Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Pommedereinette
Share the book

Chapitre 17

Mathieu

21 août 2023


Je retiens un soupir, le poids de la conversation encore présent dans mes pensées, tandis que je me dirige vers Lexa. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en elle, mais il était inutile qu’elle soit perturbée par cette information. Après tout, ce n'est pas pour ça que je les ai conviées ici.

Lorsque Lexa me voit, elle se détourne immédiatement de son compagnon, toute son attention se focalisant sur moi.

— J’ai bien cru que vous ne viendrez jamais me voir, dit-elle d’un sourire qui n’a rien de chaleureux.                                                                                                                                                                    

— Jamais je ne me permettrais de vous offenser, répliquai-je avec la plus grande déférence.

Elle m’observe, un regard aiguisé, avant de poser la question à laquelle je m'attendais.

— Qui était cette demoiselle ?

Je réprime l'envie de jeter un regard furtif vers Alice. Non, je ne lui offrirai pas ce plaisir.

— Vous m’épiez ? demandai-je, un peu trop sèchement.                                                                                     

— Personne ne vous a jamais vu avec une femme, son ton est teinté de curiosité et de défi. J’ai même supposé que vous sortiez avec votre informateurs.                                                                                  

— Vous êtes, je n’en doute point, déjà fort familière avec cet univers, Lexa, rétorquai-je en conservant mon flegme. Et nul ne saurait vous reprocher d’ignorer la complexité des dynamiques qui y règnent.

Elle incline légèrement la tête, comme si elle pesait mes mots, avant de reprendre d’un ton plus incisif :

— En effet, dit-elle, ses yeux brillants d’une lueur malicieuse. Alors pourquoi cette compagnie soudaine ?

Je laisse passer un instant, en choisissant mes mots avec soin.

— Ce n’est là qu’un fâcheux contretemps. Elle ne revêt aucune véritable importance.

Son sourire s'élargit légèrement, comme si elle savourait le doute qu’elle venait de semer.

— Vraiment ? chuchote-t-elle, un éclat amusé dans les yeux. Ce n'est pas ce que j'ai remarqué.

Je l’observe un instant, l'air impassible.

— Plaît-il ? demandai-je, feignant l'incompréhension.

Elle hausse les épaules, comme si elle s’en moquait.

— Peu importe. Généralement, vous vous contentez d’un signe de tête, alors qu'est-ce qui vous amène à ma rencontre ?

Je prends une grande inspiration, conscient que ce moment pourrait sceller notre collaboration.

— Je souhaiterais vous soumettre une proposition d’accord.

Une lueur d'intérêt traverse ses yeux, un éclair de curiosité qui brise momentanément son masque de confiance habituelle.

— Une alliance, vous dites ? Ses lèvres se retroussent légèrement. Toujours à poursuivre votre vengeance, hein ? Vous êtes motivé, j’aime bien. Elle marque une pause, comme si elle pesait la proposition. D'accord, on en parlera autour d’un bon alcool. Je vous contacterai pour fixer la date.

Elle fait mine de tourner les talons, mais avant qu'elle ne parte, elle se tourne à nouveau vers moi, un sourire en coin.

— Oh, et faites-moi plaisir… amenez votre protégée pour l’entrevue.

Le sourire qu'elle me lance est un mélange de défi et de malice, comme si elle savait exactement à quel point cela me met dans une situation délicate. Si je l’amène, elle verra probablement plus qu’elle ne devrait. Si je ne l’amène pas, cela ne fera que confirmer ses soupçons. Je passe une main sur mon front, pesant les conséquences de mes choix. Son regard m’a bien eu. Une chose est certaine : cette rencontre ne sera pas facile à gérer. Je me tourne finalement vers Alice, toujours un peu éloignée, et je me prépare à revenir vers elle, le poids de cette décision lourd dans l'air


Alice
21 août 2023


Une coupe de champagne en main, je me sens quelque peu nerveuse.
— Monsieur Mathieu vous a déjà abandonnée ?

Je me retourne vers Yuna et son éternel sourire espiègle.
— Cet homme… aucun tact, n’est-ce pas ?
— N’avez-vous pas dit que je serais sotte de ne pas le choisir ?
— Je l’ai dit, certes. Mais cela ne change rien au fait que cela reste un homme.

Une main posée sur la hanche, elle me dévisage longuement.
— Ce n’est pas vrai !
— Quoi donc ?

Je me crispe lorsqu’elle m’attrape par les épaules pour me retourner d’un geste vif.
— J’en étais sûre !
— Mais qu’est-ce qui vous prend ?!

