Toutes les émotions d'hier m'ont bouleversée. Après avoir passé la soirée avec mes parents, à échanger des souvenirs autour d'un repas réconfortant, je suis partie me coucher plus tôt que d'habitude. Mon esprit était épuisé, saturé par toutes ces nouvelles. Cependant, fatiguée du voyage, le sommeil m'a très vite emporté.
Aujourd'hui, je sais que je n'ai pas le luxe de me laisser submerger. Le programme est simple : trouver une idée, une solution, quelque chose pour sauver l'auberge avant qu'il ne soit trop tard. Quand je me suis levée ce matin, une détermination nouvelle m'avait envahi. Pas question de laisser cet endroit s'effondrer sans rien faire. Mon appréhension du début s'est totalement transformée. En revenant ici j'ai l'impression de traverser toutes les émotions possible et inimaginable.
Je descends les escaliers, les yeux encore légèrement embués de sommeil, mais déjà concentrée. En bas, je retrouve mes parents déjà en pleine activité. Mon père a allumé le feu dans la cheminée, et ma mère, toujours en mouvement, semble s'affairer en cuisine. L'odeur du café frais et des viennoiseries chaudes emplit l'air, apportant avec elle un sentiment de réconfort bienvenu. Rien de mieux pour commencer sa journée.
— Bonjour, ma chérie, me dit ma mère avec un sourire doux, une tasse de café tendue vers moi.
— Salut, maman. Merci, dis-je en acceptant la tasse et en lui embrassant la joue.
Je m'assieds à la grande table en bois massif. Pleins de papiers et carnet sont étalé partout, des feuilles volantes ici et là, toutes avec quelques mots dessus. Ce sont des notes que mes parents ont pris en cherchant des idées.
— Tu as bien dormi ? me demande mon père en jetant un coup d'œil dans ma direction.
Je hoche la tête, même si la vérité est plus compliquée. Mon sommeil a été agité, traversé par des rêves confus où l'auberge disparaissait sous la neige, comme engloutie par le temps. Mais je n'en dis rien. Je récupère la couverture pliée sur une des chaises et l'étale sur mes genoux dans l'espoir de me réchauffer un peu.
— Je vais passer la journée à réfléchir, dis-je en prenant une gorgée de café. Il nous faut un plan, quelque chose qui va attirer du monde. Peut-être moderniser l'auberge, revoir la stratégie de communication. En plus il faut qu'on fasse un plan qui implique d'embaucher quelqu'un pour que vous soyez moins fatigué, donc il faut que nous fassions plus de profit.
Mes parents échangent un regard silencieux, puis ma mère vient s'asseoir à côté de moi.
— On te fait confiance, ma chérie, dit-elle doucement. On sait que tu es pleine de bonnes idées. L'auberge a besoin d'un nouveau souffle, c'est certain, mais on n'y connaît rien en tendances ou en marketing. Mais tu as raison, à long therme nous aurons besoin de quelqu'un pour travailler avec nous.
Mon père acquiesce, un peu perdu dans ses pensées.
— Ce que les gens aiment aujourd'hui, c'est différent, non ? ajoute-t-il. Ils veulent du confort, mais aussi des expériences authentiques...
Ses mots font écho dans mon esprit. "Des expériences authentiques." C'est ça, le cœur de l'auberge, ce qui la rend unique. Elle a toujours été plus qu'un simple lieu de passage, elle offre un lien profond avec la montagne, la nature, la simplicité.
— C'est ça, m'écrié-je soudain. On ne doit pas essayer de copier ce que les grands complexes hôteliers proposent. Il faut jouer sur notre authenticité. La nature, l'histoire du lieu, le retour à des choses simples, loin du bruit et du stress de la ville. On peut miser sur l'expérience... Les gens cherchent ça maintenant !
Mes parents me regardent, intrigués. Je sens que cette idée commence à prendre forme dans mon cerveau.
— Et pourquoi pas un programme autour du bien-être ? continue-je, mon enthousiasme montant. Des week-ends thématiques, des retraites de déconnexion avec des randonnées, des ateliers de cuisine locale, des séances de yoga face à la montagne...
Mes paroles se bousculent dans ma tête. Je peux déjà voir l'auberge transformée en un lieu de ressourcement, où les gens viendraient non seulement pour se reposer, mais pour retrouver un équilibre perdu.
