— Tu es sûr que tout est normal ?
La voix de Sandra tintait délicatement dans la pièce, ramenant doucement l’adolescent à la réalité. Les griffes ténébreuses qui retenaient son esprit relâchaient progressivement leur emprise. Sa conscience remontait en surface avec douceur, avec l’impression que la nuit qui venait de se passer n’était qu’un cauchemar dû à une forte fièvre.
Sam gardait les yeux clos, mais le ton, si familier, de sa mère l’éveillait peu à peu. Ce qui le troubla, en revanche, était la personne qui répondait à sa mère.
— Ne t’inquiète pas, il ne va plus tarder à se réveiller. Il a libéré énormément d’énergie, c’est éprouvant quand on commence, tu sais !
Son père était donc présent à son chevet, lui aussi ? Sam tenta une première fois d’ouvrir les yeux, mais ses paupières refusaient de se séparer, comme si elles étaient lestées de plomb. Était-il si épuisé que cela ? Peut-être avait-il besoin d’encore un peu de repos, supposa-t-il.
Après tout, il venait de faire un sale cauchemar : il avait perdu Terry sous ses yeux, cette fille bizarre qui l’épiait sans cesse, et une enfant qui sortait de la terre, en mode film d’horreur zombie. Oui, c’était évident que ce ne pouvait être qu’un rêve. Quand il ouvrirait les yeux, il irait au lycée et blaguerait avec son ami, il n’y aurait pas de fille louche, et aucune gamine morte-vivante. Comme si ça se pouvait !
Presque soulagé par ses réflexions, il allait se laisser sombrer à nouveau dans le sommeil quand une troisième voix s’ajouta aux deux premières.
— Le Maître est conscient maintenant. Il entend.
Cette voix. Cela ne pouvait pas être cette voix ! Elle était censée être issue de son imagination, un simple mauvais rêve !
Il fallait qu’il réussisse à ouvrir les yeux. Il devait en avoir le cœur net ! Cela ne pouvait être — et ne devait être — qu’un mauvais rêve ! Au prix d’un effort surhumain, Sam réussit à écarter les paupières en se redressant d’un coup. Il avait la sensation d’émerger d’une apnée trop longue, comme s’il avait été à deux doigts de mourir, écrasé sous le poids de l’eau.
Ses yeux se posèrent en premier, évidemment, sur sa mère qui le dévisageait avec surprise et inquiétude. Elle était assise tout près de lui, et avait sur son épaule la main blanchâtre et osseuse de son père. Debout derrière son épouse et raide comme un bâton, celui-ci ne montrait ni surprise ni inquiétude. Plutôt une certaine contrariété, qui se peignait sur les traits de son visage aux pommettes saillantes et aux sourcils froncés.
Et, l’observant depuis le pied de son lit... Charlotte.
L’adolescent manqua de retomber immédiatement dans les pommes face à la petite silhouette brune. Il était presque sûr que c’était un cauchemar ! Elle avait émergé d’une tombe ! Ce n’était pas possible… Et cette fille était là ! Elle était vraiment là, dans sa chambre, et l’observait intensément, un grand sourire aux lèvres.
Son cœur se serra au point de manquer un battement. Si cette enfant était là, c’est que tout était réel. L’accident de Terry aussi. Un ami parti à jamais. Et une étrange petite morte bien en vie captait toute son attention.
— Je vous souhaite bien le bonjour, Maître ! dit-elle d’un ton enjoué, vous vous souvenez de votre Charlotte, n’est-ce pas ?
Sam bafouilla, incapable d’articuler le moindre mot pour répondre. Elle parlait. Et elle l’appelait Maître ? Mais qu’est-ce que cela signifiait ? Son regard effaré croisa alors celui de son père. Celui-ci haussa les épaules de la même manière que son fils avant de prendre la parole.
— Il est temps que tu saches certaines choses, Samirelius Justus Millenium.
— Chéri, tu vois bien qu’il n’est pas en état, commença Sandra en entendant le ton ferme de son mari.
