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𝐍𝐎𝐓𝐄||
𝐓𝐑𝐈𝐆𝐆𝐄𝐑 𝐖𝐀𝐑𝐍𝐈𝐍𝐆
𝐃𝐄𝐃𝐈𝐂𝐀𝐂𝐄||
𝐏𝐋𝐀𝐘𝐋𝐈𝐒𝐓||
𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟗||đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟎||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟏||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟐||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑||đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟒||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕||đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟖||đ‹đąđ„đČ/đ•đžđ«đ«đš
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟗||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟎||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟏||đƒđ«đšđ„đž
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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟓||đ’đźđ„đš
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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟕||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟖||đ‹đąđ„đČ
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟗||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟎||đ•đžđ«đ«đš
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟏||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟒||đ‹đąđ„đČ/đƒđ«đšđ„đž
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟓||đ‹đąđ„đČ
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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟎||đ•đžđ«đ«đš

Un peu plus de 6 ans auparavant, dans la forĂȘt d'Arindale...

Mon frĂšre peut dire ce qu'il veut, je ne vais pas rester bien sagement au domaine Ă  ne rien faire. Je ne suis pas non plus une demoiselle en dĂ©tresse! Et puis s' il pense que rester avec Reiton est meilleur que d'aller Ă  l'extĂ©rieur... A ce stade, il me prend juste pour une conne! De toute façon, je serai rentrĂ©e avant lui, et je doute qu'il ait dĂ©jĂ  terminĂ© sa mission d'ici lĂ . J'ai juste besoin de quelques plantes pour terminer ma derniĂšre potion. Ça va leur servir en plus, vu que ça leur permettra de figer n'importe quoi.

Vous allez me dire: pourquoi ne pas demander à certains de ses soldats, comme il me l'a conseillé, d'aller chercher les choses dont j'ai besoin pour faire mes concoctions ? AprÚs tout, ils sont armés, ils pourront se défendre contre une attaque. Ou contre un mortel.

C'est pas comme si je n'avais pas essayé.

Mais la derniĂšre fois que je leur ai demandĂ©, ceux-ci non seulement se sont trompĂ©s d'espĂšces de plantes, mais en plus, ils sont revenus en se grattant de partout. Comment ont ils fait pour confondre ? Je leur ai pourtant spĂ©cifiĂ© de bien vĂ©rifier la couleur du bulb, AVANT de cueillir la fleur. Mais nooon. Ils voulaient indĂ©niablement terminer avec ça et se sont dit qu'elle se ressemble toute, donc autant TOUTES les prendre. RĂ©sultat des comptes: dĂ©mangeaison pendant une semaine entiĂšre qui ne passe pas, mĂȘme aprĂšs avoir pris plusieurs douches. Heureusement pour eux que je connais le remĂšde. Mais j'avoue m'ĂȘtre bien marrĂ©e Ă  force de les voir se dandiner. Et puis le fait de les avoir fait languir pendant une semaine alors que je pouvais tout Ă  fait faire le remĂšde tout de suite. Pour ma dĂ©fense, c'Ă©tait bien mĂ©ritĂ©.

Marchant à travers la verdure, je chantonne, humant l'odeur des cßmes mélangé à la magie de l'atmosphÚre. J'avais troqué ma robe sombre et bouffante, pour une plus légÚre, virevoltant dans le vent, allant dans des tons lilas miroitant au soleil. Mes chaussures à talons bien rangées dans mon placard, j'ai enfilé mes bottes en lin avec hùte, pris ma sacoche à potions et me suis précipitée dehors. Lola avait bien essayé de me sortir les vers du nez, mais elle n'a eu qu'une réponse brÚve qui m'a permis de sortir des mailles de son filet:

"Je pars juste faire une petite balade, je reviens tout de suite!"

Ce n'est pas comme si c'Ă©tait un mensonge. J'ai juste omis deux ou trois petits dĂ©tails. Et puis je suis adulte, je suis tout Ă  fait capable de me dĂ©brouiller seule. J'ai grandi entre ces branches, pour l'amour de Leibrum! Je n'ai pas besoin d'ĂȘtre couvert tout le temps.

