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JeniferLaurent
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Chapter 17

J'ouvre les yeux difficilement. Ma tête me tourne, et une douleur sourde pulse dans mes tempes. Ma bouche est pâteuse, ma gorge sèche comme du papier. Je cligne plusieurs fois des paupières, tentant de percer l'obscurité qui m'entoure. La pièce est sombre, presque silencieuse, à part un léger bruit d'eau qui goutte quelque part, lent et régulier. Une odeur de renfermé, mêlée à celle de la poussière et de l'humidité, m'assaillit.

Je tente de bouger, mais mes membres refusent de m'obéir. Je sens des liens autour de mes poignets et de mes chevilles, serrés et rugueux. La panique monte en moi d'un seul coup, comme une vague qui submerge tout sur son passage. Je tire sur les cordes, mais elles ne cèdent pas. Ma respiration s'accélère, incontrôlable, et je dois me forcer à inspirer lentement pour ne pas céder à l'hystérie.

— Du calme, Léa. Respire, respire...

Ma propre voix brise le silence, un murmure faible qui résonne étrangement dans cet espace clos. Je ferme les yeux, et soudain, tout me revient comme un coup de fouet. Les messages menaçants. Le trajet jusqu'à chez Raph, la personne qui a surgit derrière moi et qui m'a endormi avec un produit.

Je me suis fait enlever.

Le choc de cette réalité me coupe le souffle. Mais pourquoi ? Qui peut bien me vouloir du mal à ce point ? Est-ce lié au projet que j'ai décroché récemment ? Ces concurrents jaloux... Cela semblait plausible sur le moment, mais maintenant ? La situation paraît tellement disproportionnée. La personne derrière tout ça ne se contente pas de menaces virtuelles ; elle est passée à l'acte. Et je suis là, à même le sol, dans un endroit qui m'est totalement inconnu.

Je serre les dents, luttant contre la peur. Ce n'est pas le moment de céder. Je dois me concentrer. J'observe la pièce du mieux que je peux malgré la pénombre : les contours flous d'un mur de pierre, un sol froid et dur sous moi. Une cave ? Un sous-sol ? Je tends l'oreille, cherchant le moindre son, le moindre indice. Rien d'autre que cette goutte d'eau, monotone, qui tombe quelque part.

— Il y a quelqu'un ? criai-je, la voix rauque et tremblante.

Le silence me répond, oppressant, presque moqueur. Je répète, un peu plus fort cette fois, mais toujours aucune réponse. Je me sens terriblement seule. Le froid me mord la peau, et je me rends compte que mes vêtements sont légèrement humides. Combien de temps suis-je restée inconsciente ?

Je ferme les yeux un instant, cherchant à m'accrocher à une pensée positive. Raphaël. Il doit déjà être en train de me chercher. Je le connais assez pour savoir qu'il ne lâchera pas tant qu'il ne m'aura pas retrouvée. Mes parents aussi. Camille... Je m'accroche à l'image de leurs visages, à la certitude qu'ils ne m'abandonneront pas.

Soudain des bruits de pas se font entendre de l'autre côté de la porte, la clé tourne dans la serrure et je ne vois pas tout de suite qui entre dans la pièce, la luminosité ne me le permet pas.

Mais cette voix, je la reconnais immédiatement.

— On fait moins la maline là, hein Léa.

La voix de Jasmine résonne dans la pièce comme un coup de tonnerre, et mon cœur manque un battement. Jasmine ?! La surprise me coupe le souffle. Je cligne des yeux, tentant d'assimiler l'impensable. C'est impossible. Pourquoi elle ? Comment est-elle mêlée à tout ça ?

— Jasmine, qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi... pourquoi tu me fais ça ? soufflai-je, la gorge nouée, presque incapable de parler.

La silhouette de mon amie se précise à mesure qu'elle s'approche. Dans le faisceau d'une lampe qu'elle tient à la main, son visage apparaît, dur, déformé par une expression que je ne lui connaissais pas. Une satisfaction cruelle, presque amusée, danse dans ses yeux sombres. Cette expression me donne la nausée.

— Pourquoi ? répète-t-elle, en laissant échapper un rire amer. Sérieusement, Léa ? Tu oses encore poser la question ?

Levant ses yeux au ciel, commençant à être sérieusement agacé, elle continue.

— Tu n'aurais jamais dû revenir, en réapparaissant des années plus tard tu n'as tout volé ! Ma vie et mes projets, tout est parti en fumé ! Nous devions nous marier, construire une belle maison et avoir des enfants mais il a fallu que tu reviennes et que tu casses tout. Tout ça pour quoi ? Repartir dans quelques jours et abandonner tout le monde encore une fois ? Tu vas voir je vais te donner une raison d'abandonner tout le monde moi.

C'est là que je le vois, le couteau dans sa main droite. Un couteau avec une grande lame acérée qui pourrait me faire beaucoup de mal.

Mon cœur manque un battement. Je fixe la lame, incapable de détourner le regard, tandis qu'une vague de terreur me submerge. Le métal luit faiblement dans le faisceau de lumière, froid, menaçant. Je n'arrive pas à croire ce que je vois. Jasmine... mon amie ? Non, celle que je croyais être mon amie, tient un couteau et débite des paroles empoisonnées, ses yeux brillants de rancune.

— Jasmine, écoute-moi, soufflé-je d'une voix tremblante, cherchant à garder mon calme malgré la panique qui me tord les entrailles. Je ne sais pas de quoi tu parles, je te jure. Je ne t'ai rien volé... Je ne savais même pas que tu avais des projets avec Raphaël. Il m'a dit que vous vous étiez quitté d'un commun accord et que vous n'aviez plus de sentiment l'un pour l'autre.