— Ne t’en mêle pas, ma douce. Peux-tu prendre Charlotte avec toi s’il te plaît ?
Les traits de Justus s’étaient radoucis rien que pour elle. Si Sam n’était pas autant sous le choc des derniers évènements, il aurait souri. Sa mère n’arrivait jamais à résister à son père quand il lui faisait des yeux pareils.
On pouvait raconter tout et n’importe quoi au sujet de sa famille. Il était sûr d’au moins une chose : ses parents s’aimaient plus que tout !
Sandra fit la moue, puis tendit la main à Charlotte qui, elle, fronça légèrement les sourcils.
— Le Maître est réveillé, alors je n’écoute que sa volonté, à présent, dit la petite fille d’un air sérieux.
Sam la regarda bizarrement. Ces mots singuliers résonnaient dans sa tête. Était-ce bien lui qu’elle appelait « Maître » ? Ce n’était donc pas une erreur. Il était impatient d’entendre ce que pouvait lui dire son père pour comprendre ce qu’il se passait. Il s’éclaircit alors la voix, et s’essaya à prononcer quelques mots, assez fébrile.
— Va avec maman, s’il te plaît, Charlotte, finit-il par articuler avec difficulté, comme si le monde des rêves tentait de le tirer à nouveau de la réalité.
— Oui, Maître !
Ses lèvres esquissèrent un sourire, et prit la main de Sandra, qui la saisit avec tendresse. Sam était saisi par l’incroyable normalité de cette enfant : qui aurait-pu remarquer qu’elle n’était pas vraiment une petite fille comme les autres, dans ce vieux tee-shirt bien trop grand pour elle ? Elle ne donnait pas l’impression d’avoir plus de dix ans, et était quand même minuscule pour une enfant de cet âge. Ses longs cheveux noirs avaient été nattés comme n’importe quelle fillette avant d’aller dormir, ses petits bras fins se perdaient dans les manches, une de ses épaules retenant difficilement l’encolure du vêtement. L’espièglerie perçait discrètement dans son regard, capable sans nul doute de tous les sentiments humains qu’on pouvait éprouver. Toutefois, Sam remarqua que son attitude changeait d’espiègle à sage quand elle interagissait avec ses parents, et devenait totalement docile quand lui-même portait son attention sur elle. Avec autant d’expressions et d’attitudes, et malgré le vide de ses yeux qui ne reflétaient aucune lumière, on ne pouvait nier qu’elle était bel et bien en vie.
Une fois que les filles ont quitté la pièce, Justus s’assit au chevet de Sam. Celui-ci était plutôt perplexe : il n’avait pas complètement repris pied dans la réalité. Un silence pesant s’installa entre les deux hommes. L’un et l’autre se demandaient qui devait entamer cette conversation. L’adolescent craignait de prendre la parole en premier. Il sentait que, au moment où les premiers mots seraient prononcés, cela rendrait réel absolument tout ce qu’il s’était passé, et il n’était sûr qu’il voulait que cela arrive. Quant à l’homme en face de lui, il ignorait par où commencer. Tout d’abord parce qu’il y avait trop de choses à raconter, et ensuite parce qu’il n’avait jamais vraiment discuté seul avec son fils jusque-là. Que dire pour y aller en douceur, pour ne pas le choquer ? Justus maugréait intérieurement : son frère n’avait pas complètement tort, il avait été bien trop protégé, cet enfant ! Comment les choses avaient-elles pu prendre un tel tournant ? Un père pouvait-il ignorer comment parler à son propre fils ?
Une éternité de silence s’immisçait entre l’homme tourmenté et l’adolescent. Mais Sam avait besoin de réponses. Il fallait que le monde reprenne son cours, qu’il ait à nouveau un sens. Alors, des premiers mots maladroits s’échappèrent de ses lèvres pour rompre le silence.
— Euh…Charlotte… Je n’ai pas rêvé, elle est bien sortie d’une tombe, c’est ça ?
