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1 - Avant-propos
2 - Prologue
3 - Chapter 1
4 - Chapter 2
5 - Chapter 3
6 - Chapter 4
7 - Chapter 5
8 - Chapter 6
9 - Chapter 7
10 - Chapter 8
11 - Chapter 9
12 - Chapter 10
13 - Chapter 11
14 - Chapter 12
15 - Chapter 13
16 - Chapter 14
17 - Chapter 15
18 - Chapter 16
19 - Chapter 17
20 - Chapter 18
21 - Chapter 19
22 - Chapter 20
23 - Chapter 21
24 - Chapter 22
25 - Chapter 23
26 - Chapter 24
27 - Chapter 25
28 - REMERCIEMENT
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JeniferLaurent
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Chapter 2

Le train s'arrête, et le bruit des portes qui s'ouvrent résonne dans l'air frais de la montagne. Machinalement, je repère ma valise et descend sur le quai. Une fois sur la terre ferme je me tourne et regarde le train démarrer puis s'éloigner petit à petit. S'aillait je suis là, plus le choix maintenant.

Une fois le train reparti, je me retrouve seule dans le silence feutré de la neige qui recouvre le sol. Tout semble apaisé, comme si le monde extérieur s'était arrêté pour me laisser quelques instants de réflexion. Je me rends compte que cet air froid et calme m'avait vraiment manqué. Je fais un pas, puis un autre, mes bottes enfonçant doucement la neige fraîche. L'air est vif et pur, rempli des senteurs de bois et de pin. En levant les yeux, je scrute les alentours, le paysage montagnard s'étend devant moi, majestueux sous le ciel d'un bleu éclatant, que c'est beau. Mes yeux se posent sur l'enseigne de la gare faite en bois. Au-delà, la petite route serpentant à travers les sapins, illuminée par la lumière dorée du soleil de l'après-midi.

Je pousse un soupir, savourant ce moment de solitude avant de me plonger dans l'agitation familiale qui ne manquera pas d'arriver. Après quelques instants, je me dirige vers la sortie, chaque pas me rapprochant de mon passé et des souvenirs enfouis.

À la sortie, le paysage s'ouvre devant moi. Je suis accueillie par un froid vif, mais il est réconfortant, me rappelant les hivers de mon enfance. Je tourne la tête et aperçois mes parents, impatients, un sourire large sur le visage de ma mère et un regard fier dans celui de mon père. En les voyant, mon cœur se réchauffe. J'accélère le pas, et bientôt je me retrouve dans leurs bras, prête à accueillir tout l'amour et la chaleur qu'ils ont à offrir. Leur odeur m'a tellement manqué.

— C'est tellement bon de te revoir ! s'exclame ma mère.

— Tu es enfin à la maison, ajoute mon père, son sourire éclairant le froid ambiant.

À cet instant, toutes mes appréhensions s'évanouissent. Je suis là, entourée de ceux que j'aime, prête à plonger dans l'effervescence des fêtes de Noël et à redécouvrir les joies simples qui font de cette période une magie indélébile.

Une fois ma valise chargée dans le coffre, je me glisse à l'arrière du vieux 4x4 de mes parents. Je me souviens des étés passés à parcourir les routes sinueuses des Alpes, les rires résonnant à l'intérieur et les voyages au ski où l'excitation était palpable. J'ai même appris à conduire avec cette voiture.

— Le voyage c'est bien passé ? s'intéresse mon père.

— Oui très bien, j'ai même eu la chance d'avoir les deux places de la banquette pour moi toute seule, j'ai pu m'étaler ! je lui réponds en riant.

La gare se situe à Annecy, la grande ville la plus proche. Nous avons une bonne demi-heure de route pour arriver à la maison, mes parents en profite pour me questionner et moi j'observe le lac.

— Ah, tu as toujours eu de la chance avec les trains ! dit ma mère en riant doucement. Moi, à chaque fois que je prends un train, je finis coincée entre deux personnes.

Je souris, appréciant cette légèreté après tant de jours à appréhender mon retour. Le paysage commence à défiler, et je me tourne vers la fenêtre, observant le lac d'Annecy qui s'étend à perte de vue, calme et immobile, comme un miroir géant reflétant les montagnes enneigées qui l'entourent. Même après tant d'années, sa beauté me coupe toujours le souffle. Objectivement je pense que le lac d'Annecy est l'un des plus beaux lacs que je n'ai jamais vu.

— Il est magnifique, hein ? lance mon père, devinant mes pensées sans détourner les yeux de la route.

— Oui, vraiment... C'est sûrement l'un des plus beaux que j'ai vus, je murmure, presque pour moi-même. Ça me rappelle ma vie ici, avant de partir.

