Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
LiseBrey
Share the book

Chapitre 9 : Eve

Je me réveillais dans mon lit, bercé par une douce odeur de sucre chaud. Je ne me rappelais pas avoir été dans mon lit ou d’avoir lancé une fournée de biscuits. La soirée d’hier avait été bien mieux que je ne l’aurais imaginée. Basil était resté avec moi sans poser aucune question et j’en avais été ravie. Alors, le voir dans son costume recouvert de mon tablier vert à pois jaunes dans ma cuisine m’arracha un fou rire. Je ne m’attendais pas à voir cet homme d’affaires, puissant et froid me cuisiner d’un pain perdu. Je m’assis au comptoir de la cuisine, quelque peu gênée par autant d’attention.

— Bien dormi ? me demanda-t-il.

— Étrangement bien, avouais-je, et toi ?

— Nickel, répondit-il alors que je pouvais voir ses cernes et ses traits tirés. Pourquoi “étrangement” ? 

— Cela fait des mois que je n’ai pas aussi bien dormi et pourtant je suis dans un nouvel appartement avec un autre homme.

— On n’a pas dormi ensemble, tu sais ?

— Oui, mais tu étais quand même ici, avec moi.

— Je peux passer toutes les nuits ici si ça te permet de dormir, me proposa-t-il en rigolant. Néanmoins, je pouvais voir qu’une partie de lui était très sérieuse et que si je le lui demandais il le ferait. Savoir cela me rassura et je me détendis. J’avais l’impression d’être protégée avec lui et cela faisait longtemps que je ne m’étais pas senti comme ça avec un homme. 

— Qu’est-ce que tu veux faire aujourd’hui ? demandais-je en profitant du sucre caramélisé des tranches de pain perdu. 

— Je suis vraiment désolé, mais je ne peux pas rester. Les dossiers et les appels commencent à s’accumuler. Mais ce soir je peux revenir si ça te va. 

— Va pour ce soir alors, répondis-je quelque peu déçue.

Nous finîmes le petit déjeuner et il s’en alla en m’embrassant sur le front. Lui comme moi fut surpris par cette marque d’affection. Les joues rouges, il s’en alla et je me retrouvais seule. Je ne pensais pas que ce silence me ferait aussi peur. J’avais l’impression d’être oppressée face à tant de tranquillité. Il fallait que je m’occupe alors j’étais allée dans mon ancien studio pour déménager et payer le dernier mois de loyer à ma propriétaire. Elle ne fut pas surprise de mon départ et même m’encouragea à faire ma vie loin d’ici. Je ne savais pas de quelles parties de mon histoire elle avait connaissance, mais cela semblait suffisant pour qu’elle me souhaite de partir. 

Après avoir fait mes cartons et vendu à la propriétaire les différents électroménagers dont je n’avais plus besoin, je me rendis compte que je ne possédais pas beaucoup d’affaires. Une quinzaine de cartons soutenaient les quelques sacs de vêtements et de chaussures. Néanmoins, je n’avais pas envie de transporter tout ceci en bus alors j’appelais Alice pour qu’elle vienne m’aider avec sa voiture. Une fois encore, elle me disputa pour ne pas lui avoir dit que je déménageais. Toutefois, lorsqu’elle comprit que la décision fut prise sur un coup de tête, elle se radoucit. Il fallut faire trois aller-retour pour transporter mes affaires et nous nous écroulâmes sur le canapé une fois tous dans mon nouvel appartement.

— Si tu m’avais dit qu’un homme sexy allait t’offrir du travail et un logement, je t’aurais dit que tu délirais totalement ! s’écria Alice.

— Tu ne l’a jamais vue, comment peux-tu savoir qu’il est sexy ?

— D’un je connais tes gouts et de deux un homme qui peut t’offrir tout ça ne peut qu’être sexy.

— Je paye tout de même le loyer je te rappelle, ce n’est pas gratuit.

— Oui enfin il te donne un salaire avec lequel tu lui payes un loyer, ajouta-t-elle en me tirant la langue.

Elle n’avait pas tord, depuis que je le connaissais Basil, ma vie s’était considérablement améliorée. 

— Donc maintenant tu vis dans un deux pièces avec cuisine équipée et une vue époustouflante ? 

— Exactement. Serais-tu jalouse ma chère Alice ? demandais-je pour me moquer d’elle.

— Bien sûr ! À partir de maintenant je vis avec toi ! rigola-t-elle.

— Au lieu de dire des bêtises, allons boire un verre. Il faut bien fêter ça, dis-je avec un clin d’œil.

