— Lily... Réveille toi ma chérie...
Je me souviens de ce moment. De la sensation si apaisante que j'ai ressentie en la sentant caressé mes boucles rosées doucement. Juste avec sa main, elle arrivait à les démêler soigneusement, sans me faire aucun mal. C'était un geste qui me faisait sourire.
Ce jour-là, les rayons du soleil ont réussi à passer outre les grands rideaux en velours, me réveillant légèrement. Cependant, elle était là, à les cacher, tout en rayonnant légèrement grâce à eux. Son grand sourire accueillant pouvait réchauffer le cœur de quiconque. Et il suffisait seulement de regarder ses grands yeux blancs pour imaginer la douceur de la neige qui fond sur la langue. Je riais aux éclats.
Me prenant dans ses bras, je me souviens de comment elle me prenait dans ses bras. Comment elle me faisait tournoyer. Ses cheveux longs et lisses virevoltent dans le vent alors que j'agitais les bras fascinés par tant de beauté. Mettant les mains sur son cœur, elle détachait doucement le doux joyau qui était sur sa robe, pour venir le mettre entre mes mains. Mon sourire s'agrandit que j'observais le petit cœur rouge scintillant. J'entendit son rire puis sentit son doigt chatouiller légèrement mon nez, me faisant rigoler de bonheur.
— Ici entre tes mains, se trouve le cœur des cœurs mon trésor.
Mon attention se tourne vers le bijou, un petit "o" se formant sur mes lèvres. Elle referma doucement ses mains sur les miennes.
— Un cœur rattaché au mien, comme au tien, qui relie la vie...
La mort...
Et l'éternité...
❀❀❀
Je me réveille, une soudaine sensation de froid sur mon visage. La respiration saccadée, je regarde de droite à gauche essayant de familiariser ma vue avec mon entourage. Cependant tout est flou, embué d'ombres avec peu de lumière. Inspirant, je peux sentir comme des gouttes ruisseler sur mon visage, mes cheveux me collant à la peau.
De l'eau ?
Essayant de bouger, mes membres sont aussitôt retenus par quelque chose de dure et de ferme. Complètement bloqués sans pouvoir rien y faire. J'écarquille les yeux. Ma vue s'habituant enfin, je remarque enfin où je me trouve. En face de moi, deux hommes se tiennent, des seaux presque vides à la main. Leurs visages sont fermés, me regardant avec dureté comme si je suis une criminelle. Cependant ce qui me choque le plus, ce sont leur trait physique. L'un d'eux porte sur sa tête, des bois de cerf. Malgré son uniforme, on peut remarquer une petite queue dépassant son derrière. Il a grand tatouage sur sa joue droite. L'autre a des oreilles pointues, la peau légèrement violacés, portant les mêmes vêtements que son collègue. Détournant les yeux, je regarde autour de moi pour remarquer deux choses.
Premièrement, je suis enfermé de ce qui semble être un cachot fait de pierres. La seule source de lumière se trouve en la petite flamme d'une lampe. Tout vient se confirmer par le réfléchissement de la lumière à travers celle-ci, rendant l'atmosphère très sinistre.
Deuxièmement, ces enfoirés m'ont attaché. Je peux enfin sentir le frottement des cordes rigides sur mes chevilles et mes poignets, serrant celle-ci jusqu'à ce que ceux ci me brule quand j'essaye de bouger. Je serre les dents, sentant une énième douleur parcourir ma peau. Où suis-je enfin ?
Remarquant que je bouge, l'homme aux bois de cerf, chuchote quelque chose à son collègue avant de partir de partir dans une direction laissant son partenaire seul avec moi. Je déglutis avant d'expirer. Il y a à peine un moment, j'étais dans le noir complet, ayant succombé à une voix qui me disait de me laisser faire. Maintenant, je me retrouve ici, complètement à découvert, sans ma jument ou même mes affaires.
Je frissonne à cette réalisation.
Ma sacoche !
Je tourne ma tête de droite à gauche essayant de voir si par chance elle est là. Mais non, aucune affaire.
Merde, merde, MERDE !
Intérieurement, je panique. Mes recherches, mes études... Tout dépend de ce carnet ! Je secoue la tête rapidement essayant de me remettre les idées en place, puis je lève les yeux sur l'homme avec les oreilles pointues. Il doit surement savoir où je suis, voire où sont mes affaires. Pas vrai ?
Le fixant dans le blanc des yeux, je rassemble quelque force afin de pouvoir dire quelque chose.
— Hey ! Um...
Sa tête se tourne vers moi, mais ne bouge pas. La froideur de son regard me donne des frissons. Cependant ce n'est pas le moment de reculer.
— Est ce que tu peux me dire où on est ?
Il ne me répond pas. Cela commence à m'agacer.
— Hey ! Je te parle !
— Il ne te répondra pas.
