J’étais absorbée dans mon travail, mes doigts tapant rapidement sur le clavier, quand mon téléphone vibra. Je jetai un coup d’œil distrait à l’écran, m’attendant à une notification banale, mais un message d’un numéro inconnu apparut. Je pris le téléphone dans ma main, les sourcils froncés, et lus le texte.
« Salut, je suis un employé de Basil. J’ai besoin de ton aide. »
Mon premier réflexe fut de douter. Qui pouvait bien m’envoyer un message comme celui-là sans même se présenter ? J’avais été suffisamment prudente depuis mon arrivée dans l’entreprise pour ne pas accorder ma confiance à n’importe qui. Et puis, il y avait cette atmosphère particulière dans la boîte, un mélange de méfiance et de secrets. Je savais que je ne pouvais pas me fier à tout le monde. Pourtant, je n’avais pas encore eu l’occasion de me lier d’amitié avec beaucoup de gens ici, et c’était peut-être une façon de créer des liens. Peut-être quelqu’un cherchait simplement à se rapprocher.
Mais une petite voix dans ma tête m’alertait. Et si c’était Sasha ? Ce genre de message vague correspondait tout à fait à ce qu’il serait capable de faire pour m’attirer dans un piège. Il n’était pas du genre à agir directement. J’avais appris à me méfier de ses manigances. Mon instinct me soufflait de ne pas répondre à ce message, de l’ignorer. Mais en même temps, je ne pouvais pas totalement écarter la possibilité qu’il s’agisse d’un véritable collègue qui avait besoin de mon aide. J’étais piégée entre ma méfiance et une légère curiosité.
Finalement, je choisis une approche prudente. Je proposai à l’expéditeur de me rencontrer dans l’un des bureaux privés de l’entreprise cet après-midi, une manière de garder le contrôle sur la situation. S’il s’agissait de Sasha, je saurais mieux réagir dans un environnement que je connaissais bien. Et s’il s’agissait simplement d’un collègue cherchant à établir un contact, je pourrais toujours refuser poliment si les choses devenaient bizarres.
L’après-midi arriva rapidement, et je me dirigeai vers le bureau où j’avais fixé le rendez-vous. Mon cœur battait un peu plus vite que d’habitude, non pas de peur, mais d’une sorte de nervosité. Je me demandais qui j’allais trouver derrière cette porte. Était-ce un simple collègue cherchant un soutien ? Ou quelque chose de plus compliqué ? Je savais que je devais être prête à toutes les éventualités.
Lorsque j’entrai dans la pièce, mon regard se posa sur une silhouette familière. Arthur. Il était assis nonchalamment sur une chaise, ses bras croisés, son regard fixé sur moi. Mon estomac se noua instantanément. Ce n’était pas la personne à laquelle je m’attendais, et je compris immédiatement que cette rencontre n’allait pas être une simple affaire de travail.
« Arthur ? » dis-je, avec un mélange de surprise et de méfiance. « Qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi m’avoir contactée comme ça ? »
Il se leva lentement, un sourire narquois aux lèvres. « Je suis désolé pour l’approche un peu détournée, mais je savais que tu ne viendrais pas si je te disais qui j’étais. »
Je fronçai les sourcils, déjà sur la défensive. « Tu m’as menti. »
Il haussa les épaules, comme si c’était une simple formalité. « Ce n’était pas vraiment un mensonge… juste un moyen de te faire venir. J’ai besoin de ton aide pour des affaires. »
Je l’observai avec suspicion. « Des affaires ? » répétai-je, peu convaincue. « Je ne gère pas les affaires, Arthur, et tu le sais très bien. Si tu as un problème, tu devrais en parler à Basil. »
Mon ton était froid, presque distant. Il y avait quelque chose dans son attitude qui me dérangeait profondément. Ce n’était pas juste le fait qu’il m’avait menti pour m’attirer ici. C’était l’ambiance, son regard, sa manière de me dévisager avec insistance. Cela me mettait mal à l’aise.
Il soupira, réalisant que je ne mordais pas à son excuse. « Bon, d’accord. Ce ne sont pas vraiment les affaires qui m’amènent ici », avoua-t-il finalement, son regard devenant plus sérieux. « Mais tu m’as demandé d’être honnête, non ? »
Je sentis la tension monter en moi. Qu’est-ce qu’il me voulait vraiment ? « Alors qu’est-ce que tu veux, Arthur ? Parce que j’ai du travail à faire et je n’ai pas de temps à perdre avec des mystères. »
Il s’approcha lentement, réduisant la distance entre nous. Je fis instinctivement un pas en arrière, mais il continua de s’avancer. « Toi. C’est toi que je veux. »
Mon cœur s’accéléra. Qu’est-ce qu’il était en train de dire ? « Tu plaisantes, j’espère », dis-je, ma voix trahissant mon inconfort croissant.
