â A quoi ça sert sĂ©rieusement que je te laisse des mots pour que tu ne les lises pas en fait ?
â C'Ă©tait un accident!
Je ris lĂ©gĂšrement gĂȘnĂ© alors que Verra cherche quelque chose dans ce qui semble ĂȘtre une malle en cuir. A rien, je prĂ©sume. Je suis dĂ©sespĂ©rante. J'aurais pu Ă©viter toute altercation avec Sierra si j'avais juste fait un peu plus attention Ă mes affaires. Et cela, juste aprĂšs m'ĂȘtre levĂ© du doux lit dans lequel j'Ă©tais couchĂ©. Le pire, c'est que j'ai vu le papier...Je crois. Il Ă©tait prĂšs de vieux mouchoirs et autres dĂ©bris de ma robe de bal complĂštement ruinĂ©e. RĂ©sultat du compte: je l'ai jetĂ©. En d'autres termes, j'ai fait tous ces efforts et je suis passĂ© Ă cĂŽtĂ© de la mort pour une information que j'Ă©tais censĂ© avoir depuis le lever du soleil.
Vraiment Lily, tu atteins le summum.
Rapportant mon attention sur mon amie, elle se relĂšve avec ce qui semble ĂȘtre un habit dans une main, et un corset blanc de la mĂȘme matiĂšre que la malle dans l'autre. Je rougis lĂ©gĂšrement alors qu'elle me sourit de toutes ses dents, ses petits yeux mauves scintillant d'une excitation qui fait presque peur.
â Enfile ça, dĂ©pĂȘche toi!presse-t-elle, me poussant derriĂšre un paravent fait de pailles. J'ai pas suppliĂ©e Joshua de garder Riwa pour qu'on ne fasse rien ce soir.
â H-Hein ?
â Tu veux passer pour une fae non ? Fais moi confiance et enfile ça. Je vais t'aider avec le corset.
Collant les vĂȘtements contre ma poitrine, elle me sourit avant de se retourner, attendant que je l'appelle concernant l'accessoire couleur neige. Soupirant, je me dĂ©shabille, mon pantalon et ma chemise retrouvant le sol dans un petit tas, avant d'enfiler ladite robe qu'elle m'avait prodiguĂ©e. Enfin, le bout de tissu, car le style est vraiment...frivole. Couvrant Ă peine ma poitrine, les manches tombent sur mes bras, laissant mes Ă©paules nu Ă le vu de tous. Elle est longue mais est faite de deux fentes sur le cĂŽtĂ©, qui remontent jusqu'Ă mes cuisses. Deux petits lacets permettent de faire un petit nĆud sur le bustier, mais c'est presque comme si elles mettent l'accent sur mon dĂ©colletĂ©. Est ce vraiment ça, que les femmes fae aiment mettre ? On a l'impression qu'au domaine, les femmes s'habillent diffĂ©remment. MĂȘme plus strictement. Sauf, de tout Ă©vidence, la jeune femme aux cheveux Ă©bĂšne collĂ© Ă Drale toute la journĂ©e. Sa robe moulante au dĂ©colletĂ© drapĂ©, se distingue fermement des robes bouffantes des servantes. Serait-ce parce qu'elle veut que toute l'attention soit portĂ©e sur elle ? Cela ne m'Ă©tonnerait pas. Tous les moyens sont bons je prĂ©sume.
Alertant Verra que j'ai fini, elle se tourne, une paire de bottes Ă la main puis vient s'occuper de mon corset. Elle m'explique comment le mettre, le serrer et l'attacher afin que je puisse le faire moi mĂȘme plus tard. En soit, c'est ce qui arrive quand toute ta vie c'est des gens autre que toi mĂȘme qui t'habille. Tu ne sais plus rien faire toi-mĂȘme. Je sais que c'est faux...Un peu. Mais je ne peux pas nier le fait que la facilitĂ© a toujours Ă©tĂ© Ă ma portĂ©e. Quelque soit les dires que je peux entendre.
Je ne suis plus princesse ici.
Autant commencer maintenant Ă apprendre quelque chose alors. C'est mieux que rien.