Baladant ma main entre les feuilles, la lumiÚre du soleil brille ardemment, passant entre les minuscules ouvertures que lui donne chaque espÚce afin de redonner de la vitalité à ce lieu. Le vent souffle doucement tel une brise cùline venant me bercer alors que je déambule sur les différents passages, profitant de ces quelques moments de liberté. Quelques insectes font leur vie, volant de feuille en feuille, ou croulant avec leurs pattes minuscules sur un rocher afin d'aller chercher de la nourriture. En soit, il n'y a rien de mieux, je trouve.

Rien de mieux que cette nature candide pour pouvoir se ressourcer.

Et personne Ă  l'horizon pour pouvoir interrompre ce moment!

Le rĂȘve!

— Aïe! Merde...

Ou presque.

Sursautant, je me cache par rĂ©flexe derriĂšre un arbre afin de prendre d'abord conscience du danger possible. Un silence dure se fait entendre, et pour une fois, je me demande si je ne suis pas devenue folle. C'est bien une onomatopĂ©e signifiant la douleur que je viens d'entendre. Me mordant la lĂšvre infĂ©rieure, je lorgne craintive aux alentours m'attendant Ă  voir surgir quelqu'un indĂ©sirable d'une seconde Ă  l'autre. Est ce que l'on me suivait ? Me dit pas que Reiton a fini par m'espionner ? Je bouillonne sur place rien que d'y penser. Sortant de ma cachette, les poings serrĂ©s, je tape du pied prĂȘte Ă  faire passer un sale quart d'heure Ă  l'individu.

— Bon okay Reiton, ça suffit, j'ai pas envie de jouer à ton jeux stupide! je lui crie. Sors de ta cachette maintenant sale lñche!

— Eum...Bonjour ?

J'ouvre immĂ©diatement les paupiĂšres, un grand « o » se formant sur mes lĂšvres alors que je me rend compte que ce n'est pas lui. Ni aucune autre personne avec qui je suis familiĂšre. Captant la prĂ©sence inconnue, j'obtiens confirmation instantanĂ©e quand mes pupilles finalement le perçoivent. Assis au sol, une main au-dessus de sa tĂȘte, un jeune homme me fixe, mi-gĂȘnĂ©, mi-amusĂ© par la situation. CoiffĂ©s d'une queue de cheval haute, la premiĂšre chose qui me saute aux yeux est la couleur de ses cheveux. Si ses pupilles sont d'une jolie couleur noisette, cachĂ©es partiellement par de grosses lunettes rondes, ses mĂšches, elles sont pĂ©tantes. Du rouge virant Ă  l'orangĂ©, recouvrant sa tĂȘte tels des flammes. Ses traits sont fins, carrure lĂ©gĂšrement imposante sans trop l'ĂȘtre sous ses vĂȘtements. Je peux sentir la chaleur me monter aux joues Ă  force de le dĂ©tailler.

Il est...vraiment beau.

Cependant, mon moment de contemplation est interrompu quand je vois finalement ses oreilles. Rondes, suivant parfaitement la courbe de ses traits. C'est un mortel. Me renfrognant, je fais un pas en arriÚre, le surprenant. Il agite ses bras hébétés, essayant de me rassurer.

— A-Attend ! Je ne vais pas te faire de- Attention!

Sans prendre garde à ses avertissements, je fais un autre pas en arriÚre puis d'un coup passe par-dessus une pierre, trébuchant.

"Aie!..".

Fermant les yeux face à l'impacte, je me mord la lÚvre inférieure jusqu'au sang. LégÚrement sonné, j'entends juste des bruits sourd et lourd, se rapprocher sans trop comprendre. Ma vue troublée s'habitue aprÚs un petit moment et une main ouverte, couverte d'égratignures se forme.

— Est-ce que ça va ? demande le mec de tout à l'heure.

C'est un mortel...

