Léa
Nous sommes le 26 décembre. Noël est passé, emportant avec lui son lot d'émotions, de rires et de souvenirs précieux. Bien qu'éprouvantes, les fêtes se sont merveilleusement bien déroulées. Tout le monde a été aux petits soins avec moi, veillant à ne pas me brusquer, à ne pas me surmener. Même lors de nos moments plus intimes, Raph faisait preuve d'une douceur infinie, craignant toujours de me faire mal ou de rouvrir mes blessures. Il est merveilleux, je n'avais pas le souvenir que nous ayons été si complémentaire quand nous étions plus jeunes. C'est comme s'il était la deuxième partie de moi, de mon cœur et de mon âme. Ça aurait été très différent s'il n'avait pas été là pour mon retour à Charvex. C'est pour lui que je reste.
Je lève la main et effleure du bout des doigts la fine cicatrice qui marque encore mon flanc. Trois coups de couteau... Ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable, c'est sûr. Mais ce n'est plus une douleur omniprésente. Je commence tout juste à ne plus faire de cauchemar. Je veux avancer passer à autre oublier tout ce qui s'est passé mais ces cicatrices seront toujours là pour me rappeler ce que j'ai vécu. C'est une part de mon histoire, de notre histoire, et aujourd'hui, je choisis de la laisser derrière moi.
Un souffle glacé traverse la vallée, soulevant quelques flocons de neige fraîche. Depuis la terrasse de l'auberge, je contemple le paysage. L'extérieur a déjà beaucoup changé depuis mon retour de Paris. Les travaux avancent bien, et l'endroit commence enfin à ressembler à ce que nous avions imaginé. Un refuge chaleureux, un lieu de vie et de partage.
Plongée dans mes pensées je ne vois pas tout de suite que Raph me rejoint, une tasse de café fumante entre les mains. Il me la tend avant de passer un bras autour de ma taille. Invitée par cette étreinte je me blottie contre lui.
— Tu es sûre que ça va ? demande-t-il doucement l'air inquiet.
Je pose ma tête contre son épaule, savourant sa chaleur et tout cet amour qu'il me porte. Il est tout ce dont j'ai besoin pour me sentir bien et heureuse aujourd'hui. J'ai bien connu quelques relations quand j'étais à Paris mais rien de ce genre. Vous savez, ces palpitations qu'on ressens quand on sait pertinemment que c'est la bonne personne. Qu'on est sûr d'être avec l'amour de notre vie, notre âme sœur.
— Oui, je suis sûre.
Il dépose un baiser sur mes cheveux et nous restons là, silencieux, à observer le jour se lever sur notre nouvelle vie.
Raph resserre encore plus son étreinte autour de moi, et je me laisse aller contre lui, profitant de cet instant de calme. Il doit ressentir lui aussi cette connexion entre nous.
— Je t'aime Raph, je lui déclare les larmes au bord des yeux.
— Moi aussi je t'aime mon amour, me répond-t-il l'air aussi ému que moi.
Le vent glacé fait rosir mes joues, mais je ne ressens pas le froid. Pas tant qu'il est là.
— Tu réalises qu'il y a quelques jours encore, on ne se parlait plus ? murmuré-je avec un sourire en coin. Nous ignorions même ce que l'autre devenait.
Il laisse échapper un petit rire, amusé et nostalgique à la fois.
— Ouais... Si on m'avait dit qu'on en arriverait là, je n'y aurais jamais cru.
— Moi non plus.
Je prends une gorgée de café, laissant la chaleur envahir ma poitrine, avant de lever les yeux vers lui.
— Mais je ne regrette rien.
Il me regarde, son expression s'adoucissant.
— Moi non plus, souffle-t-il avant de déposer un baiser sur mes lèvres. Je suis même plus que ravie. J'ai toujours pensé au destin, si on s'est déparé à l'époque c'était pour une raison, nous nous sommes retrouvés c'est tout ce qui compte et le destin le savait.
Quand Raph s'éloigne, ses yeux pétillent d'une lueur que je connais bien. Mais avant que je ne puisse lui poser la moindre question, des bruits de pas résonnent derrière nous. Je me retourne et aperçois mes parents qui avancent vers nous, emmitouflés dans leurs manteaux d'hiver. Je vois leurs yeux pétillés de bonne humeur, eux aussi sont heureux. J'espère que mon retour y est pour quelque chose. J'ai profité que tout le monde soit réuni hier soir pour annoncer que je revenais vivre ici. Mes parents ont sauté de joie sans pouvoir arrêter de sourire de la soirée.
Seulement, ils ne sont pas seuls.
Derrière eux, une silhouette familière se tient légèrement en retrait, les mains enfoncées dans les poches, un sourire timide au bord des lèvres.
Mon cœur manque un battement.
Je cligne des yeux un instant, persuadée d'être victime d'une hallucination. Mais non. C'est bien elle. Ma meilleure amie, celle avec qui je partage la plus grande partie de ma vie à Paris.
Sans réfléchir, je m'élance en courant et me jette dans ses bras.
— CAMILLE !!!
Son rire cristallin éclate tandis qu'elle me serre contre elle avec force.
— Oui, ma chérie, c'est moi ! Je suis tellement heureuse de te voir, dit-elle en m'écrasant presque dans son étreinte.
Je la serre encore plus fort, refusant de la lâcher. L'émotion me submerge, une vague de bonheur pur.
— Mais qu'est-ce que tu fais ici ?! demandai-je en me reculant à peine pour plonger mon regard dans le sien.
— J'ai pris quelques jours de congé, il était hors de question que je ne sois pas là pour toi.
Ses mots me serrent le cœur. Camille, ma meilleure amie, mon roc, celle qui était toujours là pour moi à Paris. Elle était la seule chose qui me manquait encore ici. Mais maintenant... maintenant, elle est là.
— C'est une surprise de Raph et de tes parents, m'explique-t-elle en jetant un regard complice à ma famille.
Je me tourne vers eux, touchée.
— Vous êtes incroyables.
Ma mère me sourit, attendrie, et mon père hoche la tête d'un air satisfait.
— Tu avais besoin d'elle, c'était évident.
Raph s'approche et glisse un bras autour de ma taille.
— Et puis, il fallait bien qu'elle voie par elle-même à quel point tu es heureuse ici.
Je fixe Camille, une boule d'émotion dans la gorge.
— Alors ? demandé-je, les yeux brillants.
Elle scrute l'auberge en chantier, le paysage enneigé, puis moi, son sourire s'élargissant.
— Alors... je crois que tu es exactement là où tu dois être.
Je hoche la tête, une vague de certitude me traversant.
— Une dernière chose avant de rentrer se réchauffer, affirme Raph.
Mon amoureux se tourne vers moi et attrape mes mains, je vois dans son regard qu'il a quelque chose sur le cœur, quelque chose d'important. Il hésite un instant alors je décide de l'aider.
— Raph ?
— J'ai une dernière question ou requête prends le comme tu veux, Je ... Est-ce que tu voudrais venir vivre avec moi ? Je sais que c'est précipité mais je ne veux pas per...
— Oui, oui, oui, mille fois oui Raphaël Prater.
Dans un tourbillon de bonheur, Raph me fait tournoyer dans les aires et durant un instant encore, nous ne sommes plus que tous les deux dans notre bulle de bonheur.
Oui. Je suis enfin à ma place.
Et cette fois, je n'ai plus aucun doute.
FIN