Finissant de me le mettre, elle ajoute une touche de glamour en laissant mes boucles tomber sur mes Ă©paules, et quelques accessoires. J'enfile les bottes plates, en lin qu'elle m'a prĂȘte. Une tenue trĂšs confortable, comparĂ© Ă ce que j'avais l'habitude de mettre Ă longueur de journĂ©e. Je me retourne aprĂšs vers un miroir, ma nouvelle amie sur les talons alors qu'elle sautille Ă la vue du rĂ©sultat.
â T'es juste trop adorable!
La robe est rose pĂąle, aĂ©rienne, le corps piquĂ© mettant en valeur mes formes, capable surement d'en faire rougir plus d'un. Les deux fentes sur le cĂŽtĂ©s mettent en avant la longueurs de mes jambes, laissant un avant-goĂ»t aux curieux, tandis que les bottes Ă©pousent parfaitement la courbe de mes pieds comme si je les avais plongĂ©es dans des nuages. Mes cheveux rosĂ© cascadent doucement sur mon dos, et, Ă ma grande surprise, elles sont surplombĂ© de perles qui scintillent de mille feux. Mon cou y compris est perlĂ© avec du blanc nacrĂ©. La tenue est simple on dirait, pas trop travaillĂ©e, lĂ©gĂšre tout en Ă©tant chic...Mais j'ai l'impression que je me sens encore plus belle et jolie dans celle-ci que dans les robes, gĂ©nĂ©ralement Ă©vasĂ©es que la cour m'imposait. Je me sens...Ă©trangement bien. Je me mords la joue au sentiment contradictoire qui se faufile dans mon cĆur. Ai-je vraiment le droit d'accepter cela quand je sais que dans peu de temps, je partirai ? Cette une amie en or qui m'a bien accueillie ( enfin presque...), mais je risque de la blessĂ©...AprĂšs tout ces efforts-
â Comment tu me trouves ?
Je tourne la tĂȘte vers la petite femme, mon visage s'Ă©tirant avec surprise en la voyant sous un autre cappe: une robe verte sans manche avec un dĂ©colletĂ© plongeant, s'accordant Ă ses cheveux court, aĂ©rienne Ă©galement mais habillĂ© d'une ceinture faite de pierres prĂ©cieuse de diffĂ©rentes couleurs. Elle porte Ă©galement des bottes en lin, ainsi que d'autres bijoux, tels que des boucles d'oreilles avec des pierres couleur guimauve et un sautoire de la mĂȘme couleur. Je la regarde stupĂ©faite avant d'Ă©tirer un lĂ©ger sourire.
â T'es magnifique ! Ăa change de celle que j'ai l'habitude de voir au domaine.
Elle roule des yeux avant de rigoler Ă son tour de bonne humeur. On peut me trouver un peu Ă©goĂŻste, mais je n'ai pas envie de penser à ça. Je n'ai pas envie de penser Ă ce gouffre qui m'enfouie depuis longtemps dans le noir des doutes et des peurs. Pour une fois que j'ai le droit d'avoir une amie aussi proche de moi...Pas que je ne donne pas de crĂ©dit Ă Rolia, Romanis et Sulla...Mais je ne les voyais pas souvent et Ă©changeait via de lettres, surveillĂ© de prĂšs par ma Nanny par ordre de mon pĂšre. En grandissant, on a pu trouver des codes pour parler de choses secrĂštes ou illicites. A force...Nanny Ă©tait lassĂ© de devoir essayer de dĂ©chiffrer l'incomprĂ©hensible. Vouloir essayer de comprendre le langage des jeunes: une perte de temps assurĂ©. Et puis, elle respectait un minimum mon intimitĂ©. Je pense que c'est pour ça qu'elle n'a rien dit Ă mon pĂšre concernant les langages codĂ©s. Elle avait beau avoir un certain caractĂšre et sens de la vertu, je pense tout de mĂȘme qu'elle m'a toujours un peu considĂ©rĂ© comme sa propre fille.Elle n'est pas cruelle, juste stricte. MĂȘme si ses comparaisons avec ma vraie mĂšre m'ont toujours fendu le cĆur...
Une douce mĂ©lancolie m'Ă©prend en me remĂ©morant cela. Que de souvenirs Ă la fois joyeux, mais aussi ternis par une triste rĂ©alitĂ© qui vient montrer l'autre facette de la piĂšce. Autant, ces souvenirs peuvent ĂȘtre des anecdotes amusantes...