Le silence qui suit est apaisant, seulement troublé par le ronronnement du moteur et les roues crissant doucement sur la neige. Mes parents me posent des questions simples, des détails sur Paris, sur mon travail, et j'essaie de répondre aussi naturellement que possible. Mais une partie de moi reste ailleurs, absorbée par le paysage, par les souvenirs qui se bousculent. Les montagnes qui entourent le lac semblent veiller sur la vallée, imposantes et éternelles, comme si elles n'avaient pas bougé d'un centimètre depuis mon départ. Ce décor est presque inchangé, et pourtant, je me sens si différente. J'observe chaque détail avec une nouvelle perspective, celle de quelqu'un qui a vécu loin de ces paysages familiers, mais qui en porte encore les traces dans son cœur.

— Tu sais, tout le monde a hâte de te revoir, reprend ma mère après un instant de silence. Ils nous demandent tous comment tu vas, ce que tu fais, si Paris te plaît...

Je hoche la tête en silence.

— Tu es sûre ?

C'est au tour de ma mère d'hocher la tête. L'idée de revoir tout le monde me fait un peu peur. Mes anciens amis, les visages familiers que je n'ai pas croisés depuis des années. Est-ce qu'ils m'ont oubliée ? Est-ce que je suis encore la même pour eux ?

— Ils sont tous très fiers de toi, ajoute mon père, la voix douce. D'avoir réussi à Paris, à ouvrir ton entreprise. Ce n'est pas rien, tu sais. Toutes personnes que tu connais on plus ou moins suivis ton aventure de loin.

Je sens mes joues rougir légèrement à ses mots, mais je ne dis rien. J'essaie de savourer ce moment sans laisser l'anxiété m'envahir. Après tout, j'ai réussi à Paris, mais ici, c'est différent. Ce village et ces gens appartiennent à une autre vie, une autre version de moi-même. Je sais que je vais devoir affronter des regards, des questions, et peut-être même des reproches, mais pour l'instant, je me contente de profiter de ces quelques instants de calme, en observant les montagnes, comme si elles pouvaient me protéger de tout ce qui m'attend. J'essaie de croire mes parents et de me dire qu'ils ne me racontent pas tout ça juste pour me rassurer. Si c'est le cas, c'est assez réussi !

Dans cette ville qu'est Charvex, il n'y a pas que des amis. Il y a aussi toute ma famille, mes oncles et tantes, mes cousins, mes grands-parents, j'ai même une nièce que je n'ai pas encore rencontré. Je n'ai jamais été proche d'eux mais ils seront là et je vais devoir m'expliquer pour mon absence depuis dix ans. Je ne suis pas sûr qu'ils ne comprennent ni m'aime qu'il ait l'envie d'essayer de comprendre. Je suis sûre que pour eux, c'est juste une trahison qui ne mérite pas de justification.

La voiture traverse le centre-ville et nous passons devant ce café que j'aimais tant. Je sens un pincement au cœur en le revoyant. Combien d'heures ai-je passées là-bas, plongée dans un bon livre, réchauffée par une tasse de café fumante ? Rien que l'idée me fait sourire. Le lieu semble exactement comme dans mes souvenirs : les grandes fenêtres couvertes de buée, les quelques clients installés près du comptoir, l'odeur familière de café et de pâtisseries qui semble flotter jusqu'ici sans oublier ces belles briques rouges qui font tout le style du lieu.

— Ça te rappelle des souvenirs, hein ? demande ma mère en jetant un coup d'œil rapide vers moi.

Je souris doucement, acquiesçant sans dire un mot. Oui, beaucoup de souvenirs. Ce café, c'était mon refuge, mon petit coin de tranquillité où je pouvais m'évader. En y pensant, je réalise combien il m'a manqué ces dernières années, sans que je m'en rende vraiment compte. Je n'ai pas trouvé d'endroit tel que lui à Paris.

La ville, elle, semble figée dans le temps. Rien n'a changé. Chaque boutique est à sa place, les rues sont toujours aussi calmes, et tout est enveloppé d'une neige épaisse et brillante, comme si elle protégeait chaque pierre, chaque arbre, chaque banc. Les gens se promènent lentement, profitant du décor hivernal, tandis que des enfants, emmitouflés dans leurs manteaux, rient en traînant des luges derrière eux, cherchant la meilleure pente pour glisser.

Je les regarde avec un sourire nostalgique. C'était moi, il y a bien des années. J'ai l'impression de me voir à leur place, insouciante, courant dans la neige, riant aux éclats sans me soucier du monde. La simplicité de cette époque me semble presque irréelle maintenant. Tout était plus facile, plus clair, sans les doutes et les questions d'aujourd'hui.

— Tu sais, le café est toujours aussi populaire, ajoute mon père, comme s'il avait lu dans mes pensées. Peut-être que tu pourrais y faire un saut, ça te rappellera des bons moments.

— Peut-être, oui, je réponds doucement.