Cette piqĂ»re interne de rappelle m'Ă©veille, et l'expression mi-apeurĂ©e, mi-mĂ©fiante refait surface sur mon visage. Évidemment, par toutes les chances du monde, c'est sur un mortel que je dois tomber. Ça ne pouvait pas tomber sur une autre personne que moi. Je comprends maintenant pourquoi mon frĂšre me dit que je ne fais qu'attirer les problĂšmes. J'ai vraiment une sacrĂ©e poisse. A mesure que je fixe ses billes noisettes, je repense aux mĂ©disances de mon frĂšre. Chaque soir, c'Ă©tait exactement la mĂȘme chose, beuglant Ă  ses compĂšres que les mortels sont, et resteront les ennemis du peuple. Qu'ils en voudront toujours pour notre peau et qu'il ne faut jamais prendre pour vraie leur soi-disant gentillesse. Il est comme ça depuis la mort de nos parents, et pour ĂȘtre honnĂȘte, je l'Ă©coutais toujours que d'une oreille. Un frĂšre couvrant trop sa sƓur n'est qu'Ă©coutĂ© qu'Ă  moitiĂ©, ce n'est pas vraiment Ă©tonnant vu que je n'avais jamais vu d'humain avant. Enfin, jamais vu...jusqu'Ă  aujourd'hui. J'aurais peut-ĂȘtre dĂ» prendre un peu plus au sĂ©rieux ses mises en garde.

Devant moi, celui-ci me fixe perplexe un instant, avant de prendre fermement ma main et de me tirer vers lui. Je n'ai pas le temps de réagir que je me retrouve nicher contre son torse chaud. Mon estomac se retourne. Mes joues reprennent de la couleur, quant à mon coeur... Posant mes deux mains contre son buste pour le repousser, je m'éloigne un peu, croisant les bras, un signe de ne pas me toucher.

Par Leibrum, un mortel. Un mortel!

Il faut que je parte d'ici. Tant pis pour la potion!

Le dépassant, je le bouscule avant de foncer à toutes vitesses, vers le domaine.

— E-Eh! Attend tu as fait tombĂ©-

Mais le son de sa voix n'est plus. Juste le bruissement des brindilles et des feuilles à mesure que je m'éloigne.

❀❀❀

— Merde mais oĂč est ce que je l'ai mit ?

Baladant ma main avec impatience, je soupire en me rendant compte que l'objet de mes dĂ©sirs n'est plus. Pas cette sensation du mĂ©tal transformĂ©, Ă©mettant un son clair alors qu'il pourrait probablement se heurter Ă  mes fioles. Mais rien. Juste le cliquetis des verres qui s'entre-choque Ă  force de remanier mon sac. RĂ©signer, mais sentant ma poitrine se serrer, je jette ma sacoche sur mon lit sous le regard dĂ©sapprobateur de Joshua. Il ne voulait pas me voir dans la forĂȘt et me l'a bien fait savoir. Je m'assois en califourchon sur une chaise, nichant ma tĂȘte entre mes bras, appuyĂ© sur le dossier. Je ne voulais pas le regarder dans les yeux. Il me fait sentir son agacement Ă  mesure ou j'entends son pied ralentir la cadence, tapant sur le sol comme un avertissement. Posant finalement sa voute plantaire contre le bois, il fait grincer le plancher sous son poids avant d'arriver Ă  mon niveau. Leibrum sait que son ombre imposante n'est lĂ  que pour engloutir la mienne.

— Je te l'avais dit, mais tu n'Ă©coutes jamais! gronde-t-il de sa voix cuisante. Tu ne fais qu'Ă  ta tĂȘte et maintenant regarde ce que tu viens de perdre.

J'inspire un grand coup, essayant de faire passer le venin à travers ses paroles. Elles sont dures, mais je sais qu'il me réprimande pour mon bien.

— C'Ă©tait un accident...

— Quand bien mĂȘme. Il aurait pu ĂȘtre Ă©vitĂ© ? Que te reste-t-il de Papa et Maman hein? Il doit ĂȘtre n'importe oĂč...