— Mensonge ! hurle-t-elle, sa voix montant d'un cran. Son cri rebondit contre les murs de pierre, et je sursaute malgré moi. Tu as toujours tout su. Toujours tout pris. Même à l'époque, tout le monde ne parlait que de toi. "Léa par-ci, Léa par-là." Et maintenant Raphaël... Il ne m'a jamais regardée comme il te regarde, même quand tu étais partie. Même quand tu l'avais laissé tomber.

Une vague de colère me submerge et malgré la terreur je ne parviens pas à la contenir. Et puis merde.

— Tu as raison c'est moi qui devrais être énervée d'ailleurs ! TU as profité de mon départ pour sortir avec mon ex, ce genre de chose ne se fait pas entre amie, si c'était ce que j'ai à tes yeux mais je n'en suis plus vraiment sure.

— FERME LÀ !

Son excès de colère est accompagnée d'une jolie entaille sur mon bras, elle n'a pas enfoncé la lame mais a juste voulu me torturé en m'entaillant le bras. Le sang coule beaucoup et c'est terriblement douloureux.

Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine qu'il me semble résonner dans toute la pièce. La brûlure vive de l'entaille irradie dans mon bras, m'arrachant un gémissement que je tente d'étouffer. Jasmine recule légèrement, le couteau toujours en main, mais son geste a dépassé ses propres attentes. Ses doigts tremblent un peu, comme si elle réalisait soudain qu'elle venait de franchir une nouvelle limite.

— Regarde ce que tu m'obliges à faire ! crache-t-elle, le visage déformé par la rage. C'est toujours pareil avec toi, Léa. Tout tourne autour de toi. Mais cette fois, tu ne t'en tireras pas aussi facilement.

Ma colère retombe aussitôt, remplacée par un instinct de survie aigu. Je dois rester en vie. Je serre les dents, ignorant la douleur lancinante qui pulse dans mon bras. Parler ne sert à rien ; Jasmine est consumée par sa jalousie, par une folie qui s'est nourrie des années durant. Chaque mot que je prononce ne fait que jeter de l'huile sur le feu.

Je dois trouver un moyen de m'échapper. Rapidement.

Je pousse un cri étranglé lorsque la lame tranche ma cuisse. La douleur est insoutenable, brûlante, et je sens un liquide chaud couler sur ma peau. Mes forces m'abandonnent, mes membres tremblent violemment. Mon souffle se coupe, court et saccadé, tandis que les murs de la pièce semblent vaciller autour de moi. Je lutte pour rester consciente, mais je sens l'étau de l'inconscience qui se resserre lentement.

— NE BOUGE PAS ! hurle Jasmine, ses yeux fous rivés sur moi. Elle est hors d'elle, son souffle est aussi erratique que le mien, et sa main qui tient le couteau tremble légèrement.

— Pourquoi tu ne comprends pas, Léa ?! Je ne voulais pas en arriver là, mais... tu ne me laisses pas le choix !

Sa voix résonne dans ma tête comme un écho lointain. Elle est floue, ses mots se mélangent. Je cligne des yeux, tentant de rester ancrée dans la réalité, mais la perte de sang commence à avoir raison de moi. C'est la fin, pense-je. Je vais mourir ici, entre les mains de celle que je croyais être une amie.

Me voyant à bout de force elle s'approche doucement, me faisant boire l'eau de la bouteille qui était posée à mes côté.

— Je ne voulais pas faire ça, mais qu'est-ce que je peux faire maintenant ? Si je te laisse repartir je vais être arrêté et mise en prison.

Je panique totalement, il est possible que personne ne me retrouve jamais et qu'on ne sache pas ce qui m'est réellement arrivé. Mes parents...

— Je pourrais te laisser là-haut dans la montagne, tu nourrirais de froid et je n'aurais pas à te tuer de mes mains, semble-t-elle réfléchir à voix haute.

Je ne peux pas la laisser faire, je ne suis pas prête à mourir.

— Je te promet que si tu me relâche je ne dirais rien à personne mais je t'en supplie laisse-moi vivre ! Tu ne peux pas me tuer pour une histoire de garçon !

Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que j'en ai presque mal. Chaque battement est un cri de survie, un rappel que je ne peux pas abandonner, pas maintenant. Les mots de Jasmine me glacent le sang. Me laisser dans la montagne... pour mourir de froid. La pensée est terrifiante, mais la lueur d'hésitation dans sa voix est peut-être ma seule chance. Elle est instable, tiraillée entre sa folie et un reste d'humanité.

Je ravale la douleur qui pulse dans mon bras et ma cuisse, forçant ma voix à rester calme, douce, presque suppliante.

— Jasmine, regarde-moi... murmuré-je faiblement. Tu n'es pas une meurtrière. Tu ne veux pas ça, je le sais. Ce que tu ressens, cette douleur, cette colère... ça ne disparaîtra pas si je ne suis plus là. Au contraire, ça te hantera pour toujours.

Elle s'arrête un instant, ses yeux fous vacillant. La main qui tient le couteau tremble légèrement, comme si elle pesait le poids de mes mots. Elle serre la mâchoire, hésitante.

— Tais-toi, Léa, arrête de parler, souffle-t-elle, mais sa voix manque de conviction.

J'essaie de gagner du temps, ça laissera peut-être le temps à quelqu'un de me retrouver. 

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