Le visage de Justus gardait un air assez grave. Toutefois, il retint difficilement un soupir de soulagement de ne pas avoir à choisir par quel bout commencer la conversation. Maintenant, il fallait qu’il réussisse à être clair avec son fils.
— Oui. Tu l’as réveillée, et tu as reconstitué son corps à la perfection tel qu’il était lorsqu’elle était en vie. Dorénavant, tu es son Maître.
Sam eut une expression indéchiffrable pendant un moment. Il ne comprenait toujours pas ce qu’il se passait, et en quoi il était le maître de Charlotte. Comment pouvait-on être le maître d’un être humain, qui plus est d’une enfant ? Même dans ce contexte extraordinaire, le jeune homme trouvait l’idée aberrante.
Justus prit alors une longue respiration avant de déclarer.
— Nous sommes des Nécromanciens, Sam.
Les mots claquèrent dans l’air comme un coup de fouet dans la tête du garçon. Une phrase. Cinq mots qui n’avaient aucun sens. Cinq mots qui faisaient basculer sa vie à tout jamais. Cinq mots qui venaient de le transporter dans une autre réalité.
Le père patienta un instant, le temps qu’il puisse assimiler cette information, avant d’approfondir.
— Il en est ainsi depuis toujours. C’est notre héritage de sang, et nous ne pouvons le renier. Et c’est avec tes dons de Nécromancie que tu as réveillé Charlotte de son sommeil éternel. C’est pourquoi elle t’est totalement dévouée. Pourquoi toi seul est son Maître. Jusqu’à ce qu’elle retourne à la Terre, il en sera ainsi.
L’adolescent dévisageait son père, interdit. Justus n’avait jamais été incroyablement imaginatif, ou menteur. Ce n’était pas le genre de chose à laquelle on pouvait s’attendre de sa part. Néanmoins, Sam avait du mal à croire ce qu’il racontait. La magie, et surtout la Nécromancie, ne pouvait pas exister, hormis dans les livres ! Essayait-on de lui faire une blague, ou devenait-il fou ?
— Tu t’es certainement demandé pourquoi la totalité de la famille travaillait de près ou de loin avec les morts, continua l’homme calmement. C’est parce qu’ainsi, on a le monopole sur les corps. Nul ne peut voir lorsqu’on en utilise un. On peut dissimuler toutes les traces, et personne n’en sait rien.
— Tu veux dire qu’on est vraiment des… marionnettistes à cadavres ? bégaya Sam, de plus en plus choqué par toutes ces révélations.
— Il ne faut pas croire tout ce qu’on dit sur la Nécromancie, fils, s’exclama Justus en cherchant bien ses mots.
Il n’avait pas l’habitude de parler autant avec lui, et n'était pas un grand bavard en général. Mais il savait que son fils avait droit à des réponses et, c'est avec soin qu'il rassembla ses pensées pour continuer ses explications.
— Nous sommes des Nécromanciens et nous nous servons des morts, mais ce don accordé à notre famille est légitime. Tu comprendras un peu mieux quand tu auras eu ta cérémonie.
— Ma… quelle cérémonie ?
— Quand on… intègre un nouveau membre de la famille à la Nécromancie, il subit une cérémonie d’initiation. Ce sera le début de ton apprentissage. Gérer l’énergie qui nous est octroyée n’est pas chose aisée, et c’est parce qu’on t’a laissé tranquille pendant trop longtemps que tu as fini par te figer. Il s’agissait de ton pouvoir qui se frustrait, et qui, en surcharge dans ton corps, te paralysait. Le bleu sur tes bras, c’était ton énergie.
— Ah, essayait d’assimiler Sam dont l’esprit croulait sous les questions. Et ça sert à quoi, tout ça ?
— A nous protéger, tout d’abord, fit son père qui avait l’air vraiment mal à l’aise en rentrant plus profondément dans le vif du sujet, Il faut que tu comprennes bien que plusieurs forces s’affrontent constamment, bien que personne ne s’en rende compte. Essentiellement parce que l’origine de nos dons paraît aux yeux de tous comme illégitime et hérétique, nous sommes souvent vu comme un Mal profond à éradiquer.
