Je n’aurais jamais imaginé qu’un simple baiser puisse éveiller en moi des émotions aussi profondes. Cela faisait des années que je ne m'étais pas senti aussi vivant après un moment aussi simple. Avec Eve, tout était différent. Jusqu'à présent, mes relations avaient toujours été légères, sans véritables attaches. Elles venaient et repartaient avec la même vitesse, sans me laisser de traces. Mais avec elle, c’était comme si chaque seconde avait du poids. Comme si chaque moment partagé avait une signification particulière.

Ce baiser sous la neige m’avait enflammé, je ne pouvais pas le nier. Mais étrangement, cette fois-ci, je ne voulais pas précipiter les choses. Il y avait une douceur dans ma relation avec Eve, une patience que je n’avais jamais éprouvée auparavant. Je voulais prendre mon temps, savourer chaque instant avec elle. Pas question de tout gâcher par précipitation ou par insouciance, comme je l'avais fait tant de fois par le passé. Avec Eve, c’était sérieux. Et cette idée me plaisait.

Les jours qui suivirent furent paisibles. Nos échanges étaient fluides, et cette complicité qui s’installait entre nous me comblait. Pourtant, la réalité ne tarde jamais à rappeler ses droits, surtout lorsque l’on dirige une entreprise comme la mienne. Alors que je me laissais aller à l’idée que tout allait bien, Eve me rappela à l’ordre un après-midi.

Elle était venue me trouver au bureau, un peu tendue. Je pouvais voir dans son regard que quelque chose n’allait pas.

« Basil, il faut qu'on parle, » me dit-elle, la voix sérieuse.

Je fronçai les sourcils, soudainement inquiet. Elle s’assit en face de moi et m’expliqua calmement la situation : Sasha, un ancien employé, avait tenté à nouveau de pirater les serveurs de l’entreprise. Ce n’était pas la première fois, et elle avait réussi à le repousser une première fois. Mais cette deuxième tentative laissait entendre que les choses ne s’arrêteraient pas là.

« C’est la deuxième fois qu’il essaye. Je m’en suis occupée, mais il reste une menace, Basil. » Sa voix était ferme, mais je pouvais déceler une pointe d’inquiétude. Je la comprenais. Notre entreprise reposait sur des données sensibles, et un pirate comme Sasha pouvait causer des dégâts irréparables.

« Je prends ça en main, » répondis-je immédiatement.

Je savais qu’il fallait agir vite. Je ne pouvais pas me permettre de laisser Sasha continuer ses attaques sans réagir. En quelques heures, avec l'aide de Raphaël, mon fidèle associé, nous avions réussi à remonter la piste jusqu’à lui. Nous avions trouvé son adresse, et il n’était pas si loin.

Le soir même, Raphaël et moi décidâmes d’aller le confronter directement. J’étais en colère. Sasha avait été un bon élément, mais sa trahison et ses actions récentes avaient transformé cette colère en une détermination froide. Nous devions stopper cette menace avant qu'elle ne prenne des proportions trop dangereuses.

Lorsque nous arrivâmes chez lui, il ouvrit la porte avec cet air nonchalant qui me mit immédiatement hors de moi. Il nous fit entrer dans son petit appartement sans protester, mais je pouvais sentir qu'il avait quelque chose derrière la tête.

« Qu’est-ce que vous voulez, les gars ? » lança-t-il avec un sourire narquois.

« Tu sais très bien ce qu’on veut, Sasha, » répondit Raphaël, toujours aussi direct.

« Laisse tomber tes tentatives de piratage. Tu sais que tu ne gagneras pas. »

Sasha haussa les épaules, mais il ne sembla pas impressionné. Il savait qu’il avait une carte à jouer, et il ne tarda pas à la mettre sur la table.

« Si vous me faites quoi que ce soit, je balance tout à la presse. Tous vos petits secrets bien cachés, vos transactions douteuses, vos détournements d’argent. »

Mon cœur se serra. Comment pouvait-il avoir accès à ces informations ? Était-ce du bluff, ou avait-il réellement mis la main sur des données sensibles ? Raphaël me lança un regard inquiet, mais gardait son calme.