Elles peuvent aussi rĂ©vĂ©ler quelque chose qui est loin d'ĂȘtre amusant.
Alors que Verra se pavane devant le miroir, je décide de le rejoindre, remuant nerveusement mes doigts.
â Doooonc, en quoi consiste ce...BaptĂȘme du Fairy Pond ?
AprÚs tout, je ne sais toujours pas en quoi ça consiste. Elle se retourne vers moi enthousiaste, un sourire esquissant ses lÚvres.
â Je te dirais tout pendant qu'on marche. Maintenant, allons a Arindale !
âââ
Qui m'aurait dit que d'aussi belles structures sont construites au cĆur de la forĂȘt interdite ?
Personne je suppose.
Arindale est vraiment idyllique, entourĂ©e de maisons et nombreux bĂątiments fait probablement d'un bois assez solide pour faire face Ă toute sorte de vents ou autres tempĂȘtes. Des routes sont dĂ©gagĂ©es, colorĂ©es et brillantes de lampions, avec une grande place ornant une fontaine en pierre reprĂ©sentant ce qui semble ĂȘtre une statue de mon ancĂȘtre. Je la contemple Ă©merveillĂ© alors que celui-ci est reprĂ©sentĂ© souriant, entourĂ© de fĂ©es. Est ce que ça veut dire que les ĂȘtre vivant ici le vĂ©nĂšre ? Eux aussi ? C'est quelque chose que je dois mettre impĂ©rativement dans mes recherches. Je n'ai pas pu toucher Ă mon carnet depuis que je suis arrivĂ©. Entre le fait qu'ils me l'ont enlevĂ© ( sĂ»rement pour voir s'il n'y avait rien de suspicieux) et puis le fait qu'ils m'ont donnĂ© du "travail", je n'ai pas vraiment eu le temps d'Ă©crire ou de me plonger dans mes autres travaux personnels d'historienne. Je ne vais pas mentir mais cela me manque terriblement... Juste le fait de parler de ce qui ce passe ici permettrait d'enlever l'illusion que ces cĂźmes abritent une sorte de monstre malĂ©fique qui tuerait et mangerait tous ceux qui dĂ©cideraient d'y s'y aventurer. Tout est bien construit ici: il y a un systĂšme, des habitants...De la vie. On pourrait mettre en place de nouveaux accords, peut ĂȘtre restaurĂ©s les anciens passages, permettant aux marchands de ne pas ĂȘtre obligĂ©s de passer par Ribbleciux pour toutes leurs affaires Ă AmarĂ©-
...
Faudrait dĂ©jĂ que le Lord sache que je suis une princesse hĂ©ritiĂšre, et, qui plus est, il veut ma mort. En d'autres termes, je peux oublier ça sans dĂ©lai. Ils ne voudront jamais nĂ©gocier avec une personne comme moi et ils me l'ont bien fait comprendre. Un frisson me prend alors que je passe ma main autour de mon cou. La sensation de sa main ferme autour de celui-ci est toujours prĂ©sente, brĂ»lant ma peau doucement dans une sorte de douce agressivitĂ©. Je ne sais mĂȘme pas pourquoi je la qualifie de douce...
Malgré les soins que j'ai pu me prodiguer avec mes plantes, la trace n'est pas partie... Je sursaute.
La trace n'est pas partie.
Et Verra m'a mis un collier. Elle a du donc remarquer.
Je me tourne vers ma partenaire du jour qui m'observe alors que je la regarde ahurie, le stresse montant dans ma colonne. Oh non elle l'a vue n'est ce pas ? Je ne voulais pas l'inquiéter mais en tant qu'amie ( la seule amie que j'ai là maintenant...) je devrais sûrement lui dire ? AprÚs tout elle connaßt le Lord, mais...-
â Les perles te guĂ©rissent.
â Pardon ?
InterloquĂ©e je m'arrĂȘte de marcher alors qu'elle glousse, ses mains jointes et croisĂ©es derriĂšre son dos.
â J'ai remarquĂ© la mĂ©chante trace violette que tu as autour du cou. C'est Ă cause de Drale...n'est ce pas ?
Ma nervositĂ© rĂ©pond Ă sa question et elle exhale, secouant sa tĂȘte avec dĂ©sapprobation.
