Alice
26 septembre 2023
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01 octobre 2023
Alice
C’est impossible… Ça recommence. Pourquoi ?
Depuis mon réveil, je n’ai fait que fixer le plafond, le regard vide. Un soupir lourd s’échappe de mes lèvres alors que je rassemble l’énergie nécessaire pour me lever. Dire que j'étais aller la voir dans l’objectif de la protéger, de la rayer de ma vie pour être sûr qu’elle ne soit pas mêlé à tout ça, résultat cela à provoquer exactement ce que je redoutais. Chaque mouvement me semble titanesque, mais j’y parviens et vais m’asseoir devant ma coiffeuse.
Un visage me fait face dans le miroir. Mon visage. Du moins, c’est ce que je devrais penser, mais le doute m’assaille. Des traces de mascara résistent au passage du temps, vestiges d’une nuit trop longue. J’ignore combien de minutes s’écoulent avant qu’une notification bruyante ne me ramène brusquement à la réalité.
Je baisse les yeux vers mon téléphone.
"Tu n’as plus de temps à perdre avec ces futilités. Seule toi peux résoudre toutes ces difficultés."
Encore lui.
À quoi joue-t-il ? Peu importe. Je vais lui montrer qui est aux commandes ici. Certainement pas lui.
Déterminée, bien que fatiguée, je me dirige vers la salle de bain pour une douche rapide. L’eau chaude m’aide à retrouver mes esprits. Une fois habillée, toujours dans le style impeccable inspirée de Blair Waldorf, j’attrape un carnet et un stylo avant de m’installer sur mon lit. Maurice grogne lorsque le matelas s’affaisse sous mon poids, mais il ne daigne même pas ouvrir les yeux.
J’ai toujours rêvé de devenir détective. Il est temps de prouver ce que je vaux.
Je me replonge dans mes souvenirs, retraçant mentalement toute la scène du parc : la querelle, l’homme suspect… Je crains de tirer des conclusions hâtives, mais tout me pousse à croire que l’expéditeur de ces messages n’est autre que ce blond mystérieux. Blond mystérieux que j’avais déjà croisé par hasard, entre ça, les gang la mafia et les filatures que je subissais, il est évident qu’il a plus qu’un hasard entre ces élément, mais lequel ? Selon les maigres informations en ma possession, Sasha pourrait être la clé.
Sans plus attendre, je descends à son étage. C’est la première fois que je mets les pieds ici. Je frappe à une porte, pas de réponse. J’essaie une autre. Salle de bain. Je continue ainsi jusqu’à tomber sur une chambre noir pour la photographie.
Je marque un temps d’arrêt avant d’entrer et referme discrètement la porte derrière moi.
L’endroit est envahi de photos. Portraits, paysages, scènes animalières… Sasha semble explorer une multitude de styles artistiques. Je m’avance lentement, hypnotisée par ces images qui semblent capturer l’essence du moment avec une intensité troublante. Après un instant de contemplation, mon regard se pose sur un album, posé sur un meuble.
Avec précaution, je le saisis et l’ouvre.
Je me fige.
Les photographies ont l’air anciennes, mais il n’y a aucun doute : l’homme qui y apparaît est le même que celui que j’ai croisé.
— Qu’est-ce que tu fais là ?
La voix de Sasha me fait sursauter. Je me retourne vivement. Son regard s’assombrit lorsqu’il remarque l’album entre mes mains.
— Repose ça immédiatement.
Je soutiens son regard un instant avant de refermer l’album et de le reposer à sa place. Il s’avance aussitôt pour le récupérer.
— Qui est-ce ?
— Ivan. Je t’en ai déjà parlé. Et maintenant, j’aimerais que tu arrêtes de fouiller dans mes affaires.
Ivan… Oui, je me souviens de son histoire. Il est censé être mort. Pourtant, il était bel et bien vivant quand je l’ai vu.
— Alice ?
Je relève les yeux vers Sasha.
— Oui ?
— Pourquoi es-tu là ?
— Je… J’avais quelque chose à te demander, mais finalement, ce n’est plus nécessaire.
