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Pommedereinette
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Chapitre 19

Alice

22 août 2023

 

Mon esprit est à la dérive, ballotté par les tourments qui m’assaillent depuis hier soir. Je descends lentement les escaliers du sous-sol, ma main effleurant la rambarde, comme à la recherche d’un soutien. Lorsque j’arrive devant la porte de l’infirmerie improvisée, je l’ouvre sans grande conviction. Aussitôt, mes yeux sont attirés par la table d’opération : Mathieu est allongé, vivant mais inconscient. Mon regard dérive vers le canapé au fond de la pièce. Le rouquin est là, assis, ses yeux empreints d’inquiétude rivés sur Mathieu. Puis, brusquement, il se tourne vers moi. Son regard perçant m’arrache un frisson. Il se lève et s’avance jusqu’au chevet du blessé. Sans réfléchir, je le rejoins.

Un long silence s’installe entre nous, un de ceux qui s’étirent jusqu’à devenir inconfortables. Il s’alourdit, prend toute la place, jusqu’à me donner envie de dire quelque chose, n’importe quoi. Mais je n’en ai pas le temps.

Un soupir brise enfin le vide.

— Merci…

La voix de Sasha est si basse que je pourrais croire l’avoir imaginée.

— Pour quoi ?

— Sans toi… Mathieu serait probablement mort.

Je hausse légèrement les épaules, mal à l’aise.

— Je n’ai fait que ce qui devait être fait. Mon sang était compatible, j’allais pas le regarder mourir.

Il hoche lentement la tête. Un autre silence. Moins lourd, mais pas moins chargé.

Puis il lâche, presque à contrecœur :

— Mais d’un autre côté… c’est aussi à cause de toi qu’il s’est retrouvé dans cet état.

Je fronce les sourcils, crispé.

— Quoi ? Attends, tu vas devoir m’expliquer comment ce serait ma faute. C’est lui qui a dévié du plan, pas moi.

— Justement. Il a dévié à cause de toi. Si tu n’avais pas commencé à fricoter avec les Corbeaux, jamais ils ne se seraient attaqués à lui.

Ma mâchoire se contracte.

— Donc, maintenant, c’est de ma faute s’il n’arrive pas à gérer ses émotions ?

— Oui ! Bordel, tu piges toujours rien. Avant ton arrivée, il n’y avait jamais ce genre de dérapages. Depuis que t’es là, tout part en vrille. Tu fous tout en l’air.

— T’es vraiment un con, Sasha, tu sais ça ?

Il me fixe, ses yeux flamboyant d’un agacement brut. Puis, sans un mot, il détourne le regard. Il passe une main dans ses cheveux, soupire longuement comme s’il tentait de ravaler quelque chose de plus profond, de plus dangereux.

— Je n’ai aucune rancœur contre toi…                                                                                                      

— Tu as une curieuse façon de le montrer, dis-je sèchement.                                                  

— J’en ai parfaitement conscience… mais ce n’est pas dirigé contre toi.                                         

— Tu vas encore me parler de ton excuse de la famille ?

Ses sourcils se froncent, et il se retourne brusquement vers moi. Je vois son effort pour garder son calme.

— J’essaie de m’ouvrir à toi, là, alors ferme-la.                                                                                     

— Bien… désolé, dis-je en soupirant.

Il détourne son regard du corps de Mathieu pour se tourner entièrement vers moi.

— Il y a quelques années, j’ai rencontré un homme… Ivan. Je te passe les détails, mais pour la première fois, je suis tombé amoureux d’un homme.

Un voile de tristesse traverse ses yeux azur, les rendant encore plus profonds.

— En voyant à quel point j’étais heureux avec lui, Mathieu a accepté qu’il vienne ici. Il n’était pas vraiment un membre à part entière, mais il nous aidait de temps en temps. Il avait des compétences, puisque c’était un ancien des Corbeaux.

Il se rapproche de moi, et sa voix devient plus basse, presque tremblante.

— La vérité, c’est qu’il n’a jamais quitté les Corbeaux. Il n’a jamais été amoureux de moi. Il m’a utilisé… juste pour atteindre Mathieu. Pendant une mission, il nous a trahis.

Sa main attrape le bas de son t-shirt, qu’il soulève pour révéler une cicatrice horrible sur son ventre.

