Kiara : quelques minutes après sa rencontre avec Vassili / salle à manger

– Tu veux de l'œuf ?
J'acquiesce à la question de Leonid. Il attrape le demi-œuf dans son assiette, l'enfournant dans ma bouche. Je l'avale dans un petit gémissement satisfait.

– Tu vas me faire bander à gémir comme ça, murmure-t-il dans le creux de mon oreille. Ses dents se mettent à martyriser mon lobe, le suçotant et le mordillant comme un fou. J'essaie de le repousser, en vain.

– Arrête, on va nous voir.
Je tourne la tête vers les convives autour de la table. Tous nous ignorent, trop occupés à papoter. Un soupir soulagé m'échappe.

– C'est le but... Je veux que le monde sache à qui tu appartiens.
Mon cœur fait un bond. Il essaie de me déstabiliser, et il y réussit comme un maître.

– Je ne suis à personne, petit chiot, le contredis-je, un sourire aux lèvres.

– Le chiot voudrait une récompense... Tu m'avais promis un os, tu te souviens ?
Les souvenirs d'il y a quelques heures refont surface dans ma mémoire.

– Et je veux la chair autour... finit-il par dire, son regard se dirigeant vers mon entrejambe. Il me reluque, léchant ses papilles tel un chien affamé.

– Non.
Face à mon refus catégorique, il relève les yeux, quelque peu déçu.

– Dommage... souffle-t-il, déçu.
Mon œil droit vacille soudainement. Merde, ça progresse vite... Face à mon changement d'humeur soudain, il me regarde.

– Kiara ? Ça va ? me questionne-t-il, son inquiétude se faisant ressentir.

– Ça va... Je pensais juste à Sasha, mentis-je.

Kiara : milieu de la nuit / manoir de Vassili, chambre de Kiara

Des flammes. Le ciel est rouge de flammes.
Je cours en rond, entourée de feu. Je suis acculée. Des squelettes sortent des flammes. Mon souffle se coupe.

C'est un rêve, Kiara. C'est un rêve...
J'essaie de me rassurer, en vain. Les squelettes, qui pour la plupart ont encore leurs vêtements et des bouts de chair, s'approchent de moi. Deux d'entre eux attrapent mes mains, me maintenant sur place.

– Pourquoi Kiara ? Pourquoi tu nous as oubliés ?
Une voix que je reconnais s'élève parmi les squelettes. L'homme s'approche. Je le reconnais : c'est mon père biologique.

– C'est vrai, Kiara. Tu nous as oubliés ! Et Engelos va t'oublier quand tu ne lui serviras plus à rien.
Une voix féminine... Une femme que je reconnais.

– Maman ?

– Non ! Non, il ne ferait jamais ça ! C'est un cauchemar, Kiara, tout ça c'est dans ta tête !

– Comment tu peux en être sûre, hein, Kiara ? Engelos ?!

– Engelos... Non ! Tu ne ferais pas ça ! Ce n'est pas le vrai toi !
Des larmes se mettent à couler le long de mes joues.

– Et Leonid ? Tu penses sincèrement qu'il en a quelque chose à foutre de toi ?
Se moque mon géniteur.

– Il a raison, Kiara. Je veux juste te baiser. Ensuite, je te torturerai pour que tu me dises où est ma clé. Je te tuerai quand tu me l'avoueras, approuve le squelette que je reconnais comme étant Leonid.

C'est un rêve, Kiara... Réveille-toi... Réveille-toi !!

Je me réveille en sursaut. Prise d'une soudaine nausée, je me mets à vomir.
Une main attire mes cheveux en arrière. Je finis de vomir, retrouvant un semblant de lucidité. Je relève la tête... et me rends compte de ce que j'ai fait.

– Je... je...

– C'est bon, continue à vomir si ça te fait du bien, souffle Leonid, son t-shirt imbibé de mon vomi.

– Re... retire-le. Je... je vais le nettoyer.
Il le retire, ainsi que son pantalon, les envoyant tous deux à la poubelle. Il retire également mon t-shirt. Je le laisse faire. Il me prend dans ses bras, se recouche.
Je me pelotonne. Les battements de mon cœur ralentissent.