« Tu bluffes, » lança-t-il, sa voix froide.

Sasha éclata de rire et se leva pour se diriger vers son ordinateur. En quelques clics, il fit apparaître sur l’écran des transactions dont l’existence même était un danger mortel pour notre entreprise. Il n’avait pas besoin de dire quoi que ce soit de plus. Nous comprîmes immédiatement que nous ne pouvions pas nous permettre de le sous-estimer.

« Vous voyez, » dit-il en souriant. « Je tiens entre mes mains la chute de votre petit empire. »

Raphaël et moi échangions des regards lourds de sens. Nous étions coincés. Nous ne pouvions pas le menacer, pas sans risquer la ruine de notre entreprise. Il fallait trouver une autre solution. Nous quittâmes son appartement la queue entre les jambes, sans avoir trouvé de réponse à ce dilemme.

De retour au bureau, la frustration me rongeait. Je ne supportais pas cette sensation d’impuissance. Il fallait que nous agissions vite, mais comment ? Raphaël, toujours aussi pragmatique, décida de demander des comptes à Eve.

« Tu disais que tu l’avais contré. Comment a-t-il pu mettre la main sur ces informations ? »

Eve ne se démonta pas. Elle nous confirma qu’il n’y avait eu aucune brèche. Elle prit même le temps de vérifier devant nous, ses doigts courant rapidement sur le clavier. Rien. Aucune intrusion, aucune fuite apparente.

« Soit Sasha a un autre informateur, soit il bluffe, » conclut-elle, son regard fixé sur l’écran.

Le problème, c’était que nous ne pouvions pas prendre le risque qu’il bluffe. Ces informations étaient bien trop sensibles. Nous devions trouver un moyen de détruire ses données avant qu’il ne puisse les utiliser contre nous.

C’est alors qu’Eve releva la tête vers nous, ses yeux brillants d’une détermination que je n’avais encore jamais vue chez elle.

« Je peux m’en charger. Je peux trouver un moyen de détruire ses données. »

Je restai bouche bée un instant. J’avais toujours su qu’Eve était brillante, mais la voir proposer une solution aussi audacieuse me fit ressentir une fierté que je ne pouvais contenir. Elle était non seulement belle, mais aussi incroyablement intelligente et capable. À cet instant, je réalisai que je tombais un peu plus amoureux d’elle.

Je la regardais travailler, totalement absorbée par sa tâche. Elle était concentrée, ses doigts dansaient sur le clavier avec une précision impressionnante. Je me sentais fier, mais aussi chanceux. Elle était là, à mes côtés, et je savais que je ne voulais plus jamais la perdre.

Raphaël, toujours aussi perspicace, ne manqua pas de remarquer mon état. Il s’approcha de moi, un sourire taquin sur les lèvres.

« Alors, c’est sérieux avec elle, hein ? » murmura-t-il, juste assez fort pour que je l’entende.

Je ne répondis pas, mais mon sourire en disait long. Il se contenta de me donner une petite tape amicale sur l’épaule avant de reprendre son sérieux.

« Je suis content pour toi, Basil. Tu en as besoin. »

Je n'avais rien à ajouter. C’était vrai. Pour la première fois depuis longtemps, je sentais que cette relation avait un vrai futur, que je pouvais être moi-même avec quelqu’un qui me comprenait. Et plus je regardais Eve travailler, plus je tombais sous son charme. Sa concentration, sa force de caractère, tout chez elle me fascinait.

Raphaël, toujours pragmatique, reçut un appel crucial pour l’entreprise et dut partir rapidement, me laissant seul avec Eve. Tandis qu’il s’éloignait, je ne pouvais m’empêcher de me dire que, malgré les menaces qui pesaient sur notre entreprise, j’avais trouvé quelque chose de bien plus important : quelqu’un en qui j’avais totalement confiance, quelqu’un pour qui j'étais prêt à tout.

Je la regardais, silencieux, tandis qu’elle continuait de se battre pour sauver notre entreprise. Mon cœur battait un peu plus fort, et je savais que quoi qu’il arrive, nous surmonterions cette épreuve ensemble.