— Il a essayé de me réduire au silence… Heureusement, Mathieu s’est douté de quelque chose. Il est revenu immédiatement et l’a tué avant de me secourir.

Je reste muette un instant, le poids de son histoire me clouant sur place.

— Je suppose que ça explique pas mal de choses… Je suis désolée, dis-je doucement.

Il détourne à nouveau le regard vers Mathieu, une ombre traversant ses traits.

— Voir Mathieu comme ça m’a rappelé cet événement… Mais toi, tu ne l’as pas trahi. Au contraire, tu l’as sauvé.

— J’ai fait ce que je devais faire pour lui.

À ma grande surprise, il attrape mes mains et me tire doucement contre lui.

— Merci, Alice… Je ne sais pas ce que je ferais s’il venait à mourir…

D’abord figée par l’étonnement, je finis par passer mes bras autour de lui. Il tremble légèrement contre moi.

— Il est tout pour moi, murmure-t-il d’une voix presque brisée.

Je le serre plus fort, incapable de trouver les mots pour répondre.

— Loin de moi la volonté de troubler ces touchantes retrouvailles, mais je crains fort que la jalousie ne vienne, à la longue, me gagner.

La faible voix de Mathieu nous fait sursauter tous les deux. Sasha me repousse brusquement et se précipite vers lui, se jetant presque dans ses bras. Mathieu étouffe un gémissement de douleur en réponse, mais son sourire léger trahit un certain soulagement. Je ne peux m’empêcher de sourire doucement en les regardant, un poids quittant mes épaules en voyant Mathieu enfin réveillé. Des pas résonnent derrière moi. Je me retourne instinctivement vers leur origine. Francis vient d’arriver. Je lui adresse un signe de tête pour le saluer. Nous avons échangé quelques mots hier soir, et malgré son excentricité, je dois avouer que je l’apprécie.

— Malheureusement, je dois vous quitter, mes chers compagnons, mais avant cela, j’aimerais m’entretenir avec vous, Monsieur Ashley, déclare-t-il avec un sourire énigmatique.

Sasha finit par relâcher Mathieu, non sans une certaine réticence. Ce dernier grimace en essayant de se mettre debout, mais Sasha, toujours prévenant, lui tend une canne avant qu’il ne vacille. Francis nous adresse un dernier sourire avant de remonter tranquillement vers le salon. Je ne tarde pas à lui emboîter le pas, curieuse de ce qu’il souhaite nous dire. Nous pénétrons dans le salon, où Monsieur Blake s’installe avec une élégance presque théâtrale dans un fauteuil en velours rouge. Maintenant je comprend mieux les manières de Mathieu. Il croise les jambes avec lenteur, son regard acéré se posant sur Mathieu, qui boîte plus qu’à l’accoutumée. Malgré tout, et grâce au soutien attentif de Sasha, il parvient à rejoindre un canapé en cuir noir métallisé sans trop tarder. Je m’installe à sa gauche, tandis que Sasha prend place à sa droite, veillant toujours sur lui. Mon regard s’attarde un instant sur le profil affûté de notre hôte même dans un moment de faiblesse il arrive à garder sa grâce et son élégance c’est presque énervant. 

Monsieur Blake, avec son air magnétique et ses gestes mesurés, incarne une aura presque irréelle. Mais le soupir audible de Francis me ramène à la réalité. Installé avec une nonchalance calculée, Francis repose son coude sur l’accoudoir du fauteuil et appuie sa tête sur la paume de sa main. Un sourire énigmatique étire ses lèvres, et ses yeux pétillent d’une curiosité presque malicieuse tandis qu’il nous observe à tour de rôle, comme s’il sondait nos âmes.

— Monsieur Blake, vous n’ignorez point l’estime que je vous porte ; toutefois, permettez-moi de vous signifier que l’instant se prête fort peu à des effets de suspense, répliqua Mathieu d’un ton légèrement empreint d’agacement.

— Vous croyez ? répond-il avec une sérénité désarmante. Le suspense est une drogue bien trop sous-estimée.

Il ferme les yeux un bref instant, comme pour mieux savourer ses propres paroles. Puis, soudain, il braque son regard perçant sur moi, un éclat d’intérêt captivant dans les prunelles.