« Non, je suis sérieux », répondit-il, sans la moindre hésitation. « Tu me plais, Eve. Je veux qu’on se voie en dehors du travail. Un rendez-vous, rien de plus. »
Je restai figée un instant, choquée par son audace. Il avait orchestré tout cela pour m’attirer dans ce bureau et me faire une proposition aussi déplacée ? Je sentais ma patience s’évaporer rapidement, remplacée par une vague de colère.
« Non », répondis-je fermement. « Je ne suis pas intéressée. »
Je fis un pas vers la porte, prête à partir et mettre fin à cette conversation ridicule. Mais avant que je ne puisse l’atteindre, Arthur se déplaça rapidement, me bloquant le chemin. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, et la panique commença à s’insinuer en moi.
Il posa une main sur la porte, bloquant toute issue, et se pencha légèrement vers moi. « Ne sois pas si rapide à dire non. Tu devrais y réfléchir un peu. »
Son ton était devenu plus insistant, presque menaçant. J’étais piégée, incapable de sortir, et sa proximité me faisait de plus en plus peur. Mon esprit cherchait frénétiquement une solution, mais chaque mot qu’il prononçait semblait renforcer mon sentiment de vulnérabilité.
« Arthur, laisse-moi partir », murmurai-je, essayant de garder mon calme malgré la terreur qui montait en moi.
Mais il ne bougea pas. Au lieu de cela, il intensifia son regard, son visage à quelques centimètres du mien. « Je ne veux pas te forcer. Je veux juste que tu dises oui. Accepte un rendez-vous avec moi, et je te laisserai partir. »
Je savais que je n’avais pas d’autre choix. Il n’allait pas me laisser sortir tant que je ne cédais pas. La panique était maintenant omniprésente, et tout ce que je voulais, c’était fuir cet endroit le plus vite possible.
« D’accord », dis-je finalement, ma voix tremblante. « D’accord, samedi. »
Il recula enfin, un sourire satisfait sur le visage. « Tu vois, ce n’était pas si difficile. »
Je me précipitai vers la porte dès qu’il me laissa passer, sortant du bureau aussi vite que possible. Mon cœur battait toujours à tout rompre, mes mains tremblaient, et une vague de nausée me submergea. Je n’arrivais pas à croire ce qui venait de se passer. Arthur venait de me forcer à accepter un rendez-vous sous la menace, et je me sentais complètement impuissante.
Je savais que je devais en parler à Basil. C’était lui qui devait régler ça. Arthur n’avait pas le droit de me faire ça, et je ne pouvais pas rester silencieuse. Mais lorsque je tentai de joindre Basil, il n’était pas disponible. Apparemment, il était en réunion avec Raphaël… et Arthur. Cette ironie me donnait presque envie de vomir.
Je passai le reste de la journée dans un état de panique latent. Chaque fois que je pensais à Arthur et à ce qui s’était passé dans ce bureau, mon cœur se serrait davantage. Je n’arrivais pas à penser à autre chose. J’essayai de lui envoyer un message le soir, pour lui dire que je devais lui parler d’urgence, mais il ne me répondit pas. J’étais livrée à moi-même, et l’idée d’affronter Arthur seule le samedi me terrifiait.
N’ayant aucune autre option, j’appelai Alice. Elle était la seule personne en qui je pouvais avoir confiance dans cette situation. Lorsque je lui racontai tout, sa voix se fit immédiatement inquiète.
« Eve, c’est grave. Tu ne peux pas te laisser intimider comme ça. Basil doit savoir ce qu’il s’est passé. »
« Je sais », répondis-je en soupirant. « Mais il ne répond pas. J’ai essayé. »
« Alors réessaie demain. Il faut absolument qu’il sache avant samedi. Ne laisse pas ça traîner. »
Je savais qu’elle avait raison, mais une part de moi était toujours paralysée par la peur. Arthur était insistant, et je ne savais pas comment dire non une nouvelle fois sans que cela empire la situation. Je passai une grande partie de la nuit à tourner et retourner la situation dans ma tête, sans trouver de solution qui me paraisse sûre.
Le lendemain, Basil n’était toujours pas au bureau. J’avais espéré pouvoir lui parler avant le week-end, mais il semblait avoir disparu de la circulation. Chaque minute qui passait m’angoissait davantage. Le samedi approchait, et je ne savais toujours pas comment je devais réagir face à Arthur. Devais-je y aller ? Annuler ? Et s’il ne me laissait pas tranquille ?
Je me sentais prise au piège, et le temps jouait contre moi.