Sa main effleure la broche dans mes cheveux, puis elle me retourne à nouveau, cette fois en me tenant fermement.
— C’est monsieur Mathieu qui vous l’a offerte, n’est-ce pas ? Je la reconnais… c’est celle que portait sa mère.
— …Oui.
— Bon sang… alors il vous a réellement choisie. Je pensais qu’il avait meilleur goût.

Agacée par son ton moqueur et ses manières, je la repousse, un peu brusquement.
— Ne soyez pas vexée, voyons. Je ne fais que constater. Vous savez que cette broche avait été offerte à Madame Garance par Monsieur Augustin, lorsqu’il l’a demandée en mariage ?
— C’est… mignon, je suppose.
— Décidément, vous ne comprenez rien. Madame Garance avait demandé à son fils de l’offrir à la femme qu’il choisirait un jour pour épouse.

Mon rythme cardiaque s’accélère légèrement. Alors… c’était bien cela, le sous-entendu, lorsqu’il me l’a tendue.

— Je ne peux malheureusement pas rester plus longtemps avec vous, mais nous prendrons un thé un de ces jours, voulez-vous ?

Toute joyeuse, Yuna s’éloigne pour rejoindre d’autres invités. Décidément, elle est bien trop énergique pour moi.

Je parcours la salle de bal du regard, scrutant les visages dans l’espoir de repérer les personnes qui pourraient être intéressantes. Les discussions animées et le bruit des verres qui s'entrechoquent créent une ambiance presque feutrée, mais je suis trop concentrée sur ma tâche pour m’en imprégner. Mes pensées dérivent, et je sursaute brusquement lorsqu'une main se pose sur mon épaule. Je me tourne pour découvrir un Sasha, plus absorbé par son appareil photo que par ma présence.

— Sasha ? dis-je, légèrement surprise.

Il ne me répond pas immédiatement, ses yeux toujours rivés sur son objectif. Après quelques secondes, il détourne enfin son regard et se concentre sur moi.

— Où est Mathieu ?                                                                                                                              

— Avec Lexa, là-bas, je pointe discrètement dans leur direction, un peu plus loin dans la salle. Qu’est-ce qui se passe ?

Il semble hésiter un instant avant de baisser légèrement son appareil, ses yeux se fixant sur moi avec une gravité nouvelle.

— C’est à cause des corbeaux, dit-il, une lueur d’inquiétude dans sa voix. J’en ai repéré cinq.

Sasha allume son appareil et me montre des photos de plusieurs hommes en particulier. Je les observe attentivement, notant les détails qui pourraient être utiles. Mais alors qu’il range son appareil, il sort une petite fiole sombre et me la tend sans un mot.

— C’est du poison, dit-il d'un ton détaché. Tu es une femme, ce sera plus facile pour toi.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas immédiatement.

— Pardon ?

Il semble presque gêné par ma réaction, mais il continue sans s’en arrêter.

— Mathieu l’a créé lui-même. Le poison prend environ une heure pour faire effet, ce qui nous laisse largement le temps de partir avant qu’ils ne succombent. Et surtout… ils ne peuvent pas en posséder l’antidote. Ces hommes sont trop stupides pour se méfier d’une femme. De plus, même si tu n’es pas incroyablement belle, tu as des atouts qui vont forcément les intéresser.

Il désigne d’un geste gêné ma poitrine.

Je le regarde, choquée, avant de laisser échapper un rire amer.

— Tu sais parler aux femmes, ma parole, dis-je sarcastiquement, mon ton trahissant une pointe d'ironie.

Sasha, sans se laisser perturber, sourit légèrement.

— Je ne cherche pas à te vexer, répond-il calmement. Je dis juste que tu auras plus de chances avec eux.

Un bruit sec de canne frappant le sol interrompt notre échange. Je me tourne et aperçois Mathieu qui s’avance vers nous. Il sourit doucement à Sasha, puis son regard se fixe sur moi, plus sérieux.

— Davantage de chances, dis-tu ? Pour quelle raison, mon cher ?

Sasha lui répond sans hésiter, une pointe de défi dans sa voix.

— Je pense juste que si elle leur propose un verre, ils ne se méfieront pas.

Mathieu, apparemment peu convaincu, secoue la tête en signe de désapprobation.

— Il n’en saurait être question, répliqua-t-il d’un ton inflexible, tandis que son regard se faisait plus sévère. Ils sont certes sots, oui, mais point à ce degré. Même moi, j’aurais décliné un verre offert par notre ravissante Alice  et ce, bien que je ne le dissimule nullement, ton charme m’est absolument irrésistible.

J’ignore sa flatterie toujours agacée de notre discussion précédente, et je compte bien lui prouver qu’il a tort, je le coupe d’un geste net.

— Je vais le faire.