Mes membres se crispent Ă  la mention de nos parents. Je dĂ©teste quand il fait ça, et il le sait. Relevant la tĂȘte vers lui, l'hostilitĂ© monte d'un cran, n'ayant pas peur de ses yeux menaçant. Ce n'est pas parce qu'il adopte ce comportement de crasseux avec ses subalternes qu'il doit faire de mĂȘme avec moi. ComparĂ© Ă  ces enfoirĂ©s, je suis sa sƓur. Le soutenant avec dĂ©fiance, je lui rĂ©plique.

— N'Ă©voque Papa et Maman dans ça.

— Et pourquoi pas ?

— Car tu sais trĂšs bien ce que je pense...et tu n'aimerais pas que je les Ă©voque si c'Ă©tait toi qui-...Je ne l'aurais juste pas fait! je lui crache, sentant les larmes monter.

Je tourne ma tĂȘte immĂ©diatement la baissant alors que mes Ă©paules s'affaissent. J'aimais mes parents. Je les aimerais toujours. Juste parce qu'il est le seul Ă  les avoir vu mourir ne lui donne pas le droit de me torturer l'esprit. Je suis bien consciente que sa peine n'est pas la mĂȘme que la mienne. La barriĂšre de l'empirisme Ă  fait que notre degrĂ© de douleur ne peut ĂȘtre au mĂȘme niveau. Il ne le sera jamais. Je me suis fait une raison. Cependant, ça ne lui donne pas le droit de diminuer mes sentiments. AprĂšs tout, une chose que l'on partage tout de mĂȘme dans ce milieu: c'est qu'on les a perdu tous les deux. On a le mĂȘme sang. Et pour ça, il sait qu'il ferait mieux de fermer sa grande bouche.

Me levant de ma chaise, je me précipite vers la porte quand, il me retiens l'épaule d'une main. Je grogne.

— Quoi ?! Qu'est ce qu'il y a Joshua ?!

— Juste une chose, commence-t-il d'une voix Ă©tonnamment contrĂŽlĂ©e. J'ai ordonnĂ© Ă  certains des gardes de faire une derniĂšre ronde par oĂč t'es passĂ©...On a trouvĂ© quelqu'un.

"Tu ne l'aurais pas croisé...n'est ce pas ?"

Je me stoppe. L'image de l'homme aux cheveux rouge-orangĂ© me vient immĂ©diatement Ă  l'esprit. MĂȘme si je ne devrais pas m'en faire par rapport Ă  lui, j'ai du mal Ă  penser Ă  autre chose. Lentement, je me retourne et mon frĂšre me fixe, toujours bras croisĂ©s, son sourcil droit haussĂ© comme s' il attend. Vu ma rĂ©action, il doit sĂ»rement se demander quelque chose. Et, je ne le blĂąme pas totalement sur ça. Je ne suis certainement pas la feuille la plus discrĂšte du tas. S'approchant, il m'inspecte de haut en bas et soudain, je prends conscience de l'air qu'il aborde. Tout Ă  l'heure, sa colĂšre n'Ă©tait pas redirigĂ©e sur le fait que je le dĂ©sobĂ©isse. Non. Il craque son cou d'un mouvement de tĂȘte avant de reprendre son regard insistant.

Il voulait savoir si j'avais rencontré cet humain.

Ainsi pourquoi je ne l'avais dit Ă  personne.

Inspirant une grande bouffĂ©e d'air, je dĂ©cide de l'ignorer en sortant de la chambre avec empressement. Ce n'est en aucun cas le moment de paraĂźtre comme une complice ou autre suspect. Je joue possiblement ma peau sinon. Mais je pense encore que mon frĂšre me porte encore assez dans son cƓur pour ne pas dĂ©noncer sa sƓur. Il veut juste la vĂ©ritĂ©, et, de toute façon, lui mentir, mĂȘme si je le voulais, ne peut pas ĂȘtre une option. Mes lĂšvres restent fermĂ©es cependant. On s'observe en silence un bon moment, puis les Ă©paules de Joshua finissent par s'affaisser, me lachant, synonyme qu'il abandonne la partie. Tournant les talons, je devine qu'il va Ă  son tour regagner sa chambre, ou son bureau, pendant que je reste plantĂ© lĂ . Mon esprit s'embrume de diverses pensĂ©es aussi dangereuses que Ă©trangement entĂȘtantes.

