Raphaël
La sonnerie stridente me tire brusquement du sommeil, et je me redresse, un peu désorienté, dans la lumière tamisée de la chambre. En attrapant mon téléphone, je m'attends à voir le nom de Léa s'afficher, mais c'est un autre prénom familier qui apparaît : David, son père. Mon cœur se serre légèrement. Pourquoi m'appelle-t-il si tôt ?
Je décroche rapidement, inquiet.
— Salut mon grand, commence David d'une voix qui trahit une pointe d'anxiété. Désolé de te réveiller à cette heure, mais... on s'inquiète un peu. Léa est-elle avec toi ? Ou as-tu eu des nouvelles d'elle depuis hier soir ?
Son ton résonne dans mes oreilles. Je fronce les sourcils, encore embrouillé par le sommeil.
— Non rien depuis que je vous ai quitter hier matin pourquoi ?
Son stresse devient contagieux, pourquoi me demande-t-il tout ça et surtout ou est-elle ?
— La voiture a disparu, son lit n'a pas été défait elle n'a pas dormi à la maison et surtout elle ne répond pas au téléphone, nous ne savons plus quoi faire. Mon seul espoir était qu'elle soit avec toi.
Je sens la panique monter en moi, mais je m'efforce de rester calme pour ne pas empirer les choses.
— Écoutez, je vais m'habiller et je vais passer chez vous tout de suite. On va la retrouver, d'accord ?
— Merci, Raphaël, dit-il avec un soupir qui trahit son désespoir. Je ne sais plus quoi faire.
Je raccroche rapidement et saute hors du lit. Mon esprit est en ébullition, et une seule pensée domine tout le reste : où est-elle ? J'enfile rapidement un pull, ma veste, et mes chaussures, puis je sors en hâte.
Quand j'ouvre ma porte d'entrée la première chose que je vois est un téléphone planté dans la neige juste devant ma porte. Je l'attrape et essaie de le déverrouiller mais évidemment il n'a pas supporté la neige et le froid.
Je fixe le téléphone dans ma main, un frisson glacé me parcourant, mais cette fois, ce n'est pas à cause du froid. Pourquoi ce téléphone est-il là ? Et surtout, à qui appartient-il ? Léa ? Impossible de ne pas faire le lien. Je scrute l'écran fissuré, tentant de deviner s'il y a des indices, mais l'appareil est complètement hors d'usage.
Ne sachant pas trop quoi faire de plus je me précipite vers ma voiture et fait rapidement le trajet jusqu'à la maison des Morel.
Dire que les Morel sont inquiets est un doux euphémisme, ils sont totalement paniqués et ont du mal à garder leur calme. David fait les cent pas autour de la table quant à sa femme elle cuisine tout et n'importe quoi pour essayer de penser à autre chose.
— J'ai trouvé le téléphone de Léa devant ma porte. J'ai demandé à mon père de débloquer les caméras de surveillance de la ville pour voir ce qu'il s'est passé.
J'essaie une énième fois de rallumer le téléphone, et comme par magie il s'allume enfin. Ces derniers jours je l'ai vu plusieurs fois taper son code avec je le reproduit pour déverrouiller l'appareil.
— Le téléphone fonctionne nous auront peut-être plus d'informations à l'intérieur, j'informe David et Catherine.
La mère de ma copine me regarde une lueur d'espoir dans les yeux.
— Nous pourrions peut-être contacter Camille, la meilleure amie de Léa, elle a surement plus d'information sur la vie de notre fille.
Sans attendre plus longtemps je recherche le numéro de cette Camille et lance l'appel. Quelques secondes plus tard j'entends une voix enjouée s'élever dans l'appareil.
— Léa, je suis trop contente que tu m'appelles j'ai plein de trucs à te raconter !
Il va falloir que je lui annonce.
— Salut ... C'est Raphaël, l'ami de Léa ... J'ai ... J'ai quelque chose à te dire.
— Que ce passe-t-il ?
— Léa a disparu, nous n'avons aucune nouvelle d'elle depuis hier soir et j'ai retrouvé son téléphone dehors dans la neige.
Un cri strident se fait entendre à l'autre bout du fils. Elle semble réfléchir un moment et n'ayant toujours aucun mot de sa part je relance la conversation.
— Est-ce que tu saurais ou elle pourrait être ?
— Ok ... Il y a quelques jours elle m'a appelé pour me dire qu'elle recevait des messages de menaces, je lui ai dit d'en parler mais elle était sûr que c'était un concurrent sur son projet pour une maison à Paris. De toute évidence c'est quelqu'un de chez vous. Je vous en prie retrouvez là ! Si vous avez son téléphone vous allez surement retrouver les messages sans soucis.
— Merci beaucoup, tu nous aide énormément !
En raccrochant, après lui avoir promis de la tenir au courant, j'ouvre immédiatement l'application message et tombe sur ces fameux messages.
Si seulement elle m'en avait parlé !
Des phrases courtes et brutales, toutes envoyées depuis un numéro inconnu. Mon cœur bat à tout rompre. Ces messages datent des derniers jours, et ils s'intensifient à mesure qu'on se rapproche d'hier soir. Le dernier, envoyé vers 23h, est encore plus glaçant :
"C'est fini pour toi."
Je relève les yeux vers David et Catherine, leurs visages déjà pâles se décomposant davantage en me voyant. Catherine s'effondre sur une chaise, les mains tremblantes.
— Elle ne nous a rien dit, murmure-t-elle, la voix brisée. Pourquoi ne nous a-t-elle pas parlé de ça ?
David serre les poings, visiblement partagé entre la colère et l'impuissance.
— Peu importe pourquoi, maintenant il faut agir, dis-je, déterminé. Ces messages prouvent qu'elle est en danger.
C'est précisément ce moment que choisit mon père pour m'envoyer les images des vidéos de surveillances. Je pose mon téléphone et nous visionnons tous les trois la courte vidéo ou nous voyons clairement Léa se faire enlever juste devant ma porte. Mais ce n'est pas le seul problème. Je reconnais la personne qui lui a fait tant de mal.
— Merde.
Catherine doit la reconnaitre aussi, car elle se tourne vers moi pleine d'effrois.
— Mathieu, mais comment a-t-il pu lui faire ça !
— Je pense savoir.
Une larme solitaire coule au coin de mon œil, tout est ma faute.