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LiseBrey
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Chapitre 25 : Isis

Le château du clan BlackCoffin se dressait toujours fièrement sur sa colline, ses hautes tours plongeant dans un ciel nocturne éternel, comme si le temps lui-même avait cessé de s’écouler. L’ombre et le silence régnaient en maîtres, et la brume épaisse qui s’enroulait autour des fondations anciennes semblait murmurer des secrets oubliés à travers les âges. La forteresse, autrefois un symbole de peur et de mystère, était maintenant un bastion de sécurité pour moi, Isis, et pour ceux qui y trouvaient refuge. Mais après tout ce qui s’était passé, après tous les combats, les trahisons, et les révélations, il me restait une dernière bataille à mener : celle contre moi-même.

Le temps avait passé depuis la défaite de Dozemith, le démon des abysses, celui qui avait détruit ma famille et plané comme une ombre constante sur ma vie. J’avais goûté à la victoire, à la paix temporaire qui suivait chaque grande bataille, mais la réalité était bien plus complexe. La menace immédiate avait disparu, mais le poids des décisions que j’avais prises, des sacrifices consentis, me pesait chaque jour un peu plus. Astra, l’amour de ma vie, reposait à mes côtés, son corps encore marqué par les cicatrices de la bataille. Je passais mes jours à veiller sur elle, à gérer les affaires du clan avec une attention méticuleuse, mais surtout à m'interroger sur le futur.

Le rôle de cheffe de clan, ce fardeau de responsabilité que je n’avais jamais demandé mais que j’avais fini par accepter, était plus lourd que je ne l’avais imaginé. Depuis un an et demi, ma vie avait changé de manière si radicale que parfois, j'avais du mal à me reconnaître. J’étais passée d’une simple jeune femme à la recherche de réponses sur son passé à une demi-vampire, tueuse de démon et briseuse de malédiction. Et désormais, je partageais cette charge avec Astra, l’une des femmes les plus puissantes que j’aie jamais rencontrées, mais aussi l’une des plus fragiles, émotionnellement parlant.

J’observai Astra pendant qu’elle dormait, son visage pâle baigné par la lumière de la lune qui pénétrait à travers les fenêtres. Son sommeil était agité, comme souvent depuis la bataille contre Dozemith. Même si elle guérissait lentement, ses rêves étaient hantés par les ombres du passé et les responsabilités qui pesaient sur elle. Les murmures de ses cauchemars étaient les mêmes que ceux qui s’infiltraient dans mes propres rêves, me rappelant que notre victoire n’était qu’une étape dans une guerre plus vaste, plus sournoise.

Je me levai doucement pour ne pas la réveiller, me dirigeant vers le balcon qui surplombait le village en contrebas. De là, je pouvais voir les toits des maisons vampiriques, les sentiers sinueux éclairés par des lanternes à la lueur spectrale. Tout semblait paisible, mais je savais que cette paix était trompeuse. L’obscurité régnait ici, dans ce monde de la nuit éternelle, et même si nous avions survécu à une attaque dévastatrice, il restait des cicatrices invisibles qui mettraient des années à guérir.

Ma relation avec Astra avait survécu à tout cela, mais à quel prix ? L’amour que je ressentais pour elle s’était renforcé, forgé par le feu de nos épreuves communes. Mais il était également teinté d’une ombre de doute. Je me souvenais encore de Julius, de la manière dont il l’avait trahie en utilisant ses sentiments pour ses propres intérêts. Bien qu’elle ait depuis longtemps tourné la page, cette expérience l’avait changée. Elle lui avait appris à ne jamais baisser sa garde, même avec ceux que j’aimais le plus. Astra savait que je n’étais pas Julius, mais la douleur du passé laissait des marques profondes, des blessures qui ne se refermaient jamais complètement. Je devais faire face à ces cicatrices et les recouvrir d’amour afin qu’elles soient moins douloureuses. 

Mon regard se perdit dans les collines lointaines, et je repensais à la bataille contre Dozemith. C’était là, que j’avais réalisé la portée de mon héritage. La dague de ma mère, celle que j’avais utilisée pour tuer le démon, reposait désormais dans un coffre près de notre lit. Esta l’avait scellée avec des enchantements puissants, utilisant ses connaissances druidiques. Je ne voulais plus jamais la brandir, sauf en dernier recours. Cette dague, symbole de mon passé, de mes liens avec ma mère et de la malédiction qui avait failli détruire notre lignée, représentait aussi ma plus grande peur : celle de sombrer entièrement dans la nuit, de perdre ce qui restait d’humanité en moi.