Peut ĂȘtre que c'est lui qui a mon mĂ©daillon ?...C'est toujours une option...

Mais il faudrait tout de mĂȘme s'assurer que ce soit bien lui qu'ils ont capturĂ© et sĂ»rement jetĂ© au cachot...

Pourquoi cette pensée m'irrite autant ?

Peut ĂȘtre parce qu'il n'avait pas l'air si menaçant...

Le visage face au bois du plancher, je me mords la lÚvre inférieure avant de sortir de mon antre et me diriger vers l'entrée. Mettant un pied dehors, la premiÚre chose qui me frappe est l'air froid de la nuit noir. Un signe sûrement pour me dire que je m'aventure dans un terrain glissant. Exhalant de l'air à cause de l'atmosphÚre cool qui rÚgne, je croise mes bras contre ma poitrine avant de courir et de m'aventurer dans un couloir menant directement aux cachots. Dépassant les deux battants d'une grande porte argentée, je longe les murs en pierre pour finalement commencer à entendre des voix étouffées. En tendant l'oreille, je remarque bien que deux d'entre elles sont sur un ton moqueur, tandis que la troisiÚme est suppliante, demandant sûrement à voir quelqu'un. Le fait que le ton me semble audiblement familier malgré que je ne puisse rien entendre de l'altercation n'arrange rien à la situation. Mes poils se hérissent. C'est bien lui. J'espÚre juste que le Lord n'est pas encore passé le voir dans sa cellule. Il va le traumatiser. Les voix se faisant de plus en plus fortes, je me mets derriÚre un mur afin d'espionner la conversation...ou juste les bribes de voix.

— Bin alors morveux, dit un avec une assurance goguenarde. Tu faisais quoi dans la forĂȘt tard comme ça ? On trĂ©passe les interdictions ?

— Ouais larbin ! renchĂ©rit l'autre en riant. Maintenant regarde comment il est dans sa petite cellule merdique.

— Vous ne comprenez pas! Je voulais juste rendre quelque chose qui ne m'appartient pas!

Ah ?...

Les deux bourrus de la nuit se mettent Ă  rire avant de tapper sur les barreaux violemment avec leur lance, faisant reculer l'homme Ă  lunette. Ils doivent se marrer Ă  le voir tremblant de peur comme ça. Je me demande tout de mĂȘme si c'est dans leur politique de se comporter comme ça. Ils ne doivent sĂ»rement pas le croire non plus.

— Ah franchement il me fait rire celui-là...Par contre j'avoue que je commence à avoir faim.

Ma chance ?

Entendant son propre ventre gargouiller, son collùgue acquiesce. Ils jettent un Ɠil dans la cellule.

— AprĂšs, on est quand mĂȘme censĂ© le surveiller.

— Regarde comment il est, lui rĂ©pond celui au bois de cerf. Je ne pense pas qu'il va tenter quoi que ce soit vu son Ă©tat. On revient.

Écarquillant les yeux, l'homme Ă  lunette se prĂ©cipite, agrippant fermement les barreaux comme si sa vie en dĂ©pend. Il essaye de les secouer sous les gloussements et les pas qui s'Ă©loignent des deux soldats.

— Hey ! Hey ! Me laisser pas là ! S'il vous plaüt, laissez-moi rentrer chez moi!

Mais ses cris n'atteignent aucune oreilles. Remarquant que les deux faes s'approchent, je me colle un peu plus derriĂšre un poteau afin qu'ils ne me voient pas. De toute façon, ils sont trop occupĂ©s Ă  parler de ce qu'ils vont mettre dans leur estomac. J'ai franchement rien Ă  craindre. Entendant le cliquetis de la porte qui se ferme, je guette tout de mĂȘme aux alentours un moment pour ĂȘtre sĂ»re avant de relĂącher la pression, expirant le surplus d'air dans mes poumons. Venant prĂšs du cachot, je capte des reniflements bruts avant d'entendre finalement un Ă©niĂšme soupir. La poussiĂšre dans l'air, mĂ©langĂ© Ă  l'humiditĂ© usuel fait de cet endroit un vĂ©ritable enfer. La vrai torture se trouve quand on te touche de l'intĂ©rieure, selon Drale. Et aussi littĂ©rale qu'il puisse ĂȘtre sur ce point, il fait en sorte que l'air soit lourd. Si lourd qu'il soit: soit irrespirable ou qu'il te fasse tomber malade. Il le sait.