â Je ne vais pas dire que ce qu'il fait m'enchante.
â Tu n'es pas obligĂ© de t'en mĂȘler tu sais. Ăa te fera avoir des problĂšmes, surtout que je suis censĂ©e ĂȘtre une prisonniĂšre...
â Que je m'en contre-fiche d'avoir des problĂšmes! rĂ©torque-t-elle en mettant ses mains sur ses hanches. Il peut toujours essayer d'ĂȘtre aussi imbĂ©cile, ça ne va rien changer Ă ce que je pense. Et puis tu es mon amie.Â
Je la regarde puis mes lÚvres s'étirent en entendant ces mots. Effectivement. Et j'en suis rassuré. Je n'ai pas trop envie de parler de ce méchant grincheux de toute façon. Changeons un peu de sujet.
â ...Donc si je comprends bien, les perles que tu m'as mis autour du cou sont spĂ©ciales ?
â Elles viennent du lac du Fairy Pond, acquiesce-t-elle, pĂȘchĂ©es minutieusement afin de garder leur qualitĂ©. Leur plus grande particularitĂ© c'est que, venant directement de l'eau magique, elles ont gagnĂ© des vertus bien spĂ©cifiques. Ce qui permet de les identifier. C'est l'une des particularitĂ©s de cet endroit. Celles-ci, dit-elle en pointant le collier, permettent de guĂ©rir
Je lui darde un regard, stupéfaite mais curieuse. Décidément cet endroit m'intéresse. Un lac magique qui produit des perles encore plus précieuses que celles que j'ai déjà vu ou porté. Encore un truc à mettre dans mon carnet!
â A propos de ce lac d'ailleurs-
â Ah oui! C'est vrai! Tu n'es toujours pas au courant Ă propos de l'Ă©vĂ©nement qui se trame lĂ -bas.
Elle se racle la gorge, zieutant alors maintenant le long chemin clair dans lequel on s'aventure.Â
â Le BaptĂȘme du Fairy Pond est une fĂȘte solennelle ici. Chaque annĂ©e, afin d'accueillir et de prĂ©senter dignement les nouveaux bĂ©bĂ©s faes, nous les baptisons dans le lac Ă l'issue d'une cĂ©rĂ©monie. L'eau Ă©tant magique, cela permet de rĂ©veiller la magie qui se trouve dans leur corps... Car Ă la naissance, leurs pouvoirs sont scellĂ©s.
Je lĂšve un sourcil. Ah ?
â Pourquoi sont-ils scellĂ©s ?
â Mmmh...Tu connais l'histoire de la "MalĂ©diction d'Osarus", hein ?
A l'entente de ce titre, un frisson me parcourt l'Ă©chine, me remĂ©morant la derniĂšre question de l'examen qui avait bien failli me coĂ»ter mon diplĂŽme. Cette histoire aussi qui a changĂ© le nom et la rĂ©putation de cette jolie forĂȘt et de ses habitants. Dire juste le titre de l'Ă©vĂ©nement rĂ©pulse, d'oĂč le fait que je ne l'ai pas fait durant le contrĂŽle. Y-a-t-il des choses qui sont hors de ma portĂ©e avec cette histoire ? Je ne serais pas surprise. AprĂšs tout, ce sujet a toujours Ă©tĂ© fermĂ© Ă double-tour. Remarquant la nervositĂ© de mon interlocutrice, j'en conclus que c'est toujours le cas. Mais on dirait que la raison est diffĂ©rente...Comme si elle..Elle a connu l'Ă©vĂ©nement. On s'arrĂȘte soudainement devant la porte d'un bĂątiment. Elle se mord la lĂšvre infĂ©rieure, dos Ă moi en expirant. Des questions se dĂ©vale dans ma tĂȘte, menaçant de sortir de mes lĂšvres, mais je me retiens. Elle n'a pas l'air Ă l'aise, et j'ai pas envie d'empirer la situation.
â Disons que cette malĂ©diction nous a fait autant de mal qu'Ă vous...
Un rictus lĂ©ger finit par apparaĂźtre doucement alors qu'elle tourne la tĂȘte, toujours dans ses pensĂ©es.
â...Mais nous avons Ă©tĂ© sauvĂ©s.
Elle m'attrape le bras et nous finissons par entrer.
