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LiseBrey
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Chapitre 7 : Eve

Basil m’avait portée jusqu’à sa voiture. Je pouvais marcher, mais la chaleur et la protection que son corps musclé m’offrait étaient apaisantes. Il n’était garé qu’à quelques rues et je compris qu’il avait choisi ce lieu pour son intimité. Néanmoins, plus je sentais ses bras m’enlacer, plus mes yeux devenaient humides. Lorsqu’il me déposa sur la banquette arrière et qu’il me serra contre lui, je craquais. Je pleurais toutes les larmes que j’avais retenues jusque-là. Sasha m’avait menacé une nouvelle fois et j’avais eu très peur, je ne voulais pas revivre le même passage à tabac. Alors, j’avais couru vers des rues animées, où les bars étaient encore ouverts, mais tout le monde était trop alcoolisé pour m’aider. J’avais donc appelé la seule personne qui pouvait faire quelque chose. Néanmoins, au moment où il m’avait répondu froidement qu’il était occupé, tout s’était écroulé. Dans un dernier espoir, je lui avais envoyé mes coordonnées. Peut-être aurait-il trouvé mon cadavre au plus vite au lieu de le laisser pourrir. Alors que je pleurais et me plaignais d’être faible et terrorisée à cause d’un simple homme, Basil ne réagissait pas. L’étreinte était finie et il demeurait impassible en me regardant. Il devait être en colère, car je l’avais dérangé, mais je n’étais pas directement en danger, juste en fuite. Ainsi je me perdais en excuse de lui avoir demandé de l’aide encore une fois. Je sentais mes larmes et ma morve se mélanger, mes yeux me piquaient, mais au moins, j’étais en sécurité. Après quelques secondes d’hésitation, il me parla enfin.

— Je ne suis pas fâché parce que tu as sollicité mon aide, lâcha-t-il.

— Alors pourquoi ? interrogeais-je, incrédule.

— Tu m’ignores voir m’évite toute la semaine et tu agis comme si tout était normal. 

Je ne savais pas comment répondre à sa déclaration. Il avait raison, je l’avais fuie depuis notre rendez-vous. Néanmoins, comment allait-il réagir si je lui avouais la vérité ? D’un autre côté, j’avais conscience que si je lui disais que tout allait bien et qu’il se faisait des films, il comprendrait que je mentais et le peu d’intimité que nous avions serait détruit à jamais. Mais n’était-ce pas plus simple si nous n’étions qu’un patron et son employée ? Alors que je réfléchissais, Basil ouvrit la portière et sortit. Prise de panique, je jaillis de la voiture aussi et lui demandais ce qu’il se passait. Il m’annonça d’un ton monocorde et froid qu’il allait m’appeler un taxi et qu’il ne chercherait plus mon attention. Mon sang ne fit qu’un tour, je contournais le véhicule et agrippai son bras. Je lui promis de lui dire la vérité. Il me regarda surement pour déceler un quelconque mensonge et je dus être convaincante, car il raccrocha.

— Ne le prends pas mal d’accord ?

Il ne réagit pas, alors je réitérais ma question à laquelle il finit par répondre à l’affirmative. 

— Lorsque tu as appelé tous ses hommes armés, ça m’a fait peur. Je n’ai jamais été une adepte de la violence et ça m’a angoissé.

— Je t’effraie ? murmura-t-il.

— Pas de toi, mais de ce que tu représentes et de ce que tu pourrais faire pour cette réputation. Je crois avoir compris ce que tu étais vraiment et tout ceci me fait peur.

— Tu penses que je suis quoi ? Une sorte de tueur en série qui se baigne dans le sang de ses ennemis ? rétorqua-t-il avec force.

— Tu m’as promis que tu n’allais pas mal le prendre, dis-je entre deux sanglots, et non, je ne te vois pas comme ça. 

— Alors comment ?

— Tu es un mafieux, comment veux-tu que je réagisse ? Je ne vais pas sauter de joie à l’idée que la personne qui m’intéresse est un criminel !

— Pardon ?

Je me rendis compte trop tard que j’en avais dit plus que je ne l’aurais dû. Néanmoins, il ne releva pas ma déclaration et continua son interrogatoire.

— Pourquoi es-tu persuadée que je suis un mafieux ? 

— Aucun PDG n’appelle des hommes de main armés à 2 h du matin comme s’il commandait des nouilles au chinois du coin. Je ne suis pas si naïve que ça.

— D’accord, j’ai pigé. Qu’est-ce que tu souhaites faire maintenant ? Je te ramène chez toi ?

Il était hors de question que je retourne chez moi, mais je ne voulais pas non plus m’imposer à lui. Il m’avait fait comprendre qu’il était occupé et avait déjà pris du temps pour moi. Néanmoins, il appréhenda ce qu’il se passait dans ma tête, je n’avais jamais été très douée pour cacher mes émotions, il se pencha pour être à ma hauteur.