AprĂšs tout, il a lui-mĂȘme passĂ© des heures interminables ici.

Mais ça, c'est une autre histoire.

M'accroupissant à son niveau, il lÚve les yeux vers moi, sa couleur noisette étincelant malgré sa situation déplorable. Ses cernes ont commencé à se creuser, tandis que l'effet poudreux de la boue séché l'a rendu sale. La transpiration ( sûrement parce qu'il s'est débattu) a rendu sa chemise blanche poisseuse. Mais aussi transparente.

— Tu...t'es la fille de tout à l'heure...

Mes yeux rencontrent immédiatement les siens, le rouge me monte au joues me rendant compte que j'ai dévié mon attention sur son corps.

Ce n'est pas vraiment trĂšs poli, Verra.

Me raclant la gorge, je fais mine de regarder ailleurs avant de lui répondre.

— Je ne pensais pas que tu serais restĂ© aux alentours, je murmure. C'est inconscient dans cette forĂȘt...pourquoi tu y Ă©tais d'ailleurs ?

— C'est juste...Cette forĂȘt regorge de tellement de choses. Je devais voir ce qu'elle refermait. Et puis mes recherches...

Je me tourne vers lui d'un coup, stupéfaite.

— Recherches ? Tu fais des recherches sur la forĂȘt Gracia ? je demande intĂ©resser.

Il me sourit puis hoche la tĂȘte.

— Les plantes plus prĂ©cisĂ©ment. Je suis botaniste. Je suis un expert des mĂ©dicinales.

Il a un intĂ©rĂȘt particulier pour les plantes...

De légers picotements me parcourent l'échine alors que mon estomac effectue une éniÚme galipette. C'est une sensation étrange, mais agréable. Je ne pensais jamais vraiment trouver quelqu'un qui s'y connaßt aussi. Qui serait capable de me comprendre...

BADUM.
BADUM.

Le fixant un moment, je finis par baisser mon regard, honte de me prĂ©senter Ă  lui comme ça. Bon sang Verra, c'est un mortel. Il s'est introduit dans la forĂȘt alors qu'il n'en avait pas le droit.

C'est un hors-la-loi.

Remettant une mÚche de cheveux derriÚre mon oreille, j'essaye de lui montrer une expression froide. Mais la source de chaleur sur mes joues me trahit. Clignant des yeux pendant un moment, il sursaute avant de commencer à chercher quelque chose dans ses poches. Ne comprenant pas tout de suite, la réalité de ma visite me percute finalement quand celui-ci sort un objet argenté.

Mon médaillon!

Me faisant un sourire doux, il me le tend avec prĂ©caution Ă  travers les bars, et les mains en cƓur, je regarde le prĂ©cieux objet, la voix manquante. Celui-ci s'ouvre sur un petit portrait de famille. Un pĂšre, cheveux couleur sombre, yeux amĂ©thystes, sourit. Il Ă©bouriffe les cheveux d'un petit garçon tandis que sa femme. Cheveux vert, yeux amande, porte un bĂ©bĂ© emmitouflĂ© dans un vĂȘtement semblant doux, le bĂ©bĂ© Ă  l'air d'agiter ses bras. L'atmosphĂšre est chaleureuse, intime, montrant simplement une chaleur familiĂšre mais qui me touche au plus profond de moi. Cette chaleur que j'ai perdu, Ă©mane encore Ă  travers cette image et je ne peux pas m'empĂȘcher de caresser d'un doigt le visage de mes deux parents, un petit sourire aux lĂšvres. Les choses ne sont plus comme avant.