Alice ne refusait jamais un verre et encore moins si c’était moi qui le proposais. Nous nous retrouvâmes dans un bar de métalleux à boire de la bière à la vodka verte et à danser avec de grands gaillards. Toute cette ambiance festive me rendait heureuse et je fus surprise de voir à quel point tout ceci m’avait manqué. En fin de soirée, je proposais à Alice de dormir chez moi, car elle ne pouvait pas prendre le volant dans son état. Elle pouvait marcher et parler, mais tous ses réflexes avaient disparu. Néanmoins, je ne m’attendais pas à retrouver Basil adossé à ma porte. Il ne m’avait pas recontacté après ce petit déjeuner passé et j’avais totalement oublié qu’il devait passer. Alors que je le secouais pour le réveiller, je sentis quelque chose de chaud et humide à son contact. La paume de ma main était recouverte de sang et en regardant de plus près je constatais que sa chemise noire en était imbibée. Avec l’aide d’Alice, je l’allongeais sur le canapé préalablement recouvert de serviettes. Il n’était pas inconscient, car je l’entendais grogner à chaque fois que je le touchais, mais il n’en était pas loin. Je dégageais son visage de ses cheveux mi-longs et ouvrit sa chemise et compris son état. Il était couvert de bleus et de plaies qui saignaient abondamment. D’un geste lent, il sortit de sa poche son téléphone, murmura le code et le prénom de Jade. Je compris que je devais l’appeler et elle m’annonça qu’elle arriverait dans une demi-heure. C’était trop long, les fêtes de fin d’années rendaient le centre-ville bondé. Je sentais le stress monter en moi et Alice n’avait toujours pas dit un mot. Je voyais son regard osciller entre moi et Basil.

— Depuis quand être PDG est aussi dangereux ? criais-je et j’entendis Basil rire amèrement.

— L’argent est dangereux, murmura-t-il.

— Au point de mourir ?

— Eh ! je ne suis pas mort, laisse-moi me vider de mon sang quelques minutes de plus et là, tu auras raison.

Ses paroles n’étaient plus qu’un murmure lointain et je me décidais à sortir de ma transe. Il fallait que j’arrête le saignement. Je comprimais alors les serviettes contre la plaie qui me semblait la plus grave et Alice me rejoint dans mon effort.

— Je retire ce que j’ai dit, souffla-t-elle.

— Comment ça ?

— Tu as fait un pacte avec le diable.

— Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?

— Beau, séduisant, mais surtout dangereux. Qui te dit que les personnes qui lui on fait ça ne va pas revenir pour finir le travail ? 

— Attends, la suppliai-je.

— Tu n’as pas assez eu de problème dernièrement ? Tu as largué un gars toxique pour quoi ? Pour un gars qui trempe dans je ne sais quelle affaire dangereuse ? 

Je n’eus pas le temps de répondre, la sonnette retentit et elle alla ouvrir. Je l’entendis dire d’un ton froid que Basil était dans le salon et Jade apparu. Néanmoins, Alice n’était pas avec elle et la porte d’entrée claqua. 

— Vas-y je m’occupe de lui, m’annonça Jade doucement.

Alors, je courus vers la sortie pour rattraper mon amie. Elle attendait l’ascenseur et je la suppliais de me laisser lui expliquer. Elle ne me répondit rien, mais lorsque les portes s’ouvrirent, elle ne rentra pas et attendit. 

— Je sais que tout ceci te parait mal, mais c’est plus compliqué que ce tu crois. Il n’est pas qu’un PDG.

— Qu’est-ce qu’il est ? Un criminel ? Un tueur en série ?

— Un mafieux. 

— Mais dans quel pétrin tu t’es foutue encore ?

— Il ne fait que du blanchiment d’argent rien de vraiment mal.

— Non pas du tout. Il rit au nez de l’état et entretien les fortunes des criminels, mais tout vas bien.

— Je sais que ce n’est pas l’idéal, mais je ne le savais pas.

— Alors pourquoi tu ne coupes pas les ponts avec lui maintenant que tu sais ce qu’il est vraiment ?

— Je me sens bien avec lui.

— Juste pour ça ?

— C’est la première fois depuis très longtemps que je ressens ça. J’ai l’impression d’être à ma place à ses côtés, que je suis protégée. Je ne me suis pas amusée de cette façon depuis plusieurs mois voire années. 

— Et il a fallu que ce soit un mafieux ? Eve, tu te rends compte ?

— Oui et tous les jours, une petite voix en moi me dit que je ne devrais pas faire ça, que je risque gros. Mais j’ai tout de même envie d’essayer, de lui laisser une chance. Je ne veux pas rater quelque chose de beau juste parce que j’ai peur.

— Et à raison.

— S’il te plait, comprends-moi.

— Bien sûr que je te comprends, j’ai vu ses abdos, tu sais ? rigola-t-elle pour détendre l’atmosphère.

— Écoute, je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit d’accord ? Au moindre problème avec lui, tu cours chez moi. Tu n’essayes pas de régler ça toute seule comme tu fais d’habitude on est bien d’accord ? 

— Promis.

Elle partit avec cette promesse, m’assurant qu’elle n’était pas fâchée, mais qu’elle avait tout de même besoin d’un peu de temps. Quand je revins dans mon salon, Jade avait nettoyé sommairement Basil et l’avait bandé. Il ne saignait plus et s’était endormi. Toutes deux nous le portâmes non sans mal dans mon lit. Il avait besoin de repos et je me voyais mal le laisser sur le canapé. Il dormit durant deux jours, pendant lesquels je le nettoyais et veillais sur lui.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet