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1 - Avant-propos
2 - Prologue
3 - Chapter 1
4 - Chapter 2
5 - Chapter 3
6 - Chapter 4
7 - Chapter 5
8 - Chapter 6
9 - Chapter 7
10 - Chapter 8
11 - Chapter 9
12 - Chapter 10
13 - Chapter 11
14 - Chapter 12
15 - Chapter 13
16 - Chapter 14
17 - Chapter 15
18 - Chapter 16
19 - Chapter 17
20 - Chapter 18
21 - Chapter 19
22 - Chapter 20
23 - Chapter 21
24 - Chapter 22
25 - Chapter 23
26 - Chapter 24
27 - Chapter 25
28 - REMERCIEMENT
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JeniferLaurent
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Chapter 4

Nous avons passé la soirée et une bonne partie de la nuit à travailler sur ce projet, il fallait tout peaufiner pour que les premières esquisses soit parfaite. Toutefois, le réveil ce matin est compliqué. Mais la motivation est telle, que je ne mets que très peu de temps à sortir de sous ma couette. Nous avons le rendez-vous avec la Mairie pour le financement de l'auberge à neuf heure, il ne faut surtout pas être en retard.

Les yeux encore un peu lourds, je descends rejoindre mes parents dans la cuisine. Mon père me tend une tasse de café bien chaud, tandis que ma mère s'affaire à rassembler tous les documents et esquisses que nous avons préparés.

— Prête ? demande-t-elle avec un sourire fatigué mais encourageant.

— Plus que jamais, je réponds en attrapant ma tasse.

Le trajet jusqu'à la Mairie se fait en silence, chacun plongé dans ses pensées. Je sens une légère nervosité monter en moi, mais elle est contrebalancée par une détermination. Ce projet est devenu bien plus qu'une simple rénovation : c'est une mission pour sauver l'héritage familial, un bout de notre histoire. C'est notre projet à nous trois, comme une réunion de famille.

En arrivant, la secrétaire du Maire, une femme brune de taille moyenne, nous accueille chaleureusement et nous conduit dans une salle de réunion baignée de lumière. Mon père pose la grande pochette en carton sur la table. En attrapant mon téléphone pour l'éteindre j'aperçois un nouveau message de Camille qui me souhaite bonne chance. J'ai pris le temps de l'appelé dans l'après-midi pour lui raconter tout ce qu'il se passait, elle n'attendait que ça. Elle veut suivre l'avancer et est totalement prête à nous aider. De plus elle m'a assuré qu'elle s'occuperait des réseaux sociaux gratuitement. Quelle copine en or !

— Bonjour, M. et Mme Morel, lance une voix en entrant dans la pièce.

Je me fige. Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille. Raphaël. Que fait-il ici ? Je me rappel soudain que le maire est son père mais tout de même il ne devrait pas être ici. Je range mon téléphone dans mon sac. Je sens mes parents tendu et crispé, exactement comme hier quand j'ai senti qu'ils ne m'avaient pas tout dit. Ils devaient savoir pour Raphaël c'est sûr ! Ce dernier ne semblait pas m'avoir vu jusque-là. Je n'aurais pas dû parler trop vite, au moment de s'assoir, son regard croise le miens.

— Léa, me salue-t-il en hochant la tête l'air étonné.

Je lui réponds en hochant la tête à mon tour, je suis incapable de parler ma voix me trahirait. Quelque seconde après son fils, le maire fait à son tour son apparition dans la pièce et s'assois derrière son bureau. Il souhaite la bienvenue à mes parents et se concentre sur moi.

— Ravie de vous revoir dans notre très chère ville mademoiselle Morel. Vous devez vous rappeler de mon fils Raphaël, il dirige maintenant l'aspect financier de la ville. Par conséquent cette réunion le concerne pleinement.

Se rappeler de lui ? Bel euphémisme. Raphaël avait l'air aussi surpris de ma présence que je l'étais de la sienne. Il devait penser que seul mes parents seraient présents à cette réunion. Néanmoins quelqu'un devrait lui expliquer que ce n'est pas en me fixant que je vais disparaitre.

— Il est temps de commencer, je vous écoute, déclare le Maire près à nous écouter.

Je détourne le regard de Raphaël, que je devais moi aussi fixer depuis son entré dans la salle de réunion oups, et commence mes explications sur tous les documents que nous avons fournis avec mes parents.

Je prends une inspiration discrète pour me recentrer, même si mon cœur bat plus vite que je ne le voudrais.