Ils me manquent tous deux terriblement.

Essuyant du revers de ma main la larme qui essaye de s'échapper, je referme l'objet avant de ravaler ma peine.

— Merci...Je croyais que je l'avais perdu...

— Je ne pouvais pas simplement partir...sans te l'avoir rendu. Ça Ă  l'air d'ĂȘtre quelque chose qui t'es chĂšre.

Mes lĂšvres s'incurvent vers le haut fugacement et je viens gratter lĂ©gĂšrement mon avant-bras, gĂȘnĂ©e. Un lĂ©ger blanc s'installe entre nous, la tension prĂ©sente continuant de peser. Je finis par m'asseoir en face de lui. Maintenant quoi ? L'idĂ©e de le libĂ©rer et de l'aider me passe, mais je la chasse avec hĂąte. Ils ne comprendraient pas mon action et je risque de m'attirer pas mal d'ennemis. C'est peine perdu...

Repassant ses mains pour m'atteindre, j'attrape son avant-bras par réflexe, la méfiance revenant sur le tapis.

— DĂ©solĂ©..., sort-il recroquevillant sa main vers lui. Je voulais juste...

Il marque une pause avant de prendre une grande inspiration et plonger dans mes billes.

— Peut-ĂȘtre qu'il faudrait commencer par de simple prĂ©sentation...

Je penche ma tĂȘte sur le cĂŽtĂ©, il se gratte l'arriĂšre de la tĂȘte avant de me flasher ses dents blanches, un air timide sur le visage.

— Je m'appelle Aram, enchantĂ©e de te rencontrer.

Aram.

...

"Tu es..Tu es trĂšs mignonne, tu..tu sais ?"

❀❀❀

Quelques mois plus tard...

— Tu as complĂštement perdu la tĂȘte!

Je roule des yeux alors que je termine de rĂ©unir mes vĂȘtements, les mettant dans une des diffĂ©rentes boĂźtes, Ă  terre. L'agacement de mon frĂšre ne fait que grandir, poussant celui-ci Ă  se pointer devant ma face les bras croisĂ©s. Pinçant mes lĂšvres, je relĂšve les yeux pour lui tenir tĂȘte.

— Je fais ce que je veux Joshua!

— A un point que tu vas maintenant habiter avec ce...ce mortel! Que tu te mettes avec lui ?!

Je soupire atteignant presque mes limites avant de me redresser. Les mois sont passĂ© Ă  une vitesse folle et pas mal d'Ă©vĂšnements ce sont enchainĂ©s. Aram est restĂ© dans sa cellule pendant tout ce temps mais il a su, contre toute attente, nous surprendre un Ă  un. Moi la premiĂšre. Ses talents hors pair de botanistes ont permis de guĂ©rir plusieurs de nos soldats, cela mĂȘme contre leur grĂ©. De sa petite cellule, il a gagnĂ© la confiance de plusieurs personnes, y compris Drale. D'une certaine maniĂšre et avec mon aide. Il a fini par acceptĂ© de le libĂ©rer et de le loger au domaine, mais ses gardes Ă©tant toujours d'affront, il ne loge pas directement dans une des nombreuses chambres de domaine. Il y avait une petite maison abandonnĂ©e et dĂ©labrĂ©e juste Ă  cĂŽtĂ©. Un taudis. C'Ă©tait le parfait compromis pour lui, il ne se voyait pas faire de traitement faveur Ă  un mortel, surtout qu'il n'en a pour personne... Aram a donc acceptĂ©. Avec positivitĂ© d'ailleurs. Il a dit qu'il allait rĂ©nover l'endroit, y faire son chez soi. Je suppose que c'Ă©tait mieux que de croupir en prison, mais n'empĂȘche.

Puis il y a eu sa proposition.

Une proposition un peu anodine en soi. C'est juste un stage, afin que l'on puisse partager mutuellement nos savoirs et apprendre plus.

Entre botanistes ça s'entraide.

...

N'est ce pas ?