Je vois son regard se figer un instant, traversé par une ombre d’inquiétude et de désapprobation. Mais je ne lui laisse pas le temps de réagir, et sans un mot de plus l’arrache la fiole des mains du rouquin puis tourne les talons, me dirigeant vers les hommes que Sasha m’a montrés. Je les repère rapidement, deux hommes discutant avec animation dans un coin de la pièce. Leurs rires échos dans l’air, et je prends une grande inspiration, déterminée. Mon cœur bat un peu plus fort, mais je n’hésite pas. Je m'avance vers eux, mes pas mesurés, comme une danse silencieuse, prête à jouer mon rôle. Je souris innocemment, mais l’hostilité de leur regard me fait frissonner intérieurement.

— Bonsoir, messieurs, puis-je me joindre à vous ?                                                                          

— Avec plaisir, poupée, répond le premier, un sourire qui semble trop forcé pour être sincère.

Mon dieu, quel cliché ambulant.

— Oh, mais vos verres sont vides. Je ne veux pas être la seule à boire. Je reviendrai tout de suite, ne bougez pas, leur dis-je, feignant une légèreté qu'en réalité, je n'éprouve pas.

Je m'éloigne rapidement, me faufilant entre les invités, jusqu'à une table où plusieurs coupes de champagne m'attendent. Je place discrètement une dose de poison dans chaque verre, avant de revenir vers eux.

— Et voilà, pour vous.

Le premier prend son verre, me dévorant des yeux avec un regard bien trop appuyé. Le deuxième, un homme blond, jette le contenu de son verre dans une plante avant de m'attraper brutalement le bras et de me tirer contre lui. Un frisson de dégoût me parcourt lorsque son autre main se pose sur ma taille, m’emprisonnant contre lui.

— Vois-tu, chérie, je préférerais goûter à autre chose en ce moment…

Je me redresse légèrement, un sourire innocent accroché aux lèvres, mais l'irritation me ronge intérieurement.

— Comme quoi ? dis-je en feignant l’innocence.

Il me lance un regard carnassier, tandis que le brun l’observe attentivement. Lentement, le blond se rapproche de mon oreille et murmure, sa voix rauque.

— Comme ce joli cou, par exemple.

Je me crispe lorsque je sens sa langue effleurer ma nuque avant qu’il ne me mordre brusquement.

-C’est à votre goût ?

-Laisse moi être sur.

Je contiens mon énervement en le laissant faire.

— Et si on allait ailleurs, poupée ?

J'ouvre la bouche pour répondre, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, une voix m'interrompt.

— Excusez-moi, Mademoiselle Alice ? J'ai besoin d'une photo de vous pour le registre de la duchesse des lieux, veuillez me suivre, ce ne sera pas long.

Je souris, reconnaissante de l'opportunité.

— Navrée messieurs, mais je dois m'absenter un moment.

L'homme me lâche enfin, non sans afficher une expression de mécontentement évident. Je me précipite pour emboîter le pas à Sasha, sentant déjà la tension se dissiper légèrement.

— Je savais ce que je faisais, je n'ai pas pu finir.                                                                         

— C’est Mathieu qui m’a envoyé, vois cela avec lui.

Je repère immédiatement Mathieu, adossé contre un mur dans l'embrasure d’une porte. Son regard noir ne me quitte pas un instant.

— Bon courage avec lui, dit-il en plaisantant avant de me laisser seul.

Je me dirige vers lui, un peu inquiète, mais déterminée. Il m'attrape fermement le bras, me forçant à le suivre hors de la salle.

— Dérisoire et insensé. Je ne t’ai conviée à mes côtés nullement pour que tu mettes en péril l’édifice de nos desseins.

Je me redresse, le défi dans les yeux.

— C’est pour ton plan que j’ai fait ça.

Il me regarde, surpris par ma réponse.

— Ah, vraiment ? Et en quoi m’eût-il été profitable que tu t’acoquines avec l’adversaire ? Il était d’une touchante naïveté de ta part de croire que cela se déroulerait avec une telle aisance.

Je serre les poings légèrement, mais je m’efforce de rester calme.

—  Je suis loin d’être stupide, alors cesse de me rabaisser. Je savais que le poison ne marcherait pas, pas comme ça du moins.

Il fronce les sourcils, son regard me transperçant à travers son regard se fait plus dur lorsqu’il fixe la morsure sur mon cou. Il presse doucement ses doigts dessus, ce qui contraste avec son regard. 

— Tu… tu as appliqué du poison sur ton cou ? Comment… ?

Je fronce légèrement les sourcils avant de toucher ma nuque brièvement.

— Pendant que tu étais avec Lexa, j'ai observé les gens, analysé leurs comportements. Quand Sasha m’a montré les photos, j’ai tout de suite compris comment ils fonctionnaient. L’analyse comportementale peut être une arme puissante.