— Ce serait un changement radical, dit mon père, l'air pensif.
— Oui, mais c'est exactement ce qu'il nous faut, je réponds, convaincue. Si on fait quelque chose de nouveau, d'authentique, les gens viendront. Ils chercheront à échapper à leur quotidien, à se reconnecter avec la nature... Et l'auberge peut leur offrir ça. Puis je suis sûre que des personnes du village viendrons montrer leur savoir-faire sans que nous les payions très cher.
Mon père sourit légèrement, et ma mère me regarde avec fierté. Je sens que nous avons une piste, un espoir ou du moins un fils auquel se raccrocher, c'est déjà ça !
— Je vais servir le petit déjeuner à l'auberge et nous commençons tout de suite après, il n'y a pas de temps à perdre, lance ma mère.
Elle récupère son plateau avec les repas dessus et s'en va vers l'auberge. Pendant ce temps, je récupère le crayon et la feuille à côté de moi pour commencer une maquette. J'ai une idée très précise des améliorations que nous pourrions faire. Tout en traçant les premières lignes, je ressens un frisson d'excitation. C'est le genre de projet qui me passionne, où la créativité rencontre un défi réel. Pour ce genre de projet, il ne faut pas que des dessins, nous avons aussi besoin d'une stratégie. D'ailleurs je pense que je vais devoir appeler Camille, elle travaille dans la communication et les réseaux sociaux. Elle pourra surement nous aider à attirer la clientèle et à communiquer sur les nouveautés.
— Voilà ce que je propose, dis-je en dessinant un croquis rapide du rez-de-chaussée. D'abord, on garde l'esprit rustique, mais on modernise certains espaces. La salle commune, par exemple, pourrait être plus lumineuse, plus accueillante, avec un coin lecture cosy près de la cheminée et des fauteuils confortables. Un endroit où les gens pourront se détendre après une journée en montagne.
Une fois ma mère revenu de l'auberge, mes parents se penchent pour mieux voir, intrigués. Je trace ensuite une esquisse de la terrasse extérieure.
— Ici, on pourrait aménager une terrasse pour l'été, un espace de yoga avec une vue imprenable sur les montagnes. Et en hiver, pourquoi ne pas installer un jacuzzi extérieur ? Les gens adorent ça, être dans un bain chaud en plein air avec la neige qui tombe autour.
Mon père me regarde, visiblement impressionné, mais il reste un peu sceptique.
— Tout ça a l'air super, mais tu penses qu'on arrivera à attirer assez de monde pour que ça vaille le coup ?
Je souris, confiante.
— Si on modernise l'offre et qu'on mise sur l'expérience unique qu'on propose ici, je suis sûre qu'on peut le faire. Mais on devra aussi travailler sur la communication. Peut-être créer un site web, revoir les réseaux sociaux, et lancer une campagne ciblée sur le bien-être et l'aventure en pleine nature. Je me disais qu'on pourrait faire appel à Camille, c'est une pro dans ce domaine !
Ma mère hoche la tête, l'air de plus en plus convaincue.
— Ça demande des moyens, ajoute-t-elle, mais c'est faisable. Et puis, tu as raison, les gens cherchent ce genre d'expériences.
Je continue à dessiner, laissant mes idées couler sur le papier. Une salle de petit-déjeuner baignée de lumière, des chambres modernisées tout en gardant le charme de l'ancien... Chaque détail est pensé pour créer une atmosphère accueillante, apaisante, où l'authenticité et le confort se rencontrent.
— Je pense qu'on peut vraiment transformer cet endroit en une destination unique, dis-je en regardant mes parents. Vous avez déjà tout ce qu'il faut : l'emplacement, l'histoire, l'accueil chaleureux. Il ne manque qu'une petite touche de modernité pour attirer une nouvelle clientèle. Mais nous n'allons pas agrandir, il faut que l'auberge reste un endroit familial, pas un de ces grand complexe ou c'est clairement l'usine.
Ils me sourient, visiblement rassurés par mon enthousiasme. Ce projet est bien plus qu'une simple rénovation. C'est une façon de faire revivre l'auberge, et quelque part, de me reconnecter à cet endroit qui a tant compté pour moi.
— On te suit, dit finalement mon père, un éclat d'espoir dans les yeux.
