Ecrivant frénétiquement, je jette un œil à la grande horloge dans ma chambre. Onze heure cinquante. Mon père m'a dit de le rejoindre pour midi afin d'accueillir les autres royaumes. Pour ce fait, il a même prévu un banquet tout à l'heure afin que ceux-ci se sente comme "chez eux". Le minimum il avait dit. Bien sûr et je me nomme Leibrum tiens !
Techniquement, je suis déjà prête. Mes servantes ont décidé de me faire enfiler l'un de mes plus beaux habits : une robe couleur vieux rose, avec des ornements papillons cousu à mon bustier. La jupe est composée de nombreuse couches de tissus satinées de la même couleur, une légère surbrillance se faisant voir au soleil. Elle est accompagnée de chaussure couleur nacre, bijoux qui sont eux aussi en forme de papillon, restant dans le thème de la tenue. Me regardant dans le miroir, je vois que mes cheveux sont restés lâchés, mes boucles roses cascadant sur mes épaules. Il ne manque plus que le diadème. Léger sur le maquillage, elles ont voulu faire de moi une de ces princesses sortant de contes de fée. Je soupire. Elles ont sorti le grand jeu exprès pour s'aligner avec les plans de mon père. C'est juste énervant.
Posant mon regard sur mon carnet, je termine d'écrire une dernière phrase avant de regarder l'étendue de mon travail. Ce carnet rassemble mes dernières recherches sur un fait historique que j'ai découvert sur le château. Apparemment, plusieurs plans anciens et constructions de celui-ci indiquerait qu'il existerait, en plus des passages souterrains pour les gardes et les ouvriers, une salle secrète que Leibrum aurait construite pour conserver les écrits en langue ancienne du royaume. D'après d'anciens témoignages, elle aurait été celée après que la forêt enchantée soit devenu interdite d'accès après que Osarus l'est corrompu. J'aurais bien aimé pouvoir la réouvrir. C'est l'un des seuls moyens pour déceler les secrets de ce royaume et de ce fait sa véritable histoire. Surtout après que de nombreux autodafé ont eu lieu à la suite de ces évènements. En tant qu'historienne, je sais que l'histoire a été modifié afin de cacher certains détails. Merci aux documents officiels de ma famille.
Rangeant mon carnet sur une étagère, mon intention se tourne vers quelqu'un qui ouvre le verrou de ma porte. Nanny rentre doucement, un sourire excité aux lèvres. Oh oh.
— Princeeeesse ! Ils sont arrivés !
Je lève les yeux au ciel. Suuuper...
Elle prend mes mains joyeusement, me regardant avec des étoiles dans les yeux.
— Vous êtes prête ?
— Euh, je la regarde interloqués. Oui... Je crois ?
— Bien ! Il est temps de rejoindre votre père. Hop hop hop ! se précipite-t-elle en se mettant derrière moi.
— Wow !
Rapidement, elle me pousse hors de ma chambre me faisant presque tomber au passage. Cette excitation soudaine me donne des frissons. J'ai la grande impression que quelque chose cloche. Et je dois avouer que cela ne me plait pas.
Marchant dans les couloirs vivement, je questionne dans ma tête les intentions de mon père, ainsi que cet espoir dont je n'ai pas l'origine.
❀❀❀
— Ah ! La voilà !
Avançant élégamment vers mon père, il me lance un sourire alors que les yeux de tout le monde se braque sur moi. J'ai envie de mourir intérieurement. Je ne suis pas mentalement prête à ça. De là ou je suis, je peux distinguer tous les invités. Différent par la couleur de leurs habits, il représente chacun un royaume bien précis. Jetant un œil à mon paternel, je remarque que nous aussi, finalement, on est dans le thème. Vêtue de rouge et de vert, lui et moi avions gardé le thème de la rose et de la nature. La représentation de la rose rouge, aussi douce qu'épineuse, marié à une délicate rose blanche faisant naitre de leur amour un parfait mélange des deux. Tel est le tableau que mes parents ont choisi.
Expirant, je prends la main de mon père et nous descendons les marches de l'estrade, venant à la rencontre de ces vieux amis. Ce présente à nous tout d'abord, une famille habillée de bleu, représentant la mer, et de blanc pour égaler l'écume. Les longs cheveux ondulés de la reine voulant défier les vagues ; ses enfants étant une parfaite image d'elle et de son mari. Il n'est pas difficile pour moi de reconnaitre le royaume d'Amaré. Une fois s'être fait la révérence, elle prend les mains de mon père amicalement, alors que son compagnon sourit brillamment à ses côtés.
— Alfonso! Lileia ! Oh Boshcamp, cela fait si longtemps ! s'exclame-t-elle, enjoué des retrouvailles. Je dois avouer que même si je n'apprécie pas ce moment là maintenant, revoir la reine Ursulé est toujours un plaisir.
— Ursulé ! Ma vieille amie ! Quelle joie de te retrouver, dit mon paternel d'une même humeur.
Riant un peu, son regard saphir se tourne finalement vers moi. Son expression m'indique qu'elle ne m'avait pas bien vu.
— Lileia ! Ma chérie ! Tu as grandiiie, crie-t-elle en me tenant les joues. Cette beauté, cette élégance, cette prestance. Une vraie fleur !
Lui faisant un sourire sincère, je recule un petit peu pour faire une révérence. Elle hoquette de surprise.
— C'est un plaisir de te revoir Marraine.
— Oh Arsia ! presque émue en prenant rapidement le bras du roi Arus, son époux.
Celui-ci prend d'ailleurs l'initiative d'agité la main de mon père avant de reprendre une distance convenable.
— C'est un plaisir de te revoir aussi vieil ami. Les enfants, vous aussi, s'exclame-t-il en se tournant vers les deux jeunes derrière lui.
Les enfants en question (qui n'en sont plus d'ailleurs), s'avancent devant leurs parents avant de faire à leur tour la révérence. Ils sont tout les deux habillés d'un bleu pale, représentant leurs pays natals. Des jumeaux. Une fille et un garçon. Rolia et Romanis.
— C'est un plaisir de vous revoir, disent-ils à l'unisson.
Esquissant un petit sourire, Rolia relève la tête avant de me faire un petit clin d'œil. C'est une copie conforme de sa mère. La peau couleur chocolat, le même regard que sa génitrice, ses cheveux sont coiffés en de longue tresses bleues, mettant en la beauté de ses trais. Elle porte une robe bleu ciel et avec quelque nuance de blanc, mettant parfaitement en valeur sa taille fine. Je rigole légèrement avant d'aller lui faire un câlin.
— Tu ne sais pas à quel point tu m'as manqué toi.
— Oh s'il te plait. Tu n'avais pas besoin de me le dire.
Secouant la tête en souriant, mon attention est soudainement tournée vers une sensation de lèvre sur ma main. Je rougis par surprise voyant Romanis me faire un baise main, me faisant à son tour un clin d'œil. Comme sa sœur, il a la peau chocolat et certains traits de sa mère. Cependant il a été béni des yeux gris de son père. Sa tenue est une couleur bleu ciel et gris.
— Romanis ! crie sa sœur, le tapant derrière la tête.
— Aie, aie, aie Roliia arrête c'est bon !
Je lève les yeux au ciel portant ma main à mon visage pour cacher ma gêne. Ces deux là sont vraiment des numéros. Mais je les aime quand même. Un frisson me parcourt tout à coup l'échine, sentant le regard persistant de la prochaine famille qui doit se présenter à moi. Je les avais déjà oubliés tiens.
Quelque temps après, les deux laissent place au prochain royaume. Leurs vêtements vifs et extravagant, égalant la braise et les cendres, m'indique que c'est bien le royaume de Ribbleciux qui avance. Leurs regards enflammés me fait reculée d'un pas. Je dois avouer qu'ils font peur quelques fois. Surtout quand tu sais qu'une seule de leur flamme peut consumer tout un être. Les cheveux noirs du roi de se royaume, se marie parfaitement avec ceux roux de sa femme. Tout deux avec une expression fermée, dégageant une puissance presque effrayante. Doucement, il avance, laissant presque une trainée fumante derrière eux. Je paris que leurs habits ne sont pas faits avec du tissu.
Esquissant ce qui être semble un léger sourire, Oréimus, le souverain agite la main de mon père.
— Alfonso.
— Oréimus, mon vieil ami ! dit mon paternel, embrassant précipitamment celui-ci.
Je le dévisage. Je le trouve bizarre.
Avria et Ribbleciux ont toujours eu (malgré eux), des relations assez tendues. Même si certains ouvrages disent que Leibrum et Riucus avait une relation forte. Comment, nous, famille en connexion avec les feuilles et les arbres, puis être en symbiose avec cette chaleur intense, qui brûle nos ronces, nos branches et nos épines ? C'est une question dont je ne trouve, malheureusement, aucune réponse objective et logique.
Oréimus sourit puis me fixe, avant de prendre la main de sa reine qui s'incline à son tour.
— Désolé d'une telle tension. Limi et moi était un peu stressé de l'évènement.
— Oh ! s'écrie mon père, ne vous en faites pas ! Lily aussi vous savez ! Elle a passé des heures à choisir la bonne robe.
Je sens une tape derrière mon dos soudainement alors que je tousse de stupeur. J'étais prête depuis presque une heure ! On m'a imposé la robe d'ailleurs. C'est qu'il me met dans ses plans enfaite celui-là !
Faisant un sourire forcé, je me redresse abruptement avant de faire une révérence devant les deux monarques. Jetant un œil vers la reine, je remarque que celle-ci me fixe froidement avant de me faire un petit sourire à son tour. Sa robe longue, scintille de milles feux sous le soleil. Je suis mal à l'aise.
Soudainement, quelqu'un reprend ma main. Sortant son plus beau sourire, il la tient avant de poser délicatement ses lèvres sur celle-ci. Oh Arsia ! S'il te plait, pas lui !
Les yeux aussi rouges que des rubis, cheveux roux avec quelques pointes sombres, les joyaux de son costume brillent si fort, qu'il m'aveugle. Son sourire semblant enjôleur ne fait que me dégouter encore plus.
— Princesse Lileia, susurre-t-il contre ma peau, c'est toujours un plaisir.
Rapidement, je retire ma main gênée, la frottant derrière mon dos. Faisant un sourire forcé, je recule d'un pas avant de faire une rapide révérence par politesse.
— Contente de te voir aussi... Oras.
Il me fait un clin d'œil avant de s'incliner et de laisser place à la personne derrière lui. Je profite de ce petit moment pour faire un petit signe de la main à ma servante de m'apporter mes gants. Je commence à en avoir marre qu'on me baise la main comme ça ! Et puis Oras-
— H-Hey Lily... intervient une voix timide.
Je lève la tête pour une voir une jeune fille de petite taille, au long cheveux roux au pointe claire cette fois-ci s'approcher de moi un peu gêner. Sa robe rouge-orangé laisse une légère traine soyeuse derrière elle. Réajustant ses grosses lunettes rondes sur ses taches de rousseurs, elle rougit puis fait une révérence avant de me lâcher un petit sourire. Mon visage s'illumine.
— Sula ! m'écrie-je en la prenant dans mes bras, toi aussi tu m'as manqué !
Prise de surprise, elle ne me rend pas tout de suite mon étreinte, mais le fait finalement les mains un peu tremblantes. Comparé à son grand frère, Sula est très craintive et n'aime pas se mêler au monde. Elle préfère se plonger dans ses livres et ses fantaisies dans sa chambre et ne parler à personne. Je dois avouer qu'en regardant ses parents, je n'ai jamais réellement compris comment elle a fait pour tourner ainsi. Cependant, je dois avouer qu'elle a hérité du génie de son père en termes de plan économique. Elle peut gérer l'économie d'un royaume sans difficulté, sans perdre de l'argent ou d'opportunités d'échanges ou de commerces. A la moindre urgence, elle est la première que les professionnels viennent appeler. Même si comme je viens dire, ce sont des "professionnels".
Faisant une révérence à mon tour, Rolia s'approche de nous en grimaçant.
— Désolé de te dire ça Susu, mais ton frère...
Elle soupire et roule du regard. Elle jette un regard à son frère discutant avec Romanis, avant de nous regarder de nouveau.
— Je sais... Même à la maison il est... lui ?
Rolia se tourne vers moi, se mettant à côté de Sula.
— Et il est au courant que tu n'es pas intéressée à venir dans son lit ?
Cette fois-ci c'est à mon tour de levé les yeux au ciel.