— Écoute, j’accepte de t’emmener, mais il faut que tu gardes en mémoire ce que je vais t’annoncer.

Il m’agrippa les bras et fixa son regard aux miens.

— Tout ce que tu t’apprêtes à voir est faux. Mon comportement, mes réactions, ce que j’affirme, tout est erroné. Si tu ne veux pas rentrer chez toi, tu dois venir avec moi et je suis en train de travailler. Comme tu l’as très bien dit, j’ai une réputation à maintenir. Au travail, je suis un connard. Je baise tout ce qui passe, je suis arrogant et insolent, je pourrais même dire que je suis méprisant. Je joue des muscles et essaye de dominer tout le monde. Ne prends pas la personne que je suis au boulot pour le vrai moi, s’il te plait.

Il avait fini sa tirade dans un murmure. Je pouvais ressentir toute l’émotion qu’il avait mise dans ses paroles. Je compris qu’il ne blaguait pas alors, je lui promis de voir tout ceci comme un masque et rien d’autre. Il se releva, mais ne me relâcha pas pour autant. Il ne faisait que m’observer avant de tourner les talons subitement en me disant de le suivre.

Je ne pouvais pas voir à plus de cinq mètres dans le bar à cause de la lumière tamisée et des divers rideaux qui protéger les clients désireux d’intimité. Basil s’arrêta devant l’un des box où deux hommes accompagnés de jeunes gens dénudés discutaient. Je reconnus celui aux cheveux blancs, il était là lors de ma première rencontre avec Basil. Néanmoins, l’homme blond assis face à lui m’était inconnu et Basil me le présenta comme son bras droit. Je me retrouvais alors entre Raphaël et une jeune femme que Basil serrait contre lui. J’essayais de me remémorer ses avertissements, mais je ne pouvais contrôler le pincement de mon cœur. En effet, lorsqu’il caressait et enlaçait ces filles, je ne pouvais que détourner le regard et me concentrer sur mes mains posées sur mes genoux. Soudain la fille à côté de moi bougea et elle se retrouva sur les jambes de Basil. Mon cœur battait la chamade et mon estomac me faisait mal, je n’arrivais pas à me contrôler. Heureusement, Raphaël vit mon état et entreprit la discussion.

— Ne t’inquiète pas, ce sera ton tour un jour, me souffla-t-il.

— Pardon ? Je crois que vous avez mal compris, répondis-je aussi calmement que possible, même si je sentais tous mes muscles tendus.

— C’est ton premier jour ? Laisse-moi te donner un petit conseil, si tu veux réussir dans ce métier, il vaut mieux que tu ne parles pas.

— Je ne travaille pas ici, monsieur.

— Oulah, ne m’appelle pas comme ça, je ne suis pas si vieux.

— Alors moi avec un peu plus de respect. Je suis salariée dans votre entreprise, murmurais-je, car je ne voulais pas déranger Basil et son client qui semblaient être au beau milieu d’une discussion tendue.

— Oh, excuse-moi, lorsque je t’ai vue arrivée avec Basil, je me suis dit que tu avais essayé de l’alpaguer. 

— Si je voulais rester avec lui, je n’avais pas d’autres choix que de venir ici. 

— Et pourquoi veut rester avec Basil ? demanda-t-il avec un air suspicieux.

— Je, enfin, c’est compliqué. Basil m’a aidé, voilà tout.

— Attend voir, tu es la fille ?

— Quoi ?

— Oui c’est ça, vraiment désolé si je t’ai paru grossier, je ne voulais pas t’offenser.

Je ne comprenais pas de quoi il parlait, mais au moins, il s’était calmé. À présent qu’il savait que j’étais dans l’entreprise et proche de son ami, Raphaël était plus ouvert à la discussion. De ce fait, j’en appris plus sur les agissements tiers de la société pour laquelle je travaillais. Art & Co était une entreprise qui gérait des galeries d’art officiellement. Officieusement, ces œuvres d’art servaient à blanchir l’argent de ceux qui en avaient besoin. Même si indirectement Basil aidait les commerçants d’armes ou de drogues en rendant leur argent fiable, j’étais soulagée qu’il ne fît pas partie de cette mafia. D’autant plus que Raphaël m’avait assuré que tout le trafic d’être humain, vivant ou mort, était banni des galeries d’Art & Co. C’était Arthur, assis de l’autre côté de la table, qui avait pris cette part du marché. Quant à Basil, il était apparemment en train de lutter pour avoir le monopole des armes, ce qu’Arthur n’entendait pas de cette oreille. Tout ceci était illégal, ce n’était pas moral, mais j’étais moins effrayée qu’avant. 

— Tu sais quoi, la galerie est à moi, ne cherche pas plus loin. Si c’est pour t’entendre dire des choses comme ça, je te laisse rentrer chez toi.

Basil s’était subitement levé, la jeune femme sur ses genoux faillit tomber à la renverse, mais fut rattrapé par sa collègue. Elles s’éclipsèrent dès que Basil haussa la voix contre Arthur, qui lui arborait un immense sourire.