âââ
La sobriĂ©tĂ© n'est pas le thĂšme de ce lieu. C'est mĂȘme tout le contraire.
Les yeux grand ouverts, je regarde autour de moi les corps se coller et se tortiller entre eux, alors qu'une musique entrainante continue d' orner tout l'intĂ©rieur. Il y a peu de lumiĂšre Ă part les quelques lampions accrochĂ©s sur poteaux qui donnent une atmosphĂšre assez chaleureuse. Une grosse pancarte marquĂ©e "La TaniĂšre des AĂŻeux" trĂŽne au-dessus de leurs tĂȘtes. Tout s'infuse, certains mĂȘme se mettent Ă monter sur la petite scĂšne et se dĂ©hanche contre le pauvre chanteur qui essaye juste de faire sa prestation. Tout le monde rit, tout le monde danse. Certains sont affalĂ©s sur des fauteuils moelleux, faits de feuilles et de plumes, alors que diffĂ©rentes tables en bois soutiennent ce qui semble ĂȘtre des verres vides, quelques gouttes de liquides ruissellent encore au bout. Ils ont l'air si Ă©mĂ©chĂ© qu'ils ne se rendent mĂȘme pas compte qu'ils sont Ă moitiĂ© couchĂ©s sur leur propre siĂšge.
Mais quel est cet endroit au juste ?
Tenant toujours fermement mon avant-bras, ma copine me traĂźne Ă travers la foule et nous nous asseyons devant ce qui semble ĂȘtre un bar, diffĂ©rentes bouteilles dĂ©corant l'arriĂšre du comptoir ainsi qu'un magnifique bonhomme au cheveux clair. Sa musculature saillante qu'il affiche Ă la vue de tous et son sourire enjĂŽleur, me font rougir Ă vue d'Ćil. Ses beaux yeux brun se posent sur moi et je dĂ©tourne le regard gĂȘnĂ©. M'a t il vue ? Leibrum, c'est si embarrassant! C'est un fae en plus, comme tout le monde... a-t-il vu mes oreilles ? Normalement non, j'espĂšre... Et puis qu'est ce qui me prend ? Je ne suis pas venue ici pour flirter ! Je ne connais rien d'ici tout est...si nouveau...Ăa ne m'empĂȘche pourtant de faire je sais du tape Ă l'oeil, mais c'est si c'est ça autant que je mette de cĂŽtĂ© le fait qu'un autre fae me fait de l'effet...
Non, surtout pas Lily, rappelle-toi qu'il a voulu t'étouffer de ses propres mains dans son jardin il y a quelques heures de cela. C'est juste une H A L L U C I N A T I O N.
...Une hallucination tout de mĂȘme.
Il commence Ă s'approcher, un verre Ă la main et je me raidis sur place. Oh mince, oh mince, il arrive! Je fais quoi ? Je zieute Verra qui, avec un rictus, me lĂąche le bras avant de s'asseoir Ă la maniĂšre d'une sirĂšne sur une chaise, toute son attention en direction du beau blond. J'observe la scĂšne devant moi encore plus rouge alors que celui-ci se penche vers elle et lui sort quelques mots ce qui la fait rire. Il y a un truc entre eux oĂč ?
Il me reluque une nouvelle fois, chuchotant des mots à l'oreille de mon amie puis celle-ci me fait un geste de venir, ce que je fais, étant trop étrangÚre pour prendre des initiatives.
â Et voici ma nouvelle copine, Lily. PlutĂŽt jolie non ?
â Une beautĂ© effectivement, susurre-t-il venant cette fois-ci vers moi. Je t'offre un verre ?
Alors qu'il me pousse gentiment le breuvage en question, je jette un Ćil Ă mon amie hĂ©sitante qui m'incite Ă goĂ»ter le liquide. Mes yeux se posent sur la jolie boisson dorĂ©e que je tourne entre mes mains. Il est translucide, une douce odeur venant titiller mes sens comme si je suis en face de la chose la plus dĂ©licieuse au monde. Je me mord la lĂšvre infĂ©rieure. Ăa Ă l'air vraiment bon...Autant m'y mettre. Je le porte Ă ma bouche et goĂ»te le breuvage, fermant les yeux pour mettre tout mon dĂ©vouement dessus.
...
Wow...
