porter volontaire pour être ma servante personnelle. La seule. Cela ne m’a pas laissée indifférente. Mais cela…

Elle montra l’aiguille. 

— Ou encore la nourriture avariée, ce sont des choses que ne ferait pas une personne qui tient à garder son travail et sa réputation intacts. Reynold a voulu te virer, Derrick et le Duc ont accepté de te garder à leur service, notamment parce que je t’ai défendue. Mais c’est ta dernière chance. Ne me le fais pas regretter. 

Elle se rapprocha encore à un point que leurs visages n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. 

— Est-ce que je me suis bien fait comprendre, Emilie ? 

— Oui, Mademoiselle ! souffla-t-elle, apeurée. 

— Bien, sourit Penelope en reculant. Maintenant que ceci est réglé. Voilà ce que je vais te demander. Tu seras en charge de l’eau pour ma toilette et ma nourriture. Je te fais confiance. 

— Et vos habits ? 

— Je m’en chargerai moi-même. 

Penelope n’était pas très tentée de se retrouver à portée d’aiguille sans prévenir non plus ! 

Elle s’écarta encore et fit un geste vers la table. Son repas était à moitié fini. Mais elle ne pouvait avaler plus. C’était comme si son estomac était bien trop étroit. Trop peu pour une jeune fille de dix-sept ans. Elle se souvenait manger bien plus à cet âge-là. On avait affamé Penelope, cela ne faisait plus aucun doute. 

Elle arrangerait ça aussi. Petit à petit. 

— J’ai fini de manger. Tu peux débarrasser. 

Alors qu’Emilie débarrassait, la porte de la chambre de Penelope s’ouvrit dans un grand fracas. 

— A quoi tu joues ?

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