Passant la main dans mes cheveux, je lance mes papiers sur mon bureau saoulé.

Cette gamine m'a salement agacée.

Faisant les cent pas, je soupire avant de me reposer sur ma chaise, complètement lassé. J'ai perdu mon sang froid à cause de sa remarque. Comme si les gens en savent de cette bourgeoisie en savent quelque chose de l'histoire de cette forêt. Je grince des dents, frustré, fermant les yeux pour essayer de me calmer. Ça ne sert à rien de s'énerver sur des ignorants. S' ils veulent rester candeur, c'est leur choix. Stupide famille royale à deux balles.

Affalé sur mon fauteuil, me tête divague et la douleur dans mon dos devient de plus en plus forte. J'avais complètement oublié cette putain de blessure.

Jetant ma veste sur le fauteuil d'en face, j'ouvre ma chemise et la retire, sentant la viscosité de celle-ci dans mon dos. La grosse tache écarlate me dise de suite ce qui m'attend. Les plaies se sont rouvertes et je grince de douleur. Faisant appeler Verra, celle-ci rapplique rapidement, un petit sac à ses talons. Me forçant à m'asseoir à terre, elle s'accroupit près de moi regardant l'état de mes blessures. Elle siffle en voyant les dégâts.

— C'est de pire en pire...

Je grogne une nouvelle fois alors qu'elle essaye de toucher les plaies. Comme si plusieurs aiguilles sont entrain de me transpercer la peau. Je ferme les yeux essayant de surpasser cette douleur atroce. Entendant le loquet de son sac se défaire, je siffle.

— On est vraiment obligé ?

Elle me lance une œillade mauvaise, m'obligeant d'un, à me taire, et de deux, à me tenir bien. Limite le fait que je pose cette question la fâche.

— Si tu veux pisser le sang pour le reste de la journée, et par la même occasion, mourir d'une probable hémorragie, alors non, on ne l'est pas.

Je réprime un grognement avant de me faire violence pour ne pas sortir un juron. Puis, me redressant, je la laisse s'occuper de mon dos. Le léger bruit du flacon qui s'ouvre me fait légèrement déglutir, puis doucement, je la sens verser le liquide sur les plaies. Grinçant dans des dents et fronçant violemment les sourcils. Un léger crie de douleur s'échappe de ma bouche, puis la mixture se sèche d'un coup. La douleur s'estompe par la même occasion, comme si tout ce qui vient de se passer à l'instant n'était qu'un horrible cauchemar. Reprenant mon souffle, je me lève et avance vers le miroir se trouvant en face de nous. Scrutant mon dos, je remarque qu'encore une fois, il n'y avait plus de sang, ni déchirure ou de bout de peau qui menaçait de tomber sur le sol. Non, il ne reste plus qu'une cicatrice claire, tatouant de ma peau comme de l'argile. Sans trace, sans impureté, ni rougeur. Ma respiration devient de plus en plus saccadée.

"Oh Arsia...Que peut on faire ?!"

"Vite ! On va le perdre !"

"...Ne te retourne pas...Il arrive ! "

Levant les yeux, je remarque Verra dans la glace, qui prend mon manteau, avant de le mettre sur mes épaules. Elle me sourit chaleureusement, me frottant doucement les épaules pour passer la douleur. Mon souffle se régulant enfin, je prends le vêtement et l'enfile. Je tourne les talons vers ma chemise remplis de sang et soupire. Encore une bonne à jetée. Accoudé sur de mes commodes, son sac accroché à son bras, mon fidèle bras droit m'observe, ses lèvres légèrement pincées mais je pus apercevoir un léger rictus se former. Elle veut me rire au nez, mais elle se retiens car elle sait que ce n'est pas le moment. Cependant, elle sait que je l'ai remarqué. Je souffle exaspéré.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle.

— C'est juste..., elle hésite avant de reprendre. Tes réactions. Joshua m'a parlé de ton altercation avec l'inconnue au cachot ?