— Depuis quand t’énerves-tu avec cette intensité pour une chose aussi futile ? susurrait Arthur.

— On y va, me dit Basil en ignorant son client.

Il me prit par le bras et m’entraina vers la sortie, talonnée par Raphaël.

— Qu’est-ce qu’il se passe Basil ? Tu ne peux pas tout envoyer balader comme ça ! criait son bras droit, mais Basil ne répondait pas.

Une fois à la voiture, il me poussa à l’intérieur et ordonna à Raphaël de rentrer chez lui, ignorant toutes contestations. La culpabilité grandissait en moi. Si je ne l’avais pas appelé, peut-être que cette soirée, ce serait mieux passé pour lui. 

Basil conduisait vite et silencieusement. Il était concentré sur la route et ne m’avait pas dit un mot de tout le trajet. Je n’osais pas rompre ce silence de crainte qu’il soit aussi pesant par ma faute. Il s’arrêta devant chez moi, mais je ne descendais pas et il n’avait toujours pas lâché le parebrise du regard. J’observai les environ pour m’assurer que Sasha ne m’attendait pas et c’est tremblante que j’ouvris la portière. Néanmoins, Basil la referma aussitôt. Prise de panique, je scrutais la pénombre pour apercevoir ce qui l’avait forcé à me garder dans l’habitacle. Sauf qu’il n’y avait rien et qu’il était resté dans la même position, penché sur moi, la main sur la poignée. Il sentait légèrement le tabac et l’alcool, mais en dessous, je pouvais sentir des effluves d’ambre avec une pointe florale. Il sentait bon et je voulais enfouir ma tête dans son cou pour profiter pleinement de son parfum. Basil avait une odeur délicate et masculine, au contraire de mon ex-copain qui sentait l’après-rasage. 

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es bloqué ? demandais-je.

Pour toute réponse, j'eus un coup de tête en direction d’une rue où un homme finissait sa cigarette. 

— Je comprends pas, soufflais-je.

— Il a une arme sous son pull.

Sur ce, il redémarra la voiture et conduisit jusqu’au parking de l’entreprise. J’étais perdue. Je n’avais pas reconnu l’un des voyous employés par Sasha, mais Basil semblait croire qu’il nous voulait du mal. Mais surtout, pourquoi étions-nous dans le parking de l’entreprise ? Basil passa sa main dans ses châtain et lâcha un long soupire.

— Eve, commença-t-il, veux-tu que je te loge ?

— Comment ça ?

— Mon immeuble contient des appartements de fonction, je pourrais te loger dans l’un d’eux. Tu seras plus en sécurité ici que là-bas.

— Mais là-bas, c’est chez moi. 

— C’est surtout l’endroit où tu vas finir par mourir si tu continues d’y aller. Je sais que vivre sur son lieu de travail ce n’est pas le plus plaisant, mais si ça peut te permettre de rebondir, c’est la meilleure solution.

— Honnêtement, même si mon salaire est correct, je n’aurai jamais les moyens de payer un appartement du standing de l’immeuble. 

— J’ai vu la fiche de paye, tu as plus qu’un salaire “correct”, tu es très bien payée. Et ne t’en fais pas, les loyers sont calculés en pourcentage. Le prix est le tiers de ce que tu gagnes dans mon entreprise. 

— Je n’ai pas eu d’autres choix que d’accepter un salaire trop élevé.

— Quitte à crier sur tous les toits que tu allais nous traiter en justice ?

— ça en valait la peine, répondis-je, le sourire aux lèvres.

— Et pourquoi cela ? répliqua-t-il sur le même ton.

— Parce que tu as raison et qu’il fallait que je déménage. Sauf que ce n’est pas gratuit ou même abordable de déménager à l’autre bout de la ville. Alors, j’avais besoin d’argent.

— Dans ce cas, pourquoi faire autant d’histoires ? Accepte ma proposition. 

Je voulais accepter, mais une dernière chose me tracassais.

— Est-ce que Lucas a aussi un appartement de fonction ?

— Pourquoi tu me parles de lui ? Il est venu te voir ?

— Non mais comme il est dans l’entreprise, je me posais la question.

— Ne t’inquiète pas pour lui, tu ne le croiseras pas.

— Comment ça ? demandais-je, prise de panique.

— Calme-toi, je ne l’ai pas liquidé. Il ne travaille plus pour l’entreprise. Ce qu’il a fait est inadmissible. N’en parlons plus, allons-y. déclara-t-il après une légère pause.

— Allez où ? demandais-je, incrédule.

— Chez toi, où veux-tu qu’on aille ?

— Attend, mais je n’ai aucune affaire, je ne peux pas déménager comme ça d’un claquement de doigt.

— Tu peux rester pour la nuit au moins, ce serait plus sûre.

J’acceptais et je sentais qu’un nouveau tournant de ma vie se formait à cet instant.

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