Il ouvre la bouche pour répondre, mais je ne lui en laisse pas le temps. Sans un mot de plus, je quitte précipitamment la pièce. Si ce que je crois est vrai, Sasha est clairement encore bouleversé par son histoire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de lui en parler.
J’entends la porte s’ouvrir derrière moi.
— Alice !
Je presse le pas, gravissant les escaliers jusqu’au dernier étage. Un long couloir s’étend devant moi, menant à une unique porte au fond.
Alors que je m’approche, des voix indistinctes filtrent à travers le bois. J’hésite un instant, puis frappe trois coups.
Silence.
J’attends quelques secondes avant de me décider à entrer malgré tout.
À l’intérieur, Mathieu se tient devant une large fenêtre, appuyé sur sa canne, son téléphone collé à l’oreille. À mon entrée, il lève la main, m’indiquant de garder le silence. Je m’approche du bureau sans un bruit.
— Bien évidemment, cela me convient parfaitement.
Il raccroche, puis range son téléphone dans le tiroir du bureau.
— Alice, ma chère, puis-je m’enquérir de ce qui justifie une telle hâte ?
— Parle-moi d’Ivan.
Le regard de Mathieu s’assombrit instantanément.
— Pourrais-tu m’indiquer où tu as entendu ce nom, je te prie ?
— Sasha m’a raconté brièvement leur histoire.
— Il ne m’est point permis de t’en révéler davantage, et je le déplore sincèrement.
— Comment est-il mort ?
Un soupir lui échappe tandis qu’il passe une main lasse sur son visage.
— Je l’ai criblé de balles jusqu’à ce que la vie le quitte, le laissant gisant, exsangue.
Bien que je connais Mathieu et sa façon de faire le son de sa voix déclenche en moi un frisson qui me parcourt l’échine.
— Pourquoi ?
Mathieu croise lentement les bras avant de s’installer dans son fauteuil.
— Ivan fréquentait le même établissement que nous. Lui et Sasha… ont éprouvé des sentiments l’un pour l’autre. Mais Ivan n’était qu’un traître, un simple pion aux ordres des Corbeaux. Telle est la seule vérité digne d’être retenue.
Je l’observe attentivement. Ni lui ni Sasha ne semblent totalement remis de cet épisode.
— D’où te vient donc cette soudaine curiosité ? interroge-t-il, la voix plus ferme, presque tranchante.
— Est-il possible qu’il ait survécu ?
Un voile trouble assombrit ses yeux verts.
— Alice… Me serais-tu, par mégarde ou volonté délibérée, dissimulé une information d’importance ?
Je détourne légèrement le regard, mal à l’aise sous son inspection.
— Le jour de la mort d’Iris… je l’ai vu. C’était lui, j’en suis certaine. Il est responsable de tout ça. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que je le voyais.
Mathieu reste silencieux un long moment. L’air dans la pièce semble s’alourdir.
— Je me chargerai personnellement de cette affaire… Toutefois, je te serais reconnaissant de ne point en faire mention à Sasha, je te prie.
— Tu me crois vraiment ?
— J’éprouvais déjà certaines réserves depuis le trépas d’Axel. Pour ce qui te concerne, nul motif ne saurait justifier que tu me dupes. Alice, je t'accorde ma foi la plus absolue, avec une fidélité sans faille, quelles que soient les circonstances à venir.
Son regard brille d’une étrange lueur, une dévotion sincère qui, malgré moi, m’apaise un peu.
— En attendant, des affaires d’une urgence plus pressante requièrent notre attention. Lexa a arrêté la date de notre entrevue au 8 octobre. Tu m’y accompagneras.
Je le fixe, surprise.
— Vraiment ?
— Hélas, oui. Cela constituait l’une de ses exigences. Mais prête-moi une oreille attentive : quoi qu’il puisse survenir, tu demeures à mes côtés. Sans la moindre dérogation. Est-ce parfaitement clair ?
— Je n’ai pas prévu de devenir sa meilleure amie, si c’est ce qui t’inquiète.