— Qu…Quoi ?! Mais pourquoi ça ?
— Parce que c’est un sacrilège de profaner les corps, et ce dans toutes les religions. Il va falloir t’y faire, tu représentes dorénavant pour la majorité des êtres croyants le Mal. Cependant, cette image sombre vient de la variété humaine des gens de notre… disons de notre Caste. Aussi vrai que les êtres humains soient bons, ou méchants, ou lâches, ou courageux, il y a autant de genres de Nécromanciens. Plus ou moins puissants, aussi, mais ce sont souvent les mauvais Nécromanciens qui ont véhiculé de nous une image macabre et profondément maléfique. La Famille Millenium a pour fonction de réguler et contrôler toutes les familles de Nécromanciens, afin de limiter les dégâts que pourraient faire ceux qui ont des intentions quelque peu démesurées.
— Une sorte de police à Nécromanciens, si je comprends bien ?
— Non. Une famille royale, en fait. Il n’existe pas de plus haute distinction dans notre Caste que de faire partie de notre famille. Et à ton tour, tu devras être digne de ton nom et du rang qu’il te confère parmi tes semblables.
Sam en resta bouche bée. Il en avait vraiment marre, là, c’était trop pour lui. Il ne savait pas ce qui pourrait arriver de plus surprenant, là, tout de suite. Et franchement, il n’avait plus envie de le savoir. Pourquoi avait-il fallu que ses bras se crispent ? Et pourquoi Charlotte était-elle vivante maintenant ? Comment pouvait-elle encore se mouvoir, en réalité ? Est-ce que… ? Et puis non, il n’avait vraiment pas envie d’en savoir plus. Il avait l’impression d’avoir entendu de la bouche de son père que quoi qu’il fasse, il ferait partie des méchants dans l’histoire… Ce n’était vraiment pas très gai comme objectif, dans la vie. Mais comment ses ancêtres en étaient arrivés là ? Pourquoi eux, ou plutôt pourquoi lui ?
Semblant lire les pensées du jeune adolescent, Justus reprit la parole.
— De sombres êtres vivaient auparavant sur la terre, Sam. Des êtres si maléfiques qu’il semblait que rien ne pourrait en venir à bout. Des Démons, en somme. Mais le terme exact qui les désigne s’est perdu dans le temps. Les légendes disent que si on le prononce ou qu’on l’écrit, cela peut ouvrir la porte à l’un d’entre eux. Les Enfants de Lumière n’étaient pas assez nombreux pour les affronter, et étaient même trop faibles, car ils ne gardent leurs pouvoirs que jusqu’à ce qu’ils perdent leur pureté. Et des enfants sur le front ne faisaient pas de bons guerriers. La Terre a gémi, et les Morts en elle se lamentaient. Certains entendaient leurs voix, qui paraissaient chuchoter. D’autres personnes trouvèrent un moyen de passer un pacte avec la Terre, ainsi qu’avec la Vie elle-même. La Terre offrit, à ces gens qui réclamaient de l’aide, les corps de ses êtres anciennement vivants, et la Vie leur offrit le pouvoir de les animer et de les contrôler. En échange de ce don fabuleux, qui permettait alors de soulever des armées immortelles et invincibles, les Nécromanciens devaient à jamais veiller sur le repos des morts et à la paix des vivants. Personne ne doit rien savoir de ce don. Personne ne doit profaner les sépultures de ceux qui refusent de se lever.
— Les tombes qui ne brillent pas, c’est ça ? s’écriait Sam en comprenant petit à petit.
— Oui. Mais les morts choisissent aussi à qui ils veulent obéir. D’où la raison pour laquelle je ne verrais pas forcément les mêmes tombes à utiliser que toi.
— C’est assez complexe tout ça, on dirait, marmonna Sam.
— Mais c’est nécessaire. Tu dois comprendre. Notre rôle est essentiel à l’équilibre qui régit ce monde, et nous ne pouvons pas nous y soustraire. Ces règles doivent être absolument respectées, sinon les conséquences peuvent être terribles !