Il soupire, prenant doucement ma main et m’entraînant dans une pièce voisine.

— Cela demeurait néanmoins fort périlleux. Que serais-tu devenue si l'on t’avait contrainte à les suivre dans une chambre ?

-Alors heureusement que je possède un mentor intransigeant.

Nous arrivons dans une salle de bain. Il prend un mouchoir imbibé d'eau et le passe doucement sur mon cou, effaçant probablement tout résidu du poison que j’y ai déposé.

— Toi et Sasha, vous prenez des risques tous les jours.

Ses yeux se posent un instant sur mes lèvres, mais il se ravise et remonte doucement son regard jusqu’aux miens. Il pose sa main sur ma joue avec tendresse.

— C’est différent. Ne recommence jamais cela, pas sans m’en aviser au préalable, dit-il en soupirant. Retournons à la fête. J’ai une personne à te présenter avant de clore cette affaire.

Il caresse ma joue du dos de sa main avant de quitter la salle de bain. Je reste immobile un instant, contemplant mon reflet dans le miroir. Une étrangeté me gagne, comme si je ne me reconnaissais plus. Finalement, je reprends mes esprits et quitte la pièce. Je repère Mathieu en train de discuter avec un homme plus âgé, que j’identifie immédiatement comme étant Blake. Je m’approche d’eux, déterminée à jouer mon rôle.

— Ma douce partenaire, dit Mathieu en posant une main douce et chaude dans le bas de mon dos, me rapprochant de l’homme âgé. Voici l'illustre monsieur Blake.

Blake, un homme aux cheveux gris et au regard perçant, me sourit doucement avant de m’offrir un baise-main élégant.

— C’est bien la première fois que tu me présentes une femme, mon petit.

Mathieu semble quelque peu agacé, mais Blake poursuit, imperturbable.

— Comme je te l’ai précédemment indiqué, Blake est mon principal fournisseur d’armes. Bien qu’il approvisionne de nombreuses autres personnes, il demeure avant tout l’homme qui m’a offert sa protection et son soutien après le décès de mon père.

— J’aurais été un monstre si je n’avais pas aidé ce pauvre enfant gisant dans son sang, ajoute-t-il avec un sourire presque trop satisfait, malgré le regard désapprobateur de Mathieu.

— Elle n’est pas au courant ? Je pensais , après tout, vous êtes suffisamment proches pour ne plus la vouvoyer.

Mathieu serre les poings, mais essaie de garder son calme.

— Arrêtons ça, je suis ici pour commander d’autres…

Mais Blake, imperturbable, l'ignore et prend mon bras pour nous éloigner de lui.

— Miss Alice, vous savez, le nombre de personnes qu'il tutoie se compte sur les doigts d'une main. Deux, vous et le jeune Sasha. Même moi, il me vouvoie, alors que je l’ai vu grandir.

Je jette un regard en arrière. Mathieu reste à l’écart, seul, le visage fermé. Je m’attends à ce qu’il nous rejoigne… mais il s’éloigne dans la direction opposée.

— Vous me permettez… C’est un grand événement, après tout. Il me présente une femme.  Et je remarque que vous portez la broche de Madame Ashley.
— Je ne suis pas sa femme.
— Ça ne saurait tarder… à moins que ce ne soit pas votre souhait ?
Je ne réponds pas, préférant recentrer la conversation sur ce qui m’intéresse vraiment.
— Alors… vous l’avez adopté ?
— En quelque sorte. Je ne peux pas entrer dans les détails de ce tragique accident, mais après ce jour-là, je l’ai recueilli chez moi. Je l’ai élevé comme mon propre fils.
— Et ensuite ?
— À seize ans, il a décidé de retourner vivre seul, dans le chalet.
— C’est là que l’accident a eu lieu ?
— Étonnant, n’est-ce pas ? Je n’ai jamais compris pourquoi il tenait tant à y retourner, mais j’ai respecté sa décision. C’est là-bas qu’il m’a confié son envie de devenir indépendant… en devenant tueur à gages.
— C’est comme ça qu’il paie ses factures ?
Ce n’est pas un destin ordinaire, c’est certain. Mais je pense que c’est aussi à ce moment qu’il a commencé à nourrir sa vengeance. Cela fait près de dix ans qu’il la prépare. Et aujourd’hui, il est sur le point d’anéantir tous ces oiseaux néfastes. Ses efforts vont porter leurs fruits. Je m’y engage, moi aussi. Il est inutile de me voiler la face, je veux ma vengeance aussi, et j’ai aimer contempler leur cadavres.
— Fascinant, n’est-ce pas ?

Comment this paragraph

Comment

No comment yet