C'est effectivement doux et sucrĂ©...Comme si on m'avait versĂ© une sorte de miel prĂ©cieux dans la bouche afin d'apaiser mes maux, mes douleurs... et mes inquiĂ©tudes. Je bois tout le verre, ne laissant pas une goutte, Verra et le beau barman me dardant un regard satisfait. Tout est dĂ©cuplĂ©: l'odorat, le goĂ»t, l'ouĂŻe... J'ai l'impression que l'on m'a poussĂ© dans un champ de fleurs dont juste la senteur est faite pour envenimer les sens, et ramener une allĂ©gresse entĂȘtante qui permet de tout oublier. Mes lĂšvres s'Ă©tirent dans un sourire apaisĂ© et je rigole, rouvrant mes yeux. Les couleurs flamboyantes de la salle me viennent et je laisse la musique m'entraĂźner dans leur rythme frĂ©nĂ©tique. Je ne bouge pas pour autant mais j'ai juste envie de me dĂ©hancher comme tout le monde.
â C'est dĂ©licieux! je m'exclame, mon verre vide toujours Ă la main. Qu'est ce que c'est ?
â Du Nectar de fleur des champs bĂ©ni. C'est le mieux pour lĂącher prise et les moment de fĂȘtes, explique le beau blond, sortant de derriĂšre le comptoir.
Le voyant, c'est ainsi que je remarque la partie basse de son corps. Quatre sabots bien brossés, trottant en cadence. Un centaure! Barman en plus! Je n'ai vraiment pas fini de découvrir ici, c'est sûr.
â Tu m'Ă©tonnes! C'est bien pour ça qu'on t'en redemande Reiton, intervient mon amie. Si ça ne te dĂ©range pas par contre, on va toutes les deux se dĂ©hancher.
Ni une, ni deux, elle me tire et m'entraĂźne sur l'espace ouvert Ă tous ceux qui souhaitent se remuer. Ils ondulent, se collent malgrĂ© la sueur qui perle leur peau tout en se laissant aller sur la musique enjouĂ©e. Je fais la mĂȘme chose, les derniers brins de raisons me lachant. MĂȘme en prĂ©sence de mes potes Ă la maison, jamais ne me suis-je retrouvĂ© Ă faire cela. Danser au milieu de ces gens, entourer de leur prĂ©sence. M'amuser et me bouger, sans crainte de me faire reprendre. Mon statut de princesse hĂ©ritiĂšre m'avait toujours obligĂ© et limitĂ© Ă me tenir droite, au cĂŽtĂ© de mon pĂšre qui ne faisait que saluer des personnes influentes. Je n'avais le droit qu'Ă un verre, un amuse-bouche, afin de garder la ligne et toujours paraĂźtre bien Ă©levĂ© comme la petite princesse qu'ils espĂ©raient que je sois. LĂ maintenant, comme ça, que penserait-il de moi ? Que penserait-il en me voyant comme ça, danser, rigoler sous les lumiĂšres chatoyantes ? Que penserait-il s'il me voyait me...
Me libérer ?...
Je ne sais pas.
Et honnĂȘtement, je n'ai pas vraiment envie de savoir.
LĂ maintenant dans ce petit cocon de bonheur, je me retrouve. Mes sensations, mon rire, ma voix, mes pieds, mes mains...Mes pas, mĂȘme si actuellement ils sont comme incontrĂŽlable et manque de grĂące. Mes yeux tombent sur mon amie Ă©meraude qui me regarde en souriant de plus belle, avant de continuer Ă tournoyer. Avait-elle vu mes soucis au fond ? Savait-elle...que j'avais besoin de ça ?
Mon regard s'adoucit Ă cette pensĂ©e, mon cĆur manquant un battement.
Une amie. LĂ maintenant j'en suis certaine et mes doutes s'envolent.
Une amie.
Oui c'est bien une amie.
Je continue de danser, laissant mon coeur battre sans souci, laissant tomber les derniÚre prise qu'avait mes remords et mon inquiétude sur mon coeur.
Je danse juste.
â Tu danses avec moi aussi ?