Je secoue la tĂȘte, chassant cette pensĂ©e avant de prendre la boĂźte de force et ignorer mon frĂšre. Celui-ci grogne, le poussant Ă  se dĂ©placer et Ă  se mettre devant moi.

— Verra! Voyons!

— Voyons quoi Joshua ? Hein ? On sait tous qu'il n'est pas dangereux! je finis par lui crier. Il a fait ses preuves et Ă  convaincu le Lord. Je vais juste apprendre Ă  ses cĂŽtĂ©s.

— Ah ouais ?

Il tape du pied, un sourire frustré parvenant à ses lÚvres. Il est sur le point de dire soit une connerie, soit une vérité qui va personnellement me toucher.

— ...Et avec tout ce temps que vous passez ensemble, tu vas me dire que tu n'as jamais penser Ă  vous voir...plus que "Ă©changistes de savoir" ? Tu te fous de moi lĂ .

La boite dans les mains, je le bouscule sortant finalement de la chambre et de cet endroit qui autrefois avait l'odeur du cocon familial. Cette place avait changĂ© depuis leur mort de toute façon. Toujours dans l'embrasure de la porte, je peux sentir son regard insistant, presque suppliant dans mon dos. Mais je ne bronche pas, passe la porte avant de me tourner vers le couloir familier menant vers le domaine. Mes mains tremblent un petit peu, en mĂȘme temps que ma lĂšvre infĂ©rieure qui rĂ©agit face aux stresses et aux battements de mon cƓur. Au fond, je ne lui en veux pas de penser cela, il n'a pas vraiment tort.

Ce serait mentir Ă  moi mĂȘme si je disais que je n'y ai pas pensĂ©. Non j'y ai pensĂ©. Mainte fois, mĂȘme si je sais que je ne devrais pas le faire. C'est juste...Il a un de ses quelque chose que j'aime...Il a l'air tellement passionnĂ© dans ce qu'il fait.

Et puis, ses mots...

Secouant la tĂȘte, j'emprunte un petit chemin vers des arbres vertigineux, juste Ă  cĂŽtĂ© du domaine et il ne m'en faut pas plus pour trouver Aram devant sa future demeure. Il est en train de se murmurer Ă  lui-mĂȘme. Je ne peux pas m'empĂȘcher d'avoir un petit sourire alors que je me place Ă  ses cĂŽtĂ©s, regardant le taudis.

— Dooonc... Tu sais ce que tu vas faire avec...ça ? je lui demande.

— J'imagine. Peut-ĂȘtre deux chambres, une cuisine... Je pense que si je m'attarde sur l'essentiel, je devrais faire quelque chose de potable. Enfin...

Il tourne la tĂȘte vers moi, ses pupilles noisettes se plongeant dans les miennes avec une certaine douceur qui agite les papillons dans mon ventre.

— Si...tu veux bien m'aider bien sĂ»r.

Il ne m'en faut pas plus pour rougir et remettre une mĂšche de cheveux derriĂšre mon oreille d'une main en baissant la tĂȘte. Ma discussion avec mon frĂšre est dĂ©jĂ  bien lointaine. Humidifiant ma lĂšvre infĂ©rieure, je lui donne la boite avant de me tenir les hanches, les yeux rivĂ©s sur l'habitat qui va falloir rĂ©novĂ©s. Perplexe, Aram essaye de ne pas faire tomber le tas de vĂȘtements, attendant que je lui donne des rĂ©ponses. Je me tourne vers lui, dĂ©terminĂ©e.

— Commençons par les chambres alors! Je peux toujours sortir de la nourriture des cuisines en attendant que tout soit prĂȘt ?

Lola ne m'en voudra pas.

— Tu penses qu'ils vont accepter ?

— Accepter ? SĂ»rement pas si ça te concerne. Mais si je le fais en cachette, personne ne saura! je lui sort en faisant un clin d'Ɠil.

Il rit aux éclats avant de me guider à l'intérieur.

"Si la tempĂȘte est petite, profite du calme. L'ouragan n'est jamais loin, attendant l'apogĂ©e de la paix pour faire son entrĂ©e dans la salle."


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