Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
LiseBrey
Share the book

Chapitre 12 : Julius

La soirée avait débuté dans une atmosphère légère et festive, et pour la première fois depuis longtemps, je prenais plaisir à être en société sans arrière-pensées. Je n’étais pas ici en mission pour mon père, ni contraint de répondre à des attentes impossibles. Pour une fois, j’étais simplement venu profiter, sans obligations. L’excitation m’avait même poussé à arriver parmi les premiers invités, une rareté pour moi.

En entrant dans la salle, mon regard fut immédiatement attiré par Astra. Elle se tenait droite, imposante et élégante, son port de tête et sa grâce naturelle attirant les regards admiratifs des convives. Sa robe noire et scintillante, sertie de cristaux, reflétait la lumière des chandeliers, lui donnant des allures de reine nocturne. C’était fascinant de voir à quel point elle maîtrisait l'art de s’imposer sans effort, envoûtante et inapprochable à la fois.

Alors que je m’approchais, je remarquai qu’elle était concentrée sur quelque chose, ou plutôt sur quelqu’un. Mon instinct me fit redoubler de prudence, mes sens en alerte. Un trouble si tôt dans la soirée ? Ce n’était pas impossible. Puis, je compris. Ce n’était pas un incident qui captait son attention, mais l’apparition des deux sœurs venues de la Terre des Humains. Leur entrée avait été remarquée par tous. C’était Esta, la sœur à la peau bleue, qui accaparait les regards. Contrairement à la plupart des invitées, vêtues de robes somptueuses et de tenues extravagantes, Esta portait un pantalon argenté qui mettait en valeur sa silhouette élancée. Elle n’avait pas maquillé son visage, mais avait orné son corps de motifs et de cristaux scintillants, renforçant l’éclat mystérieux de sa peau bleue. Elle était un véritable contraste vivant avec les codes sociaux stricts du Royaume des Ombres. Cette audace, ce refus des normes, la rendait d’autant plus fascinante à mes yeux.

Dès cet instant, je ne pouvais plus détacher mon regard d'elle. Je continuais à parler, à sourire, et à échanger quelques banalités avec d’autres invités, mais toujours, mon esprit revenait à Esta. À chaque verre que je portais à mes lèvres, à chaque bouchée de nourriture, je me surprenais à me demander si elle apprécierait ces saveurs, ces instants. C'était comme une obsession rampante, que je ne parvenais pas à éteindre. Finalement, après avoir longtemps hésité, je décidai d'aller lui parler. Je devais assouvir cette curiosité qui grandissait en moi.

— Bonsoir, passez-vous une bonne soirée ? demandai-je en m'approchant, ma voix douce, presque mielleuse.

Je portais un masque, comme tous les invités, mais je savais qu'elle me reconnaîtrait. Je comptais sur cette petite ambiguïté pour atténuer la tension qui pouvait exister entre nous. Elle me détailla de haut en bas, son regard perçant semblant lire au travers de mon masque, et je sus immédiatement qu'elle savait qui j’étais.

— Bonsoir. Oui, je passais une bonne soirée, répondit-elle, glaciale.

Je sentis le froid de sa réponse m’envelopper comme un vent d'hiver, mais je refusai de me laisser décourager.

— Pouvons-nous discuter un peu ? Je sais que nous avons commencé du mauvais pied, mais j’aimerais me racheter, tentai-je.

Elle resta silencieuse un instant, observant non seulement moi, mais aussi mon loup qui se tenait à mes côtés, fidèle et vigilant. Après un moment d’hésitation, elle hocha lentement la tête. C’était loin d’être un accueil chaleureux, mais c’était suffisant pour moi.

— Je tiens à m’excuser, repris-je. J’étais dans une situation compliquée. Mon père avait le contrôle sur moi…

Elle hocha la tête à nouveau, sans prononcer un mot. C’était un signe, un encouragement à continuer, mais elle restait distante. Elle écoutait, mais elle n’était pas engagée dans la conversation. Chaque mot que je prononçais semblait rebondir contre une barrière invisible. Ses réponses se faisaient rares, ses gestes peu engageants. Elle m'accordait un peu de son temps, mais il était clair qu'elle ne souhaitait pas converser avec moi plus longtemps que nécessaire.

Piqué dans mon ego, je décidai de mettre fin à la discussion de manière abrupte. J’avais fait un effort, j’avais été aimable, j’avais même présenté des excuses, et elle me traitait ainsi, avec ce mépris silencieux ? Frustré, je me détournai d’elle et me dirigeai vers d’autres convives. Je discutai avec quelques femmes, tentant de me distraire, de chasser Esta de mon esprit, mais sans succès. Cette elfe bleue me hantait. Mes pensées revenaient toujours à elle, et cette obsession ne faisait que grandir.