Je maugrée fâcheusement, réalisant qu'encore une fois cet abruti m'avait épié et cafté à sa sœur. Bien que muet et respectueux, sa loyauté envers sa sœur le rend plus que sournois et malin. Lançant ses cheveux émeraude en arrière, elle finit par rire aux éclats, se moquant littéralement de moi. Elle sourit.

— De toute façon, j'aurais été au courant d'une autre manière.

— Rappel moi tout de même de lui reprendre les doubles de mes clefs, je grince.

Son sourire s'étire avant de s'avancer de nouveau vers. Perdant son sourire soudainement, sa main se ferme en un poing et elle me frappe l'épaule avec force. Me tordant légèrement de douleur, je la regarde complètement incrédule.

— Mais putain, t'as des problèmes !

— Ça c'est pour avoir agi comme un véritable con envers elle. Non mais qu'est ce qui t'as pris bon sang ?!

Je masse mon épaule, agacé, me rappelant la première raison de ma colère.

— Elle m'a énervé !

— En faisant quoi ? proteste-t-elle. En te jetant ses chaînes au nez ? Drale, elle était dans la forêt complètement apeurée !

— Ça ne lui donne pas le droit de nous juger !

Elle s'arrête, me dévisageant comme si j'avais fait une énième connerie.

— Que je résume..., portant la main sur son visage exaspéré, tu as perdu ton sang froid car une gamine... visiblement inculte, nous a juger ? Tu t'attendais à quoi ?!

— JE NE SAIS PAS !

Elle s'arrête soudainement parler, choquer un peu de ma réaction, alors que je passe une autre main dans mes cheveux pour les enlever de mon visage. Au fond de moi, je sais qu'elle a raison. J'ai agi comme un enfant immature, à croire qu'on avait insulté mes parents. Mais je ne sais pas, rien que d'entendre ces mots sortir de sa bouche m'ont mis hors de moi. Soufflant face à mon comportement, elle regarde ailleurs semblant réfléchir quelque peu avant de retourner vers moi.

— Tu as pu ressentir son aura ? Encore ?

Je la regarde une minute, processeur sa question avant de grigner des sourcils. Maintenant que j'y repense, je n'ai rien ressenti de particulier en m'approchant d'elle. A part peut être juste une infime petite flamme en elle.

— Pas vraiment. C'est comme si ce qu'on avait ressenti la dernière fois était un mirage.

— Elle doit surement être affaibli, elle conclut.

Faisant les cent pas à son tour, elle soupire avant de finalement me mettre dans la confidence.

— J'ai fouillé son sac.

Lui lançant un regard intéressé, je lui fais signe de continuer. Elle reprend.

— Je n'ai pas trouvé grand chose... Juste un carnet et un diadème fissuré.

J'hausse un sourcil. C'est quoi cette histoire ?

— Un diadème ?

— Yep. Ne m'en demande pas plus, je suis aussi dubitative que toi.

J'expire avant de me laisser tomber sur mon fauteuil la tête complètement pleine par les récents évènements. Déjà que j'ai échouer à rencontrer, la ou le, prochain souverain de ces terres, il ne manquerait plus que je ramène avec moi une hors la loi qui voulait profiter des évènements. Serait-ce pour cela qu'elle courait si vite dans les couloirs ?

Il n'y a qu'un moyen de le savoir.

Prenant une feuille sur l'étagère derrière moi, je plonge ma plume dans l'encre précipitamment, écrivant quelque chose à la vite. Je tends la feuille ensuite à ma complice qui plisse les yeux en la lisant, avant de les écarquiller.

— Tu penses qu'elle va accepter ?

Je joins mes mains, un sourire au coin s'étirant sur mes lèvres.

— Elle n'a pas vraiment le choix.

Penchant sa tête sur le côté, Verra finit par accepter, disparaissant de ma vue le papier dans les mains.

Il ne reste plus qu'à attendre.