Je virevolte et le beau centaure blond prenant cette fois-ci les rennes de mes pas, me fait tournoyer sur place. Ses sabots, trottant au rythme de la musique, sont meilleurs que les diffĂ©rents pieds qui ont pu m'apprendre Ă valser jusqu'ici. Je souris comme rĂ©ponse alors qu'il rapproche nos corps. La chorĂ©graphie devient plus intime, Ă tel point que son souffle me chatouille le cou. Ses mains caressent mes cĂŽtes avec tendresse tandis que son visage se rapproche de plus en plus. Une lĂ©gĂšre me prend Ă l'Ă©chine tout d'un coup et je me retrouve Ă darder aux alentours discrĂštement gĂȘnĂ© par cette sensation. Comme si on m'observe...De toute façon cet endroit est rempli de personnes. Il doit bien y avoir un ou deux curieux qui doivent nous contempler, se demandant sĂ»rement pourquoi je me secoue avec le barman. Revenant Ă mon partenaire, je lui darde un sourire innocent avant que celui-ci me fasse tourner encore, mes boucles se soulevant lĂ©gĂšrement.
M'enfin, qu'importe, ce n'est pas le plus important actuellement je crois.
Alors que nous continuons dans notre petit bal rythmé, il souffle cette fois-ci dans mon oreille, un réveil fulgurant qui me remet face au réel.
â Aah...Donc tu es la mortelle dont tout le monde parle en ce moment.
Mon sang se glace aussitÎt, comme si je venais de me prendre un seau d'eau à la figure. Le peu de lucidité qui me reste se frayant un chemin dans mon esprit en alerte.
Merde, il a vu mes oreilles.
Je n'aurais jamais dĂ» me laisser autant emporter. Je cherche Verra aux alentours, agitĂ©e, mais je ne la vois pas. OĂč est-elle passĂ©e ? Ne me dit pas qu'elle m'a laissĂ© seule! Ma tĂȘte commence Ă tourner. Les mains du centaure se resserrent autour de mes poignets alors qu'un hoquet me sort de stupeur. Ses lĂšvres s'Ă©tire et tout un coup, ce sourire que je trouvais charmeur il y a encore quelque minutes, change de couleur. Il est sournois, avec des intentions qui ne me disent rien qui vaille. Ma tĂȘte vacille. Y avait-il quelque chose dans ce nectar ? Il me murmure encore, ses mots faisant de plus en plus sonner la petite alarme sourde dans ma tĂȘte. Tout est flou cependant...
â Je n'aurais jamais cru t'avoir sous mon toit. Est-ce de la chance ?
â Tu as mis un truc...dans mon verre..., je formule tant bien que mal la gorge soudainement sĂšche.
J'ai soif de ce nectar. J'en veux plus.
â Pas du tout. Je t'ai juste donnĂ© une trop forte dose. Autant ce nectar est bon pour les fĂȘtes, en abuser peut devenir un bon moyen d'assommer quelqu'un.
Je grogne en essayant de me dĂ©battre, mais c'est impossible. Il est bien trop fort. Et je suis bien trop faible. La boisson Ă emplis mes sens, d'une minute Ă l'autre je vais m'endormir. Tels que je ne sais plus oĂč je marche ni comment je danse. mes poumons sont en feu, je le sens. C'est dur, j'en veux plus...Il faut que je me concentre. Mes ronces peut-ĂȘtre ? Ăa va griller mes pouvoirs...Tant pis pour ce fait, il y a bien plus urgent. Encore une fois, j'ai mis les pieds dans un danger que je n'avais pas flairĂ©. Encore une fois, je risque ma vie naĂŻvement en ces lieux. Pourquoi Verra m'a amenĂ© ici au final ?
Je n'aurais jamais dĂ» la croire...
Avec mes derniÚres forces, je le fixe, essayant tant bien que mal de faire sortir mes épines pour le transpercer. Mais subitement, sans crier garde, le centaure est poussé. Plaqué contre un des poteaux et fermement attaché. Le contact des chaßnes contre sa peau semble le brûler, lui arrachant un cri de douleur atroce. Ils l'entourent le cou et la poitrine, sous les regards apeurés des autres quelque peu lucides qui regardent la scÚne. Qu'est ce que-
â Ose la toucher. Ose et mes fers te calcineront la carcasse aussi bien que les flammes d'un feu de joie.
Je sursaute, louchant sur la personne qui vient d'apparaĂźtre devant moi. Puis tout devient noir. Â