Kiara : 1 heure de route plus tard / ???
Arrivés devant un contrôle de sécurité, le parrain baisse la fenêtre, laissant l'homme l'analyser. À la découverte de son identité, il baisse la tête en signe de respect, nous laissant passer. La voiture s'engouffre dans la forêt dense, révélant après quelques minutes un manoir immense.
– Ho putain... soufflai-je, choquée face à la beauté du lieu. Une fontaine accueille notre arrivée. Je détourne mes yeux vers la porte : plusieurs gardes y sont postés. Quand Leonid arrête la voiture, je déguerpis rapidement, ignorant les gardes, me dirigeant plutôt vers la fontaine. Je regarde mon reflet ; l'air enfantin que j'affiche ne m'était plus apparu en présence d'autres personnes que Sasha. Cette sensation m'avait manqué.
– Kiara, viens ici, souffle Leonid. Mes pensées interrompues, je détourne mon regard, levant les yeux vers Leonid. Il m'attend près de la porte. Les gardes ont disparu, probablement partis. Je me dirige vers Leonid. Il m'attrape par la hanche, me guidant à l'intérieur. Après avoir monté l'escalier en colimaçon, nous sommes accueillis par un nouvel homme qui se tient devant une magnifique porte. Leonid parle quelques secondes à l'homme. Il me fait ensuite signe de revenir, interrompant une nouvelle fois mon admiration. Il pose sa main sur ma hanche, laissant l'homme inconnu ouvrir la porte. Quand celle-ci s'ouvre, le parrain me guide à l'intérieur.
La première chose à m'accueillir sont des regards remplis d'animosité. Seule une personne, Nicos, nous regarde normalement. S'il est choqué par ma présence, il n'en montre rien.
– Bonjour, les saluai-je innocemment. L'Ivanov me dirige vers une chaise. Tel un gentleman, il me tire la chaise, m'invitant à m'asseoir, ce que je fais. Il s'apprête à s'asseoir sur une chaise bien plus imposante — c'était sans compter l'intervention d'un homme inconnu.
– C'est la chaise du parrain Volkinov ici, l'informe l'homme inconnu.
– Oui, justement. Leonid lui offre un sourire que je reconnais comme crispé et rempli d'animosité.
– Tu n'es pas encore le parrain, Leonid. Pas encore le parrain ? Peu importe, je lui demanderai des informations plus tard.
– Officiellement, je le suis. Leonid s'assoit dans la chaise, bien décidé à assouvir sa place.
– Officieusement, non. Le sourire carnassier qu'affiche l'homme gâche ma bonne humeur. Et puis, comment ose-t-il s'en prendre à mon petit chiot ?
– Il l'est aux yeux du monde. Quand on est en public, il faut donc qu'il assouvisse sa place, non ? le contredis-je.
– Les objets ont le droit à la parole depuis quand ? Au « compliment » de l'homme, le corps de Leonid se tend.
– Depuis que les sales chiens dans ton genre ont le droit à la parole. Des petits rires moqueurs fusent dans la pièce. L'homme, dont je ne connais pas l'identité, se lève et s'approche de moi d'un pas menaçant. Leonid s'apprête à se lever à son tour pour me défendre — c'était sans compter mon regard qui l'en dissuade. Cet ennemi, je me le suis fait seule, je le réglerai seule.
Je me lève à mon tour, prête à me défendre en cas de danger. Il arme sa main. Ses mouvements sont lents et mal exécutés. Quelle sombre merde. En un instant, je dévie son cou, lui décochant un crochet dans le menton. Il s'évanouit sur le coup, son corps inerte tombant dans un fracas.
– Quelqu'un d'autre ? Je me tourne vers certains : ils affichent un air choqué, d'autres moqueur. Leonid et Nicos, eux, ont un sourire fier aux lèvres.
Un applaudissement théâtral et attendu sur le balcon nous surplombe. Simultanément, les invités et moi tournons la tête vers le bruit.
– Chers invités, merci à tous d'être venus ! dit l'homme. Je m'excuse sincèrement pour ce petit accroc. Continuez à profiter de la fête sans crainte ! Leonid... viens dans mon bureau. Les dents serrées, Leonid acquiesce, se levant. Je le suis, sur la défensive.
Nous entrons dans la pièce, accueillis par l'homme inconnu adossé à son bureau.
– Il ne me semble pas vous avoir invitée, mademoiselle. Quand son regard s'ancre dans le mien, ses yeux noisette m'examinent de haut en bas comme s'il m'analysait.
– Elle reste, affirme le parrain. Que veux-tu, Vassili ? demande l'Ivanov.
– Des infos.
– Un message aurait suffi. Il le regarde de bas en haut. Ou un pigeon voyageur... Un petit rire s'échappe des lèvres du dénommé Vassili.
– La clé USB ? Je me tends. Tu l'as retrouvée ? finit-il par dire.
– Je l'aurai bientôt, très bientôt. Ne vous inquiétez pas, mon oncle. Son oncle ? Leonid me cache des choses...
– Ok... tu peux partir, souffle-t-il, exaspéré par les actes de son neveu - actes que j'ai involontairement causés-
– C'est tout ? J'ai fait une heure de route pour ça ?
– Ça, et un délicieux repas en compagnie de tous nos fournisseurs et de notre famille. Bon appétit, Leonid, rigole son oncle.