— Comme vous le savez, l'auberge de mes parents fait partie du patrimoine local, dis-je en essayant de garder mon calme. Elle attire aussi bien les habitués, que des visiteurs de passage, mais elle aurait besoin d'un souffle nouveau pour redevenir un lieu d'accueil moderne sans perdre son charme traditionnel.

Je m'efforce de me concentrer sur mes mots, évitant soigneusement le regard de Raphaël, qui, je le sens, est posé sur moi encore une fois. Mon père et ma mère interviennent tour à tour pour détailler le projet, les aménagements envisagés, et l'approche collaborative que nous avons en tête. Le Maire écoute avec un air sérieux, ponctuant nos explications de hochements de tête encourageants.

Je jette un rapide coup d'œil vers Raphaël. Son visage reste impassible, mais il prend des notes, visiblement attentif à ce que nous disons. Mon esprit tente d'ignorer les souvenirs qui ressurgissent en le voyant ici, à quelques pas seulement.

Je leurs montre aussi les différents croquis que j'ai pu dessiner. Raphaël semble de plus en plus surpris.

— C'est toi qui as dessiné ça ? m'interroge -t-il bouche bée.

La timidité m'empêchant de répondre j'acquiesce pour lui confirmer ce qui semblait logique pour moi.

— C'est magnifique.

Je le remercie et me tourne vers son père, attendant impatiemment son verdict. Le Maire se penche en avant, les mains jointes.

— C'est un projet très intéressant, commence-t-il. Nous avons besoin de ce type d'initiatives pour redonner vie aux petites structures locales. Que penses-tu, Raphaël ?

C'est là que mon cœur se serre. Je tourne instinctivement la tête vers lui, guettant sa réaction. Raphaël relève les yeux de ses notes, un léger sourire en coin.

— Je pense que c'est un projet ambitieux, mais réaliste, répond-il d'une voix calme. Il y a des opportunités de financement que nous pourrions explorer ensemble, et la modernisation de l'auberge serait bénéfique pour attirer une clientèle plus jeune, en plus des habitués.

Il me regarde directement en ajoutant :

— Avec un dossier solide, je suis confiant qu'on pourra mobiliser des aides locales et régionales.

Son soutien me surprend un peu, et je sens un mélange de soulagement et de gratitude. Il semble très professionnel, détaché même, mais une petite étincelle dans son regard laisse deviner qu'il n'a pas tout oublié de notre histoire.

Je reprends doucement mon souffle, rassurée par l'approbation de Raphaël. Pourtant, ce regard... je ne sais pas s'il me déstabilise plus par ce qu'il cache ou ce qu'il révèle.

— Très bien, enchaîne le Maire en se redressant. Dans ce cas, voici ce que je vous propose : travaillez avec Raphaël pour monter le dossier de financement. Il connaît bien les démarches nécessaires et pourra vous aider à solidifier votre demande. Ensuite vous pourrez commencer les travaux, vous n'avez pas besoin de permis de construire au vu des plans.

Je sens une chaleur monter à mes joues. Travailler avec Raphaël ? J'essaie de dissimuler ma surprise sous un sourire poli, tandis que mes parents, eux, affichent un soulagement palpable.

— Bien sûr, Monsieur le Maire, répond mon père. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que ce projet prenne vie.

Le Maire se lève alors, mettant un terme à la réunion. Il nous serre chaleureusement la main, mais mes pensées sont déjà ailleurs. Je vais devoir collaborer avec Raphaël. Une partie de moi craint les souvenirs et les questions en suspens, tandis qu'une autre... est peut-être curieuse.

Nous sortons de la salle et je me retrouve soudainement seule avec Raphaël dans le couloir, mes parents ayant pris un peu d'avance pour récupérer nos manteaux. L'homme en face de moi me regarde un instant, puis se lance :

— Ça faisait longtemps, Léa, murmure-t-il, un sourire presque imperceptible aux lèvres l'air mi-moqueur, mi-sarcastique. Tu as réussi à quitter Paris, alors.

Je hoche la tête, ne sachant trop quoi répondre.

— Oui pour deux semaines, dis-je avec un sourire timide. Et toi ? Tu n'as jamais quitté Charvex ?

Il acquiesce.

— J'ai tout ici, il était hors de question pour de partir. Les choses ont changé depuis que tu es partie, mais certaines sont restées les mêmes.

Son regard me laisse deviner ce qu'il sous-entend. Nos souvenirs communs, enfouis sous des années de silence.

