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Pommedereinette
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Chapitre 2

Mathieu

22 mai 2023
 


Je relève les yeux de ma tablette lorsque le carillon de la porte retentit, jouant sa mélodie familière. Axel, l’un de mes clients les plus réguliers, fait son entrée, un sourire éclatant accroché à son visage.

— Bonjour, bonsoir ! lance-t-il joyeusement.

— Vous n’êtes point à l’heure, dis-je, sans détourner mon attention de l’écran.

Il jette un regard rapide à sa montre avant de répliquer, sûr de lui :

— Si, pile à l’heure même !

Je lâche un soupir discret.

— La véritable ponctualité, mon cher, exige que l’on se présente quelques instants avant l’heure convenue. Il s’agit là d’une marque de distinction et de raffinement, Axel.

Je fais pivoter ma tablette vers lui, affichant le dessin final de son futur tatouage : un kraken majestueux, chaque tentacule soigneusement détaillé. J’attends sa réaction, et comme toujours, il ne déçoit pas.

— Tu gères, comme d’hab !

Je ne peux retenir un léger soupir amusé.

— Je vous saurais gré de bien vouloir vous diriger vers l’arrière. Je m’y rendrai dans les plus brefs délais afin de vous y retrouver.

Après avoir rassemblé et préparé mon matériel, je me retourne pour le trouver déjà allongé sur le dos, torse nu.

— Êtes-vous certain de vouloir entreprendre cette œuvre sur les côtes ? demandai-je, sceptique.

— Oui, bien sûr ! répond-il, mais sa voix manque cruellement d’assurance.

Je le dévisage un instant. Axel, couvert de tatouages, tous réalisés par mes soins, ne semble pourtant pas à son aise.

— Vous ne donnez guère l’impression d’être pleinement convaincu, Axel.

Il se gratte l’arrière de la tête, un sourire gêné sur les lèvres.

— Bon… OK, j’avoue. Ce n'est pas vraiment pour moi. C’était une condition que mon amie m’a imposée pour qu’elle accepte de m’accompagner à une soirée.

Je fronce légèrement les sourcils.

— Je n’ai guère l’honneur de connaître personnellement votre amie, néanmoins je puis vous assurer, avec une relative certitude, qu’il ne s’agissait vraisemblablement que d’une plaisanterie.

— Je sais, mais écoute, si Alice me voit avec un tatouage sur les côtes, elle ne pourra pas refuser de venir. Elle est comme ça.

Je secoue la tête, mais je m’abstiens de tout commentaire. Axel est un être complexe, oscillant entre la spontanéité et une logique que lui seul comprend.




Quatre heures et trente minutes plus tard, la première séance est enfin terminée. Axel se redresse lentement, massant ses côtes tout en admirant l’œuvre dans le miroir.

— Ainsi, nous convenons de nous retrouver le lundi premier juin à l’occasion de la seconde séance, n’est-ce pas ? proposai-je en rangeant mes outils.

— Lundi, ça marche pour moi.

— À 14h précises ?

— Impeccable, lundi 14h, pas de problème !

Je hoche la tête. Axel quitte l’atelier avec son habituel sourire contagieux, tandis que je retourne à mes préparatifs, prêt à accueillir mon prochain client.




Après une journée relativement paisible, je saisis ma canne, verrouille le salon et rentre chez moi. À peine ai-je franchi le seuil que je suis accueilli par Sasha, visiblement en proie à une panique incontrôlable.

— Sasha, calme-toi…

— Bordel, ça fait une heure que tes clients russes me menacent !

Mon regard s’assombrit immédiatement, et je fixe Sasha avec sérieux.

— Quelle est donc la nature de leurs exigences ?

Il hésite, sa respiration encore saccadée.

— Je...

—Veuille à inspirer profondément et retrouver ta sérénité, dis-je en posant avec douceur une main apaisante sur son épaule.

Je lui laisse quelques secondes pour se ressaisir.

— Ils veulent te voir. Aujourd’hui, dans une heure, à l’endroit habituel. Enfin… je crois. Le gars parlait bizarrement, il riait aussi… Après réflexion, je crois qu’il était en train de se faire sucer, dit-il avec un rire nerveux.

Quel manque de décence.

— Ne disposes-tu donc  d’aucune information plus précise à cet égard ?

— Si… Ils ont une "nouvelle victime" pour toi.

— Fort bien. Je vais partir sans délai. Sasha, il est temps de cesser de te laisser emporter par la panique.

— Si jamais il t’arrive quelque chose…

—Tu ne seras en droit de t’inquiéter que si, passé un délai de deux heures, je n’ai toujours pas fait retour.

Je prends mes clés et quitte l’appartement sans perdre de temps, car le lieu de rendez-vous est éloigné. Sur la route, mes pensées dérivent vers Sasha et nos débuts.Timothée. Le nom s’impose dans mon esprit. La première personne que Sasha et moi avons tuée ensemble. Je me rappelle encore l’enthousiasme démesuré de Sasha quand il avait réussi à crocheter la serrure. Timothée était assis sur son canapé, absorbé par une émission quelconque. Pris de court, il s’était levé d’un bond. Je n’avais pas hésité à lui lancer un couteau dans la jambe, le forçant à se rasseoir. Alors que je m’apprêtais à l’achever, Sasha m’avait interrompu, suggérant de marquer ce moment d’une photo – une sorte de baptême macabre célébrant notre partenariat.

Nous nous étions assis de part et d’autre de Timothée, et Sasha avait pris la photo avec un sourire triomphal. 

— Quels souvenirs d'une beauté incomparable,  murmurai-je avec un soupir.


Après vingt minutes de route, j’arrive enfin à destination. Trois hommes en costume noir m’attendent et m’invitent d’un signe de tête à les rejoindre. Parmi eux, John, celui qui orchestre habituellement ces "missions".

— Nous parlerons à l’intérieur, dit-il froidement.

Je le suis à travers les portes d’un club de strip-tease. Le lieu suinte l’indécence et le mépris. Les femmes y sont traitées comme des objets, soumises à des insultes et à la violence. Une pensée traverse mon esprit : aucune d’elles n’a choisi cela, pas dans de telles conditions.Mes interlocuteurs me conduisent à une table isolée. Tout en marchant, je fais claquer ma canne sur le sol avec plus de force qu’à l’accoutumée, exprimant subtilement mon dégoût.

— Je n'ai que fort peu de temps à consacrer à cette affaire. Je vous prie donc d'éviter toute digression superflue, dis-je d’un ton tranchant, mon regard défiant chacun d’eux.

Alors que j’attends leur réponse, une jeune femme traverse la salle, portant un plateau de vodka. D’une beauté frappante, elle tremble visiblement, et son regard trahit la peur. Les trois hommes la sifflent vulgairement. Elle pose timidement les verres sur leur table avant de s’éloigner, mais leurs sifflements redoublent.

-Toujours bloquer au moyen age celui.

Les deux autres personnes rigolent entre elles un peu en retraite, même pour essayer de se moquer ils font des erreurs, aucune intelligence et connaissance historique, c’est cruellement inquiétant.

— C’est ta cible, finit par dire John en posant une photographie devant moi.

Je la saisis et l’examine attentivement. Une jeune femme d’environ vingt ans, avec de longs cheveux bouclés châtains ornés de mèches violettes. Son regard brun est vide d’émotion, et sa peau, d’une blancheur éclatante, contraste avec ses vêtements élégants qui semblent faits sur mesure.

— Cinq cent mille, déclare John d’un ton détaché.

Un sourire narquois étire mes lèvres. Je sors mes trois couteaux et commence à jouer avec, les faisant glisser entre mes doigts.

— Je vous réclame le double de la somme, dis-je d’une voix calme, soutenant son regard avec fermeté. Après tout, vous n’êtes guère dignes de respect. Et un incident fâcheux peut survenir avec une rapidité déconcertante.

Un des hommes, plus jeune, pose ses mains sur la table, visiblement irrité. Sans hésiter, je plante une lame dans sa main. Son cri de douleur fend l’air tandis que je ressens une satisfaction glaciale.Je laisse tomber ma canne au sol, la rattrape par son extrémité inférieure et utilise le manche en forme de corbeau pour agripper John par le col. D’une voix basse, à peine un murmure, je lui glisse :

— Voici le dilemme qui s’offre à vous : soit vous doublez la somme et je procède à ma tâche, soit je me vois contraint de vous priver de vos mains et de me retirer sans autre forme de procès.

John éclate d’un rire forcé en regardant son acolyte, mais ce dernier est pétrifié de terreur.

— OK, marché conclu. Un million, finit-il par concéder.

Il me tend une mallette contenant les cinq cent mille premiers. Le reste me sera remis une fois le travail accompli, comme d’habitude.Je récupère la photographie et quitte le club sans me retourner, pressé de m’éloigner de cet endroit sordide. Mon esprit, toutefois, reste focalisé sur la jeune femme à la chevelure violette et à la beauté délicate.


                                          .__.

             

—Cette journée a grandement sollicité mes forces et m’a laissé dans un état de profonde fatigue, soufflai-je en m’affalant dans le fauteuil.
— Alors, qu’en est-il ? demanda Sasha, visiblement curieux.
—On m’a remis un portrait de ma cible. Je te la transmettrai demain, afin que tu puisses procéder à la collecte des informations requises.

Sasha hocha la tête, l’air concentré.

— Ça faisait un moment que cette mafia ne faisait plus appel à toi. Ça doit être important.

— Assurément. Toutefois, je n’éprouve que peu d’enthousiasme à prolonger indéfiniment cette tâche vaine. Demain, Sasha, je te charge de surveiller la cible avec la plus grande rigueur. Dès que tu auras collecté les informations essentielles, je te prie de me les transmettre sans délai, et nous agirons de manière décisive et efficace.


Sasah

23 mai 2023
 

J’ouvre péniblement les yeux, attrape mon téléphone et constate qu’il est huit heures. Après un moment à me débattre avec l’idée de sortir du lit, je me lève et me prépare pour la mission du jour. J’envoie un rapide message à Mathieu pour l’informer que je commence mon travail.Mathieu, c’est bien plus qu’un partenaire de crime. C’est mon mentor. Depuis que je suis gamin, il a toujours été là. À l’école, j’étais le souffre-douleur. Une fille de ma classe avait essayé de m’aider, mais ça n’avait rien changé. Puis Mathieu est arrivé, un an de plus que moi, et a donné une bonne correction à mes bourreaux. Ce fut un soulagement… temporaire. Le lendemain, les brimades redoublèrent. Alors, poussé par le désespoir, j’ai pris mon courage à deux mains et lui ai demandé de m’apprendre à me défendre.Avec le temps, il a commencé à me parler d’un moyen plus radical : si je voulais que ça s’arrête vraiment, il fallait les éliminer. Je croyais à une blague jusqu’au jour où un “accident” fatal est arrivé à l’un de mes harceleurs. La jubilation que j’ai ressentie était terrifiante et euphorique à la fois. En racontant ce qui s’était passé à Mathieu, il m’avait simplement répondu : “Dis merci.” Sur le moment, je n’avais pas compris. Plus tard, en pleine nuit, la vérité m’avait frappé : cet “accident” était son œuvre.Je sors de mes pensées en levant les yeux vers le ciel avant de les baisser à nouveau. C’est là que je les aperçois : la cible, assise sur un banc, accompagnée d’un blondinet. Je fronce les sourcils en essayant de reconnaître le type. Et puis, eurêka : Axel ! Un visage familier. Il m’a déjà contacté à plusieurs reprises, sous les conseils de Mathieu, pour des séances photo – étant donné qu’il est mannequin.Quant à la jeune femme, son visage de poupée me semble étrangement familier. Je plisse les yeux pour mieux la détailler… puis son prénom tombe dans la conversation : Alice.

— Allez, Alice, viens avec moi. Tu verras, ce sera super ! Et puis ça te changera les idées, t’en as bien besoin. Ne le nie pas, insiste Axel d’un ton presque suppliant.
— Je ne sais pas… J’ai encore tellement de boulot. Je dois finir mon livre d’ici le mois prochain, dernier délai.

Alice Roy. Mais oui, Alice Roy ! On était dans la même classe en quatrième. Une fille discrète, presque invisible, qui parlait peu et seulement quand c’était nécessaire. Pourtant, je ne l’ai jamais oubliée. Elle avait osé me défendre. À l’époque, elle avait effrayé mes harceleurs en les menaçant. Tout le monde connaissait la famille Roy : riche, puissante, mais loin d’être aimée. Les élèves de troisième aimaient raconter des histoires pour nous effrayer, les plus jeunes. Toutes convergent vers la même idée : les Roy seraient des descendants du diable.Elle avait disparu pendant une semaine après m’avoir défendu. Les rumeurs disaient que ses parents l’avaient punie pour avoir pris la défense d’un “moins que rien” comme moi. À son retour, quelque chose avait changé. Elle était comme vidée de son âme, réduite à une enveloppe charnelle sans éclat. Elle est la seule à qui j’ai pardonné dans cette classe de lâche.Une heure plus tard, Axel et Alice se saluèrent et prirent des directions opposées. Je continuais discrètement à suivre Alice. Elle n’avait pas de voiture, ce qui signifiait qu’elle vivait dans le coin.En fouillant dans son sac, elle fit tomber ses clés. Voyant une opportunité, je me suis approché pour les ramasser. Peut-être qu’elle me reconnaîtrait. Mais si ce n’était pas le cas, ce ne serait pas un problème. J’avais appris à entrer par effraction depuis longtemps.

— Excusez-moi ! Madame ! hurlais-je pour attirer son attention.

Elle se retourna, visiblement inquiète.

— Oui ? répondit-elle d’une voix hésitante.
— Vous avez fait tomber vos clés, dis-je en esquissant un sourire gêné, les clés tendues vers elle.
— En effet, merci ! répondit-elle avec un sourire sincère. Puis, elle me regarda plus attentivement. Votre visage me dit quelque chose…

Un large sourire se dessina sur mon visage. Elle m’avait reconnu.

— Mais oui ! Vous êtes Sasha Harley, le photographe dont Axel n’arrête pas de me parler !

Je restai interdit un instant.

— Il… il vous a montré une photo pour que vous me reconnaissiez ? balbutiai-je.
— Non, répondit-elle en riant doucement. Je lui avais dit que j’étais intéressée par vos services. Il m’a donné votre nom, votre prénom et votre numéro. Mais… je n’avais pas pu m’empêcher de jeter un œil à vos réseaux sociaux.

— Si vous avez un moment, nous pourrions discuter autour d’un verre pour ce projet en question ? proposai-je, essayant de jouer la carte de la sympathie.
— Appelez-moi Alice, mais je suis navrée. J’ai une affaire urgente à régler. J’ai votre numéro ; je vous recontacterai pour fixer une date.

Sur ces mots, elle tourna les talons et s’éloigna. Je repris ma filature. L’observation me fournirait tout ce dont j’avais besoin : son tempérament, ses habitudes… et surtout, son adresse.


Mathieu

23 mai 2023


Je m’éveille, l’esprit encore flou, les pensées flottantes. Sasha est parti depuis deux heures, d’après le message qu’il m’a laissé. Une routine matinale s’impose, bien que je ne sois jamais très vif au réveil. Je me rends dans le salon d’un pas traînant et m’installe à la table. Là, je saisis une feuille de papier et un crayon, bien décidé à avancer sur le croquis de tatouage qu’un client m’a commandé.Le processus m’absorbe complètement. Je dessine ligne après ligne, le crayon dansant sur le papier, et après une heure de concentration appliquée, j’achève enfin le design. J’admire un instant mon travail, satisfait. Mais le bruit familier de la porte d’entrée qui s’ouvre m’arrache à ma contemplation.Je lève les yeux et aperçois Sasha. Il rayonne de satisfaction, son appareil photo fermement tenu dans ses mains, comme un trophée.

— J’ai des informations qui vont te plaire, dit-il avec un sourire en coin.
— Je t’écoute, dis-je, intrigué.

Il s’installe face à moi et commence son rapport avec assurance.

— Alors, elle s’appelle Alice Roy. Elle a vingt-deux ans, mesure un mètre soixante-cinq, et habite dans la résidence juste en face de ton salon. Pratique, non ?

Il dépose un paquet de photos sur la table et continue avec enthousiasme.