— Comment ça ? s’écria le jeune homme.
— Si tu éveilles la colère des Morts, tu éveilles la colère de la Terre et de la Vie. Tu pourrais y perdre jusqu'à ton âme, et vivre les pires tourments pour l’éternité. Pour les précisions, on attendra que tu aies assimilé tout ce que je viens de te dire. Est-ce que tu es assez en forme pour te lever ?
Sam respira un grand coup. Il n’avait plus aucune crampe, et avait l’impression, depuis le début de la conversation, qu’il allait de mieux en mieux. Il fit donc un signe de tête à son père qui esquissa ce qui ressemblait le plus chez lui à un sourire.
— On va rejoindre les filles dans la cuisine alors. Si tu ne te lèves pas, ta mère va trouver Dieu sait quoi encore pour m’accuser…
Sam sourit alors, imaginant son père se faire gronder comme un enfant par sa mère, et il ne pouvait s’empêcher de se demander lequel des deux était plus fort que l’autre.
Il balança alors ses jambes en dehors du lit, son esprit essayant de faire le tri dans tout ce que son père venait de lui révéler. Tout était très emmêlé dans sa tête, mais il n’était pas vraiment capable d’en supporter plus. La Nécromancie existait. Que pouvait-il exister encore ?
L’image de Terry s’imposa alors à lui. Est-ce qu’il pourrait retrouver son ami, de la même manière qu’il avait retrouvé Charlotte ?
— Papa, se hasarda-t-il à demander, Pour Terry…
Le regard de Justus était plus parlant que les mots.
— Il y a des règles, des conditions. Ton ami est parti bien jeune, dans des circonstances tragiques. C’est extrêmement triste. Malheureusement, il n’est pas le seul. Malgré ta peine, il te faudra apprendre à accepter sa mort.
Une larme bordait les yeux du garçon. Ce n’était pas ce qu’il aurait voulu entendre. Justus posa la main sur son épaule, sincèrement désolé pour lui.
— Tu sais, la Mort n’est pas une ennemie. J’espère que tu t’en rendras compte.
*****
Dans la cuisine, Sandra et Charlotte avaient préparé le petit déjeuner. On sentait le pain grillé et l’odeur du café. Dans les escaliers, la voix de la petite fille résonnait en des centaines de questions. Elle ne connaissait rien de tout ce qui existait dans la pièce. La voix de la mère de Sam lui répondait d’un ton doux et chantant, donnant l’impression qu’elle parlait à sa propre enfant qui découvrait le monde. Leur discussion tournait à présent sur les volets électriques qui s’enroulaient sur eux-mêmes, dévoilant un ciel pâle et frais au point du jour.
Sam regarda alors pour la première fois par la fenêtre depuis qu’il avait ouvert les yeux : c’était bel et bien le matin ! Il n’avait peut-être pas eu droit au plus tranquille des réveils, mais au moins, le petit déjeuner s’apprêtait à remettre cette journée sur des rails plus communs.
Versant minutieusement du lait chaud sur du cacao en poudre, Charlotte écoutait à la lettre les indications de Sandra. Sam se posait beaucoup de questions sur cette petite fille, mais elle avait l’air tellement heureuse de préparer le chocolat au lait que ses interrogations cessèrent pour un moment.
Justus rejoignit son épouse et celle-ci lui sourit avant de regarder son fils s'installer à table. Cependant, tellement habitué à ce que ce soit sa mère qui mette son bol devant lui, il fut surpris de voir Charlotte lui apporter le récipient qu’elle venait de préparer, lui souriant comme s’il était le soleil de sa vie.
— Merci, lui dit-il assez timidement.
— Je suis ravie de vous servir, Maître ! dit alors Charlotte en esquissant à nouveau une révérence.
Une évidence s'imposa alors à Sam en regardant les splendides yeux sans éclat de l’enfant : plus rien ne serait jamais comme avant.