— Vous me remercierez, Alice, pour ce que je vais vous dire.

Je fronce les sourcils en le regardant, consciente des regards de mes deux compagnons qui se posent sur moi.

— Quoi ? Qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ?                                                                                

— Vous êtes la seule qui m’a poussé à prendre cette décision.

À mes côtés, Mathieu semble se contracter légèrement. Il se penche en avant, posant ses avant-bras sur ses genoux, comme s’il pesait le poids de cette révélation.

— Très cher, ne vous risquez point à poser un acte que vous pourriez amèrement regretter, déclara-t-il d’une voix grave. Bien que blessé, je demeure parfaitement capable de me défendre.                                              

 — Comme vous trahir par exemple ? À ces mots, Francis esquisse un sourire qui s’agrandit encore.                                                                                                                                                                              

— Précisément.                                                                                                                                       

— Mon petit… Cela me blesse que vous puissiez penser que je ferais une telle chose. Non, bien au contraire. Mais vous voyez, plus je retarde le moment de parler, plus vous êtes suspendus à mes lèvres.

Je tourne un instant la tête vers Mathieu, avant de revenir sur Francis, agacée.

— Par hasard, tu n'essaies pas de prouver que tu maîtrises l’éloquence aussi bien que Mathieu ? dis-je en croisant les bras                                                                                                    .

— Peut-être bien, répond-il, un éclat amusé dans les yeux. Et, est-ce que ça fonctionne ?                    

— Un peu, concède-je. Mais pourquoi jouer à ce jeu ? Ce que vous avez à dire est important, n’est-ce pas ?                                                                                                                                  

— C’est ce qui t’a séduite chez lui, je me trompe ?                                                                                            

— Quoi ? Je suppose que ça en fait partie, mais je n’irais pas jusqu’à dire que je suis séduite.                                                                                                                                                        

— Vraiment ? Il semblerait, en ce cas, que je doive intensifier mes efforts, rétorque Mathieu avec un soupçon de sarcasme, tout en m’adressant un regard en coin.                                                                       

 — Bon, nous n’avons pas toute la journée ! Monsieur Blake, cessez vos petits jeux, ce n’est pas le moment, intervient Sasha, une pointe de frustration perçant dans sa voix.                                             

— Bien, pardon, répond Francis, visiblement amusé.

Il plonge une main dans la poche intérieure de son manteau et en sort un morceau de papier plié en quatre qu’il pose délicatement sur la table basse en verre. Tous trois, nous le regardons, intrigués.

— Ceci, déclare-t-il avec gravité, est le numéro d’un jeune homme fort charmant qui travaille à mon service. Plus précisément, il aurait dû être sous vos ordres, mon enfant.                                     

— Quoi ? Vous recrutez désormais les sbires de mon père ?                                                           

— L’un de ses plus fidèles, qui plus est                                                                                                    .

— Jamais je ne reprendrai son organisation.                                                                                     

— Oh, croyez-moi, cet homme va vous intéresser.

Mathieu se redresse lentement, croisant les bras et toisant Francis d’un regard glacé.

— Comme je l’ai mentionné, Léon travaille désormais sous mes ordres. Plus précisément, il occupe le rôle d’espion.

L’intérêt brille soudain dans le regard de Mathieu.

— Je vois dans vos yeux que vous commencez à comprendre, mon cher enfant.

Brusquement, Mathieu se lève, malgré sa blessure, et se dirige d’un pas déterminé vers Francis. Un juron lui échappe lorsque la douleur le surprend, mais il n’en ralentit pas pour autant.

— Tu vas me faire croire que, tout ce temps, tu avais un espion au sein des Corbeaux et que tu ne m’en as rien dit ?

Ses yeux reflètent un mélange de colère et de trahison. Je comprends son trouble ; Francis semblait être quelqu’un qu’il respectait profondément.

— Vous me tutoyez, maintenant ? s’amuse Francis, imperturbable.                                                   

— Au diable la politesse ! Ceci est une trahison !                                                                                                        

— Les mots me semblent un peu forts, mais je comprends votre ressenti, mon garçon. Mais bien que je t'ai éduqué, je me suis toujours promis de ne pas faire trop de favoritisme.                                                                                     

 — Cesse de m’appeler ainsi, gronde Mathieu, en sortant un revolver qu’il braque sur Francis.

Ne sachant comment réagir, je me tourne vers Sasha, qui, jusque-là, était resté silencieux. Maintenant, une expression d’inquiétude se lit clairement sur son visage. Il se lève brusquement, attrapant Mathieu par le bras et l’obligeant à se rasseoir.

— Calme-toi, ça ne te ressemble pas de perdre ton sang-froid aussi vite. Écoutons d’abord ce qu’il a à dire.

— Dans ce cas, puis-je savoir pour quelle raison vous avez modifié votre position initiale ?

-Je l’ai déjà dit, pour notre charmante Alice.
— Veillez à mesurer vos paroles avec davantage de prudence.

Francis ne se laisse pas impressionner par la perte de contrôle de Mathieu.

-C’est la premiere femme que vous me presentez, et j’espere pour vous que c’est votre ame soeur, alors je prefairer eviter que vous ne mourez dans votre vengeance, je ne veux pas qu’elle subisse cette peine.

Il m’adresse un charmant sourire.

Mathieu lance un regard noir à Sasha qui le retient toujours, mais finit par soupirer, résigné. Il croise les bras et s’adosse au dossier du canapé, le regard chargé de frustration.

— Si cela venait à me déplaire, je n’hésiterais nullement à vous ôter la vie, rétorque-t-il d’une voix basse, empreinte d’une menace à peine voilée.

— Merci, mon petit Sasha, répond Francis avec une pointe de sarcasme. J’ai donné pour ordre à Léon de vous confier toutes ses informations. Je ne vous en ai rien dit jusque-là, car, d’une part, je ne voulais pas de guerre inutile entre gangs, mais  je vous sens capable de gérer la situation sans en déclencher une réelle maintenant que tu as trouvé ta sagesse. Après tout, vous n’êtes pas un gang. Votre détermination m’a prouvé que vous ne renoncez que lorsqu’il ne reste plus de souffle en vous, ce que je ne souhaite absolument pas. Maintenant que je ne travaille plus avec les Crows, je peux vous offrir mon aide. Et comme mentionné plus tôt, Léon a travaillé pour votre père. Bien que vous ayez dissous l’organisation, il vous accorde toujours un profond respect.

Mathieu passe une main lasse sur son visage, un soupir lourd échappant de ses lèvres.

— Veuillez pardonner mon emportement. Naturellement, j’accède à votre proposition, Monsieur Blake. À présent, si vous n’y voyez nul inconvénient, je souhaiterais me retirer afin de prendre un peu de repos.

Il récupère le bout de papier, se levant avec une certaine lenteur. Il se dirige vers les escaliers, Sasha le suivant de près, prêt à le soutenir, bien que Mathieu n’en ait pas vraiment besoin.

— Vous ne m’avez nullement offensé, mon garçon, lance Francis d’un ton apaisé, ses yeux s’attardant sur leur départ.

Une fois mes deux acolytes partis, je raccompagne Francis à la porte, silencieuse.

— Ma douce, si jamais il vous déçoit, ma porte vous sera toujours ouverte.                                                   

— Merci... je suppose ?

Je recule légèrement, surprise, lorsqu'une de ses mains effleure ma joue.

— Désolé, murmure-t-il, un voile de tristesse assombrissant son regard. Vous me rappelez tellement ma défunte femme. Elle aussi avait été séduite par mon charme et mon éloquence.                                                                                                                                               

— Je... suis désolée. Mais je ne suis pas elle.                                                                                     

— Je sais, répond-il avec un léger sourire triste. D’ailleurs, savais-tu que c’est de moi que Mathieu s’inspire ? De son style vestimentaire à sa façon de parler.

Un doux sourire s’étire sur ses lèvres.

— C’est vrai qu'il vous ressemble un peu, comme un père et son fils.                                                     

— Je ferai tout pour lui. Après la mort de sa famille, je l’ai recueillie. Il a vécu avec moi. Ma femme était décédée peu de temps avant, il a été un soutien émotionnel précieux. Peu importe comment il me considère, il est comme mon fils, et je ferai tout pour le protéger.                         

— Je suis sûre que c’est réciproque, il vous tient en haute estime.                                                    

— Je suis désolé, je me suis encore égaré, dit-il d’un ton plus calme. Ça m’arrive souvent quand il s’agit de Mathieu.

Il prend délicatement ma main et la porte à ses lèvres avec une douceur presque paternelle.

— Au plaisir de te revoir. Et veille bien sur lui, il en a besoin.

Il me salue d’un geste de son chapeau avant de quitter la maison.

— De même…

Il sort son téléphone, puis s’enfonce dans la forêt, sans doute pour appeler un chauffeur. Je doute que cette idée plaise à Mathieu, surtout si cela signifie divulguer son adresse.

Je contemple longuement les abords de la forêt, perdu dans mes pensées, avant qu'une main ne vienne me surprendre. Je me tourne brusquement, et la personne recule, surprise par mon geste.

— Du calme, ce n’est que moi.
— Désolé, Sasha, je m’étais un peu éloigné dans mes pensées. Que se passe-t-il ?
Il détourne le regard, jouant nerveusement avec ses doigts.
— Je... Je pense que tu devrais aller voir Mathieu. Il... il préférerait ta présence à la mienne.
— Tu sais bien que ce n’est pas vrai, mais d’accord, j’y vais.
Sasha s’éloigne sans protester, mais je perçois l'ombre d’une tristesse dans son expression.

Je monte finalement au dernier étage. C’est la première fois que je viens dans sa chambre, alors je teste chaque porte jusqu’à trouver la bonne.

— Tu ne fais preuve d’aucune clémence envers les moribonds, Darling...
— Désolé, ai-je fait trop de bruit ?
— Pour ainsi dire, fort peu, rétorque-t-il avec un sarcasme presque tendre.

Un sourire fugace se dessine sur son visage, ses yeux se posant sur moi avec une lueur qu'il peine à dissimuler. Je m’assois doucement sur le bord de son lit.

— Allons bon… Vas-tu me chanter une berceuse, maintenant ? dit-il, l'ironie trempant sa voix.
— Si tu veux perdre l’audition, pourquoi pas.
— Ta voix reste, à chaque instant, une véritable délectation pour mes oreilles.

Je passe ma main dans ses cheveux, avec douceur.
— Tu devrais vraiment te reposer.
— Ta seule présence illumine cette pièce à tel point qu’il serait presque criminel de ne pas poser les yeux sur toi.

Je roule des yeux, un sourire amusé s’épanouissant malgré moi.
— Ce n’est pas le moment pour des flatteries.
— Je ne fais que prêter des mots à mes pensées les plus sincères ; ce n’est point ma faute si la muse qui sommeille en toi veille à chaque fois que tu es près de moi mon âme torturée d’artiste, telle une flamme ravivée par la brise.

Il pose sa main sur mes hanches, m’attirant doucement contre lui.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Silence… Aurais-tu l’audace de meurtrir le cœur d’un malheureux invalide, dénué de défense ?

Sa voix est empreinte d’une fausse accusation.
— Décidément, la douleur ne te va pas.
— Bien au contraire. Si elle m'offre l’occasion de sentir ton corps se presser contre le mien, alors je ne peux qu'en éprouver un plaisir certain.

Je tente de me dégager, mais sa prise est ferme, implacable.
— Je t’en prie… Alice… reste à mes côtés, je te le demande.

Pour la première fois, je vois cette vulnérabilité sur son visage, aussi brutale que rare.
— D’accord… mais lâche-moi, que je puisse me mettre plus confortablement.

À contre-cœur, il me relâche. Je me glisse alors dans les draps, dos contre lui.
— J’avoue avoir une préférence pour l'autre côté.
— Pourquoi ?
— Parce que, lorsque je te serre contre moi, je ressens la pression de ta poitrine contre la mienne. Et je ne saurais feindre l’indifférence face à une telle sensation. Mais plus encore, j’éprouve une joie profonde à percevoir les battements précipités de ton cœur.

Mes joues prennent une teinte rosée, et je m’étouffe légèrement avec ma salive.
— Merde… Où est passé le gentleman prude ?

Je hoche la tête, hésitante, avant de me retourner vers lui. Sans attendre, il m'attire contre lui avec une tendresse indéniable.
— Tu es d’une perfection absolue, Alice.

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