— Tu as tellement changé ! Nous ne sommes plus des gamins maintenant, je lui dis autant pour lui que pour moi.

Avant qu'il ne puisse répondre, mes parents nous rejoignent, interrompant notre échange.

— Alors, on s'organise pour le dossier ? propose Raphaël avec une cordialité professionnelle.

Je hoche la tête, tentant de retrouver mon calme.

— Oui. Disons demain matin, si ça te convient ?

— Parfait, répond-il avec un léger sourire. À demain, alors.

Alors que nous nous éloignons vers la sortie, je ressens un étrange mélange d'excitation et d'appréhension. Travailler avec Raphaël... c'est comme réveiller une vieille part de moi-même que j'avais soigneusement laissée derrière. Pourtant ça ne me laisse pas indifférente, j'ai bien envie de savoir ce qu'est devenu cet homme, qui n'est plus le garçon que j'aimais.

— Ça va ? Ce n'est pas trop difficile de le revoir après tant de temps ? Me questionne ma mère une fois dans la voiture.

— C'est bizarre mais je vais devoir faire avec, nous devons travailler main dans la main si nous voulons que le projet réussisse.

Ma mère acquiesce, le regard empreint de compréhension. Elle sait, sans que je lui dise, que revoir Raphaël n'est pas anodin pour moi. Mon père, lui, observe la route avec un air songeur.

— Tu as grandi, Léa. Parfois, revenir sur le passé fait partie de l'aventure, glisse-t-il en me jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.

Je souris, touchée par ses mots. Mes parents n'ont jamais vraiment cherché à creuser dans mon histoire avec Raphaël, mais ils devinent sans doute plus que je ne l'imagine.

— J'ai l'impression que vous étiez au courant qu'il serait là, je leur confie un peu méfiante.

— On se doutait avoue ma mère, mais on ne voulait pas te faire stresser avant le rendez-vous sachant qu'en plus nous n'étions sûr de rien.

J'encaisse ce que ma mère me dit, ils ont peut-être eu raison, ça m'a évité un gros stresse. Et puis de toute façon c'est fait ça ne sert à rien d'en vouloir à mes parents. La voiture traverse les paysages enneigés des montagnes, les maisons recouvertes d'un voile blanc immaculé. Le calme de la campagne contraste avec le tumulte de mes pensées.

Une fois à la maison, je me plonge dans mes notes pour préparer ma rencontre de demain. Les idées défilent, mais malgré moi, des souvenirs me traversent — des rires partagés, des promenades dans la forêt... et cette complicité qui, autrefois, semblait indestructible. Pour me changer les idées, En milieu d'après-midi, je décide de prendre la voiture de mes parents pour aller me promener en ville. L'air frais ne peut me faire que du bien. Je me gare au parking principal puis déambule à pied à travers les rues animées. Je croise plusieurs personnes que je connais et qui ont l'air ravie de me revoir en ville. Je discute avec des anciennes connaissances, je flâne et j'en profite pour faire quelques boutiques. En début de soirée je remonte à la maison pour rejoindre mes parents. Une fois que ma mère à servis le repas de l'auberge, nous débouchons la bouteille que j'ai acheté en ville pour fêter le renouveau de l'auberge. Une soirée heureuse et riche en émotion. Rien de mieux que du champagne pour fêter les bonnes nouvelles. Nous avons mêmes invité les quelques clients de l'auberge à venir boire une flute de champagne avec nous.

...

Au matin, après une nuit agitée, je me rends à l'auberge, où Raphaël m'attend déjà dans la petite salle que mes parents nous ont mise à disposition pour travailler. Il est concentré sur son ordinateur, mais lève la tête dès que j'entre dans la pièce.

— Prête à attaquer ? demande-t-il, le regard franc.

— Prête, réponds-je en déposant mes dossiers sur la table, bien décidée à garder les choses strictement professionnelles, pour le reste on verra plus tard.

Nous passons la matinée à travailler, échangeant des idées et discutant des différentes pistes de financement. Par moments, je sens son regard posé sur moi, comme s'il cherchait à me dire quelque chose, mais je m'efforce de rester impassible.

Finalement, en fin de matinée, il pose son stylo et se redresse.

— Léa, ça fait des années qu'on ne s'est pas parlé. J'aimerais qu'on prenne un moment pour discuter... en dehors de ce projet, propose-t-il.

Son regard est sincère, et je sens mon cœur s'emballer. Il est peut-être temps de démêler les fils de notre passé. Je ne sais pas à quoi m'attendre mais j'accepte

— Je t'écoute

— Il faut que je te dise quelque chose. Je... je me suis fiancé cette année.