— Alice. Je parle en toute gravité.
— Ne t’inquiète pas, j’ai compris. Et je te rappelle que je sais me défendre maintenant.
Un fin sourire effleure ses lèvres.
— Je n’en doute nullement, ma chère. Néanmoins, je fréquente Lexa depuis fort longtemps désormais. Observe la plus grande discrétion, même lorsqu’elle s’adresse directement à toi.
— Je vais essayer…
Ma phrase est brutalement interrompue par un fracas. La porte s’ouvre violemment, claquant contre le mur.
Mathieu serre la mâchoire, exaspéré.
— Sasha, je te prie de
— Putain, Alice !
Je recule instinctivement tandis que Sasha me jette mon carnet en cuir. Celui dans lequel j’ai soigneusement noté les événements du parc.
— Sasha…
Il ne me laisse pas le temps de m’expliquer. D’un pas vif, il fond sur moi, son expression si sombre qu’un frisson me parcourt l’échine. Instinctivement, je recule jusqu’à heurter le bureau.
Mathieu s’interpose aussitôt, immobilisant le rouquin avec fermeté.
— Sasha, je te saurais gré de bien vouloir faire montre de retenue…
— De retenue ?! s’emporte-t-il, luttant contre l’emprise du brun. Merde, je viens d’apprendre qu’Ivan est en vie, qu’elle le savait et qu’elle ne m’a rien dit ? Après tout ce que je lui ai confié ?!
Ses yeux bleus, brillants de rage et de douleur, me transpercent.
— Tu le savais aussi…
Ses mouvements ralentissent, son souffle court.
— Vous le saviez tous les deux…
— Je viens à l’instant d’en être informé, Sasha.
— Mais tu n’avais pas prévu de m’en parler.
Mathieu relâche lentement sa prise. Sasha recule, tremblant, et des larmes roulent sur ses joues.
— Je ne suis plus assez bien pour toi, c’est ça ?
— Quelle est donc l’origine de ces propos insensés ?
— Ah, maintenant, c’est moi le problème ?!
Je reste figée, incapable d’intervenir alors que leur échange prend une tournure plus douloureuse.
— Depuis qu’elle est arrivée, je passe toujours au second plan. Tu n’as plus besoin de moi, c’est ça ?!
— Sasha, je t’en conjure, abstiens-toi de proférer de telles absurdités. Ta place à mes côtés restera à jamais acquise.
Mais la blessure est trop profonde. Dans un mouvement désespéré, Sasha assène un violent coup de pied dans le genou invalide de Mathieu. Ce dernier s’effondre avec un juron de douleur.
Le rouquin essuie précipitamment ses larmes avant de quitter la pièce en claquant la porte.
Je me précipite vers Mathieu, l’aidant à se redresser. Il attrape sa canne, mais son regard reste fixé sur l’endroit où Sasha a disparu, lointain.
— Est-ce que ça va ? murmurai-je, inquiète.
Un fin sourire effleure ses lèvres.
— Ne t’en fais pas, Darling, je sais parfaitement comment le manier.
Pourtant, son ton vacille. L’incertitude transparaît dans sa voix. Après un bref instant, il se redresse, puis quitte le bureau à son tour, suivant les traces de Sasha.
Mon cœur bat la chamade, toute cette histoire me met mal à l’aise.
Un bourdonnement strident me fait mal à la tête.
Après quelque seconde la douleur se dissipe, mon regard était attiré par un mouvement à l'extérieur. Je m’approche de la grande fenêtre. J’observe l'entrée de la forêt, il y a beaucoup de mouvement dans les buissons. Je les regarde longtemps, lorsque je finis par m’en lasser, je crois voir une silhouette s’enfuir du coin de l'œil.
Est ce que c’est un corbeau ? Blake ? Leon ?
Je pense que je devrais en informer Mathieu, mais en même temps je pense que je vais empirer l'état de Sasha si je vais le voir maintenant.
Mon regard parcourt le bureau de Mathieu, j'hésite un peu avant de finalement sortir sans toucher à rien.