— Il faut qu'on prenne rendez-vous avec la Mairie, ils pourront peut-être nous aider pour les fonds !
Ma mère se lève précipitamment pour récupérer le téléphone fixe de la maison. Et oui mes parents ont encore un téléphone fixe et n'ont qu'un portable pour deux.
— Je vais appeler la secrétaire du Maire tout de suite, je la connais bien !
En attendant le retour de ma mère je me tourne vers mon père et lui explique.
— Alors voilà, j'ai réfléchi à quelques pistes pour le financement, dis-je en cherchant les bons mots. Il y a souvent des aides pour les petits commerces, surtout ceux qui misent sur le tourisme et le patrimoine. La Mairie pourrait avoir des subventions, et on peut peut-être faire appel à des fonds régionaux. On pourrait même envisager une campagne de financement participatif, ça se fait beaucoup pour les projets de rénovation d'espaces publics.
Mon père m'écoute avec attention, l'air pensif.
— Tu veux dire que les gens pourraient nous aider à financer les travaux ? demande-t-il, un peu hésitant.
— Oui, exactement. On raconterait l'histoire de l'auberge, ce qu'elle représente pour la région, et on proposerait aux contributeurs de faire partie de ce renouveau. On pourrait même offrir des séjours, des réductions, ou organiser des soirées spéciales pour remercier ceux qui nous soutiennent. Les investisseurs aiment beaucoup se genre de choses.
Un sourire se dessine sur les lèvres de mon père. L'idée d'impliquer la communauté semble lui plaire. Ma mère revient dans la pièce, le téléphone encore à la main et un grand sourire aux lèvres.
— Le rendez-vous est pris ! Nous verrons le Maire demain matin à 9 heures, annonce-t-elle avec excitation.
— Parfait ! Ça nous laisse le temps de préparer quelques idées pour montrer notre projet. On peut apporter les esquisses et un plan des améliorations qu'on envisage. Plus notre projet est clair, plus ils verront qu'on est sérieux.
— Bien sûr, répond mon père en hochant la tête. On va se mettre au travail alors, il faut convaincre le Maire de nous aider !
On s'installe tous les trois autour de la grande table, chacun avec un rôle précis. Mon père prend des notes pour détailler les points techniques, ma mère s'occupe de lister les besoins de l'auberge, et moi, je peaufine les esquisses et rassemble les idées pour la présentation. Ce projet familial est exactement ce qu'il nous faut pour se rapprocher, ça me manque de ne pas avoir été aussi proche de mes parents depuis si longtemps. Et puis ils semblent avoir changés, maintenant ils me font confiance et me prennent vraiment pour une experte dans mon domaine. Ça fait du bien d'être considéré !
L'atmosphère est remplie d'une énergie nouvelle. L'auberge ne semble plus être un poids pour mes parents, mais une aventure à partager. Je sentais, même au téléphone, que quelque chose n'allait pas depuis l'année dernière, je crois que j'ai simplement eu peur de penser que mes parents avaient besoin d'aide mais au fond je le savais. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai finis par revenir. Ce projet est un projet d'avenir, quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes et que moi-même. C'est un projet qui peut réunir notre famille. Il va nous rassembler en faisant appel à chacune de nos passions.
— Tu as prévu de revoir Jasmine et Mathieu, m'interroge ma mère.
— Je ne sais pas encore, vous savez ce qu'ils sont devenus ?
Je trouve ça étrange que ma mère me parle de Jasmine et Mathieu mais pas de Raph. Je me demande ce qu'ils sont tous devenu. Est-ce qu'il fréquente toujours les mêmes personnes que je connaissais à l'époque ?
— Aucune idée, je sais qu'ils vont bien par leurs parents mais je n'en sais pas plus.
Bon, j'irai à la chasse aux informations une autre fois.
Tout en travaillant, je passe la journée à discuter de sujet léger avec mes parents, ils me racontent des anecdotes sur ma nièce et ma famille en générale, les derniers potins du village, les nouveaux aménagement et l'installation du marché de Noël à Annecy. J'espère avoir le temps d'y passer pendant mon séjour. Cependant, je sens que mes parents ne me disent pas tout, ils me cachent quelque chose qui les rend mal à l'aise. Je finirais bien par savoir de toute façon.