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LiseBrey
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Chapitre 13 : Raphaël

Je n’avais rien trouvé sur Sasha. Pas la moindre trace, comme s’il n’avait jamais existé. C’était inhabituel. Très inhabituel, même. Tout le monde a un passé, des dossiers, des relations, des petits délits cachés ici ou là. Mais pas Sasha. Zéro information, que ce soit au niveau professionnel ou personnel. C’était comme s’il avait effacé toute preuve de son existence avant d’entrer dans nos vies. Ce mystère me laissait perplexe. Si quelqu’un parvient à se rendre aussi invisible, il y a forcément une raison. Et ça m’inquiétait.

Mais Eve, elle, n’était pas aussi invisible. En fait, plus je creusais, plus des éléments intéressants émergeaient. Elle avait un passé. Et quel passé ! Hackeuse professionnelle pour des grandes entreprises, des boîtes du Fortune 500. J’avais déniché des traces d’elle dans des réseaux spécialisés, des forums underground où seuls les plus doués se font un nom. Son dossier, bien que relativement clean en apparence, révélait un talent indéniable pour pénétrer des systèmes informatiques que même des équipes entières de sécurité n’auraient pas pu protéger. C’était impressionnant, certes, mais surtout inquiétant. Qu’est-ce qu’une hackeuse comme elle faisait dans notre boîte, à un poste aussi simple, aussi « normal » ?

Je savais que je devais tirer tout ça au clair. Le doute planait et si elle cachait quelque chose, mieux valait le savoir maintenant, avant que la situation ne devienne ingérable. J’ai donc décidé de l’aborder directement, de la confronter, mais de manière subtile. Un dîner me semblait être l’endroit idéal pour une discussion franche, mais détendue.


Le restaurant que j'avais choisi était assez discret, une table au fond, loin des regards indiscrets. Eve arriva quelques minutes après moi, toujours aussi calme, toujours aussi énigmatique. Elle s'assit en face de moi et nous avons échangé les formalités habituelles, mais je n'avais pas l'intention de tourner autour du pot très longtemps.

« Je veux parler de ton passé, Eve », dis-je sans détour après avoir reposé mon verre sur la table. « J’ai fait quelques recherches. Tu as un sacré parcours… hackeuse professionnelle, disons-le franchement. Alors qu’est-ce que tu fais ici, dans cette boîte ? »

Elle ne sembla pas surprise par ma question, comme si elle s’y était préparée. « Je savais que tu allais poser cette question un jour », répondit-elle d’un ton détaché. « J’ai besoin d’un travail, Raphaël. Et cette offre était intéressante, bien payée. »

Elle jouait la carte de la simplicité, mais ça ne collait pas avec ce que j'avais découvert sur elle. « Tu veux me faire croire que tu bosses ici uniquement pour l’argent ? Une hackeuse de ton calibre pourrait toucher le triple ailleurs. »

Elle haussa les épaules, sans se démonter. « Peut-être. Mais ici, j’ai de la stabilité. Je fais ce que j’aime, et je le fais bien. »

« Et ton passé ? Comment est-ce que je suis censé comprendre ça ? »

Son regard s’était fait plus intense, et elle se redressa légèrement sur sa chaise, prête à se défendre. « Je savais que ça allait remonter tôt ou tard. Écoute, il n’y a pas de meilleure personne pour gérer les systèmes informatiques d’une grosse boîte qu’une hackeuse, non ? Je sais comment pensent les gens qui essaient de s’introduire dans un système, parce que je l’ai fait moi-même. »

Elle n’avait pas tort, mais ça ne répondait pas à toutes mes questions. « Et cette attaque récente contre nos serveurs ? Tu en sais plus que tu ne veux bien le dire, n’est-ce pas ? »

Elle soupira, comme si elle hésitait à parler. Puis elle se pencha légèrement en avant et baissa la voix. « J’ai des soupçons. Je pense que Sasha est derrière tout ça. C’est lui le hacker, mais je n’ai pas encore de preuves solides. Je voulais gérer ça seule, parce que c’est mon domaine. Mais tu es impliqué dans la sécurité de la boîte, donc tu as le droit de savoir. »