Mon regard se tourne soudainement vers la source de la voix. Sortant de la pénombre doucement, une figure sombre et imposante se présente à moi, les bras croisés derrière son dos. Le teint légèrement basané, sa musculature importante peut se voir malgré la tonne de vêtements sombre qui surplombe ses épaules. Les cheveux attachés en une queue de cheval basse, celle ci se fait apparente quand celui-ci se met à ma hauteur, un sourire étirant ses lèvres. A sa suite, l'étrange personne avec les bois de cerf. Je lance une œillade meurtrière à l'étrange figure. C'est qui lui ?
Prenant mon menton entre ses doigts, il observe mon visage alors que je serre les dents. Si je n'étais pas complètement à sa merci, je lui aurais surement mit une belle droite. Je tourne la tête violemment me retirant de sa poigne. Il rigole légèrement.
— Tu es amusante.
— Pardon ?
Son sourire s'étire avant de continuer de me scruter. Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle.
— Je suppose que c'est à cause de vous que je suis dans ce pétrin.
Il croise les bras devant son torse.
— Je crois plutôt que je vous ai sauver la vie.
Je m'esclaffe, mon rire étant tellement mauvais qu'on m'aurait pris pour une folle. J'aime bien les blagues généralement, mais celle là est vraiment de mauvais goût.
— Me sauver ?! VOUS M'AVEZ ENFERMÉ DANS UN CACHOT !
— Et vous serez libéré en temps et en heure.
Mes yeux s'écarquillent abasourdi, mais la méfiance m'empare.
— Pourquoi m'attacher et m'enfermer pour me libérer ? Vous n'avez aucune logique...
Il rigole légèrement encore avant de perdre doucement son sourire, un air sérieux s'emparant de son visage.
— Mieux vaut prendre des précautions avec les inconnus. Après tout c'est vous qui avez envahi mes terres, le grondement dans sa voix se faisant entendre.
Je tressaille à ce soudain changement d'attitude. Une peur m'emporte, sentant sa dégaine menaçante. Chez lui ? Dans la forêt interdite ? Stupide. Je ris une seconde fois.
— Sottise.
— Vous croyez ?
— Cet endroit est interdit au public, je crache. Et vous me dites que vous vivez ici ? Qui plus est que vous avez une demeure ? Je prends mal la blague. Vous voulez quoi ? De l'argent ?
Les regards des deux pions à ses côtés restent toujours aussi froids, cependant, une légère pointe obscure peut se faire apercevoir. L'homme en face de moi ne dit rien. Son regard argenté perçant à travers le mien. Aussi argenté que ce que j'ai vu avant que tout devienne noir. Je plisse les yeux légèrement la bouche entrouverte. En toute honnêteté, je ne sais pas quoi dire. Délicatement, sans me quitter des yeux, sa main passe derrière mon dos, puis vient caresser mes boucles roses. Je le regarde suivant son mouvement tout en retenant ma respiration. Le froid de l'atmosphère s'est soudainement dissipé.
Lâchant mes boucles du bout de ses doigts, il se relève soudainement, sa main devenant un poing si serré que ses phalanges deviennent blanches. Sa voix autoritaire et froide, parvienne à mes oreilles.
— Si vous croyez tout savoir sur nous, je peux dire amplement que vous vous trompez. Détacher la les garçons.
Exécutant ses ordres, les deux sbires me détachent les poignets et les chevilles me laissant tomber sur le sol. Les membres complètement endoloris, je le fusille du regard. Il sourit maléfiquement et je grogne.
— Peut être que vous serez plus apte à discuter une fois que vous vous serez calmé.
— Q-Quoi ? Balbutie-je. Vous allez me laisser ici ?!
Il sort de la cellule si rapidement que je n'ai pas le temps de le retenir. Le peu de force dans mes membres me permettant à peine de bouger, je retombe misérablement sur le sol. Je crie alors qu'ils referment la cellule.
— Vous ne pouvez pas faire-
— Oh que si !
Il frappe soudainement la cellule me faisant reculer de peur. Son regard s'étant soudainement assombri, sa mâchoire serrée, je le fixe complètement paralyser. Il grogne dans sa barbe.
— Vous n'avez AUCUNE autorité ici. Si je le veux, je peux vous laisser périr jusqu'à ce que vos os soient répandus sur le sol, je n'en aurais strictement rien à foutre. Soyez contente que vous soyez encore en vie...
Mes yeux s’écarquillent et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’à une seule chose à la vue de ses yeux argents luisant d’une lumière qui fait froid dans le dos. Une qui fait peur, dangereuse, au cœur d’une forêt où le mystère règne ainsi que la terreur. Une cruauté qui transparaît ses yeux dépouillés de vie. Tel un monstre. Serait-ce…le Lord ?
Sur ces paroles glaçantes, il part, faisant virevolter sa cape en un mouvement. Ses hommes le suivent, me laissant seule à mon sort. Soupirante, je me cale contre un mur, mes jambes se repliant sur moi même.
Tout ça est de ma faute.