Soudain, mon loup attira mon attention. Je sentis une vague d’agitation émaner de lui. Il ne pouvait pas me parler directement, mais nos âmes étaient liées, et il pouvait me transmettre des impressions, des sentiments. Je me mis à l’écart pour mieux capter ce qu’il voulait me dire. Mon loup était troublé. Il m’envoyait des sensations d’urgence, d’insistance. Esta avait quelque chose de particulier, quelque chose d’important. Il m’incitait à persévérer, à ne pas abandonner malgré sa froideur. Je lui faisais confiance, comme toujours. Son sixième sens avait toujours été d'une acuité surprenante. S'il voyait quelque chose en elle, alors je devais le prendre au sérieux.

Je décidai donc de tenter une approche plus directe, plus sincère.

— Rebonsoir, dis-je en revenant vers elle. Je retente ma chance avant que tu ne me dises de dégager de ta vue.

Elle resta silencieuse, ses yeux fixés sur moi. Je pris cela comme une invitation à continuer. Si elle ne voulait pas m'entendre, elle m'aurait déjà repoussé.

— Cela va te paraître étrange, mais mon loup m’a fait comprendre que je devais continuer à te parler. J’ai aussi remarqué que tu jettes souvent des regards en sa direction. Est-ce que ce qu’il m’a dit et ton comportement ont un quelconque lien ?

Cette fois, je vis quelque chose changer dans son expression. Ses yeux se firent plus pensifs, presque vulnérables. J'avais touché un point sensible. Elle soupira, puis, à ma grande surprise, décida de me répondre.

— Je peux parler aux animaux, dit-elle simplement. Et si je ne vous ai pas encore demandé de partir, c’est uniquement parce que votre loup vous voit comme un homme bien.

Sa réponse me laissa sans voix pendant quelques secondes. Elle parlait aux animaux ? Ce don était rare, presque mythique. Peu de gens possédaient cette capacité, et encore moins parmi les créatures que je côtoyais.

— Donc tu fais plus confiance à un animal qu'à moi ? rétorquai-je, légèrement vexé.

— Tout juste, répondit-elle, sans hésitation.

Sa franchise me fit sourire malgré moi. J’étais partagé entre l'agacement et la fascination. D’un côté, elle me considérait moins digne de confiance qu’un loup, moi, Julius Cole, chef du clan le plus puissant des Ombres. De l’autre, elle possédait un don que je n'avais jamais rencontré auparavant. Cela ouvrait un monde de possibilités et de mystères. Je ne pouvais pas m’arrêter là. J’étais ici pour me faire pardonner, et je n’obtiendrais pas mes réponses si je laissais ma frustration prendre le dessus.

— Comment cela fonctionne-t-il ? demandai-je, curieux.

— De quoi parlez-vous ?

— La communication avec les animaux. Est-ce que tu leur parles comme à un humain ? Ou est-ce de la télépathie ?

— De la télépathie, répondit-elle simplement.

— Et tu as ce don depuis toujours ? Est-ce que tous les gens comme toi ont ce pouvoir ?

À ma dernière question, je la vis se figer, son regard se perdant dans le vide. Une lourdeur s'installa entre nous, une tension que je ne comprenais pas encore. Sans un mot de plus, Esta se leva et s’éloigna, me laissant là, au milieu de la pièce, déconcerté. Elle ne partit pas pour parler à quelqu’un d’autre, ni pour répondre à une quelconque urgence. Elle avait simplement décidé qu’elle ne voulait plus me parler. Cette froideur soudaine, ce rejet silencieux, me laissa amer. J’avais fait un effort, j’avais été courtois, et elle m'avait tout simplement tourné le dos sans explication.

Alors que je m'apprêtais à rejoindre d'autres invités, je vis Astra s'approcher de moi, son regard dur et inquisiteur. C’était la goutte d'eau. Elle venait probablement me demander des comptes sur quelque chose, comme si tout le monde ici s’était ligué contre moi pour m’empêcher de profiter de la soirée. J'étais venu pour passer un bon moment, et au lieu de cela, je repartais avec un fardeau de frustration et de colère.

Quand je rentrai chez moi, le goût amer de l'échec me brûlait encore la gorge. Rien ne s’était passé comme je l'avais prévu, et je sentais que quelque chose d’obscur se tramait autour de moi.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet