Des mains calleuses agrippent mon poignet, remontant mon corps sur le goudron froid du pont. Attirée par la puissance de l'inconnu, je tombe sur son torse. Sans même un regard à mon sauveur, mon regard passe derrière moi. L'horreur de l'acte que j'allais faire me retourne l'estomac. Les larmes aux yeux, je regarde mon sauveur. Des yeux noisette s'ancrent dans les miens. L'homme essuie mes yeux larmoyants d'un geste doux. Mes sanglots étouffés se perdent dans la nuit, avalés par l'obscurité du ciel nocturne. Reprenant petit à petit mon calme, je regarde l'homme, bien plus sérieuse.

– Me... merci, murmuré-je entre deux reniflements.

– Aucun problème. Quel est votre nom, miss ? souffle-t-il d'un anglais parfait, ses dents blanches exposées à ma vue.

– C'est un secret. Je me dénoue de sa prise, lui rendant son sourire.

– Kiara ? La porte d'entrée à peine passée, le parrain m'arrête dans mon élan. Mon regard tombe sur celui-ci, le fauteuil cuivré taché des cendres de son cigare. La faible lumière de la lune passe dans son liquide ambré tenu dans sa main.

– Leonid, soufflé-je sur le même ton froid et tranchant.

– Où étais-tu ? me questionne-t-il.

– Quelque part.

– Réponds à ma question, ordonne-t-il, les dents serrées. Un détail me revient en mémoire.

– Je ne suis pas obligée de te répondre. Tu as déjà oublié le contrat ? J'esquisse un sourire victorieux, rapidement effacé face à celui de Leonid.

– Je l'ai brûlé, avoue-t-il, son sourire s'intensifiant.

– Leonid !! Un petit rire moqueur lui échappe. Il repose son verre vide.

– Tu sais ce que ça veut dire, mon ange ? À pas feutrés, il se rapproche de moi, plaquant mon corps contre le mur.

– N... non, murmuré-je, le souffle court.

– Plus de contrat. Plus de règles. Son genou se glisse entre mes cuisses, les écartant.

– Leonid... soupiré-je. Il enfonce sa tête dans mon cou, mon odeur. Son corps se fige à la respiration de celle-ci.

– Kiara ? Son ton moqueur passé change en un froid et tranchant.

– Oui ? questionné-je, inquiète face à ce revirement.

– Quelqu'un t'a touchée ? Je me tends. L'odeur de cet inconnu s'est sûrement déposée sur moi. Leonid ne doit pas savoir ce que j'ai essayé de faire. Je ne veux pas les inquiéter. Je ne veux pas qu'il s'inquiète.

– J'ai bousculé quelqu'un, ça doit être ça, menti-je, non sans remords. Peu convaincu, Leonid serre les dents, agrippant fermement mes cuisses, me faisant hoqueter de surprise. Fixant le blanc de mes yeux, Leonid finit par lâcher mes cuisses, agrippant d'un geste lent mon t-shirt.

Crac

Mon t-shirt – ou plutôt ses restes – tombe au sol. Le souffle chaud de Leonid caresse ma poitrine à moitié nue. Ses mains glissent derrière mon dos, déboutonnent mon soutien-gorge. Il glisse le long de mon corps, atterrissant à mes pieds. Esquissant un sourire mauvais, le parrain agrippe mes hanches, mon corps est basculé sur son épaule. Choquée, j'essaie de me dégager, mais sa prise m'en empêche.

– Leonid... soupiré-je, comme une demande silencieuse à ma libération.

– Une punition t'attend, ma douce. Ma douce ?