Le choque. Raphaël ? Fiancé ? Je reste figée, incapable de dissimuler ma surprise. Fiancé ? Je ne m'y attendais pas, pas une seule seconde. Raphaël, avec qui j'avais tant partagé, tant imaginé, est fiancé. Les mots flottent entre nous, lourds de tout ce que nous avons été, de ce que nous n'avons jamais eu l'occasion de dire. Je retiens mes larmes.

— Félicitations, dis-je, en me forçant à sourire. Ça... c'est une grande nouvelle.

Il hoche la tête, le regard fuyant un instant, avant de poser à nouveau ses yeux sur moi.

— Merci, Léa. Je tenais à te le dire en personne. C'est important pour moi, tu sais ?

Je sens un poids se glisser dans ma poitrine, un mélange de nostalgie, de tristesse et de regrets qui s'accumulent, mais je garde mon calme.

— Je comprends. C'est... important de partager ça, surtout quand ça concerne des personnes qui ont compté, je réponds doucement.

Raphaël esquisse un sourire, mais il y a quelque chose dans son expression que je ne parviens pas à saisir, comme une hésitation.

— Je veux aussi qu'on laisse derrière nous tout ce qu'on n'a jamais dit, tout ce qu'on a laissé en suspens. Je ne veux pas de malentendus ou de regrets.

— Moi non plus, dis-je en serrant légèrement les poings, essayant de calmer les émotions qui montent.

Le silence s'installe entre nous, comme une pause nécessaire pour absorber les années, les souvenirs, les choses non dites.

— Qui est ce ? Je la connais ? Je lui demande à tâtons.

— Oui.

Il semble hésitant, mal à l'aise, mais finit quand même par répondre.

— C'est Jasmine.

Coup de poignard. C'est donc pour ça qu'elle ne m'a jamais répondu. Comment peuvent-t-ils me faire ça. Jasmine était ma meilleure amie quand je vivais ici. C'est la seule que j'ai essayé de contacter après mon départ et elle ne m'a jamais répondu à mes messages, maintenant je sais pourquoi.

— C'est donc pour ça ... Et depuis combien de temps ça dure ?

— Nous avons commencé à nous fréquenter un peu moins d'un an après ton départ.

Sous le choc je me lève et lui jette un « connard » avant de partir en courant vers la maison. C'est trop douloureux. Moi qui m'en voulais de l'avoir laissé tomber, il a fait bien pire. Je passe devant mes parents. Ils ont surement vu mes larmes mais ne disent rien. Une fois dans ma chambre je lance un appel vers Camille et lui raconte tout ce qui vient de se passer.

À l'autre bout du fil, Camille écoute en silence, puis elle murmure :

— Oh Léa... je ne sais même pas quoi dire. C'est tellement injuste. Je comprends maintenant pourquoi elle t'a coupée de sa vie sans explications.

J'essuie mes larmes, incapable de contrôler la vague d'émotions qui me submerge.

— J'avais tout quitté, et elle... elle savait que j'avais besoin d'elle. Elle était ma seule amie d'ici, Camille. Comment ont-ils pu ?

— C'est horrible, concède Camille d'un ton réconfortant. Mais rappelle-toi, tu n'as rien fait de mal, Léa. C'est eux qui t'ont trahi, pas l'inverse.

Sa voix m'apaise un peu, mais je sens encore cette blessure, ce mélange de trahison et de colère. Pendant toutes ces années, j'ai cru que j'avais commis une erreur en partant, en laissant Raphaël et Jasmine derrière moi. Et aujourd'hui, je découvre qu'il a avancé sans un regard en arrière.

— Tu sais quoi ? continue Camille pleine d'énergie. Rappelle-toi pourquoi tu es ici. Laisse-les là où ils sont, ils ne méritent pas que tu t'attardes sur eux. Concentre-toi sur ce qui compte vraiment.

Je respire profondément, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Camille a raison. Mes parents, l'auberge, tout ce projet, c'est tout ce qui doit compter à présent. Je vais y arriver.

— Merci, Camille. Tu sais toujours trouver les mots.

Je raccroche et reste un moment à fixer le plafond, tentant de retrouver mon calme. Le froid de la pièce me ramène doucement à la réalité. Je dois garder la tête haute, pour mes parents, pour ce projet, et pour moi-même. Mes relations avec Raphaël ne seront que strictement professionnelle. Il est hors de question que je craque devant lui une deuxième fois. 

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