— J’ai pris des clichés sous tous les angles, histoire qu’on ne se trompe pas de cible. Ah, et le meilleur pour la fin : c’est la meilleure amie de ton client le plus fidèle, Axel.

Il marque une pause, une lueur malicieuse dans le regard, avant d’ajouter :

— Et si j’en crois les poils de chat sur ses vêtements, elle possède un félin. Bon, ça, je sais pas trop à quoi ça peut te servir, marmonne-t-il en touchant pensivement son menton.

Je souris devant son zèle, mais une information en particulier capte mon attention.

—Une certaine familiarité avec Axel, dis-tu ? Fort bien. Il me semble que nous devrions accélérer le déroulement de notre rencontre.

Je me lève, attrape mon téléphone posé sur la table, et cherche le contact du jeune mannequin dans ma liste. Quelques secondes plus tard, je lance l’appel.

— Allô ? dit la voix enjouée d’Axel à l’autre bout du fil.
— Axel, mon cher, j’ai une excellente nouvelle pour vous !
— Je t’écoute ! répond-il avec enthousiasme.
— Il se trouve qu'une disponibilité s'est récemment libérée. Je suis en mesure de vous recevoir le 25, à quatorze heures précises.

 — Ça, c’est de la chance ! C’est parfait pour le 25 à 14h.

Je raccroche, satisfait, et je repose le téléphone. Quand je lève les yeux, Sasha m’observe intensément.

— Oui ? dis-je, légèrement amusé.
— Tu vas annuler un rendez-vous ? demande-t-il avec un mélange de surprise et d’intérêt.
— Non, je n'avais nullement programmé de rendez-vous en ce jour-là. Il était destiné à être un jour de repos, comme il se doit.

Je marque une pause, pensif, avant de conclure :

— Il serait cependant judicieux de résoudre cette affaire dans les plus brefs délais.


Mathieu

25 mai 2023

Aujourd’hui, il est temps de passer à l’action.Je m’habille sobrement : pantalon noir, chemise unie, rien de superflu. Après avoir quitté mon appartement, je prends la route en direction de mon salon. Une fois arrivé, je sors les clés, déverrouille la porte et me rends dans l’arrière-salle. C’est là que se déroulent les séances, un espace épuré, consacré entièrement à l’art du tatouage.Je commence à préparer minutieusement le matériel : aiguilles, encre, essuie-tout. Tout doit être parfait. L’idée de croiser le chemin d’Axel me donne déjà matière à réflexion. Comment aborder le sujet d’Alice sans éveiller sa méfiance ?

Un coup de sonnette me tire de mes pensées.

— Bonjour ! s’annonce Axel avec son énergie habituelle.
— Axel, tout est désormais en ordre. Je vous prie de bien vouloir prendre place.

Sans attendre, il s’avance dans l’arrière-salle, retire son tee-shirt et s’allonge sur la table.

—Contenus de votre résistant la dernière fois, Il me semble qu'il nous faudra au moins trois séances pour mener à bien cette tâche. Les suivantes seront planifiées en temps voulu, dis-je en ajustant soigneusement mes outils

.— Aucun problème. Oh, d’ailleurs, j’ai une question pour la prochaine séance : une amie aimerait m’accompagner. Ça te dérange ?
— Pas du tout. Vous faites comme bon vous semble.

Il hésite une seconde avant de continuer :

— Elle écrit des romans d’horreur, et son prochain personnage est tatoueur. Elle voudrait te poser des questions.
— Puis-je connaître son nom ?
— Alice. Demain, je vais justement en boîte avec elle.

Un détail capte immédiatement mon attention. Je remercie Axel d'être du genre bavard.

—Vraiment ? Est-ce cette amie pour laquelle vous avez choisi ce tatouage sur vos côtes ?

Il hoche la tête, un sourire énigmatique sur le visage. Cinq heures plus tard, le dessin du kraken est achevé, bien que l'ancrage reste à faire.

— Nous en avons terminé pour aujourd’hui, concluais-je. Que penseriez-vous du 17 juin pour la prochaine séance ?

— Ça devrait aller. Sinon, je t’appelle pour décaler.

Une fois Axel parti, je ferme le salon. Je n’étais même pas censé ouvrir aujourd’hui, mais cette opportunité était trop précieuse pour attendre.


Mathieu

1er juin 2023


— Il est présentement 21 heures. Sasha, aurais-tu l’amabilité de me transmettre l’adresse de l’établissement, je te prie ?

— Je te l'envoie tout de suite, répond-il en pianotant sur son téléphone. Voilà. Bonne chance. Mais tu es sûr que ça va aller ?

— Bien sûr.

— Tu es vraiment certain ? Je veux dire, les vigiles vont vérifier ta canne. Et comme tu as perdu celle sans le poignard, tu ne pourras pas en prendre. Tu ne sais pas combien de temps la soirée va durer…

— Peu importe la situation, je m’acquitterai de ma mission, que la douleur dans ma jambe persiste ou non.


Je quitte mon domicile, m’installe dans ma voiture et saisis l’adresse dans le GPS avant de démarrer. Après un trajet sans encombre, j’arrive à destination. La boîte de nuit n’ouvre qu’à vingt-trois heures, et il est précisément vingt et deux heures quarante. Je demeure dans mon véhicule, patient, guettant l’arrivée de ma cible.Après une longue heure d’attente, je l’aperçois enfin. Elle est accompagnée d’Axel. Sans plus tarder, je sors de la voiture et me dirige résolument vers l’entrée de l’établissement.




                                                                    .__.



Je me réveille, la tête encore embrumée et vacillante. Un coup d’œil à mon téléphone m’indique qu’il est quatre heures du matin. En tournant la tête, mon regard se pose sur Alice, profondément endormie, nue sous les draps. Avec précaution, je me lève et commence à me rhabiller. Je m’approche de mon manteau, où sont dissimulés mes poignards. Mon attention est attirée par son sac à main, d’où dépasse un manuscrit. Sasha m’avait mentionné qu’elle était écrivaine. Piqué par la curiosité, je m’autorise à en examiner le contenu.À peine ai-je parcouru la première page que mes yeux s’écarquillent de stupeur : elle y a dressé la liste complète de ses ouvrages, parmi lesquels figure Sujet 66, mon livre préféré. L’écrivaine avait donc choisi de publier toutes ses œuvres sous anonymat. Ainsi, Alice Roy, la femme allongée à mes côtés, n’est autre que mon auteure favorite. Mes doigts resserrent machinalement la prise sur la lame que je tiens dans ma main gauche. Lentement, je m’approche de son corps endormi et, d’un geste presque involontaire, caresse son bras avec le tranchant du poignard. Mais, après une intense réflexion, je me ravise, retire la lame et me détourne. Je ramasse mes affaires en silence, prêt à partir. Il est impensable que je porte atteinte à celle qui a écrit les lignes qui m’ont tant marqué et inspiré, il faut dire que les tueur qu’elle décrit sont particulièrement intéressant et intriguant.


                                


- SASHA !

- Euh...je..oui ? bafouille le rouquin à moitié endormi.

- Je requière ton assistance. 

- Encore, pourquoi ça c'est pas passé comme prévu ?

- En effet, les événements se sont d'abord déroulés de manière tout à fait satisfaisante. Toutefois, au moment précis où il m’a fallu franchir le seuil de l’existence, je me suis rendu compte, avec une stupeur indicible, qu’Alice n’était autre que l'auteure des œuvres qui figurent parmi mes plus chères préférées.

Sasha plonge son regard dans le mien, avant de se redresser et de répondre.

-Tu veux dire, l’autrice qui t'obsède depuis des mois ?
-Ces propos peuvent en effet sembler quelque peu exagérés… toutefois, il est vrai.

- Et du coup tu t'es dit je ne la bute pas, sinon je ne pourrai pas avoir de nouveau livre d'elle, ok très bien.

- Pour quelle raison me devisages-tu de la sorte ?

- NON MAIS T'ES MALADE, si tu ne rapporte pas le cœur et une photo du cadavre tes clients russe vont te zigouiller, et bien que tu sois très fort ça j'en doute pas. ILS SONT BEAUCOUP TROP NOMBREUX !

- Reste calme, c’est précisément à ce moment que ton intervention est requise. Fort de tes remarquables talents d’investigation, je te prie de m’identifier une personne présentant des similitudes notables avec elle

- Bah oui logique ça se trouve à chaque coin de rue une jumelle caché

- Ils demeurent véritablement dans l'ignorance quant à l'apparence d'Alice, la photographie qui m’a été remise datant d'une époque révolue. Par la suite, il sera envisageable de procéder à la mise en beauté et à l’habillage du corps de manière à ce qu’il lui ressemble fidèlement.

- Ça va je pars maintenant alors…

Le roux se dirige vers son armoire pour prendre c'est affaires. Je sors de sa chambre.

J'attends patiemment que Sasha rentre avec une bonne nouvelle.

Deux heures plus tard, la porte s'ouvre sur celui-ci. Il me regarde, lève le bras et me montre trois photos de filles différentes.

-Effectivement, aucune d'entre elles ne présente une ressemblance frappante avec Alice cependant en les maquillant et en les mettant en scène de manière adéquate cela pourrait tout à fait être envisageable, dit Sasha le visage pensif.

- Parfait, montre-moi cela, mon cher. Nous optons pour celle-ci, je présume que tu connais son adresse ?

Dis-je en désignant l’une des photographies.

- Tu me prends pour un débutant, évidemment que je sais.

- (tape dans ces mains) Parfait, conduis-moi, dis-je en lui lançant les clés de la voiture.



                               .__.


- C'est ici.

- Veille à bien enfiler les gants. Ton comportement me semble déplorable, digne d'un enfant.

On sort de la voiture, par chance elle habite dans une maison ce sera plus simple. Sasha me passe devant, s'accroupit et commence à crocheter la serrure. La jeune femme et face à une table, le bruit de la porte qui grince la fit se retourner, elle n'eut pas le temps d'émettre le moindre bruit que mon couteau se trouve déjà planter dans sont front.

- Sasha, aurais-tu l'amabilité de vous rendre à la voiture afin d'y récupérer les boîtes de maquillage, je te prie ?

Sasha exécute mon ordre sans attendre.Pendant ce temps, je prends la femme et l'allonge sur son canapé le tête bien droite.

- Déjà je pense qu'il faut commencer par lui faire des mèches violette, non ?

- En effet, je te laisse t’en charger, Sasha. Quant à moi, je procéderai au mélange de divers fonds de teint afin d’obtenir la teinte de peau appropriée.

Une heure plus tard la jeune femme au nom inconnu ressemble enfin a Alice.

- Très bien, nous allons la déposer au sol.

Je saisis mon couteau d’une main ferme et m’avance vers elle. Sans hésitation, je plante la lame dans sa poitrine, traçant une entaille nette qui descend jusqu’à son nombril, m’appliquant à préserver la précision du geste pour obtenir une ouverture impeccable.

— Sasha, sois aimable et maintiens les extrémités de l’incision écartées, je te prie.

Une fois ses mains en place, je retourne mon couteau, saisissant la lame, et frappe le manche de toutes mes forces contre la cage thoracique. Après plusieurs coups répétés, les os finissent par céder sous l’impact. Je plonge alors mes mains dans la cavité béante et, d’un geste sûr, je m’empare du cœur.

-Je te prie de bien vouloir aller chercher la boîte, s'il te plaît.

Sasha se lève et part chercher la fameuse boîte. Je le mis à l'intérieur pour le conserver le temps de passer l'organe a Lexa, la chef de la mafia qui a fait appel à mes services.

- Très bien, veille à récupérer l'ensemble du matériel et ne rien omettre cette fois-ci !

-T'inquiète le seul truc qui traine par terre c'est le cadavre.

- En ce qui concerne le cadavre, veille à le photographier, ai-je indiqué en m'assurant qu'aucun élément compromettant ne subsiste pouvant nous impliquer dans le crime.

On se dirige vers la porte pour partir.

- Referme la porte à clé.


                                 .__.


Sasha s’effondre sur le canapé, épuisé.

— C’est fini, soupire-t-il.

Je prends mon téléphone et compose le numéro des Russes.

— Mon cher John, la mission est accomplie.

— Bien. Je te ferai savoir quand la Boss souhaite te rencontrer.

Je raccroche, le regard froid. Malgré le chaos, l’histoire est loin d’être terminée.

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