Je me suis redressé, surpris par sa franchise. « Tu n’as pas à gérer ça toute seule, Eve. Si Sasha est bien le responsable, on doit l’arrêter. On parle de la sécurité de l’entreprise, et je ne vais pas te laisser te battre seule contre ça. »

Elle acquiesça, comme soulagée que je prenne l’affaire au sérieux. « Merci, Raphaël. Mais je vais quand même creuser plus en profondeur. Je ne veux pas agir sans être certaine. »

C’est à ce moment-là que la porte du restaurant s’est ouverte avec fracas. Je tournai la tête et vis Basil entrer, visiblement furieux. Il avait l’air épuisé, mais son regard trahissait une colère qu’il peinait à contenir. Je compris immédiatement pourquoi il réagissait ainsi. Il nous voyait là, Eve et moi, en pleine conversation privée, et cela devait lui paraître ambigu. Mais il y avait autre chose. Quelque chose d’encore plus profond dans ses yeux. Une émotion que je ne voyais pas souvent chez lui : la jalousie.

Il s’approcha de nous d’un pas lourd, et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il lança d’une voix sèche : « Qu’est-ce qui se passe ici ? »

Je tentai de rester calme. « Basil, on parlait d’affaires. Rien d’autre. »

Mais il n’écoutait pas. Sa colère le submergeait. « Des affaires ? Vraiment ? Je vous trouve en tête-à-tête dans un restaurant, et tu veux que je croie que c’est juste du travail ? »

Eve tenta de le calmer, mais il ne lui prêta pas plus d’attention. Je me levai pour tenter de désamorcer la situation, mais avant que je ne m’en rende compte, il était sur moi, prêt à en découdre.

« Tu n’as rien à voir avec tout ça, Basil. Calme-toi », lui dis-je en essayant de maintenir la distance. Mais il n’en avait rien à faire. Il était aveuglé par la rage, par un mélange de jalousie et d’inquiétude qu’il ne pouvait plus contenir. Il se jeta sur moi, tentant de m’attraper au col, mais je le repoussai doucement.

« Arrête ! » cria Eve, mais Basil continuait de me fixer avec une fureur sourde. Il était prêt à tout, mais lorsque j’ai entendu Eve sangloter doucement, tout a changé. Elle pleurait, là, devant nous, et c’était comme si la colère de Basil fondait instantanément. Il la regarda, désarmé, et recula.

« Je… je suis désolé », murmura-t-il, incapable de comprendre ce qui venait de se passer.

Le gérant du restaurant, quant à lui, n’était pas aussi compréhensif. Il nous ordonna de quitter les lieux, sous peine d’appeler la police. Je jetai un regard à Eve, qui essuyait ses larmes discrètement. La situation avait totalement dérapé.


Une fois chez Basil, l’atmosphère était lourde. Personne n’osait parler en premier, alors je pris sur moi d’expliquer la situation.

« Basil, écoute. Ce n’était pas ce que tu crois. Eve et moi, on discutait du hackeur. On a des raisons de penser que Sasha est derrière tout ça, et elle voulait m’en parler avant de prendre des décisions. Il n’y a rien de personnel là-dedans. »

Il hocha la tête lentement, comme s’il essayait de digérer l’information. Mais je savais qu’il ne serait pas tranquille tant que tout n’était pas mis à plat. Eve, elle, resta silencieuse, le visage fermé. Je pouvais sentir qu’elle était à la fois en colère et attristée par la tournure des événements.

Je décidai de détendre un peu l’atmosphère en lançant une boutade. « Eh bien, Eve, on dirait que tu occupes une place un peu particulière dans cette entreprise maintenant. Basil semble y tenir, non ? »

Basil me lança un regard noir. « Raphaël, si tu n’as rien d’autre d’intelligent à dire, tu ferais mieux de partir. »

Je levai les mains en signe d’apaisement. « D’accord, d’accord. Je plaisantais. Mais tu devrais te calmer un peu, Basil. On est tous dans le même bateau ici. »

Eve se tourna vers Basil, posant doucement sa main sur son bras. « Écoute, Basil. Je suis ici pour t’aider. Pour aider la boîte. Rien d’autre. Tu n’as pas à t’inquiéter. »

Il soupira, visiblement encore tendu, mais les mots d’Eve semblaient l’apaiser, du moins pour l’instant.

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