Nous continuons notre route, traversant les rues enneigées et bordées de sapins décorés pour Noël. Les guirlandes lumineuses commencent à s'allumer au-dessus des vitrines et dans les arbres, ajoutant à l'atmosphère féérique. Je sens une certaine sérénité m'envahir malgré les appréhensions, comme si cette petite ville, avec son calme et ses souvenirs figés, avait le pouvoir de me rassurer. Nous sortons du centre-ville s'aventurant un peu dans la montagne quand ma maison d'enfance apparait devant nous l'auberge collé à elle.

Avant de rentrer dans la maison familiale, je prends trois grandes respirations, essayant de calmer le tourbillon d'émotions qui m'envahit. Le froid mordant de la montagne et le craquement de la neige sous mes pieds me rappellent combien cet endroit est immuable, un havre figé dans le temps. Je pose la main sur la poignée de la porte, puis, après une dernière inspiration, je la pousse et entre.

L'air chaud et familier de l'intérieur m'accueille, accompagné de cette odeur que je reconnaîtrais entre mille : un mélange de bois brûlé et de pain frais. J'avance lentement, mes pas étouffés par le tapis épais du hall, et dépose mes affaires près de l'escalier.

Tout est exactement comme dans mes souvenirs. Chaque meuble, chaque bibelot, rien n'a vraiment changé. Sauf peut-être les photos. Il y en a des nouvelles, des photos de moi et mes parents à Parsi quand ils m'ont rendu visite.

— Ça fait plaisir de te revoir ici, ma chérie, entend-je la voix émue de ma mère derrière moi.

Je me retourne pour la voir me sourire doucement depuis l'encadrement de la porte, ses yeux brillants de cette tendresse que seule une mère peut avoir. Je lui rends son sourire, un peu hésitant, mais sincère.

— Moi aussi, ça me fait plaisir d'être là, je réponds, et pour la première fois depuis longtemps, je le pense vraiment. J'aime être avec vous deux.

Je suis heureuse de voir que personne ne m'attend ici, il n'y a pas de mauvaise surprise je vais avoir le temps de m'installer mais avant ça j'ai un point à éclairer. Je m'assoie sur le canapé.

— Papa, maman, vous m'avez dit que vous aviez besoin d'aide pour l'auberge mais vous n'avez rien dit de plus, que se passe-t-il ?

Je les observe, un léger nœud se formant dans mon estomac. Ils échangent un regard, comme s'ils savaient que ce moment allait arriver, mais qu'ils n'étaient pas encore prêts à l'affronter. Puis, dans un soupir commun, ils s'assoient à mes côtés sur le canapé, leurs visages marqués par une fatigue que je n'avais pas remarquée avant.

— Tu sais, l'auberge, c'est beaucoup de travail, commence mon père en regardant ses mains. Avec ta mère, on fait de notre mieux, mais on n'est plus tout jeunes, et... les choses ont changé.

Je fronce les sourcils, ne sachant pas encore où il veut en venir. Ma mère pose une main rassurante sur mon genou, un geste réconfortant qui ne fait qu'accentuer ma nervosité.

— On a eu une année difficile, avoue-t-elle doucement. Le nombre de clients a baissé, et gérer tout ça devient de plus en plus compliqué. On a pensé vendre, mais...

— Vendre ?! dis-je, soudainement plus alerte. Mais c'est votre vie, cette auberge, vous y avez tout mis !

Mon cœur bat un peu plus vite. L'idée que l'auberge puisse disparaître, cette maison remplie de souvenirs, de rires et de récits partagés avec des voyageurs du monde entier, me paraît inconcevable. Ils ne peuvent pas faire ça !

— On sait, ma chérie, souffle mon père, la voix plus basse, presque coupable. Mais entre la concurrence, les nouveaux complexes qui se construisent dans la région, et notre âge... C'est devenu un poids qu'on n'arrive plus à porter seuls.

Je sens un mélange de tristesse et de colère monter en moi. Pourquoi ne m'ont-ils rien dit plus tôt ? Pourquoi m'ont-ils laissée dans l'ignorance de cette réalité ?

— Pourquoi ne pas m'en avoir parlé avant ? Vous auriez dû me dire que ça allait mal ! Je pourrais vous aider, trouver des solutions...

— C'est ce qu'on espère, intervient ma mère, la voix douce mais ferme. C'est pour ça qu'on t'a demandé de venir cette année. Pas seulement pour Noël, mais pour voir si tu peux vraiment nous aider. Peut-être que tu as des idées, des contacts. Toi, tu connais mieux les nouvelles tendances, les attentes des clients.

Je reste silencieuse un moment, le poids de la responsabilité commençant à s'installer en moi. Mon esprit est déjà en ébullition, cherchant des solutions, des moyens de sauver l'auberge sans pour autant tout sacrifier. Je réfléchis aux projets que j'ai déjà effectuée avec mon entreprise. Je suis sûre qu'il y a une meilleure solution que de vendre.

— Bien sûr que je vais vous aider, dis-je finalement, déterminée. Mais vous ne vendrez pas. Pas avant d'avoir tout essayé.

Le soulagement dans leurs yeux est palpable, même si je sais que ce ne sera pas facile.

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