Le vent soufflait doucement, apportant avec lui l’odeur des roses noires qui poussaient dans les jardins du château. Ces roses, symbole du clan BlackCoffin, étaient aussi belles que mortelles, un rappel constant de la dualité de notre existence. Vivant entre la lumière et l’ombre, entre la vie et la mort, nous marchions sur un fil étroit, chaque jour risquant de basculer de l’un côté ou de l’autre.

Ma vie au château avait pris un rythme étrange, à la fois solitaire et pourtant constamment entourée d’âmes immortelles. Les gardes patrouillaient silencieusement, les serviteurs allaient et venaient, mais je me sentais plus isolée que jamais. Astra et moi partagions un lien profond, un amour indéniable, mais nos devoirs respectifs nous maintenaient souvent à distance. J’avais pris sur moi une grande partie de la gestion du clan, laissant Astra se reposer et guérir. Je m’occupais des affaires politiques, des conflits internes, des alliances à maintenir avec les autres clans. C’était un travail épuisant, mais nécessaire. Je voulais protéger ce que ma mère avait bâti, ce que Astra et moi avions sauvé.

Pourtant, malgré tout, une partie de moi se demandait ce que cela signifiait vraiment. Qu’avais-je gagné en prenant ce rôle ? J’avais sacrifié tellement pour obtenir ce pouvoir, pour protéger ceux que j’aimais. Et pourtant, la solitude persistait, la peur que tout cela ne puisse jamais vraiment être à moi, que je sois toujours sur le point de tout perdre à nouveau. L’ombre de Dozemith ne disparaîtrait jamais complètement.

Un bruit léger derrière moi me tira de mes pensées. Astra s’était réveillée, ses yeux rouges perçant l’obscurité alors qu’elle s’approchait doucement de moi. Je lui offris un sourire fatigué, mais sincère, et elle se glissa à mes côtés sur le balcon, son regard suivant le mien vers l’horizon.

— À quoi penses-tu ? murmura-t-elle, sa voix douce rompant le silence de la nuit.

Je pris une profonde inspiration avant de répondre.

— À tout, et à rien à la fois. Je pense à ce que nous avons accompli, à ce que nous avons perdu… et à ce que l’avenir nous réserve.

Astra hocha la tête, ses yeux se perdant dans le lointain.

— Je me demande parfois si nous avons vraiment gagné. Nous avons survécu, c’est sûr, mais à quel prix ? J’ai l’impression que chaque victoire ne fait que nous rapprocher un peu plus du précipice.

— Peut-être que nous ne devons pas chercher à gagner, dis-je finalement. Peut-être que tout ce que nous pouvons faire, c’est continuer à avancer, un jour à la fois. Protéger ce que nous avons, tant que nous le pouvons.

Astra tourna ses yeux vers moi, et pour la première fois depuis des semaines, je vis une lueur d’espoir dans son regard.

— Tu as raison, murmura-t-elle. Nous ne pouvons pas tout contrôler. Mais nous pouvons nous battre pour ce qui compte vraiment. Pour nous. Pour ceux que nous aimons.

Je me tournai vers elle, prenant sa main dans la mienne. La fraîcheur de sa peau me rappelait à quel point elle était différente de moi, à quel point elle incarnait cette dualité que je ressentais en moi. Mais malgré ces différences, malgré les obstacles qui nous séparaient, notre amour restait la seule chose tangible, la seule lumière dans cette obscurité infinie.

— Astra, je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais je sais que je veux le vivre avec toi, dis-je, mes mots aussi fermes que mon engagement.

Elle me regarda, et dans ses yeux, je vis la même résolution, le même désir de construire quelque chose de durable dans ce monde incertain.

— Nous le vivrons ensemble, répondit-elle, sa voix douce et assurée. Quoi qu’il arrive.

Nous restâmes là, main dans la main, à contempler la nuit. Le vent soufflait doucement autour de nous, comme un murmure rassurant, un rappel que malgré les ténèbres, il y avait toujours un espoir, toujours une lumière à chercher, même dans les recoins les plus sombres de l’existence.

Avec le temps, nous apprendrions à naviguer dans cette obscurité. Nous continuerions à nous battre, non pas pour une victoire absolue, mais pour chaque moment de paix, pour chaque instant de bonheur volé à la nuit. Le monde des vampires, des immortels, était complexe et dangereux, mais il était aussi rempli de beauté et de promesses. Et tant que nous serions ensemble, nous trouverions un moyen de survivre, de prospérer, et de protéger ceux qui comptaient pour nous.

Cette nuit-là, en silence, nous fîmes une promesse : quoi qu'il arrive, nous resterions unies face aux ténèbres. Et pour la première fois depuis longtemps, je me sentais prête à affronter l’avenir.

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